5 vérités chrétiennes dans la théorie du genre

5 vérités chrétiennes dans la théorie du genre

Théorie du genre et christianisme sont souvent présentés comme chien et chat dans l’arène médiatique. D’un côté, on prétend que l’être humain est malléable jusqu’à pouvoir construire sa propre identité sexuelle. De l’autre, on croit que chaque personne humaine est créée – homme ou femme – à l’image de Dieu. Les premiers cherchent à construire leur identité, les seconds à la découvrir. 

Néanmoins, il est possible de reconnaitre certaines vérités communes à ces deux visions de l’être humain. Il convient de les souligner, non pas tant dans le but de nier leurs réelles oppositions, mais de trouver des bases de dialogues féconds.

1. L’être humain est divisé

Les deux courants de pensée reconnaissent un même malaise intérieur : la dysphorie. Du grec dis, « difficile », et féro, « à supporter », elle désigne une perturbation instable de l’humeur caractérisée par un sentiment déplaisant et dérangeant d’inconfort émotionnel ou mental. La dysphorie, qu’elle soit de genre ou pas, s’accompagne souvent de tristesse et d’anxiété, de tension et d’irritabilité.

Si ce sentiment d’incongruence est parfois attribué à l’identité sexuelle, il peut aussi s’exprimer autrement. Qui n’a jamais fait l’expérience de ses passions qui entrent en contradiction avec sa volonté et sa raison ? Ou encore de ses actions qui ne sont pas toujours conformes à sa conscience ? Pour les chrétiens, ces sentiments de divisions internes sont d’abord une conséquence du péché originel et peuvent ensuite s’accroitre par nos péchés personnels. Comme dit saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7, 19)

Mais au-delà du niveau éthique, cette expérience d’inadéquation se situe aussi à un niveau ontologique. L’être humain étant par nature un citoyen des cieux en exil sur terre, il sentira toujours qu’il est fait pour un autre monde. Il demeurera toute sa vie avec des tiraillements ou des déchirements intérieurs. Malgré des formes et intensités fort variées, la dysphorie au sens large est donc un malaise auquel nul ne peut échapper. Chacun devra apprendre à le résoudre autant qu’il est possible en ce monde. 

2. L’être humain est changeant

Christianisme et théorie du genre admettent tous deux que l’être humain est un être en mouvement, qu’il peut changer et rechanger à souhait. En langage chrétien, on dirait que toute personne peut se convertir et reconvertir durant toute sa vie. L’être humain n’est pas et ne doit pas être statique. Il n’y a jamais rien d’irréparable et d’irrécupérable en lui. Il doit progresser patiemment vers l’accomplissement parfait de son être.

Cette résolution graduelle des tensions internes au psychisme humain constitue, selon les maitres spirituels, un chemin de sanctification. Le saint est celui qui agit en cohérence avec sa nature et sa conscience. La créature retrouve le sentiment d’unité originelle en s’unifiant de plus en plus à son Créateur. Le moine (monos) est d’ailleurs celui qui recherche cette unification dans toutes les dimensions de sa vie.

3. L’être humain est unique

La théorie du genre a multiplié les identités sexuelles ces dernières années, ne les limitant plus au masculin et au féminin. Nombreux sont ceux qui vont jusqu’à affirmer aujourd’hui qu’il peut exister potentiellement autant de genres qu’il existe d’individus libres capables de s’autodéfinir.

Cette prolifération des identités rejoint la vision chrétienne qui estime que chaque personne est absolument unique. Devenir pleinement soi-même en ce que nous avons de propre, voilà la quête de la sainteté. Voilà aussi pourquoi il existe autant de manières d’être saint qu’il y a d’être humain.

Nul ne peut ni ne doit être réduit à une détermination. Qu’une personne sente qu’elle ne correspond pas parfaitement à une catégorie comme « homme » ou « femme » est peut-être le signe qu’elle prend conscience de cette unicité qui la caractérise.

4. L’être humain est plus qu’un corps

Pour les théoriciens du genre, il est impossible d’identifier des marqueurs biologiques du genre, puisque sexe et genre seraient deux choses totalement distinctes et indépendantes. Impossible d’identifier un gène, une hormone ou un organe transgenre, sinon nous devrions conclure à la suite d’un test biologique que des personnes qui se sentent transgenres ne le seraient pas. Selon eux, le genre résulte exclusivement d’une expérience intérieure construite, de sentiments et pensées.

Le transgenrisme s’oppose aussi à l’idée que les pensées et émotions de l’être humain se réduisent à de purs phénomènes cérébraux. Des personnes s’identifiant comme transgenres peuvent avoir un cerveau mâle ou femelle sans que cela remette en cause le genre auquel elles s’identifient. 

La théorie du genre reconnait ainsi plus ou moins implicitement que l’être humain ne se réduit pas à son corps. Il y a en lui une « partie » libre et indépendante de ses limites corporelles. Cette vision n’est pas si loin de la conception chrétienne de l’âme comme principe immatériel et individuel en chaque personne humaine. Siège des pensées, de la volonté, des souvenirs et des sentiments, l’âme définit davantage l’identité de la personne que le corps qu’elle anime.

5. L’être humain doit se transformer

Un autre point sur lequel disciples du Christ et disciples du genre s’entendent est l’idée que notre corps est appelé à quelque chose de différent et de plus grand que ce que nous voyons. Il n’est pas encore parfaitement achevé, même une fois l’âge adulte atteint.

Théologiquement parlant, il s’agit du mystère de la résurrection des corps. Après leur mort, les chrétiens croient qu’ils retrouveront certes leur corps sexué, mais glorifié, c’est-à-dire mieux adapté à leur vie spirituelle et exprimant parfaitement leur identité unique. Pour preuve, les disciples de Jésus ont eu de la difficulté à le reconnaitre après sa résurrection, car il était transfiguré !

Des questions transversales

Transfiguration, transsubstantiation ou transverbération, l’ensemble de la pensée chrétienne s’articule autour de ce besoin vital de changement. Toute la question est de savoir quoi et comment changer.

Est-ce à l’être humain de transformer lui-même son corps en cette vie ou à Dieu de le faire en l’autre ? Les tensions dysphoriques s’apaisent-elles davantage par une transformation du corps ou de l’âme ? Le concept de genre doit-il lui aussi être critiqué comme un construit social ?

Des questions qui peuvent susciter une conversation entre ceux qui ne partagent pas le même genre de pensée. Des questions qui peuvent même transformer notre manière de penser.


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À propos de l'auteur Le Verbe

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