Par Leonid Savin − Le 3 février 2021 − Source Oriental Review
Au début de l’année, les forces armées d’Israël et d’Iran ont été mises en état d’alerte. Les deux parties s’attendaient à une attaque. Israël a même armé sa corvette « Lahav« de deux lance-missiles Iron Dome, ce qui ne s’est jamais produit auparavant. Il n’y a jamais eu qu’un seul lanceur sur ces navires.
L’Iran n’a pas entrepris d’action militaire, tandis qu’Israël a lancé des attaques sur la Syrie. Le 13 janvier, des frappes aériennes ont été menées sur la ville syrienne de Deir ez-Zor et les zones frontalières de l’Irak. Plus d’une centaine de personnes ont été tuées, tant des combattants irakiens que des militaires syriens. Le 21 janvier, l’armée de l’air israélienne a mené une nouvelle attaque sur la Syrie. Tel-Aviv a justifié ses actions par des mesures préventives contre l’Iran, qui ferait de la Syrie une sorte de Liban avec de nombreuses structures paramilitaires et des dépôts d’armes.
Ensuite, les responsables israéliens ont déclaré publiquement qu’ils attaqueraient l’Iran si les États-Unis levaient ou assoupissaient leurs sanctions. Ils ont également exigé que Washington précise dès que possible les actions que la nouvelle administration de la Maison Blanche prévoit de prendre à l’égard de l’Iran.
Les événements récents montrent que ces menaces pourraient bien devenir réalité.
Le 31 janvier, le ministre israélien de la défense Benny Gantz a visité le quartier général du « Depth Corps« . Ces forces spéciales ont été reformées par Gantz lui-même en 2012, alors qu’il était commandant en chef des forces de défense israéliennes, et elles sont conçues pour mener des opérations bien au-delà des frontières d’Israël. Leurs actions sont toujours menées sous le sceau du secret, et leur préparation peut prendre des semaines, voire des mois.
La visite du ministre de la défense fait suite à la déclaration du commandant en chef Aviv Kochavi, quelques jours auparavant, selon laquelle il avait ordonné l’élaboration de nouveaux plans pour une frappe contre les installations nucléaires de l’Iran afin d’empêcher le pays de créer une arme nucléaire.
Le 29 janvier, Gantz a également rencontré le commandant du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie, qui était à Tel-Aviv.
Quelques jours avant le départ de Donald Trump de la Maison Blanche, ce dernier a signé un décret plaçant Israël sous la juridiction du Commandement central du Pentagone. Israël se trouvait auparavant dans la zone de responsabilité du commandement européen.
Il a été rapporté que Gantz et McKenzie ont discuté de l’état actuel des affaires dans la région, y compris la situation en Iran.
Des fuites dans les médias ont également révélé que le chef du Mossad, Yossi Coen, prévoit de se rendre à Washington dans un avenir proche pour rencontrer le président américain Joe Biden et lui faire part des objections d’Israël à un accord avec l’Iran, ainsi que de leurs actions au Moyen-Orient.
Outre le développement nucléaire de l’Iran, Israël est également préoccupé par les dernières réalisations de Téhéran en matière de programmes de missiles, ainsi que par les activités de ses partenaires aux frontières d’Israël, notamment les diverses factions palestiniennes, le Hezbollah au Liban et le gouvernement syrien.
Un autre événement récent pourrait devenir une raison supplémentaire pour lancer une frappe contre l’Iran.
Le 29 janvier, une explosion a eu lieu à l’ambassade israélienne à New Delhi. Bien que personne n’ait été blessé (seules quelques voitures garées à proximité ont été endommagées), l’incident a été classé comme une attaque terroriste et le Mossad s’est joint à l’enquête. Au même moment, la police indienne a commencé à détenir des citoyens iraniens sur la base de données du Bureau des statistiques et à les interroger sur leur implication dans l’attentat terroriste.
Cela a été fait à la demande d’Israël, car les Israéliens pensent que l’Iran prépare une attaque pour venger les meurtres du général Soleimani et du scientifique Mohsen Fakhrizadeh.
L’organisation extrémiste locale Jaish-Ul-Hind a par la suite revendiqué l’explosion à New Delhi. Cependant, Israël pense que l’organisation a des liens avec l’Iran, bien qu’il n’y ait aucune preuve de cela.
En fait, les responsables israéliens blâment automatiquement l’Iran ou le Hezbollah pour pratiquement tous ces incidents. Par exemple, l’Iran a également été blâmé pour les attaques contre des véhicules diplomatiques israéliens en Inde et en Géorgie en 2012.
Quelle est la probabilité qu’Israël lance effectivement une attaque contre l’Iran ?
Il faut noter qu’Israël a l’expérience du bombardement d’endroits similaires – en 1981, il a lancé une attaque contre l’Irak, et, en 2007, contre la Syrie. Ces attaques ont été menées dans le cadre de la « doctrine Begin », selon laquelle Israël ne permettra pas à un pays hostile (en fait, tous les pays qui entourent Israël) de posséder des armes nucléaires.
Techniquement, Israël pourrait utiliser l’espace aérien de l’Arabie saoudite pour l’attaque, puisque le pays a récemment donné son autorisation dans le cadre des accords Abraham. Les avions israéliens pourraient également passer par le nord de l’Irak, où se trouve une base de l’armée de l’air américaine à Erbil. Le gouvernement régional kurde a historiquement des liens étroits avec Israël, puisque Tel-Aviv a soutenu les Kurdes depuis le début de la rébellion de Mustafa Barzani en 1961 et continue de les soutenir jusqu’à ce jour.
Ainsi, les préparatifs actuels d’Israël ne sont peut-être pas qu’une simple flexion de muscle, mais de véritables préparatifs pour un acte d’agression. Et les récents raids sur la Syrie et l’Irak auraient pu aussi servir à tester les systèmes de défense aérienne, la situation en général et la réaction des autres pays.
Dans la perspective des élections à la Knesset prévues pour le 25 mars, une attaque pourrait également être utilisée dans le cadre d’une campagne électorale en Israël.
Quant à l’Iran, il s’attend à ce que les États-Unis reviennent sur l’accord relatif au programme nucléaire sous la forme dans laquelle les accords ont été conclus, et qu’ils lèvent également les sanctions et les restrictions. En janvier, des responsables de la République islamique d’Iran ont également annoncé qu’ils avaient commencé à enrichir de l’uranium jusqu’à 20%, bien qu’il ne s’agisse que d’une petite étape dans un processus technique complexe et long, si l’on parle de créer des armes nucléaires. Il a également été déclaré que les inspecteurs de l’AIEA ne seront pas autorisés à accéder aux installations nucléaires du pays à partir de la fin février, si les exigences de l’Iran ne sont pas satisfaites.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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