Pour en finir avec la Loi 101

Pour en finir avec la Loi 101

« Tolérance et apathie sont les dernières vertus d’une société mourante » Aristote

« Ci-gît un peuple mort de bêtise» Olivar Asselin.

Quand la ministre libérale, Mélanie Joly, s’inquiète à l’effet que « l’utilisation du français est en recul au Canada et sa vitalité inquiète » et qu’elle propose dans un Livre blanc des moyens pour assurer son avenir…électorale, c’est que la situation est grave.

En fait, plus que grave, tragique. C’est ce que démontrent deux chercheurs, experts dans le domaine, Frédéric Lacroix et  Charles Castonguay.  Ce dernier sonne l’alarme : «Le français dégringole à une vitesse jamais vue».

Mais peut-on se fier à une ministre libérale pour défendre ce qui est le plus fondamental à l’existence d’une nation, sa langue. Alors que son parti s’est toujours refusé à reconnaître de manière statutaire l’existence  même de cette nation. 

Faut-il rappeler qu’Ottawa est monté au front pour combattre trois lois fondamentales et constitutives de notre identité de nation française en Amérique :

La Loi 101 (1977) : au cœur de notre existence de nation, traitée comme une loi ordinaire et charcutée par la Tour de Pise.

La Loi 99 (2000) : laquelle définit le droit à l’autodétermination du Québec. Sa contestation par le fédéral signifie la négation de ce droit le plus fondamental de notre nation.

La Loi 21 (2020) : La contestation par le fédéral de la Loi sur la laïcité  est la négation de fait de la culture juridique française de notre nation.

Qu’une nation s’en remette à une autre nation qui nie son existence pour assurer l’avenir de ce qui est le plus fondamental, sa langue, cela nous donne toute la mesure de la démission de tous les partis politiques au Québec depuis trop longtemps :

Le PLQ, pris en otage de son électorat anglo-allo ; QS, aile gauche sociétale du projet globaliste, lequel a pour objectif d’en finir avec les nations (Woke-up) ; la CAQ, bleue à l’extérieur, rouge à l’intérieur, et le ministre Jolin-Barrette coincé entre les deux.

Ce qui nous ramène à la responsabilité du Parti québécois qui depuis ses débuts n’a pas eu le courage de nous dire la vérité de la situation : la domination fédérale qui vise à en finir avec le statut politique de notre nation, pour nous rabaisser à l’échelle d’un groupe ethnique dans ce beau grand Canada post-national ! 

Il serait temps pour le Parti québécois de sortir de son « souverainisme de province » pour faire le constat que ce n’est plus le projet souverainiste qui est en péril, mais bien la nation qui porte le projet : Les Québécois d’origine française bientôt en minorité? «Les projections sont là»

https://fr.sputniknews.com/canada/202102241045269198-les-quebecois-dorigine-francaise-bientot-en-minorite-les-projections-sont-la/ 

Il est grand temps pour le Parti Québécois de cesser de penser le Québec comme une province pour le penser comme un ÉTAT ; le seul levier qui donne à notre nation une prise sur notre destin.

Et cela commence par le statut du français qu’il faut poser sur un grand principe : en faire une langue d’État !

 

L’argumentaire

Me Éric Poirier a produit un bilan des 40 ans de la Charte de la langue française, l’étude la plus exhaustive produite à ce jour :

https://www.septentrion.qc.ca/catalogue/charte-de-la-langue-francaise-la

Le constat est simple : même si le libellé de la loi 101 en fait une Charte, cela n’a pas empêché l’appareil juridique canadien de la traiter comme une loi ordinaire.

La solution proposée par Me Poirier est de poser le statut du français sur un grand principe. Or, en faire une langue officielle ou commune, cela ne suffit pas pour poser son statut sur un grand principe.

Il n’y a pas de plus grand principe pour poser le statut d’une langue que d’en faire une langue d’État.

Il faut savoir que le Québec se reconnaît comme un État de jure depuis l’adoption de Loi 99 (2000) : Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec 

 http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cs/E-20.2

Le statut du français est défini dans la loi 99 à l’article 8 : « Le français est la langue officielle du Québec ». Il ne suffirait que de modifier le libellé de cet article par « Le français est la langue d’État du Québec »

Et, dans le même exercice, de refondre la Loi 99 (2000) pour en faire une constitution organique de l’État du Québec, en y incluant la Loi 21, et un code de citoyenneté. On oppose une constitution à une autre constitution au nom du principe d’équivalence ( géopolitique 101 ).

Une langue d’État structure son application clairement sur son territoire, et se décline à l’international selon un protocole convenu entre États souverains. Qu’est-ce qui nous empêche de rejoindre ce grand club maintenant !

 

Langue d’État sur notre territoire depuis 1663

En fait, le français est la langue d’État sur notre territoire depuis notre première constitution, française celle-là :  L’Édit de Création du Conseil Souverain de 1663. Ce statut n’a jamais été abrogé, même si l’anglais est venu marquer sa présence par la suite. Un simple rappel que la coutume coloniale a fait oublier aux provinciaux qui nous gouvernent et qui ont renoncé à penser le Québec comme un État.

 

Penser le Québec comme un État

Ce fut le cas de politiciens qui au début des années soixante ont donné corps à la promesse de Lionel Groulx de 1937, « notre État français nous le voulons, nous l’aurons ». C’est cet État qui s’est imposé de fait dans la culture politique de cette époque, et qui a servi de levier à des politiques d’envergures qui ont donné un élan décisif à la Révolution tranquille. 

Poursuivant sur cet élan, Daniel Johnson va entreprendre, avec la collaboration du juriste Jean Charles Bonenfant, formé au cabinet de Duplessis, la décolonisation britannique de nos institutions :  « à réduire à peau de chagrin la place des institutions monarchiques au Québec, notamment par la substitution du terme « Couronne » à celui d’« État », par l’abolition du            « Conseil législatif » ou par le remplacement du discours du Trône par un discours d’ouverture.(4) Et que la « législature provinciale est aussi devenue l’Assemblée nationale.».(5). Autant d’étapes pour faire surgir « l’État français » vers son émancipation politique. 

Daniel Johnson, qui avait résumé sa doctrine politique dans la publication d’ Égalité ou indépendance,  va ajouter une pièce importante à son plan, conscient qu’il était que, l’État est d’abord territorial : la création de la Commission d’enquête sur l’intégrité du territoire du Québec, Québec, 1968. Mieux connu sous le nom de la commission Dorion. 

Son président, Henri Dorion, va publier en 2011, une synthèse de ces travaux, et nous livrer une confidence que Daniel Johnson lui a faite au moment de créer cette commission : « Quand on pense faire un pays, il faut toujours bien savoir où il commence et où il finit. Ces quelques mots, jamais révélés en public jusqu’à aujourd’hui, éclairent peut-être la pensée qui sous-tendait les propos de M.Johnson,dans son livre comme dans sa position politique. » p 263 (6) ( « son livre » ) : Égalité ou indépendance)

Daniel Johnson fut le dernier premier ministre à maîtriser une doctrine d’État, sans laquelle une doctrine souverainiste est sans assise dans la réalité. Rien à voir avec le souverainisme de province.

 

Retour à l’État…

 Face au constat tragique où «Le français dégringole à une vitesse jamais vue», faisant le constat de « l’inertie du gouvernement », le Parti québécois a saisi l’occasion pour nous dire enfin, quoique timidement, les véritables raisons du déclin du français au Québec (7) :

« des seuils d’immigration trop élevés…qui dépasse actuellement la capacité du Québec à les intégrer en français. ».

 En fait mettre fin à la noyade migratoire voulue par le fédéral.

Et : « en matière d’enseignement supérieur, la Charte de la langue française doit avoir pour objectif d’ octroyer absolument un financement des cégeps et des universités qui soit plus représentatif du poids démographique des communautés anglophones et francophones ».

En fait, arrêter de financer notre assimilation.

Et aussi : « la « doctrine du Canada en matière linguistique »,

Pour contrer cette « doctrine du Canada en matière linguistique », et envoyer un signal fort pour le redressement national. Le Parti québécois doit sortir du souverainisme de province, pour penser le Québec comme un État, en imposant sa propre doctrine d’État en matière linguistique. En s’engageant à poser le statut du français sur un grand principe pour en finir avec la Loi (provinciale) 101 :

Il faut faire du français une langue d’État.

L’équipe de Vigile

***

 

Vigile vous encourage à vous procurer ces deux livres indispensables pour comprendre cette lutte, dont il importe de comprendre qu’elle est existentielle.  

1-https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/pourquoi-loi-101-est-echec-2757.html

2- https://lautjournal.info/publications/le-francais-en-chute-libre

3- https://quebecfrancais.org/

4- Jean-Charles Bonenfant, le réformateur du parlementarisme québécois

https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de-philo-histoire/551591/politique-jean-charles-bonenfant-le-reformateur-du-parlementarisme-quebecois

5- La Loi constitutionnelle doit refléter le pays réel

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/594224/quebec-la-loi-constitutionnelle-doit-refleter-le-pays-reel

6- Québec, territoire incertain (Le) (p.263)

    Henri Dorion et Jean-Paul Lacasse

    Septentrion, 

7- Le PQ veut devancer Québec

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2021-02-18/reforme-de-la-loi-101/le-pq-veut-devancer-quebec.php

Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

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