Par Marc Rousset.
Très volatile, avec un indice VIX en hausse de 18 % suite à de puissants mouvements spéculatifs, Wall Street a sombré, vendredi, dans le rouge. Le titre de la chaîne de magasins vidéo GameStop, à l’origine des turbulences, repartait en nette hausse de plus de 70 %, à 335 dollars, après avoir perdu 43 %, la veille. Une armée de 3 millions d’investisseurs amateurs, le sous-groupe « WallStreetBets » du site Reddit, a décidé en effet d’acheter massivement l’action GameStop pour punir les fonds spéculatifs (hedge funds) en les prenant à leur propre piège sur le marché à terme. La Bourse de Paris a clôturé aussi en forte baisse de 2,02 %, sa pire semaine, en trois mois.
Les onze secteurs du S&P 500 à Wall Street ont tous terminé dans le rouge. Les têtes d’affiche habituelles de la technologie (Tesla -5,02 %) ont toutes décliné, ce vendredi. La perspective d’une reprise rapide de l’économie semble aussi s’éloigner. Le déploiement des vaccins est plus lent que prévu, avec des interruptions d’approvisionnement. Le Dow Jones est cependant au-dessus de 30.000, soit +70 % depuis mars 2020. Le NASDAQ 100 des valeurs technologiques a pratiquement doublé et Tesla atteint une capitalisation de 800 milliards de dollars. Les Bourses sont toujours persuadées, comme le président Hoover en 1929, que les vaccins vont très vite ramener la prospérité au coin de la rue.
Il se trouve que le ratio Shiller, un ratio cours/bénéfice moyen sur dix ans, ajusté en fonction de l’inflation, s’élève à plus de 34 pour l’indice Standard & Poor’s 500, soit très proche de sa valeur de 1929, le double de sa valeur moyenne historique à long terme de 17. L’indicateur de Warren Buffett, un autre élément pertinent de mesure, clignote aussi au rouge vif. Si les banques centrales ne maintenaient pas artificiellement des taux d’intérêt bas, la bulle aurait éclaté depuis longtemps.
Des courtiers en ligne américains comme Robinhood et TD Ameritrade ont dû juguler les achats de titres GameStop (cinq actions seulement) pour limiter la déroute des fonds spéculatifs depuis jeudi, ce qui a provoqué la colère des petits porteurs, tandis que le gendarme de la Bourse SEC, le procureur du Texas et même le Congrès vont se pencher sur ces mesures inéquitables. Les plates-formes de courtage veulent sauver, en fait, les fonds spéculatifs qui ont vendu à terme pour s’enrichir, attaqués par les « dégénérés de WallStreetBets » qui, eux, achètent à terme afin de faire remonter les cours de Bourse et leur faire perdre leur chemise.
Le fonds spéculatif Melvin Capital a dû déjà être renfloué de 2,7 milliards de dollars fournis par Citadel. Pour la première fois, des particuliers ont trouvé le moyen de faire trembler Wall Street en utilisant ses propres armes. On en arrive à la situation ubuesque, comme Tesla, où les actions GameStop et AMC valent près de dix fois leur valeur réelle.
Quant aux indicateurs économiques, cela clignote aussi au rouge de partout. Aux États-Unis, la dette fédérale, impossible à rembourser, pourrait facilement dépasser les 40.000 milliards de dollars avant l’élection présidentielle de 2024. Près de 16 millions d’Américains vivent, actuellement, grâce aux allocations chômage. En France, l’addition des 6,01 millions de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi et des 2,6 millions d’actifs en chômage partiel équivaut à la moitié des salariés du secteur privé. À ADP (Aéroports de Paris), la direction se voit obligée de faire accepter des baisses de salaires à ses 6.400 salariés s’ils veulent garder leur emploi.
Le FMI alerte sur la dette publique mondiale à 100 % du PIB ainsi que sur un risque de correction des marchés boursiers. Quant au Premier ministre israélien, il a déclaré que des variants résistants apparaîtront au cours du temps et qu’il faudra vacciner tout le monde, chaque année, un peu comme la grippe, mais en beaucoup plus dangereux.
Dans tous les cas, un troisième confinement en France, en 2021, est l’ultime erreur fatale à ne pas commettre. Une PME sur deux ne survivrait pas. Adieu, alors, au taux de croissance de 6 % de Bruno Le Maire en 2021, avec une violente explosion économique et sociale du pays à la clé. Plutôt des masques FFP2, des vaccins pour ceux qui le souhaitent, des vitamines C et D, que de confiner tout le pays en laissant « mourir vivants » les Français à petit feu, ce qui serait encore plus catastrophique que le krach boursier à venir en 2021.
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec