Dans une vidéo, l’équipe de Navalny présentait un « palais de Poutine » aux pièces luxueuses, reconstituées au moyen d’images numériques. En se rendant sur le site – qui serait un projet hôtelier en travaux –, un média en ligne a brisé l’enchantement.
« Un palais pour Poutine » : c’est ainsi que l’opposant russe Alexeï Navalny présentait une opulente résidence sur les bords de la mer Noire, dans une vidéo qu’il avait réalisée en amont de son retour en Russie et de son arrestation très médiatisés le 17 janvier 2021.
Dans le document en question, Alexeï Navalny et son équipe affirmaient que le président russe Vladimir Poutine était le bénéficiaire d’un immense palais près de la ville russe de Guélendjik. Des reconstitutions de différentes pièces de la demeure, en images numériques, témoignaient d’un luxe tapageur : dorures à tout-va, lit à baldaquin, lustres clinquants et moulures évoquaient une véritable résidence royale. À cette esthétique de conte de fées venaient se greffer des éléments plus modernes, comme un grand bar à chicha, aux murs cernés de pilastres et dominé d’un vitrail.
Or, la réalité s’avère bien moins onirique que ces représentations artistiques. Le palais, pour commencer, n’en serait pas un : le site, en chantier, est celui d’un futur complexe hôtelier selon l’homme d’affaires Arkadi Rotenberg, qui a déclaré le 30 janvier en être le propriétaire. « Désormais, ce n’est plus un secret. Je suis bénéficiaire [de ce site] », a confié le milliardaire russe dans un entretien à la plateforme Telegram Mash, affirmant également s’occuper du lieu depuis plusieurs années. « Nous voulons y construire une résidence hôtelière. C’est pour cette raison qu’il y a beaucoup de pièces », rapporte le magnat de la construction russe, qui fait l’objet de sanctions de l’Union européenne en raison de ses activités d’infrastructures en Crimée.
Mash avait justement écorné l’image idyllique du « palais de Poutine » en diffusant, le 29 janvier, une vidéo tournée sur place. Sa comparaison avec les décors simulés par l’équipe de Navalny est cruelle : à l’emplacement supposé du bar à chicha, Mash a découvert une pièce en chantier où sont entreposés des casques et tenues de travail ; là où est censé se trouver le théâtre, une pièce bétonnée en travaux ; pour tout « aqua-discothèque », une simple fontaine… En d’autres termes, le palais flamboyant décrit dans la vidéo de Navalny ne semble être qu’un vaste chantier.
Maria Pevtchikh, qui dirige l’équipe de Alexeï Navalny chargée des enquêtes « anticorruption », a répliqué au reportage de Mash en faisant valoir que l’opposant, dans sa propre vidéo, disait que le site avait dû être remis en chantier en raison de défauts de construction, en particulier d’humidité et de moisissure. Ce qui n’explique donc pas l’invention de décors dégoulinant de luxe…
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