par Jacques-Marie Bourget.
Les citoyens coiffés façon bison et les nostalgiques d’Auschwitz, boivent toujours leur « Bud » au drugstore du coin.
Depuis la seconde Guerre Mondiale les USA utilisent le camp du bien, le leur, pour coloniser la planète au nom de la démocratie et des Droits de l’Homme. La balade des trumpistes à l’intérieur du Capitole nous montre que les Étasuniens eux-mêmes ne croient plus en ce dogme. On voit clairement que la démocratie a perdu son goût grec pour n’être, entre les mains de Washington, qu’une Arme de Destruction Massive des États installés dans le « camp du mal ».
L’entrée d’une troupe totalement folle à l’intérieur du Capitole m’a mis en joie : aux États-Unis, les représentants du peuple étaient enfin à leur place. Le vrai pays rejoignait le home des Pères Fondateurs. Car les États-Unis pour moi, ce ne sont ni les frisettes de la terrible et indigne Hilary Clinton – ou la tache laissée sur le tissu d’une robe par son mari – pas plus que les claquettes du si chic Obama, un tueur à drones. Ceux-là ont été installés par Hollywood et Manhattan, ce sont des figurants, des intermittents de la société du spectacle. Non, les ficelles des authentiques États-Unis sont tirées par d’autres, par les lobbies dont les « élus » ne sont que les mandataires. Lobby des armes, qui fait la course en tête, lobby big pharma, lobby de l’énergie, celui de l’agriculture, lobby en jeans de la Silicon Valley : voilà qui commande notre Terre. Et je dis une bêtise : les États-Unis ne commandent pas au Monde puisque le monde c’est eux.
Avec Washington nous vivons en circuit court, à la longueur de laisse. N’imaginez pas que ce soient les belles personnes poussées sous les serres d’Harvard qui pilotent les EU… Le vrai destin du pays de Buffalo Bill est entre les mains des promeneurs du Capitole, ceux coiffés de cornes et vêtus de T-shirt dont les multiples lavages n’ont pas effacé l’imprimé nazi. Manière de produit chimique des photographes, Trump n’a été qu’un révélateur permettant aux invisibles d’être vus. Aujourd’hui un autre lobby, celui des Étatsuniens qui s’imaginent convenables, tente de gommer l’accident de l’histoire, d’assassiner Caligula post Maison Blanche. Mais les citoyens coiffés façon bison, et les nostalgiques d’Auschwitz, boivent toujours leur « Bud » au drugstore du coin. Et restent le peuple.
L’entrée des gueux au Capitole, dans leur jour sans cristal, m’a mis les idées en place. Ayant passé une partie de ma vie du mauvais côté des bombes, c’est-à-dire en dessous, et témoin des massacres et carnages, je me demandais par quel sortilège les États-Unis continuaient de porter le titre – visiblement à vie – de « plus grande démocratie du monde » ? Le crétin tatoué et cornu qui a paradé sous les ridicules décors du temple de Washington m’a offert une réponse : la démocratie, c’est lui. Les bombes c’est lui. Au nom « d’America first ». Depuis 1944, les tapis explosifs, le napalm et tutti quanti nous tombaient dessus au nom des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie. Aujourd’hui le message est clarifié, les États-Unis avouent par l’invasion de ses misérables que c’est pour rester « First » que Washington doit continuer de coloniser, de piller, de forcer la main au reste du monde. Entre le fabriquant d’armes qui vit entre la Cinquième avenue et la Floride, et ceux qui, venus d’une baraque en ruine de Detroit, ont « pris » le Capitole, les intérêts se rejoignent : il faut écraser l’infâme. C’est-à-dire les autres.
Parlons donc démocratie et cherchons à établir un distinguo entre le bon exercice de celle-ci et le mauvais. Dans le domaine des assauts contre les parlements, nous avons des exemples. Le dernier, celui contre le Capitole, est à classer dans la case « très mal », vraiment pas bien. En revanche, quand un ivrogne corrompu, Boris Eltsine, fait tirer au char contre la Douma, à Moscou, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants et arbitre international bien connue, sort le carton rouge (paradoxe puisque le rouge vient de passer de mode). Mais elle approuve l’attaque des rebelles à parapluies, ceux de Hong Kong, contre le palais de l’Assemblée locale. Approuve aussi les révolutionnaires – « caramba voilà des dollars ! », qui démettent la représentation élue du Venezuela. Approuve les néo-nazis ukrainiens tirant à Maiden… Voilà une démocratie bien circulaire, voire sauteuse. On n’y comprend rien… un coup c’est bien, un autre c’est mal.
Les promeneurs du Capitole ont eu le mérite de nous indiquer leur ligne de force qui, de manière faux-cul, devra être suivie par Biden : « America First ». Alors, ailleurs dans le monde, sur les nouveaux territoires à conquérir, plus besoin de rechercher d’illusoires « Armes de Destruction Massives », un argument qui a justifié l’invasion de l’Irak, pour instaurer les « Droits de l’Homme ». Alors que les néoconservateurs affairistes ne voulaient que son pétrole. Plus besoin de créer et financer Daech, des mercenaires islamistes lancés contre les pays qui refusent que vienne le « Printemps », une saison made in Washington. On va directement prendre le pouvoir des États « hostiles », sans finasser.
Le dernier avatar électoral aux EU a eu pour mérite, du moins à mes yeux pas assez curieux, de mettre à jour les tripes de la « démocratie » Coca-Cola. Jusque-là naïf, j’ai découvert que dans ce pays tous les élus, au plus bas de l’échelon local, ne le sont que grâce à des « donateurs », des sponsors. Qui achètent un morceau du mandat comme une part de SCI. Si le politicien étasunien fixe son ambition vers le Sénat ou la Chambre des Représentants, là il doit investir très lourdement, et ne parlons pas d’une ambition présidentielle… Là il faut faire sauter les banques. Ce dernier barnum électoral a effacé l’opacité du système où il est possible d’être élu en ayant recueilli moins de voix que son adversaire. Avec la bataille au couteau entre Trump et les démocrates il a été flagrant qu’ici la démocratie se construit en dollars.
Les vétilleux, les jamais contents, les grincheux comme je le suis, peuvent par ailleurs observer le grand écart d’une « démocratie » qui pratique la peine de mort, la torture et utilise Guantanamo comme villégiature du non-droit. Voir un président prêter serment sur la Bible devient un détail, « In God We Trust » est le slogan imprimé sur le dollar.
source : https://www.legrandsoir.info/
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