Technologie, effondrement de la civilisation industrielle et « validisme » (par Nicolas Casaux)

Technologie, effondrement de la civilisation industrielle et « validisme » (par Nicolas Casaux)

D’abord, pour ceux qui n’étaient pas au cou­rant, il faut savoir que le « capa­ci­tisme » (ou « vali­disme ») désigne « une forme de dis­cri­mi­na­tion, de pré­ju­gé ou de trai­te­ment défa­vo­rable contre les per­sonnes vivant un han­di­cap (para­plé­gie, tétra­plé­gie, ampu­ta­tion, mal­for­ma­tion mais aus­si dys­praxie, schi­zo­phré­nie, autisme, tri­so­mie, etc) ».

Ensuite, une autre pré­ci­sion. Ce que je dési­gne­rai, dans les para­graphes sui­vants, par le terme « tech­no­lo­gie », com­prend l’ensemble des tech­niques modernes fai­sant sys­tème, nées avec le capi­ta­lisme indus­triel, et indis­so­ciables, selon toute logique — même si cer­tains pré­fèrent croire autre­ment, sans que rien ne per­mette d’appuyer leur croyance —, des struc­tures sociales auto­ri­taires qu’il implique, de son exis­tence, qu’elles ren­forcent en retour. Plus géné­ra­le­ment, par tech­no­lo­gie, je qua­li­fie­rai l’ensemble des « tech­niques auto­ri­taires » que décri­vait Lewis Mum­ford, c’est-à-dire toutes ces tech­no­lo­gies ou tech­niques dont la pro­duc­tion requiert et ren­force l’existence d’un sys­tème social auto­ri­taire (par­mi les­quelles on retrouve le réfri­gé­ra­teur, le télé­phone, l’ordinateur, la voi­ture, la télé­vi­sion, les pro­duits phar­ma­ceu­tiques modernes, les tech­no­lo­gies médi­cales modernes (IRM, scan­ner, vac­ci­na­tion, etc.), l’avion, la tron­çon­neuse, et ain­si de suite, soit l’essentiel de l’infrastructure de la civi­li­sa­tion indus­trielle)[1].

Opposition à la technologie et validisme

Et donc, venons-en au fait. Ceux qui se déclarent hos­tiles, poli­ti­que­ment, à la tech­no­lo­gie — anar­cho­pri­mi­ti­vistes, lud­dites, néo­lud­dites ou anti-indus­triels —, pour les rai­sons pré­cé­dem­ment men­tion­nées, et par­fois pour d’autres encore, sont accu­sés par divers tech­no­philes et pro­gres­sistes (dont un pan du milieu mili­to-étu­diant pré­ten­du­ment anar­chiste) de vou­loir éra­di­quer les per­sonnes han­di­ca­pées, ou du moins de vou­loir leur nuire, et donc d’être vali­distes (ou capa­ci­tistes).

Leur rai­son­ne­ment est à peu près le sui­vant : sou­hai­ter le déman­tè­le­ment du sys­tème tech­no­lo­gique, lequel pro­duit des médi­ca­ments, des machines et des objets dont dépend la sur­vie de per­sonnes han­di­ca­pées et atteintes de mala­dies graves, c’est donc sou­hai­ter tuer ces per­sonnes, les éra­di­quer, c’est être vali­diste (ou capa­ci­tiste).

Au point où en est le déve­lop­pe­ment de l’É­tat-capi­ta­lisme et de la tech­no­lo­gie, si, demain, tout s’ef­fon­drait, si les super­mar­chés et les sta­tions-ser­vices n’é­taient plus ravi­taillés, c’est la plu­part d’entre nous qui seraient condam­nés. Cela devrait-il pour autant nous ame­ner à nous battre pour la pré­ser­va­tion de toutes ces choses dont nous avons été ren­dus vita­le­ment dépen­dants — la tech­no­lo­gie, les super­mar­chés, les flux logis­tiques et com­mer­ciaux orches­trés par l’É­tat et le capi­ta­lisme, etc. ? Cer­tai­ne­ment pas. Dit-on des oppo­sants à l’État et au capi­ta­lisme qu’ils sont des géno­ci­daires sou­hai­tant la mort de tous ceux qui dépendent aujourd’hui de leur exis­tence ? Évi­dem­ment pas. Affir­mer que ceux qui s’opposent à la tech­no­lo­gie sou­haitent tuer les per­sonnes han­di­ca­pées et atteintes de mala­dies graves et sont ain­si « vali­distes » est aus­si sérieux qu’affirmer que ceux qui s’opposent à l’État et au capi­ta­lisme sont des géno­ci­daires qui sou­haitent tuer la plu­part des êtres humains. C’est absurde.

Mais le prin­ci­pal enjeu, pour ceux qui nous accusent de « vali­disme », n’est pas de savoir quel modèle de socié­té est dési­rable, qu’est-ce qu’une vie digne, ni quels sont les tenants et les abou­tis­sants de la tech­no­lo­gie, ni si celle-ci est com­pa­tible avec la liber­té, la démo­cra­tie ou la jus­tice, ni com­ment par­ve­nir à la liber­té, l’autonomie ou la démo­cra­tie, ni com­ment endi­guer la des­truc­tion du monde, ni com­ment mettre un terme à l’inhumanité du sys­tème social domi­nant. Il s’agit plu­tôt de trou­ver com­ment par­ve­nir à une socié­té meilleure (de quelque façon que ce soit) tout en conser­vant l’essentiel de l’infrastructure de la moder­ni­té tech­no­lo­gique (sans lequel, encore une fois, dans l’état des choses, nous serions presque tous, et pas seule­ment cer­taines per­sonnes han­di­ca­pées ou malades, inca­pables de sur­vivre).

Pour ceux qui nous accusent de vali­disme (ou de capa­ci­tisme), la tech­no­lo­gie, sou­vent jugée « neutre » (ils ne sont pas tou­jours d’accord entre eux à ce sujet, entre autres), ne pose pas pro­blème, le pro­blème est uni­que­ment (je me per­mets de citer mot pour mot un de nos détrac­teurs) « l’i­né­gal accès à celle-ci et son impact pol­luant sous le capi­tal ». Com­pre­nez : dans une socié­té tech­no-indus­trielle socialiste/communiste/libertaire/au pays des mer­veilles, la tech­no­lo­gie ne pol­lue­rait plus, elle pous­se­rait dans les arbres et se bio­dé­gra­de­rait en fin d’usage, nour­ris­sant les sols communistes/socialistes/libertaires, et n’impliquerait aucune hié­rar­chie, aucune forme de domi­na­tion (serait com­pa­tible avec la liber­té la plus liber­taire). Autre­ment dit, dans l’ensemble, nos accu­sa­teurs constatent — à peu près — le désastre ambiant, sans être capables d’en iden­ti­fier les causes, et ain­si fan­tasment une société/situation meilleure, dans laquelle les humains conser­ve­raient uni­que­ment les « bonnes » tech­no­lo­gies, ou dans laquelle la tech­no­lo­gie serait au ser­vice d’une orga­ni­sa­tion sociale juste et bonne et éco­lo­gique.

Les progressistes et le fétichisme de la technologie

Plu­sieurs choses. D’abord, bien évi­dem­ment, il appa­rait assez clai­re­ment que nos détrac­teurs gagne­raient à réflé­chir davan­tage aux tenants et abou­tis­sants de la tech­no­lo­gie. L’idée selon laquelle il devrait être pos­sible de par­ve­nir à une sorte de socié­té tech­no-indus­trielle communiste/libertaire/socialiste, véri­ta­ble­ment démo­cra­tique, éga­li­taire, juste, et éga­le­ment sou­te­nable, éco­lo­gique, conser­vant cer­taines des (hautes) tech­no­lo­gies déve­lop­pées par et pour l’État-capitalisme, jugées bonnes, et en ayant reje­té d’autres, jugées mau­vaises, ne repose sur rien. Il ne s’agit que d’un sou­hait. Un cer­tain nombre de pen­seurs ont pour­tant déjà sou­li­gné en quoi toute tech­no­lo­gie est poli­tique. Dans sa pré­face du livre La Baleine et le réac­teur (que nous réédi­te­rons bien­tôt aux édi­tions Libre) du poli­to­logue états-unien Lang­don Win­ner, le phi­lo­sophe Michel Puech expose le cœur du pro­blème : « La tech­no­lo­gie impose, ou plus exac­te­ment effec­tue une restruc­tu­ra­tion de son envi­ron­ne­ment, y com­pris humain, non pas en ver­tu d’un pou­voir occulte, mais en ver­tu de sa propre logique de fonc­tion­ne­ment, des condi­tions de fonc­tion­ne­ment des dis­po­si­tifs tech­niques eux-mêmes ». Quand on choi­sit une tech­no­lo­gie, on choi­sit une poli­tique. Car comme le rap­pelle Win­ner, « adop­ter un sys­tème tech­nique don­né impose qu’on crée et qu’on entre­tienne un ensemble par­ti­cu­lier de condi­tions sociales en tant qu’environnement de fonc­tion­ne­ment de ce sys­tème », parce que « cer­tains types de tech­no­lo­gie exigent une struc­ture par­ti­cu­lière de leur envi­ron­ne­ment social à peu près comme une voi­ture exige des roues pour pou­voir rou­ler. L’objet en ques­tion ne peut pas exis­ter comme enti­té réel­le­ment fonc­tion­nelle tant que cer­taines condi­tions, sociales autant que maté­rielles, ne sont pas rem­plies. Cette “exi­gence” désigne une néces­si­té pra­tique (plu­tôt que logique). » Ain­si :

« En exa­mi­nant les struc­tures sociales qui carac­té­risent l’environnement des sys­tèmes tech­niques, on découvre que cer­tains appa­reils et cer­tains sys­tèmes sont inva­ria­ble­ment liés à des orga­ni­sa­tions spé­ci­fiques du pou­voir et de l’autorité. »

C’est pour­quoi, selon toute logique, les tech­no­lo­gies et tech­niques nées avec — créées et pro­duites par — l’organisation spé­ci­fique du pou­voir et de l’autorité de l’État-capitalisme, en sont indis­so­ciables. Il est ain­si contra­dic­toire de sou­hai­ter par­ve­nir à des socié­tés éga­li­taires, démo­cra­tiques, socia­listes, liber­taires ou com­mu­nistes, tout en sou­hai­tant conser­ver toutes les tech­no­lo­gies appe­lant l’organisation spé­ci­fique du pou­voir et de l’autorité de l’État-capitalisme. Sou­hai­ter la même chose mais en ima­gi­nant ne conser­ver qu’une par­tie seule­ment de ces mêmes tech­no­lo­gies, sur la seule base de cri­tères de goûts et de pré­fé­rence (« on vou­drait gar­der inter­net et les tech­no­lo­gies médi­cales, IRM, Scan­ner, etc., mais pas la bombe nucléaire »), ne semble pas plus cohé­rent.

Cepen­dant, nos détrac­teurs ne le voient pas ain­si. Ils consi­dèrent que tous ceux qui, dans leur pers­pec­tive, leur hori­zon poli­tique, estiment néces­saire — peu importe leurs rai­sons, peu importe leurs argu­ments — de renon­cer ne serait-ce qu’à une seule tech­no­lo­gie dont dépend aujourd’hui la sur­vie du moindre être humain, sont des assas­sins en puis­sance, des fous dan­ge­reux. Selon eux, toute pers­pec­tive poli­tique décente se devrait a mini­ma de com­prendre la conser­va­tion de toutes les tech­no­lo­gies médi­cales modernes. Déro­ger à cette règle serait être vali­diste, capa­ci­tiste. C’est-à-dire qu’ils consi­dèrent la conser­va­tion des­dites tech­no­lo­gies comme une pré­misse non négo­ciable, indis­cu­table. La ques­tion ne sera pas posée de savoir ce que cela implique, si cela peut être com­pa­tible avec une forme d’organisation sociale démo­cra­tique, avec une orga­ni­sa­tion socio­tech­nique sou­te­nable, avec la conti­nua­tion de la vie sur Terre. Peu importe.

Ce féti­chisme de la méde­cine tech­no­lo­gique — de la tech­no­lo­gie médi­cale —, quand ce n’est pas de la tech­no­lo­gie tout court, est à la fois intrin­sè­que­ment absurde et sévè­re­ment contre-pro­duc­tif dans une pers­pec­tive poli­tique d’é­man­ci­pa­tion, d’au­to­no­mi­sa­tion, et sur­tout d’interruption de la des­truc­tion du monde.

Un exemple de déni­gre­ment assez clas­sique — et très pro­fond — de l’a­nar­cho­pri­mi­ti­visme (mais cela pour­rait être de qui­conque remet en ques­tion le vac­cin ou la vac­ci­na­tion en tant que tech­no­lo­gie, ou la méde­cine tech­no­lo­gique plus géné­ra­le­ment). Ou com­ment de soi-disant éco­lo­gistes et/ou liber­taires célèbrent l’in­dus­trie et la tech­no­lo­gie (leur caté­chisme tech­no­mes­sia­niste les ame­nant à en espé­rer l’a­vè­ne­ment de ver­sions liber­taires et/ou éco­lo­giques). Une telle image véhi­cule au pas­sage un mépris assez clair des modes de vie non-tech­no­lo­giques des quelques com­mu­nau­tés et popu­la­tions encore indé­pen­dantes de la méga­ma­chine. Le vac­cin per­met aux « res­sources humaines » de la civi­li­sa­tion de pros­pé­rer mal­gré les condi­tions ter­ri­ble­ment pro­pices à l’émergence et la pro­pa­ga­tion de mala­dies infec­tieuses que leur fait le Pro­grès, à les dépos­sé­der de tout pou­voir sur le dérou­le­ment de leurs propres exis­tences, et donc de tout contrôle sur la nature et l’horizon dudit Pro­grès, à les agglu­ti­ner dans des espaces tou­jours plus res­treints, dans des com­plexes tou­jours plus popu­leux — villes, métro­poles, méga­lo­poles, méga­poles —, à concen­trer pareille­ment, à leur côté, plé­thore d’autres ani­maux éga­le­ment domes­tiques — chiens, chats, etc. —, à les faire cir­cu­ler tou­jours plus rapi­de­ment et mas­si­ve­ment de long en large à tra­vers le globe, de même que tran­site le bétail des ani­maux dits d’élevage — res­sources non humaines culti­vées dans d’autres com­plexes pré­vus à cet effet —, à per­tur­ber tou­jours plus en pro­fon­deur tou­jours plus de milieux natu­rels, de biomes, afin d’y exploi­ter ou d’en extir­per de tou­jours plus nom­breuses res­sources, libé­rant au pas­sage toutes sortes d’agents patho­gènes pos­si­ble­ment infec­tieux, etc.
Les apo­lo­gistes de la science et de la vac­ci­na­tion ont bien rai­son. Si l’on sou­haite que ce mer­veilleux état de choses per­dure, si l’on sou­haite per­pé­tuer la magni­fique aven­ture humaine que consti­tue la civi­li­sa­tion indus­trielle, il se pour­rait que la vac­ci­na­tion soit essen­tielle. Sans vac­ci­na­tion, les « res­sources humaines » ris­que­raient de se dégra­der sous le coup de diverses mala­dies infec­tieuses (de même que sans vac­ci­na­tion, ou a mini­ma sans médi­ca­ments phar­ma­co-indus­triels — anti­bio­tiques, etc. —, les autres ani­maux d’élevage, porcs, pou­lets, etc., ne sur­vi­vraient pas à leur agglu­ti­na­tion), ce qui mena­ce­rait d’enrayer tout le fonc­tion­ne­ment de la méga­ma­chine.

Si la condi­tion sine qua non de votre lutte pour une meilleure socié­té consiste à garan­tir la sur­vie de tous les humains que le pré­sent sys­tème tech­no­lo­gique fait vivre, c’est lui que vous fini­rez par défendre. Au nom d’une lutte contre la dis­cri­mi­na­tion, nos accu­sa­teurs, qui nous consi­dèrent comme des « enne­mis poli­tiques », se retrouvent à défendre l’empire qui nous asser­vit tous et qui détruit tout. Ils ne voient pas de domi­na­tion dans la tech­no­lo­gie, mais dans les pers­pec­tives de ceux qui osent cri­ti­quer la domi­na­tion qu’elle implique pour­tant — domi­na­tion écra­sante que nous sommes tous en mesure de per­ce­voir au quo­ti­dien. La tech­no­lo­gie ne pose pas pro­blème, en revanche, posent pro­blème ceux qui la cri­tiquent, qui vou­draient nous en pri­ver. À leur égard, pas de pitié. Ces pré­ten­dus rebelles, radi­caux, du milieu des étu­diants-mili­tants, se font ain­si, dans un de ces for­mi­dables para­doxes dont la moder­ni­té a le secret, fer­vents défen­seurs du sys­tème tech­no­lo­gique, de la domi­na­tion, du tech­no­cen­trisme que dénonce, par exemple, Der­rick Jen­sen :

« L’anthropocentrisme sug­gère que les humains sont en quelque sorte le centre de l’univers, mais cette culture pro­duit pire que cela. Depuis quelques temps, déjà, elle génère un tech­no­cen­trisme qui sug­gère que la tech­no­lo­gie est pri­mor­diale, la chose la plus impor­tante. Cela fait des décen­nies que j’explique que le bas­cu­le­ment de per­cep­tion qui se pro­duit lorsque notre loyau­té n’est plus envers le sys­tème tech­no-indus­triel mais envers le monde natu­rel est cru­cial. Il nous faut aban­don­ner le tech­no­cen­trisme et l’anthropocentrisme, aban­don­ner le supré­ma­cisme humain qui nous coupe de tous les autres. Faire en sorte que votre loyau­té soit envers la terre où vous vivez et la Terre en géné­ral. La rai­son pour laquelle ce bas­cu­le­ment est cru­cial, c’est que l’on pro­tège ce à quoi et ceux aux­quels on accorde de la valeur. Si vous accor­dez de la valeur aux ordi­na­teurs por­tables et aux machines en géné­ral, si vous accor­dez plus de valeur à cette culture qu’au monde vivant, vous défen­drez la pre­mière au détri­ment du second. Ce qui est à la fois omni­ci­daire et sui­ci­daire. »

Croyances, anathèmes et imaginaires

Somme toute, la pers­pec­tive de nos détrac­teurs repose prin­ci­pa­le­ment sur une croyance selon laquelle la tech­no­lo­gie — ou une par­tie des élé­ments du sys­tème tech­no­lo­gique — créée par l’État-capitalisme pour­rait très bien aller de pair avec d’autres formes sociales, d’autres types d’organisation sociale, liber­taires, com­mu­nistes ou socia­listes, et deve­nir ain­si égalitaire/démocratique/émancipatrice, juste et bio. S’il s’agit uni­que­ment d’une croyance, c’est que rien ne prouve ou même n’indique — rien ne sug­gère — que cela puisse être le cas. Tout — l’histoire, le pré­sent, les dyna­miques actuelles, les ten­dances que l’on constate, les logiques et les exi­gences de la tech­no­lo­gie, les capa­ci­tés humaines — nous sug­gère que cette croyance est absurde.

Si l’on sou­haite par­ve­nir à des socié­tés éga­li­taires et démo­cra­tiques, on devrait se deman­der quelles tech­niques et tech­no­lo­gies sont com­pa­tibles avec la démo­cra­tie et l’égalité. Cette inter­ro­ga­tion tenait d’ailleurs une cer­taine place dans la réflexion de tout un pan du mou­ve­ment éco­lo­giste des années 60 jusqu’à la fin des années 80. On par­lait alors de tech­niques « douces » ou « dures », « simples » ou « com­plexes », « convi­viales » ou non, etc.[2] L’idée de « basses tech­no­lo­gies » était éga­le­ment dans l’air, qui connait actuel­le­ment un maigre regain de popu­la­ri­té sous l’appellation « low-tech » — appel­la­tion der­rière laquelle cer­tains mettent aujourd’hui tout et n’importe quoi, qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on enten­dait par là à l’époque ; un Gaël Giraud, par exemple, parle de low-tech pour dési­gner des hautes tech­no­lo­gies amé­lio­rées de telle sorte qu’elles consom­me­raient moins, ce genre de choses. Les éco­lo­gistes d’alors com­pre­naient que l’affinité d’une tech­no­lo­gie avec un type d’organisation du pou­voir et de l’autorité n’est pas tou­jours évi­dente. Cer­taines tech­no­lo­gies sont assez clai­re­ment indis­so­ciables de l’État-capitalisme indus­triel, comme la télé­vi­sion, la voi­ture ou l’ordinateur. D’autres se situent dans une sorte de zone grise. Quoi qu’il en soit, la meilleure manière de savoir si une tech­nique est com­pa­tible avec la démo­cra­tie consiste cer­tai­ne­ment à la tes­ter en pra­tique, ce qui implique au préa­lable de par­ve­nir à des formes de vie sociale démo­cra­tiques, ce qui, en retour, implique de se libé­rer des tech­niques auto­ri­taires. Peut-être s’agirait-il d’enclencher une sorte de dia­lec­tique, dans laquelle la libé­ra­tion de l’emprise des tech­niques auto­ri­taires irait de pair avec l’expérimentation de tech­niques conçues et pro­duites par des com­mu­nau­tés au moyen de pro­ces­sus réel­le­ment démo­cra­tiques. D’où l’importance de pou­voir serei­ne­ment dis­cu­ter de ces sujets.

C’est pour­quoi le plus pro­blé­ma­tique, en ce qui concerne nos détrac­teurs, est sans doute leur pro­pen­sion à jeter des ana­thèmes — « trans­phobe », « vali­diste », « réac­tion­naire » — par­fois sans même com­prendre ce qu’ils signi­fient réel­le­ment, dans le but de dis­cré­di­ter une per­sonne ou un mou­ve­ment que l’on juge mau­vais, de cou­per court à toute dis­cus­sion sen­sée, argu­men­tée.

***

(J’essaie, ici, d’expliquer les choses aus­si clai­re­ment que pos­sible. Espé­rons que cer­tains de nos cri­tiques feront l’effort de lire. Bon nombre ne semblent pas savoir pas grand-chose de pre­mière main concer­nant nos pers­pec­tives, mais nous mau­dissent en en sui­vant d’autres, qui en suivent peut-être eux-mêmes d’autres ; et quand on leur demande, ils recon­naissent par­fois avoir eu la flemme de lire, s’être arrê­té à, ce genre de choses. Pour­quoi se faire suer, quand il est bien plus facile de recou­rir aux insultes, de col­por­ter des ragots pour faire comme les autres, ou de racon­ter n’im­porte quoi, de prê­ter (comme le font cer­tains de nos détrac­teurs) à ceux qu’on cherche à dia­bo­li­ser des pro­pos qui ne sont pas les leurs, de les cou­per et les inter­pré­ter aus­si habi­le­ment qu’un fran­co­phone mono­lingue inter­prè­te­rait des sino­grammes ?!)

***

Il devrait être clair que les anar­cho­pri­mi­ti­vistes, les anti-indus­triels et tous ceux qui cri­tiquent la tech­no­lo­gie n’ont abso­lu­ment rien contre les per­sonnes han­di­ca­pées, ni contre toutes celles et ceux — dont nous fai­sons évi­dem­ment par­tie — qui dépendent actuel­le­ment de la tech­no­lo­gie. Ce qui est regret­table, c’est que nous en ayons été ren­dus dépen­dants. Nous vou­lons mettre un terme au désastre social et éco­lo­gique en cours, ce qui implique d’en finir avec l’emprise tech­no­lo­gique. On rap­pel­le­ra au pas­sage que la civi­li­sa­tion est cause de nom­breux han­di­caps, de mala­dies jus­te­ment dites de civi­li­sa­tion : dia­bète, mala­dies car­dio­vas­cu­laires, dépres­sion, stress et angoisses en tous genres, asthme, aller­gies, can­cer, obé­si­té, schi­zo­phré­nie et autres troubles men­taux. Mala­dies et han­di­caps qu’elle traite presque exclu­si­ve­ment de façon tech­nique.

En termes de soli­da­ri­té humaine, de soins aux per­sonnes han­di­ca­pées, les socié­tés dont nos lan­ceurs d’anathèmes se moquent pour­tant indé­cem­ment — raillant l’idée de « vivre dans la forêt en man­geant des baies, et en buvant de l’eau », selon la for­mule d’un autre de nos accu­sa­teurs déni­grant le mode de vie des quelques peuples fores­tiers que la civi­li­sa­tion n’a pas encore exter­mi­nés — n’ont rien à envier à la civi­li­sa­tion, et ont même beau­coup à nous apprendre. Nombre de peuples indi­gènes, et tout par­ti­cu­liè­re­ment ceux qui ne valo­risent pas les exploits guer­riers, nous montrent en effet que l’at­ten­tion des humains à l’égard des autres humains, mais aus­si des humains à l’égard du monde et de tous les êtres vivants, s’a­vère bien supé­rieure dans des socié­tés non tech­no­lo­giques. L’histoire nous apprend que depuis des temps immé­mo­riaux l’être humain a su prendre soin des anciens et de ceux qui souf­fraient de mala­dies congé­ni­tales, de han­di­caps, comme en témoignent de nom­breuses inhu­ma­tions du paléo­li­thique. Sans la tech­no­lo­gie, sans les tech­no­lo­gies médi­cales modernes, nous avons su vivre, vivre bien, et sans détruire le monde.

Sans libé­ra­tion de nos ima­gi­naires du joug de la tech­no­lo­gie et du mythe du pro­grès, aucune éman­ci­pa­tion réelle ne sera jamais pos­sible.

Au bout du compte, des questions difficiles

Enfin, par­mi les éco­lo­gistes radi­caux — anti-indus­triels, lud­dites, néo­lud­dites, anar­chistes natu­riens ou néo­na­tu­riens, anar­cho­pri­mi­ti­vistes, anti­ci­vi­li­sa­tion — cer­tains ne croient pas qu’un chan­ge­ment poli­tique puisse adve­nir suf­fi­sam­ment rapi­de­ment, voire adve­nir tout court, pour endi­guer la des­truc­tion de la vie sur Terre et des socié­tés humaines. Face à cela, ils défendent l’idée selon laquelle l’effondrement de la civi­li­sa­tion indus­trielle devrait être pré­ci­pi­té le plus vite pos­sible. Contrai­re­ment à ce que d’aucuns pour­raient s’imaginer, ils ne croient pas for­cé­ment que la fin jus­ti­fie tou­jours les moyens. En revanche, ils estiment que cette fin par­ti­cu­lière — mettre un terme à l’anéantissement de la vie sur Terre, à la dété­rio­ra­tion de tous les milieux natu­rels, à la décom­po­si­tion des condi­tions d’habitabilité de la Terre pour l’être humain et toutes les espèces (encore) vivantes aujourd’hui, ain­si qu’au désastre humain pro­téi­forme qui consti­tue le pen­dant social de cette catas­trophe — jus­ti­fie le recours, et tout par­ti­cu­liè­re­ment en déses­poir de cause, à des moyens à la hau­teur de l’incommensurable enjeu qu’elle consti­tue.

Beau­coup les accu­se­raient d’extrémisme — mais l’extrémisme n’est-il pas d’avoir rasé la majo­ri­té des forêts de la pla­nète ? D’avoir pol­lué et les­si­vé ses sols et rava­gé leur fer­ti­li­té ? D’avoir pol­lué et endi­gué la majo­ri­té de ses fleuves et de ses rivières ? Souillé ses pro­fon­deurs océa­niques jusqu’au fond de la fosse des Mariannes avec toutes sortes de plas­tiques et autres pro­duits de syn­thèse ? D’avoir satu­ré les couches les plus éloi­gnées de son atmo­sphère de « déchets spa­tiaux » et les autres de tou­jours plus nom­breux « pol­luants atmo­sphé­riques » ? De pro­duire chaque année des mil­liers de tonnes de déchets hau­te­ment radio­ac­tifs pour des mil­lé­naires (sachant, comme nous l’apprend un article du jour­nal Le Monde, que « La pro­duc­tion de déchets nucléaires devrait tri­pler d’ici à 2080 ») ? De pré­ci­pi­ter plu­sieurs dizaines d’espèces vers l’extinction chaque jour ? De per­pé­trer consciem­ment la pre­mière exter­mi­na­tion mas­sive des espèces — les scien­ti­fiques parlent euphé­mi­que­ment, en employant la voie pas­sive, de sixième extinc­tion de masse — de l’histoire de la pla­nète ? D’avoir qua­si­ment anni­hi­lé l’ethnosphère — la diver­si­té cultu­relle humaine — et de conti­nuer, inexo­ra­ble­ment, en direc­tion d’une seule et unique idio­cra­tie pla­né­taire ? N’y a‑t-il pas davan­tage de rai­sons morales de vou­loir pré­ci­pi­ter l’effondrement de la civi­li­sa­tion que de s’offusquer à cette idée ? Certes, nos vies, celles de nos proches et de nos enfants (le cas échéant) sont aujourd’hui dépen­dantes de la civi­li­sa­tion indus­trielle. Mais celles-ci sont-elles plus impor­tantes que la pros­pé­ri­té de la vie sur Terre ? Qu’une pla­nète habi­table pour les mam­mi­fères et les autres espèces actuel­le­ment vivantes ?

À l’ère du réchauf­fe­ment cli­ma­tique inar­rê­table, désor­mais que le sys­tème tech­no­lo­gique mon­dia­li­sé forme une méga­ma­chine incon­trô­lée et incon­trô­lable, radi­ca­le­ment anti­dé­mo­cra­tique, fonc­tion­nel­le­ment et struc­tu­rel­le­ment inhu­maine, dévo­rant et conta­mi­nant le monde de ses innom­brables pro­duc­tions toxiques, mas­sa­crant des mil­liards d’animaux chaque année, et consta­tant que les pseu­do-solu­tions pro­po­sées de l’extrême-gauche à l’extrême-droite sont autant d’échecs ou d’inepties, quel argu­ment moral peut-on sérieu­se­ment oppo­ser à ceux qui dési­rent détruire ladite méga­ma­chine le plus rapi­de­ment pos­sible ?

Bien enten­du, ceux qui, ayant été condi­tion­nés à cet effet par les ins­ti­tu­tions domi­nantes (ils sont donc nom­breux), consi­dèrent la sur­vie du plus grand nombre d’êtres humains, ou la conti­nua­tion du déve­lop­pe­ment du sys­tème tech­no­lo­gique, comme la chose la plus impor­tante, au détri­ment de la san­té de la bio­sphère, de la pros­pé­ri­té de la vie sur Terre, du vivant, au détri­ment aus­si de la qua­li­té de la vie humaine abs­traite, quan­ti­ta­tive, qu’ils ido­lâtrent, ne ver­ront sans doute pas d’un bon œil l’i­dée d’ef­fon­drer la civi­li­sa­tion indus­trielle.

Un article récem­ment paru sur le site de Science et Vie, inti­tu­lé « Que se pas­se­rait-il si les humains dis­pa­rais­saient[3] ? », sug­gère que si la civi­li­sa­tion (socio­cen­trisme oblige, ils écrivent « les humains » mais parlent en réa­li­té de la civi­li­sa­tion) s’effondrait ins­tan­ta­né­ment demain, la san­té de la bio­sphère s’améliorerait gra­duel­le­ment, et ce mal­gré les désastres nucléaires qui se pro­dui­raient suite à l’abandon des cen­trales. Les humains, comme les autres espèces, recou­vri­raient donc, gra­duel­le­ment, sans doute au prix de quelques périodes de dégra­da­tions tem­po­raires, un habi­tat de plus en plus sain. Au bout d’un siècle, si « l’ex­pan­sion des plantes a été un peu frei­née par la radio­ac­ti­vi­té, […] les avan­tages de l’ab­sence de l’homme [lire : de la civi­li­sa­tion] ont lar­ge­ment com­pen­sé cet incon­vé­nient ». Après dix mille ans, la végé­ta­tion serait « plus abon­dante qu’elle ne l’a jamais été depuis près d’un demi-mil­lion d’an­nées – avant la défo­res­ta­tion par l’homme et la der­nière gla­cia­tion ». C’est-à-dire qu’aujourd’hui, l’effondrement de la civi­li­sa­tion indus­trielle n’est pas syno­nyme de des­truc­tion irré­mé­diable du vivant. Elle n’a pas (encore) défi­ni­ti­ve­ment pris en otage l’ensemble du monde vivant. Mais pour com­bien de temps encore ?

Car qui sait ce qu’il se pro­dui­ra si la méga­ma­chine conti­nue de fonc­tion­ner ? « Les spé­cia­listes en dis­cutent et ne sont pas d’accord sur les causes et les risques pour l’atmosphère et la vie. Mais nous pou­vons être sûrs d’une chose, c’est que nous n’en savons rien ; et qu’il est fou de conti­nuer à fon­cer ain­si dans le noir[4]. » (Ber­nard Char­bon­neau) Selon Theo­dore Kac­zyns­ki, « si le déve­lop­pe­ment du sys­tème-monde tech­no­lo­gique se pour­suit sans entrave jusqu’à sa conclu­sion logique, selon toute pro­ba­bi­li­té, de la Terre il ne res­te­ra qu’un caillou déso­lé — une pla­nète sans vie, à l’exception, peut-être, d’organismes par­mi les plus simples — cer­taines bac­té­ries, algues, etc. — capables de sur­vivre dans des condi­tions extrêmes[5]. » Tou­jours plus de réac­teurs nucléaires sont en construc­tion, tou­jours plus en pro­jet. Dans sa quête de puis­sance illi­mi­tée, il n’est pas impro­bable que la civi­li­sa­tion conçoive et fabrique des ins­tal­la­tions plus dan­ge­reuses encore que des cen­trales nucléaires.

Face au désastre déjà consom­mé, face à celui qui est en cours, face au futur que sug­gèrent les ten­dances actuelles, et au vu de l’absence de pro­po­si­tion véri­ta­ble­ment réa­liste, convain­cante, pour endi­guer la catas­trophe, l’idée de pré­ci­pi­ter l’effondrement de la civi­li­sa­tion indus­trielle ne semble pas si absurde, si extrême. Elle semble moins absurde, en tout cas, que l’idée d’une prise du pou­voir par quelque groupe ou par­ti qui s’autodétruirait ensuite en déman­te­lant ladite civi­li­sa­tion, ou qu’une popu­la­tion majo­ri­tai­re­ment volon­taire pour ce faire, ou en mesure de contrô­ler ration­nel­le­ment le déve­lop­pe­ment (ou le déman­tè­le­ment) de la civi­li­sa­tion indus­trielle.

Sachant qu’un mou­ve­ment qui ten­te­rait de pré­ci­pi­ter l’effondrement de la civi­li­sa­tion indus­trielle n’y par­vien­drait évi­dem­ment pas en une jour­née (c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas géno­cide ins­tan­ta­né de 7 mil­liards d’êtres humains, contrai­re­ment à ce que sug­gère l’é­pou­van­tail absurde que cer­tains opposent à cette idée). Les efforts d’un tel mou­ve­ment pour­raient alors se com­bi­ner avec ceux d’autres groupes cher­chant à impo­ser des chan­ge­ments poli­tiques afin de déman­te­ler la méga­ma­chine de manière plus orga­ni­sée. Dif­fé­rents scé­na­rios plus ou moins chao­tiques sont envi­sa­geables[6].

Somme toute, il s’agit de ques­tions dif­fi­ciles mais ô com­bien cru­ciales. Il s’agit de sens des prio­ri­tés, de valeurs, de pers­pec­tive géné­rale (de ce qui dif­fé­ren­cie par exemple le socio­cen­trisme et l’anthropocentrisme de l’écocentrisme ou du bio­cen­trisme). Com­prendre les enjeux et, face à eux, com­prendre ce que nous vou­lons, ce qui est sou­hai­table, pos­sible (quand bien même très impro­bable).

Nico­las Casaux


Note 0 : Cette omni­pré­sence du tech­no­cen­trisme, que l’on retrouve jusqu’au cœur d’un large pan de l’anarchisme contem­po­rain, est une rai­son de plus pour pen­ser que seul l’effondrement de la civi­li­sa­tion indus­trielle — pro­vo­qué par des humains, ou non — met­tra un terme au désastre humain, et plus géné­ra­le­ment bio­lo­gique, en cours.

Note 1 : Contrai­re­ment à nos calom­nia­teurs, nous ne pas­sons pas notre temps à ten­ter de cou­per court à toute dis­cus­sion en recou­rant à des injures psy­cho­lo­gi­santes. Nous ne nous conten­tons pas de les déni­grer en les trai­tant de bio­phobes, d’ethnocidaires ou d’écocidaires — pour­tant, une par­tie des idées qu’ils sou­tiennent ava­lisent la marche funeste du « pro­grès » en cours, la des­truc­tion de la nature et donc des condi­tions de l’existence humaine.

Note 2 : Si les caté­go­ries cri­tiques uti­li­sées par tout un ensemble d’étudiants-militants de gauche (de gauche PS, du front de gauche, LFI aus­si bien que libertaires/anarchistes) se res­semblent, c’est parce qu’elles découlent à peu près toutes du monde aca­dé­mique, uni­ver­si­taire, et de la culture anglo-amé­ri­caine dans les­quels ils baignent. La théo­rie queer est un pur pro­duit uni­ver­si­taire, lequel est bien plus ami­cal que cri­tique envers la tech­no­lo­gie (et l’industrialisme). D’où l’inexistence d’anathèmes comme « tech­no­lo­giste » ou « indus­tria­liste ».

Note 3 : Tout cela sug­gère qu’à l’instar de la plu­part des gens, nombre de soi-disant anar­chistes conti­nuent d’adhérer de manière rela­ti­ve­ment irré­flé­chie à la doxa pro­gres­siste, tech­no­lâtre, repro­dui­sant ain­si les erreurs des pre­mières figures his­to­riques du mou­ve­ment anar­chiste — sou­li­gnées par José Ardillo dans son livre La Liber­té dans un monde fra­gile.


Notes de fin

  1. Pour un argu­men­taire plus étayé concer­nant cette idée : https://www.partage-le.com/2020/04/25/de-la-cuillere-en-plastique-a-la-centrale-nucleaire-un-meme-despotisme-industriel-par-nicolas-casaux/ & : https://www.partage-le.com/2020/05/06/la-pire-erreur-de-lhistoire-de-la-gauche-par-nicolas-casaux/
  2. Ain­si que le rap­pelle ce très bon article : https://biosphere.ouvaton.org/vocabulaire/2769-techniques-dualisme-des-techniques
  3. https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/que-se-passerait-il-si-les-humains-disparaissaient-60432
  4. https://www.partage-le.com/2015/12/21/le-changement-maelstrom-letale-a-entraver-par-bernard-charbonneau/
  5. Extrait tiré de son livre Anti-Tech Revo­lu­tion, dont une ver­sion fran­çaise devrait sor­tir en mai 2021, ici en pré­com­mande : https://www.editionslibre.org/produit/revolution-anti-technologie-pourquoi-et-comment-theodore-john-kaczynski/ L’extrait en ques­tion fait par­tie d’un mor­ceau plus large du livre ayant été tra­duit et publié ici : https://www.partage-le.com/2017/07/04/pourquoi-la-civilisation-industrielle-va-entierement-devorer-la-planete-par-theodore-kaczynski/
  6. Lire, à ce sujet, le deuxième tome du livre DGR (Deep Green Resis­tance).

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À propos de l'auteur Le Partage

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