Adonde te escondiste…
Où te cachais-tu…
Premier vers du Cantique spirituel de saint Jean de la Croix
Lundi dernier, le 14 décembre, l’Église célébrait la mémoire du « Docteur mystique », saint Jean de la Croix (1542-1591). Sa vie mouvementée et son amour de Dieu et du Crucifié auront fait de lui une figure de proue de la spiritualité chrétienne, tout comme sainte Thérèse de Jésus. Il nous prouve que joie, grâce et don de soi sont possibles en des temps troublés, lorsqu’on semble sombrer dans la nuit de notre existence terrestre.
En commençant cette neuvaine de Noël, dans des circonstances qui sont pour le moins extraordinaires et contrariantes, le saint du Carmel nous invite à attendre patiemment « le Soleil levant, la Lumière d’en haut qui vient nous visiter ».
La foi est certainement quelque chose comme une passion brulante pour Dieu, mais elle prend aussi le sens d’un élan actif sur les chemins de Dieu, à la recherche de l’Amour absolu.
La foi est incommode, […] la foi déstabilise.
Le paradoxe de notre époque, ou plutôt de toute la modernité, est de reléguer la foi dans le domaine particulier et privé. Comme si la foi, à l’instar des arts martiaux, de la couture ou du végétalisme, n’était qu’un dada quelconque auquel on adhère par gout personnel. Une option parmi tant d’autres. Mais même au niveau du pur passetemps, on oublie que l’être passionné ne fera que parler de sa flamme.
Mais c’est justement que la foi est incommode, que la foi déstabilise. On ne sait plus comment l’aborder (si ce n’est que comme un genre d’excentricité admise) parce qu’il y a encore du monde qui n’a pas reçu ou accueilli l’éclairage éclairé et éclairant de la science.
Le saint maltraité
Cette mise en contexte démesurément longue m’est apparue justifiée par la vie même de saint Jean de la Croix, dont nous célébrions la mémoire lundi.
D’une haute extraction, mais complètement déchue socialement, sa famille connaitra la misère et l’aumône, cette voie qui a conduit tant d’hommes et de femmes vers la sainteté. Tout pauvre n’est pas saint, mais tout saint est pauvre. Même les saints rois et reines ont désiré atteindre la pauvreté véritable, celle du Pauvre de Nazareth, celle qui porte à la béatitude.
Jean de la Croix n’aura recherché que le dénuement. Comme religieux d’abord, en prenant part aux réformes du Carmel opérées par sainte Thérèse. Mais aussi sur le plan humain et spirituel : honni de tous et maltraité toute sa vie durant, il dira n’avoir reçu aucune consolation durant son incarcération au couvent des Carmes Mitigés de Tolède.
Flamme dans la nuit
Pourtant du tréfonds de l’âme de ce carme discret et débonnaire jaillira une flamme incandescente, le feu dévorant de la foi, qui illuminera la catholicité.
Ce cœur pur et agréable à Dieu composera des poèmes parmi les plus riches et les plus colorés jamais écrits en langue castillane. L’expérience de Dieu, d’un Dieu qui se cache dans les ténèbres de la Noche Oscura, poussera saint Jean de la Croix à témoigner devant ses contemporains, ses coreligionnaires et confrères tortionnaires, que la foi et la folie de la croix ont bel et bien vaincu le monde. Les souffrances vécues et aimées au nom du Christ lui ont donné la véritable postérité, mais surtout les Arrhes de la Vie éternelle.
À l’approche de Noël, l’étoile de la Nativité invite plus que jamais petits bergers et grands de ce monde à adorer un bambin dans le fond d’une mangeoire, car toute la science possible ne percera jamais le mystère de Dieu. Enfin, la véritable liberté n’est pas celle du mouvement, mais bien de l’esprit, où l’on fait nôtres confidemment les évènements qui nous tombent dessus. Là où ni chaines ni confinement ne sauraient prévaloir.
Saint Jean de la Croix, priez pour nous !
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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