Le « Hold up » de l’AFP : « debunk » de leur « debunk »

Le « Hold up » de l’AFP : « debunk » de leur « debunk »

article en 5 pages

par Wolf Wagner

C’est le documentaire dont tout le monde parle : « Hold Up », de Pierre Barnérias et Christophe Cossé. Sorti le 11 novembre, il a eu l’effet d’une bombe complotiste, y compris dans les services de vérification des différents médias français. Toujours enclins à distiller une vérité implacable et inattaquable, ces débunkers sont-ils néanmoins si rigoureux dans leur manière de vérifier l’info ? Pourraient-ils être tout autant coupables que ceux qu’ils cherchent à épingler ?

Préambule :
Avant toute chose, il convient de préciser que ce papier n’a ni vocation à encenser ni à dénoncer Hold Up. Ce texte ne vise pas non plus à faire la critique du film.

La condamnation unanime de la presse envers ce documentaire fut telle, qu’il est apparu intéressant de se pencher sur la manière avec laquelle les différents services de vérification des grands médias français ont choisi d’argumenter pour remettre en cause les informations présentes dans ce film.

Il est toujours fascinant de constater le pouvoir que ce type d’articles a sur l’opinion publique. Souvent considérés comme la source ultime d’information, parce qu’en bout de chaîne et donnés par des organes de presse réputés, il semble très difficile, pour ne pas dire impossible, de les contredire. Pourtant, force est de constater, démonstration à l’appui, qu’ils ne sont pas eux-mêmes exempts de tout reproche.

Concentrons-nous sur le travail de vérification réalisé par l’Agence France Presse, agence mondialement reconnue et référence absolue de l’information en France. L’article des Décodeurs du Monde ou celui du Nouvel Obs auraient également pu être pris comme exemples, mais le choix de ce temple de l’info apparaissait comme étant le plus pertinent, puisqu’il est systématiquement choisi pour référence par l’ensemble de la profession.

L’article qui va suivre n’entend pas trancher ni apporter, plus que nécessaire, un éclaircissement sur les sujets soulevés par l’AFP et par Hold Up. Celui-ci va se cantonner à user de l’exact même procédé que l’agence de presse utilise dans ses fact-checkings, à savoir : relever, puis démontrer pourquoi les affirmations contenues dans son article sont fausses ou trompeuses.

Et parce que personne en France n’a ni l’aura ni la crédibilité de l’AFP, chaque source et chaque information à laquelle cet article se réfère vous sera détaillée au fil de votre lecture, vous permettant alors de vérifier chaque point par vous-même.

Ainsi, si nous ne tombions pas d’accord sur les conclusions à tirer du travail effectué par l’Agence France Presse au sujet de ce documentaire, nous devrions au moins nous entendre sur la véracité des propos et des faits que nous aurons décidés d’opposer.

Pour cela, il nous faut en premier lieu nous accorder sur la viabilité de nos sources.
Si la démarche vise à démontrer que le débunker de l’AFP colporte des informations trompeuses et/ou erronées, quoi de mieux dans ce cas que de se baser directement sur les sources mises en avant par l’agence de presse elle-même ?

Ainsi, toutes celles que vous retrouverez dans ce papier proviendront soit de l’AFP, soit des plus grands médias français, soit directement des études scientifiques citées par l’Agence de presse, ou soit, encore, d’organisations mondialement reconnues, telles que l’OMS ou l’ONU.

Les postulats de départ posés, rentrons à présent dans le vif du sujet.

L’article de l’AFP pris ici pour référence a pour titre : « « Hold-up » : une vidéo truffée de fausses informations »

En regardant dans le détail les éléments apportés pour démontrer pourquoi et en quoi Hold Up était « truffé de fausses informations », on prend rapidement conscience que l’Agence France Presse va passer du costume de redresseur de torts en chef à celui d’arroseur arrosé. Si elle épingle bien le film sur plusieurs fake news (comme par exemple celle expliquant que le brevet du covid-19 aurait été déposé par l’Institut Pasteur en 2015), elle est toutefois loin, elle-même, de ne pas se rendre coupable de communiquer des informations erronées.

Ainsi, ce papier va se concentrer à décortiquer et à vous démontrer pourquoi les explications fournies par l’AFP au sujet de ces cinq affirmations vous induisent en erreur :
– L’Organisation Mondiale de la Santé recommande le port du masque généralisé par le grand public.
– Les masques sont très protecteurs et ne sont pas des nids à microbes.
– La Suède n’a pas été épargnée par la crise du Covid-19

– Le Rivotril n’a pas été utilisé dans les EHPAD pour achever les résidents faute de place dans les hôpitaux.

– L’hydroxychloroquine est inefficace pour traiter la Covid-19.

Explications.

Débunkons les débunkers
Dans son article, le jugement de l’AFP sur ce film est sans appel et se résume ainsi : « argumentaire complotiste truffé d’au moins une trentaine de fausses affirmations ».
Afin d’étayer ses propos, l’Agence France Presse s’engage dans ce qu’elle considère être un rétablissement de vérités.
Reprenons-les donc une à une depuis le début en nous attachant uniquement à déceler les points où, n’ayons pas peur des mots, l’AFP se trompe.

Premier point : selon l’AFP, l’idée que : « l’OMS ne dit pas que tout le monde doit mettre un masque » est fausse.

Pourquoi l’AFP donne ici une information mensongère :

Rapidement dans son article, l’Agence France Presse aborde la question des masques.

On y lit : « Selon Astrid Stuckelberger, présentée  (ndla : dans Hold Up) comme une docteure en médecine : « l’OMS ne dit pas que tout le monde doit mettre un masque » ».

Interjection immédiate de l’Agence de Presse qui annonce : « C’est faux. », avant d’expliquer : « L’Organisation mondiale de la Santé préconise bien le port du masque pour le grand public dans une note diffusée en juin. » et d’ajouter un peu plus loin : « Les masques chirurgicaux permettent de limiter la diffusion du virus, surtout en protégeant les autres de nos propres postillons, selon plusieurs experts interrogés depuis mars. ».

Il est donc rapporté que l’OMS « préconise bien le port du masque pour le grand public », notamment pour « limiter la diffusion du virus, surtout en protégeant les autres de nos propres postillons ». Des propos visant à démentir la déclaration de Stuckelberger qui était : « l’OMS ne dit pas que tout le monde doit porter un masque ».

Afin d’étayer son propos, l’AFP nous renvoie donc à ce document officiel de l’Organisation Mondiale de la Santé daté de juin 2020.
On note au passage que l’agence de presse ne fait pas l’effort de nous aiguiller sur les pages du document sur lesquelles elle se base pour asseoir sa démonstration. Pas sympa l’AFP, elle nous force à chercher.

Que dit précisément cette note ?

Dans un premier temps, l’OMS explique, page 7, concernant ses « orientations pour le port du masque pour le grand public. » que « les études sur la grippe, les affections de type grippal et les coronavirus humains (autres que celui de la COVID-19) montrent que le port d’un masque médical peut éviter la propagation de gouttelettes infectieuses par un sujet infecté présentant des symptômes (lutte à la source) et la contamination potentielle de l’environnement par ces gouttelettes », avant de préciser : « Quelques données limitées montrent que le port d’un masque médical par des personnes en bonne santé, en particulier qui habitent avec un malade, ou par des personnes participant à des grands rassemblements, peut contribuer à prévenir la transmission ».

Si dans un premier temps l’OMS reconnaît que le port du masque par le grand public peut « éviter la propagation de gouttelettes » et ainsi « contribuer à prévenir la transmission », l’organisation mondiale de la santé prend néanmoins bien le soin de nous prévenir du caractère « limité » du nombre de données disponibles sur le sujet, cherchant par là à nous avertir de la fiabilité encore relative d’une telle information.

L’OMS poursuit : « Les résultats d’essais contrôlés randomisés par groupe sur le port du masque par les jeunes universitaires adultes vivant sur un campus aux États-Unis d’Amérique indiquent que les masques faciaux peuvent réduire le taux d’affections de type grippal, sans avoir cependant d’impact sur le risque de grippe confirmée en laboratoire ».

Là encore, l’OMS avertit qu’une étude conclut bien à l’intérêt du port du masque pour « réduire le taux d’affections de type grippal », tout en relativisant dans la foulée : « sans avoir cependant d’impact sur le risque de grippe confirmée en laboratoire ».

Jusqu’ici, même si la formulation de l’OMS est sujette à interprétation, on comprend ce sur quoi se base l’AFP pour affirmer que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande bien le port du masque « pour tout le monde » afin de protéger « les autres de nos propres postillons ».

Le point qui va faire la différence, entre ce que dit l’OMS et l’interprétation qu’en fait l’AFP, se trouve toujours page 7. C’est même la première phrase qui suit le dernier passage mentionné ci-dessus.

Face à ces incertitudes scientifiques, l’Organisation mondiale de la santé va finaliser cette partie de son rapport par une formulation qui ne souffre d’aucun doute quant à sa position officielle sur le port du masque par le grand public : « À l’heure actuelle, il n’y a pas d’éléments directs (provenant d’études sur la COVID-19 et sur les personnes en bonne santé au sein de la communauté) sur l’efficacité du port généralisé du masque par les bien-portants en vue de prévenir les infections dues à des virus respiratoires, notamment celui de la COVID-19. ».

En prenant des précautions vis-à-vis du manque d’études disponibles, l’OMS conclut donc bien en écrivant noir sur blanc que le masque permettrait d’éviter de propulser des gouttelettes de sa bouche, et donc de potentiellement empêcher de contaminer son entourage par cette voie, mais qu’elle n’est pas en mesure de confirmer l’efficacité de son port de manière généralisée « par le grand public » – autrement dit par « tout le monde » – dans le but « de prévenir les infections dues à des virus respiratoires, notamment celui du COVID-19 ».

Le port du masque est peut être utile pour le grand public en permanence, ou non, il ne s’agit pas de trancher sur ce point, mais quand l’AFP écrit que « Selon Astrid Stuckelberger, présentée comme une docteure en médecine, « l’OMS ne dit pas que tout le monde doit mettre un masque« . C’est faux. L’Organisation mondiale de la Santé préconise bien le port du masque pour le grand public dans une note diffusée en juin. », il s’agit bien là d’une fausse information divulguée par le débunker de l’agence de presse, puisque l’OMS ne précise nullement que « tout le monde » doit porter un masque.

Continuons l’étude de ce passage de l’article de l’AFP.

L’agence de presse agrémente cette partie de son papier en proposant un lien sur lequel cliquer si l’envie nous en prend. «  Si l’envie nous en prend », car ce lien est situé sous une photo, un peu comme une légende, il n’est donc pas directement relié aux mots écrits dans l’article, contrairement aux autres sources externes proposées par l’AFP pour étayer ses propos. Comprenez par là, qu’il faut de soi-même vouloir se rendre sur cet article pour y lire son contenu.

Dans ce second papier de l’agence de presse, publié le même jour et à peu près à la même heure, le sujet est cette fois exclusivement consacré à la manière dont Hold Up traite les questions autour du port du masque.

Là où dans le premier article que nous venons d’étudier, l’AFP expliquait : « C’est faux. L’Organisation mondiale de la Santé préconise bien le port du masque pour le grand public », dans le second, l’agence de presse est moins affirmative. Elle tourne différemment son texte.

En effet, prenez le temps de constater comment la formulation et l’affirmation concernant le besoin que « tout le monde » porte le masque a évolué en : « L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne recommande pas le port du masque pour la population ? FAUX. » (…) Et à partir de la note de juin, elle a suggéré « d’encourager le port du masque par le grand public dans des situations et lieux particuliers, dans le cadre d’une approche globale de lutte contre la transmission du SARS-CoV-2« . ».

On passe donc d’une préconisation généralisée de l’OMS de porter le masque pour « tout le monde » dans le premier article, à, dans le second, l’idée de simplement suggérer d’encourager « la population » de le porter dans des « situations et des lieux particuliers ».

La nuance est de taille. L’interprétation possible tout autant. Entre « préconiser » (définition du Larousse : conseiller quelque chose, l’encourager vivement) le port du masque pour l’ensemble de la population et « suggérer d’encourager le port du masque dans des situations et des lieux particuliers », il y a plus qu’un pas.

La différence notable entre le premier article et le second, c’est que dans le second, l’AFP cite directement le texte du document de l’OMS qu’elle prend en exemple, ce qu’elle ne fait pas dans le premier. La phrase originale de l’OMS paraît ainsi beaucoup moins affirmative que l’idée que souhaite nous faire accepter l’agence de presse dans son premier papier.

Et si l’on souhaitait approfondir ce que l’OMS entend par des « situations et des lieux particuliers », on peut lire, page 8 sur sa note, que : « Sur la base de ces critères, le Tableau 2 offre des exemples pratiques de situations où le port du masque par le grand public devrait être encouragé, en indiquant les populations cibles spécifiques et le type de masque à utiliser en fonction du but visé. La décision des gouvernements et des autorités locales de recommander ou d’imposer le port du masque devrait être prise en fonction des critères présentés ci-dessus et à la lumière de la culture et du contexte locaux, de la disponibilité des masques, des ressources nécessaires et des préférences de la population »

Légende : Excepté lors de « rassemblements de masse », l’OMS ne cite, page 9 de sa note, aucun exemple de lieu extérieur qui pourrait nécessiter un port généralisé du masque par le grand public.

Pour résumé, dans cette note l’organisation mondiale de la santé ne fait en réalité qu’offrir des « exemples pratiques de situations où le port du masque par le grand public devrait être encouragé ». Elle précise même que les gouvernements qui le souhaitent peuvent recommander, ou imposer, le port du masque au regard des éléments rapportés (gouttelettes propulsés par des malades, lieux et situations particuliers), mais que cette décision devrait être prise en fonction entre autres « des préférences de la population ». De quoi bien appuyer sur le côté non impérieux de prendre une telle décision.

Contrairement à ce qui était avancé dans son premier article, ce second papier de l’AFP précise donc bel et bien que le conseil de porter le masque par l’OMS ne s’applique en réalité qu’à des situations particulières et n’est en rien donné comme une obligation s’appliquant à « tout le monde »,

L’affirmation de Astrid Stuckelberger est donc bien confirmée par l’Organisation mondiale de la santé.

Ironie de l’histoire pour l’Agence France Presse, le document de l’OMS qu’elle présente comme une source censée authentifier la véracité de son argumentation s’est avéré être celui qui l’aura contredite.

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You