Ils sont grands, car nous sommes à genoux

Ils sont grands, car nous sommes à genoux

On ne compte plus le nombre de textes qui affirment que la meilleure façon de comprendre l’époque de fous que nous traversons est de lire 1984, de George Orwell. 

Avec raison : on a vraiment l’impression qu’Orwell (qui a écrit ce livre en 1948) avait tout prévu.

La rectitude politique, la censure, la falsification du réel, la police de la pensée, la surveillance technologique, les attaques contre la liberté d’expression, la destruction de la mémoire, l’imposition d’un nouveau langage pour empêcher toute forme de pensée critique – tout est là. 

COURBER L’ÉCHINE

Mais un autre classique de la littérature nous permet également de bien saisir les enjeux de notre époque, avec autant sinon plus de lucidité : c’est Discours de la servitude volontaire, d’Étienne de La Boétie. 

Dans cet ouvrage publié en 1576, La Boétie affirme que si les tyrans qui nous asservissent nous paraissent si puissants, si forts, si indestructibles, c’est que nous sommes à genoux devant eux. 

C’est notre petitesse qui les rend si grands. Notre incapacité à nous tenir debout. 

Comme il l’écrit : « Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. » 

Aussi : « Soyez résolus à ne plus servir et vous serez libres. »

J’ai envie d’envoyer un exemplaire de cet essai à tous ceux et celles qui dirigent les institutions culturelles et médiatiques de la province. 

Musées, bibliothèques, festivals, maisons de production, diffuseurs, organismes subventionnaires, maisons d’édition, libraires, etc. 

Parce que je suis écœuré de voir tous ces gens-là plier les genoux et renier leurs valeurs et leurs convictions à la moindre plainte. 

QUI EST LE MONSTRE ?

Il suffit maintenant que trois pelés et deux tondus crient au racisme, à l’homophobie et au sexisme pour que des institutions tremblent dans leur culotte.

Un peu de nerf, que diable !

Un peu de courage !

Vous n’avez pas honte de vous mettre ainsi à genoux ?

J’ai souvent cité cette scène, et je la cite de nouveau.

Dans la comédie Le Jouet, avec Pierre Richard, un patron autoritaire fait venir un employé servile dans son bureau et lui ordonne de se déshabiller.

Lorsque l’homme commence docilement à se mettre à poil, le patron, atterré, lui dit d’arrêter et lui demande : « Qui est le monstre entre nous deux ? Moi qui vous demande de vous déshabiller ou vous qui acceptez ? »

C’est une chose de demander à un festival d’annuler une pièce ou à un télédiffuseur de censurer une série.

Tout le monde a le droit de déposer de telles plaintes et de faire de telles demandes. Mais c’est le rôle de ces institutions de se tenir debout et de défendre la liberté d’expression de ses créateurs ! De ne pas fléchir à la moindre brise !

PEUR SUR LA VILLE

Malheureusement, ces temps-ci, tout le monde, dans le merveilleux monde de la culture, a peur. Tout le monde prend son trou.

Tout le monde s’autocensure.

Tout le monde ferme sa gueule.

Pourquoi ?

Vous avez peur de quoi ?

De petits curés autoproclamés qui ne peuvent pas écrire deux lignes sans faire de fautes ?

Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

À propos de l'auteur Vigile.Québec

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