Des voix s’élèvent en Corée du Sud pour que ce pays puisse acquérir dans les plus brefs délais possibles des armes nucléaires.
Kim Chong Un, président du parti du Pouvoir au Peuple (PPP), un des plus importants leaders de l’opposition sud-coréenne, a affirmé publiquement que la Corée du Sud a besoin d’envisager l’acquisition d’armes nucléaires si la Corée du Nord continue de refuser toute idée relative à un éventuel abandon de son arsenal nucléaire.
Cette déclaration vise en réalité moins la Corée du Nord que l’influence stratégique US en péninsule coréenne. En d’autres termes, le puissant mouvement anti-US en Corée du Sud, réprimé sous couvert de troubles sociaux et de revendications syndicales et estudiantines, parfois extrêmement violentes, se retrouve également au sein de la droite dure, laquelle souhaite également se débarrasser d’une dépendance à l’égard de Washington dans le domaine de la défense portant un grand préjudice aux intérêts et a la sécurité nationale de la Corée du Sud.
En dépit de la rivalité historique et d’un ressentiment vis à vis du Nord, remontant à la terrible guerre de Corée au début des années 1950, beaucoup de coréens du Sud de gauche comme de droite approuvent la défiance du Nord à l’égard de Washington. Ce sentiment est partagé par certains capitaines d’industrie qui comparent trop souvent les maigres capacités économiques du Nord avec les infrastructures lourdes du Sud en évoquant le paradoxe coréen : le Nord a réussi à se doter d’une force de dissuasion nucléaire et de vecteurs balistiques avec très peu de moyens et beaucoup de volonté tandis que le Sud, disposant d’une remarquable infrastructure industrielle et technologique, est bridé par Washington, lequel voit d’un œil suspicieux une éventuelle autonomie du Séoul en matière de défense et lui impose la présence d’un fort contingent militaire US que finance en grande partie la Corée du Sud. Or, la Corée du Sud peut à tout moment fabriquer aussi bien des armes nucléaires que des avions de combat de génération 5++, voire plus, si elle était libre sur le plan stratégique et ses choix politiques.
Les États-Unis ont stationné des armes nucléaires en Corée du Sud de 1957 jusqu’en 2003 et il semble bien que ces armes soient jusqu’à présent disséminées dans le sud de la péninsule coréenne. Officiellement, Washington a annoncé le retrait de ses armes nucléaires de Corée du Sud en 1992, soit une année après l’effondrement de l’ex-Union soviétique. Cependant, dans les faits, ces armes n’ont jamais été retirées mais redéployées de manière à les protéger d’un éventuel déluge de la très redoutable et pléthorique première artillerie nord-coréenne, composée de pièces à longue portée. D’ailleurs, la Corée du Nord n’a jamais cessé de dénoncer la nucléarisation de la péninsule coréenne par Washington et une grande partie des renseignements qui lui parvenaient à ce sujet émanaient d’officiels sud-coréens outrés par ce état EE fait.
La Corée du Sud est également tentée par l’exemple du Japon qui est en train de se réarmer d’une manière fort subtile en dépit de la Constitution de 1946 imposé par l’occupant américain. La manière avec laquelle le Japon a su exploiter les failles et les contradictions de la stratégie US en Asie-Pacifique focalisée par l’émergence de la Chine laisse entrevoir la survivance d’un esprit guerrier et méthodique, aux limites de la manie, au sein d’un leadership nippon que l’on croyait corrompu et soumi. La résurrection de la marine de guerre et de l’aviation de combat nippone est vue avec autant d’inquiétude à Beijing, Séoul, Pyongyang ou Washington d’autant plus que le Japon fait partie des pays comme l’Allemagne où la production immédiate d’armes nucléaires ne dépend que d’une simple décision politique.
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