par Chaabane Bensaci.
Prenant son monde à contresens, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé, hier, l’Union Européenne au dialogue, au moment où l’escalade des tensions en Méditerranée orientale est à son paroxysme, depuis que la Turquie a prolongé la mission d’un navire d’exploration gazière, jusqu’au 29 novembre prochain.
La mission de l’Oruc Reis, exploratoire dans une zone maritime qu’Ankara dispute à la Grèce et à Chypre, après la découverte de vastes gisements gaziers qui n’ont pas fini d’aiguiser les appétits, a aggravé le conflit qui oppose Erdogan au président français Emmanuel Macron, conflit déjà passablement nourri par les enjeux qui les opposent en Libye et en Arménie.
Officiellement, ce sont les activités de l’Oruc Reis qui servent de prétexte à la montée des tensions entre la Turquie et l’Union Européenne, Bruxelles ayant reconduit des sanctions contre Ankara pour un an et envisageant de les durcir davantage, dès le prochain sommet, en décembre.
Parmi les mesures, il est question de restrictions dans la délivrance des visas ainsi que du gel des avoirs des personnalités turques, impliquées dans l’exploration gazière. « Nous attendons de l’UE qu’elle tienne ses promesses, qu’elle ne nous discrimine pas ou, du moins, qu’elle ne devienne pas un outil pour créer des inimitiés contre notre pays », a déclaré Erdogan, lors d’une intervention devant le congrès de l’AKP. « Nous ne nous voyons pas ailleurs qu’en Europe. Nous envisageons de bâtir notre avenir, ensemble, avec l’Europe », a-t-il plaidé, tout en soulignant : « Nous voulons une coopération plus forte, avec nos amis et alliés » car « Nous pensons ne pas avoir de problème avec un pays ou une institution qui ne puisse être réglé par la voie politique, diplomatique ou par le dialogue ».
Cette profession de foi est, à la fois, inattendue et pathétique, quand on sait que les tensions et les contentieux sont devenus très lourds, entre Ankara et Bruxelles, Erdogan ayant appelé au boycott des produits français, après les propos du président Emmanuel Macron, en soutien au « droit à la caricature du prophète de l’Islam », au nom de la liberté d’expression.
Cet appel du pied de Erdogan résulte de la double problématique que posent, d’une part, la menace européenne de sanctions « extrêmes », selon les vœux de la France qui veut mobiliser ses partenaires pour contraindre la Turquie, et, d’autre part, les changements prévisibles aux États-Unis, où l’administration Biden nourrit d’autres griefs. Ainsi, Erdogan insiste-t-il sur sa volonté « d’utiliser, activement, ses relations d’alliance, anciennes et étroites, avec les États-Unis, pour trouver une solution aux problèmes régionaux et mondiaux ».
Source: Lire l'article complet de Réseau International