Rien n’est plus agaçant pour votre serviteur que de lire des articles, écrits par des plumitifs qui ne comprennent généralement rien à ce qu’ils pondent, s’extasiant sur la découverte de « fabuleuses » réserves énergétiques qui vont « bouleverser » la donne géopolitique.
Du côté de la MSN, il s’agit souvent (mais pas toujours) de propagande, comme nous l’expliquions il y a déjà bien longtemps :
Le Grand jeu énergético-eurasien, ou Guerre froide 2.0, ne se déroule pas uniquement sur la scène stratégique, diplomatique ou militaire : la guerre de l’information y a toute sa part. Chacun a pu le constater dans le dossier ukrainien, où les médias occidentaux /financés/intéressés par les Etats-Unis et ses proxies européens se sont vautrés dans la propagande la plus sordide. Aussi intéressante, sinon plus, est la désinformation économique. Cela peut surprendre de prime abord mais il n’y a en fait rien d’étonnant à cela : les décideurs économiques sont au moins aussi importants que les opinions publiques, les influencer pour qu’ils prennent des décisions favorables aux intérêts de tel ou tel relève de la logique la plus élémentaire. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’énergie… L’offensive américaine contre les hydrocarbures russes se matérialise autant dans les salles de rédaction que . C’est une désinformation policée, intelligente, mêlant habilement le vrai au faux dans des journaux qui n’ont rien de tabloïds.
Quant aux médias dits alternatifs, ils se contentent de reprendre benoîtement les informations de ceux qu’ils sont censés combattre pour faire le buzz et se targuer de comprendre quelque chose à un domaine où ils nagent en pleine ignorance…
Après la Méditerranée orientale, sujet médiatique s’il en est, la dernière toquade prépubère en date a porté sur la Mer noire. Nous l’avions révolvérisée comme il se doit fin août :
Quelque peu à l’arrêt en Libye et en Syrie, en grosse difficulté économique, le sultan avait besoin d’une annonce. La semaine dernière, avec force roulement de tambour, il a claironné la découverte de « gigantesques » réserves de gaz en Mer noire. Il n’en fallait pas plus pour que tout ce que la médiatitude officielle ou alternative compte d’incultes se joigne au chœur, parlant sans rire de « géant régional de l’énergie ».
En réalité, la découverte « sensationnelle » se résume à 320 malheureux Mds de m3. Pour mémoire, les réserves gazières de l’Iran ou du Qatar, vrais géants régionaux, eux, tournent autour de 30 000 Mds de m3, soit cent fois plus. Pour Ankara, la nouvelle est certes appréciable, permettant d’aller vers une plus grande autonomie énergétique durant une quinzaine d’années, mais nous sommes très loin du game changer géopolitique proclamé ici ou là.
Le 26 octobre, Poutine a signé un document intitulé Stratégie arctique russe, plan très ambitieux visant à mettre en valeur et exploiter les confins septentrionaux en ces temps de réchauffement climatique et de fonte des glaces. Certes, les projets de grande ampleur prennent souvent beaucoup plus de temps que prévu dans des zones de ce type, mais là n’est pas notre propos.
Le document nous apprend entre autres que les réserves gazières du seul plateau arctique russe s’élèveraient à la quantité astronomique de 85 000 Mds de m3 ! Elles suffiraient à assurer la totalité de la consommation européenne pendant 160 ans, celle de la France pendant 1 700 ans et sont 265 fois plus importantes que les gisements « mirifiques » découvert par l’Ottomanie en Mer noire. Sans doute atteints de vertige, nos petits rapporteurs de l’info en sont… restés muets.
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