LES ORIGINES DU COMPLEXE MILITARO-INDUSTRIEL DES ÉTATS-UNIS

LES ORIGINES DU COMPLEXE MILITARO-INDUSTRIEL DES ÉTATS-UNIS

LES ORIGINES DU COMPLEXE MILITARO-INDUSTRIEL DES ETATS-UNIS

Table des matières

1-Origine du complexe militaro-industriel

a) Origine du complexe militaro-industriel (CMI)

b) La position des États-Unis durant la première guerre mondiale

c) Le grand tournant du traité de Versailles et de l’ occupation de la Rhur

d) Du wilsonisme au communisme : r. lefebvre en 1919

e) L’occupation de la Ruhr et l’ action des mineurs

f) L’ armée rouge ne parviendra pas à briser le pouvoir d’ État.

2-L’ entre deux guerres et la montée du chômage de masse.

a) Le Complexe et l’aviation voir aussi :Genèse du complexe militaro-industriel

b) Mise en place des conditions d’une deuxième guerre mondiale

c) La formation d’intérêts cosmopolites pour prodiguer la guerre en permanence.

d) Pearl Harbor et l’ entrée en guerre des États-Unis

3-Le plan Marshall et le réarmement salvateur.

a) La question sociale refait surface durant la dépression de 1936/37 et la répression aussi

b) 1. Production industrielle (Bilan extrait)

c) Le Conflit du siècle (extrait)

d) La guerre comme débouché économique et endiguement de la lutte des classes

e) L’URSS et le plan Marshall et les tripatouillages Staline /De Gaulle.

f) Le réarmement de l’ Allemagne

g)Passage de la domination formelle du capital à la domination réelle.par Loren Goldner
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1-Origine du complexe militaro-industriel

a) Origine du complexe militaro-industriel (CMI)

b) La position des États-Unis durant la première guerre mondiale

c) Le grand tournant du traité de Versailles et de l’ occupation de la Rhur

d) Du wilsonisme au communisme : r. lefebvre en 1919

e) L’occupation de la Ruhr et l’ action des mineurs

f) L’ armée rouge ne parviendra pas à briser le pouvoir d’ État.
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a) Origine du complexe militaro-industriel (CMI)

L’ émergence des complexes militaro-industriel s’est faite avec celle de l’impérialisme visant l’ hégémonie mondiale ou voulant résister à cette hégémonie. Le terme de complexe militaro-industriel est utilisé pour la première foi par Malcolm Moos1, l’homme qui a rédigé le fameux discours d’ Eisenhower du 17 janvier 1961, sur l’incidence néfaste du complexe militaro-industriel.

b) La position des États-Unis durant la première guerre mondiale

La première guerre mondiale donnera aux États-Unis l’occasion de suppléer la France et la Grande Bretagne sur leurs marchés extérieurs. Ceux ci fourniront à crédit les produits qu’ils ne pouvaient plus distribuer du fait de la guerre. L’endettement de l’ Europe, sa vassalisation allait commencer par l’ endettement de la France et de la Grande -Bretagne.

La somme totale de la dette de guerre due aux États-Unis, s’élevait à 11 milliards de dollars ; y compris les prêts accordés entre 1919 et 1921.

Cette guerre sera une aubaine, pour les Etats-Unis elle va leur permettre de projeter à l’ extérieur une menace intérieure, celle du syndicalisme révolutionnaire IWW, dans un contexte où l’espoir révolutionnaire prend forme en Russie.

Avant leur entrée en guerre contre l’ Allemagne et l’ empire austro-hongrois, respectivement le 6 avril 1917 et 7 décembre 1917, les États-Unis prétendaient rester en dehors de la guerre. Seule une partie anglophile de la population voulait la guerre2, quant aux populations d’ origine Allemande, Irlandaise et Suédoise elles étaient pour que les USA restent neutres.

Mais le principal danger pour la classe capitaliste venait du syndicat Industrial Workers of the World IWW (1905-1924) qu’il fallait écraser avant d’ entrer en guerre.


Joe_hill

Les arrestations des membres des IWW deviendront systématiques, en 1914, Joe Hill, fut, sans aucune preuve accusé de meurtre et exécuté par l’ État de l’ Utha en 1915, il s’ agissait alors pour la classe bourgeoise de semer la terreur contre tout mouvement qui potentiellement pouvait s’ opposer à la première guerre mondiale. Les IWW de par leur capacité d’ entraver l’ économie furent les premiers visés.

Le gouvernement américain réussira à monter l’opinion publique contre les IWW au point que Frank Little, l’opposant de l’IWW le plus déterminé contre le carnage de la guerre, fut lynché à Butte dans le Montana en août 1917, quatre mois après la déclaration de guerre. La bourgeoisie va exprimer ses craintes :

« En 1918, la Rockefeller Fondation, à New York, publiait un rapport qui expliquait leur nouvelle vulnérabilité : « Si le passé récent a révélé les conséquences effroyables des conflits syndicaux, les événements actuels ne font ils pas apparaître des possibilités infiniment pires dans le monde entier ? Le syndicalisme cherche à détruire par la force les organisations existantes et à transférer le capital des industries de leurs actuels propriétaire à des organisations ou des syndicats révolutionnaires. C’est cela que vise la « grève générale ». Que ne risque-t-il pas d’ arriver si aux États-Unis ou en Angleterre, d’ ici quelques jours ou quelques mois, les mines de charbon sont tout à coup fermées et les chemins de fer bloqués ! […]il s’ agit là d’ un pouvoir qui, s’il était mis en œuvre, paralyserait […] la nation plus efficacement que n’ importe quel blocus de guerre. 3» (p. 35 Timothy Mitchell)

Depuis la fondation des IWW, en 1905, les Wobblies s’opposaient à la guerre sur la base de l’anticapitalisme, mais aussi de l’antinationalisme et de l’antimilitarisme. « Au sens large, proclama l’orateur de rue « Big Jim » Thompson, l’étranger n’existe pas. Nous sommes tous des natifs de cette planète et le fait que nous soyons divisés en entités nationales, à qui l’on enseigne que chaque nation est meilleure que les autres, conduit à des affrontements et à la guerre mondiale. À la place du nationalisme — l’idée que tel peuple est supérieur à tel autre —, nous devrions faire triompher une notion moins étriquée : celle de solidarité internationale. »

La hargne des capitalistes américains ira jusqu’à détruire en 1917 toutes les archives des IWW

La grande guerre qui avait entre autres pour objectif de projeter dans le « bouillon rouge » les menaces révolutionnaires qui fermentaient en Russie, en Allemagne et en France commençaient à se retourner contre ces auteurs. Le défaitisme,le pacifisme, la fraternisation dans les tranchées allait devenir une menace très sérieuse4.

« Sur l’ensemble du conflit, l’armée française recense, près de 3 700 condamnations prononcées par les conseils de guerre pour des cas de désobéissance.

On dénombre 1 381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison. 2 400 soldats français sont condamnés à la peine de mort dont 550 furent effectives10. La peine de mort est faite par fusillade lors d’une cérémonie très codifiée.

A titre de comparaison, l’Italie a été le pays qui s’est montré le plus intransigeant en fusillant près de 750 soldats reconnus coupables d’actes de désobéissance tandis que 48 soldats allemands ont été fusillés pour actes de rébellion sur l’ensemble de la Grande Guerre. » (sources )

Les désertions sont nombreuses dans toutes les armées ; en France environ 15 000 par année5. Les camps en présences vont alors s’ entendre pour mettre un terme à la guerre, mais avant il faut la victoire ou demi-victoire des pays de l’ entente sur l’ Allemagne. C’est la qu’entre en scène le Roi du pétrole D.Rockefeller et sa Standard Oil.

Pour rappel,des 1890 la Standard Oil de Rockefeller entre en conflit avec sa rivale , la Deutsche Bank pour le contrôle du marché européen. La Standard Oil voulait anéantir l’ exploitation des puits de pétrole de Galicie. En 1904 une série de grèves toucha tout le secteur, les ouvriers du pétrole exigeaient l’ amélioration des conditions de travail et la journée de 8 heures, les sociétés étrangères refusèrent de négocier. Les grévistes allaient donc avoir recours au sabotage des pompes acheminant le pétrole. Le gouvernement autrichien envoya alors sept bataillons pour protéger les pompes et les oléoducs.6

L’ Allemagne en plein développement industriel avait conscience du rôle stratégique du pétrole pour l’ indépendance du pays. A cette époque (1912), l’ Allemagne dépendait pour ses approvisionnements de la Rockefeller Standard Oil Company. Deutsche Petroleums Verkaufgesellschaft, la branche allemande de la Standard Oil, qui contrôlait 91% des ventes de pétrole à l’Allemagne.7

La Deutsche Bank a cherché en vain à mettre le pays à l’ abri d’un blocus naval par les Britanniques, en faisant transporter le pétrole mésopotamien par chemin de fer. L’Allemagne assurerait ainsi son indépendance pétrolière. L’éclatement de la guerre en août 1914 allait mettre un terme aux velléités d’indépendance énergétique du Reichstag, le Cartel Rockefeller gardait la main .
La France, quant à elle ruminait encore sa dépendance énergétique en pleine guerre de 14/18 où la victoire allait dépendre du bon vouloir de la Standard Oil de lui livrer du pétrole. Clemenceau va déclarer « une goutte de pétrole vaux une goutte de sang »8. C’est André Maginot, plus célèbre pour la ligne qu’il fera bâtir pour endiguer une guerre avec l’ Allemagne, que pour avoir voulu créer avec l’ aide de Gulbékian9 une Union pétrolière latine . Alors que le projet était sur les rails, André Maginot fut empoisonné en 1932, Gulbékian compris l’ avertissement et laissa tomber le projet.

En résumé, les pays de l’ entente et notamment la France ne va pas gagner la guerre grâce à ses chars à tourelle, ni aux taxis de la marne, mais par la livraison du pétrole de la standard oil.

De même en 1940 voir la vidéo

c) Le grand tournant du traité de Versailles et de l’ occupation de la Rhur

« Le Traité de Versailles fut fait pour gérer une autre guerre » Bainville

Si le président des États-Unis (Woodrow Wilson) a pendant un temps maintenu l’armée de terre à son stricte minimum, il avait en parallèle fait augmenté la taille de la marine américaine. Pour le gouvernement Wilson, la guerre en Europe, nous venons de le voir, fut une aubaine. Les USA allaient endetter la France et la Grande-Bretagne posant ainsi les premiers jalons de l’ hégémonie américaine de l’ après seconde guerre mondiale, le pétrole allait partout remplacer le charbon, tout en réduisant la puissance des mineurs de charbons. ce qui de toute évidence sauvera l’ économie américaine sur le long terme.

Le traité de Versailles, marquera un tournant dans les rapports de force impérialistes et le réarmement de l’ Allemagne vers la seconde guerre mondiale. En effet l’intervention américaine, visant à finaliser en sa faveur la première guerre mondiale va se constater lors du traité de Versailles. Le président des Etats’-Unis Woodrow Wilson se déplacera en personne et séjournera six mois à Paris afin d’ asseoir la paix mondiale sur la base de la Société Des Nations SDN.10

Dés le début les négociations du traité de Versailles seront le reflet d’un rapport de force entre grandes puissances qui restera inachevé. Ci-dessous un témoignage des illusions de l’ époque sur le Wilsonnisme et le bolchevisme.

d) Du wilsonisme au communisme : r. lefebvre en 1919

« Le lendemain du départ de Wilson pour les États-Unis, l’Humanité publia le projet de la S.D.N., voté la veille par la session plénière de la Conférence de la paix. Jusqu’au dernier moment, les wilsoniens croyaient à la constitution d’un organisme mondial robuste, qui veillerait à la paix du monde, et dans lequel tous les peuples seraient représentés. Ils furent cruellement déçus par ce que D. Renoult appela « le fléchissement de l’idéalisme wilsonien »37. Évitant de critiquer le président américain, ils imputèrent les graves carences du projet à la majorité impérialiste de la Conférence, qui avait contraint Wilson à céder, faute d’un soutien populaire suffisant38. Wilson ainsi, de justesse, son prestige ; mais celui de la Conférence de la paix était sensiblement démonétisé. Les socialistes pacifistes suivirent désormais, avec une méfiance croissante, les agissements impérialistes des Alliés, qui refusaient le désarmement général et laissaient aux Allemands une armée de métier, forte de cent mille hommes — fer de lance contre révolutionnaire — , avant de s’adonner à d’interminables palabres sur un éventuel dépècement de l’Allemagne. Lefebvre se hâta de dissocier son « pauvre patriotisme » de celui, mercantile et jaloux, de la bourgeoisie impérialiste, teinté de mysticisme nationaliste39. Ne comptant plus sur le pacifisme des gouvernements, il

exhorta ses amis intellectuels à s’atteler activement à la diffusion de l’idéal pacifiste et internationaliste, pour forger l’unité humaine 40. A l’instar de plusieurs anciens combattants de sa génération, à s’intéresser plus sérieusement à l’idéologie bolchevique41, et confondait, dans une haine de plus en plus exacerbée, capitalisme,et militarisme : « Je connais des rages stupides et mes voisins sont effrayés de la haine glacée, tacite, logique, constante que j’ai de la société actuelle — et des bourgeois » 42. A l’approche du printemps, la conjoncture politique devint assez préoccupante

pour le gouvernement. La paix paraissait encore éloignée, et l’espoir de voir l’Allemagne chargée de toutes les dépenses budgétaires de la France s’évanouissait lentement. Un malaise politique et social pesait sur le pays. De larges secteurs de l’opinion publique exprimaient leur déception devant l’incapacité gouvernementale d’arracher aux Alliés une paix « française», et de freiner la spéculation et l’inflation. A gauche, les masses se détournaient de Wilson43 qui, coupé de tout contact populaire,

avec Clemenceau, Lloyd George et Orlando pour des conciliabules 44. » (du wilsonisme au communisme : r. lefebvre en 1919)

Notes

37. Le Populaire, 27 février 1919.

38. L’Humanité, 17 février 1919.

39. La Vérité, 11 mars 1919 ; 12 avril 1919.

40. Le Populaire, 23 mars 1919. Vaillant-Couturier mit alors l’accent sur l’organisation d’un

parlementarisme international d’enseignement. Voir Le Populaire, 24 février 1919 ; 12 mars

1919 ; 26 mars 1919.

41. Correspondance, lettre 172.

42. Id., lettre 187.

43. Bien informé de l’état d’esprit populaire, Cachin déclare au diplomate américain Buckler : « That the president who until recently had personified « popular idealism » wasbecoming increasingly impotent in the midst of imperialism diplomacy. As the result the popular interest was shifting away rapidly the Conference and being drawn to the east of

Europe », A. Mayer, Politics and diplomacy of peace making, New York, 1968, p. 569.

44.Le mécontentement populaire prit les formes les plus diverses : manifestations extrémistes, meetings retentissants dans le bâtiment, la métallurgie, grèves dans les arsenaux, refus d’obéissance, sabotage d’exercices, voies de fait envers les gradés dans les casernes ou dans les hôpitaux militaires et jusqu’en zone d’occupation, Berger et Allard, Les dessous du

Traité de Versailles, 1933, p. 143

e)L’occupation de la Ruhr et l’ action des mineurs


Alors qu’ en France, Raymond Poincarré devient en 1922 président du Conseil et ministre des affaire étrangères. Celui-ci se rend compte de l’ inertie tant du Royaume-Uni que des États-Unis à faire payer l’ Allemagne. Il va opter pour une politique visant l’occupation de la Rhur par les troupes françaises et belges dés le 11 janvier 1923.

« Nous allons chercher du charbon et voilà tout. » (Cité par Jean-Jacques Becker et Serge Berstein, Victoire et frustrations, 1914-1929, p. 216.)

Déclare t’il devant la chambre.
L’occupation de la Ruhr www.ina.fr › video

https://www.france.tv/documentaires/histoire/1099925-1918-1930.html
-La révolution allemande et l’ action des mineurs de la Ruhr

En réaction au putsch de Kapp11 en 1920, il va se former l’ armée rouge de la Ruhr12 (Rote Ruhrarmee) elle se compose de quelques 50 000 hommes armés, vétérans pour une grande partie de la première guerre mondiale. Soutenu par 300 000 mineurs en grève. Le 17 mars 1920, les troupes du capitaine Hasenclever, partisan de Kapp sont défaites,l’ armée rouge capture armes et munitions et 600 paramilitaires du Freikorps Lichtschlag. Le 20 mars les conseils ouvriers prennent le pouvoir dans plusieurs villes de la Ruhr.

« La Rhur est alors le fief de la révolution en Allemagne. C’ est là que l’ influence de la gauche et des syndicalistes révolutionnaires est la plus forte. Mais aucun groupe n’ est assez puissant pour déclencher lui-même un mouvement, et l’insurrection est une offensive spontanée du prolétariat ( c’ est le premier et l’ avant dernier pendant la révolution allemande, avant mars 1921). Au moment du putsch de Kapp, « de nombreuses zones comme la Rhur et l’ Allemagne centrale n’ avaient pas encore connu les grandes défaites ouvrière des années précédente…4 » Par contre l’ organisation du mouvement révolutionnaire dans la Rhur a souffert de la scission du KPD, car les unions y sont moins bien implantées, et leur faiblesse favorise les « anarcho-syndicalistes » hostiles à l’ action politique qu’ils identifient en définitive à tout ce qui déborde le cadre de l’ entreprise » (La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.148)

f) L’ armée rouge ne parviendra pas à briser le pouvoir d’ État.

Malgré une force de 80 000 et 120 000 prolétaires, un armement important réquisitionné, une artillerie et même une petite aviation, l’ armée rouge finira par être vaincue. Le 24 mars, le général Oskar von Watter est aux commandes de la contre révolution et va réprimer l’ insurrection. Le bilan est lourd, le 12 avril 1920, les combats prennent fin , plus de 2000 victimes l’ Armée rouge est dissoute, l’ heure de la répression systématique va sonner.

On dénombrera entre 1919 et 1922, 35 600 assassinats politiques.

Suite

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