Jacques Godin décédé d’une insuffisance cardiaque

Merci au DEVOIR pour cette photo tirée de la pièce de John Steinbeck (avec Hubert Loiselle)

Ses idéaux pacifistes et humanistes transparaissaient souvent dans ses choix de rôles
Par Pierre Jasmin, L’auteur est membre des Artistes pour la paix

Repères biographiques

M. Godin (1930-2020) s’est éteint d’une insuffisance cardiaque, chose banale pour un tel homme de cœur que les comédiennes Monique Miller et Andrée Lachapelle avaient emmené dans les années 1984 à 1988 chez les Artistes pour la Paix alors présidés par Jean-Louis Roux, fondateur du Théâtre du Nouveau-Monde. Mais très vite, cet ancien lieutenant du Corps-école d’officiers canadiens (COTC) s’était recyclé dans le combat pour sauver des animaux, alors qu’il vivait à Saint-Hilaire avec treize chats et trois chiens. Végétarien, puis végétalien, il s’indignait des massacres de phoques à Terre-Neuve et surtout du désastre environnemental des forêts brésiliennes rasées pour les convertir en prairies où broutent des bovins pour leur viande à exporter pour consommation de hamburgers.

Ses idéaux pacifistes et humanistes transparaissaient souvent dans ses choix de rôles. Il en joua environ deux cent quarante, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Il s’est vu décerner plusieurs Prix Gémeaux (meilleure interprétation, rôle masculin) dans des cérémonies télévisées où la plupart du temps, il ne se présentait pas, fuyant ce genre de soirées mondaines dont l’art de la conversation ne l’intéressait guère, lui passionné d’idées.

Ses rôles au cinéma comprennent :

Dès ses débuts à la télévision, il est de deux séries mythiques, Radisson de 1957 à 59 et Les belles histoires des pays d’en haut en 1959 (Claude-Henri Grignon). Au téléthéâtre :

Après 2013, Jacques Godin présente plusieurs spectacles de poésie avec le pianiste et compositeur de musique contemporaine Philippe Prud’homme.

En 2017, il est nommé chevalier de l’Ordre national du Québec et devait incessamment être nommé en 2020 Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec.

Témoignages de ses pairs

Merci au Journal de Montréal et à la SRC pour avoir recueilli les témoignages suivants :

Il était authentique, vrai, et transmettait à la population ce qu’on était profondément. Une grande force, un grand acteur du Québec.

– Yves Desgagnés, comédien et metteur en scène

Il était d’une grande modernité, Jacques. Il jouait comme les grands acteurs américains de l’Actors’ Studio, il venait de cette école-là, de la sincérité, de la vérité.

– Serge Denoncourt, metteur en scène, sur les ondes d’ICI RDI.

Il avait sa carapace de gros bougon, et tout à coup il nous surprenait parce qu’il avait une fragilité, une sorte de blessure qu’il avait en lui, qu’il laissait paraître.

– Marie Tifo, actrice.

Il y avait une espèce d’aura de mystère autour de lui et en même temps une façon de jouer totalement personnelle et forte. Ce n’est pas quelqu’un qui était sur les plateformes. C’était un homme discret, assez secret, mais dès que les caméras s’allumaient, il était tellement extraordinaire!

Danielle Proulx, comédienne.

Il vivait dans l’instant présent. Il avait une grande écoute des autres […] un géant avec un cœur d’enfant.

– Lorraine Pintal, directrice générale et artistique du Théâtre du Nouveau Monde.

Je me souviendrai, toute ma vie, de Jacques Godin dans ce Beau Dimanche de 1971 à Radio-Canada [où il jouait le rôle de Lennie, un homme robuste avec un âge mental de cinq ans, dans Des souris et des hommes, téléthéâtre d’après John Steinbeck]. Jamais un acteur ne m’a autant bouleversé. L’enfant que j’étais venait de comprendre l’injustice. Son jeu a fait grandir mon âme. Paix à la vôtre, Monsieur Godin.

Stéphane Laporte, auteur.

Nombreux sont ceux qui se souviennent aussi de sa performance dans le rôle de Victor Téoli dans le téléroman Montréal P.Q.

Jacques Godin a été l’un des grands pans de notre théâtre […]. Je me sens privilégié d’avoir pu avoir un tel acteur pour jouer ces rôles-là.

– Victor-Lévy Beaulieu

 

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