par Pepe Escobar.
Un deuxième terme de Trump permettrait de renforcer la pression maximale ; Biden-Harris chercherait à rétablir le JCPOA.
Aucune « pression maximale » établie par Washington n’a pu faire dérailler une étape cruciale ce dimanche : la fin de l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de l’Iran, conformément à la résolution 2231 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui a entériné l’accord du JCPOA de 2015.
L’accord JCPOA – ou accord nucléaire iranien – a été unilatéralement abandonné par l’administration Trump. Mais cela ne l’a pas empêché de s’engager dans une campagne massive depuis avril pour convaincre les « alliés » de prolonger l’embargo sur les armes et de déclencher simultanément un mécanisme de retour en arrière, réimposant ainsi toutes les sanctions de l’ONU sur Téhéran.
Foad Izadi, Professeur d’Études Internationales à l’Université de Téhéran, a résumé le tout : « Les États-Unis voulaient renverser le gouvernement iranien mais ils ont échoué ; ils voulaient évidemment obtenir plus de concessions de la part de l’Iran, mais ils n’ont pas réussi. La politique de campagne de pression maximale a donc échoué ».
Dans le jeu d’ombre actuel des élections américaines, personne ne peut dire ce qui se passera ensuite. Trump 2 va très certainement renforcer la « pression maximale », tandis que Biden-Harris va tenter de réintégrer Washington dans le JCPOA. Dans les deux cas, les monarchies pétrolières du Golfe Persique ne manqueront pas d’accroître l’hystérie à propos de « l’agression iranienne ».
La fin de l’embargo sur les armes n’implique pas une nouvelle course aux armements en Asie du Sud-Ouest. La véritable histoire est celle du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, qui collaborera avec leur principal allié géostratégique. Il ne faut jamais oublier que ce trio d’intégration eurasiatique est considéré comme la principale « menace existentielle » pour Washington.
Téhéran a patiemment attendu le 18 octobre. Maintenant, il est libre d’importer une gamme complète d’armements avancés, en particulier de Moscou et de Pékin.
Moscou a laissé entendre que tant que Téhéran continuera à acheter des Su-30, la Russie est prête à construire une chaîne de production de ces avions de chasse pour l’Iran. Téhéran est très intéressé par la production de ses propres chasseurs avancés.
L’industrie de l’armement iranienne est relativement avancée. Selon le Général de Brigade Amir Hatami, l’Iran fait partie d’un groupe restreint de nations capables de fabriquer plus de 90% de son équipement militaire – notamment des chars, des véhicules blindés de transport de troupes, des radars, des bateaux, des sous-marins, des drones, des avions de chasse et, surtout, des missiles de croisière terrestres et maritimes d’une portée respective de 1 000 km et 1 400 km.
Le Professeur Mohammad Marandi de la Faculté d’Études Politiques de l’Université de Téhéran confirme que « l’industrie militaire iranienne est la plus avancée de la région et la plupart de ses besoins sont couverts par le Ministère de la Défense ».
Donc oui, Téhéran va certainement acheter des avions militaires, « mais les drones fabriqués en Iran sont les meilleurs de la région et ils s’améliorent », ajoute Marandi. « Il n’y a pas d’urgence, et nous ne savons pas ce que l’Iran a dans ses manches. Ce que nous voyons en public n’est pas tout ».
Un cas classique de la face publique de quelque chose qui ne peut être vu a été offert par la rencontre dimanche dernier dans la province du Yunnan en Chine, entre d’excellents amis Mohammad Javad Zarif, le Ministre des Affaires Étrangères iranien, et son homologue chinois Wang Yi.
Cela fait bien sûr partie de leur propre partenariat stratégique, qui sera scellé par le désormais célèbre accord de 400 milliards de dollars sur 25 ans dans les domaines du commerce, des investissements et de l’énergie.
La Chine et l’Iran sont tous deux encerclés par des anneaux de l’empire des bases américaines et ont été la cible de diverses formes de guerre hybride implacable. Inutile d’ajouter que Zarif et Wang Yi ont réaffirmé que le partenariat évolue en contraste direct avec l’unilatéralisme américain. Ils ont sûrement discuté du commerce des armes, mais il n’y a pas eu de fuites.
Wang Yi souhaite surtout mettre en place un nouveau forum de dialogue « avec une participation égale de toutes les parties prenantes » pour traiter des questions importantes de sécurité en Asie Occidentale. La première condition préalable à l’adhésion à ce forum est de soutenir le JCPOA, qui a toujours été fermement défendu par le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine.
Il n’y aura pas de « Surprise d’Octobre » visant l’Iran. Mais il y a aussi l’interrègne crucial entre l’élection présidentielle américaine et l’inauguration. Tous les paris restent ouverts.
source : https://asiatimes.com
traduit par Réseau International
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