Par Andrei Martyanov − Le 31 juillet 2020 − Source Reminescence of the Futur
Nous vivons tous dans une époque de dévaluation. Tout est dévalorisé : la vie humaine, la dignité, le dollar américain, la liberté, etc. Mais ce qui se dévalorise encore plus vite que tout ce sont les mots, ou plutôt leur sens, leur charge sémantique.
Comme les vieilles lignes de mots écrites à l’encre et qui s’estompent avec l’âge, les mots perdent leur sens aujourd’hui aux États-Unis. Je ne parle pas de l’astuce orwellienne consistant à substituer un sens réel à un autre, comme qualifier les émeutiers et les insurgés de Seattle ou de Portland de «manifestants», non, pas ça. Je parle des principaux médias américains, qui, en plus d’être remplis de beaucoup de débris humains, et de partager la responsabilité du déchirement des États-Unis, déjà bien endommagés, sont complices de la dévalorisation du sens.
En voici un exemple : De Blasio [Maire de New-York City] qui éreinte le «tyran» Trump au sujet d’un report des élections. Ne vous y trompez pas, j’aime moi-aussi la bonne hyperbole et je l’utilise de temps en temps, mais les médias américains ne connaissent pas les limites au-delà desquelles le sens du bon goût disparaît, et devient simplement une connerie et du pathos. Regardez-les, depuis les crétins du New York Times et du Washington Post, qui ne comprennent pas que si la merde qu’ils balancent en l’air leur retombe dessus, ils risquent d’avoir des surprises plutôt désagréables avec les gens qui viendront les voir pour régler leurs comptes, jusqu’à toutes sortes d’autres personnalités médiatiques qui n’ont jamais connu de réelle difficulté, encore moins de danger dans leur vie et qui pensent encore que le journalisme est une véritable profession. Pourtant, la plupart des «intellectuels» autoproclamés choyés et des manipulateurs de mots, qui chieraient dans leur froc face à une vraie colère, de vraies armes et un réel danger, utilisent la langue vernaculaire militante à chaque fois qu’ils le peuvent et par conséquent, perturbent et inquiètent l’esprit des américains qui font déjà face au fait que quelqu’un « a détruit » quelqu’un d’autre, qu’un autre a « incendié » quelqu’un, ou que quelqu’un a « démoli » quelqu’un d’autre, et cela quotidiennement.
Il est remarquable de constater que tous ces termes sont utilisés par des personnes qui n’ont jamais servi un seul jour dans les forces armées, même en tant que cuisinier, par des personnes qui envisageraient le suicide si on leur refusait de dîner dans des restaurants haut de gamme et de faire du shopping pour des marques de créateurs. Pourtant, ils n’ont aucun problème à utiliser une rhétorique et des descriptions agressives de bataille sans tenir compte du fait que la plupart d’entre eux sont des lâches. Il faut se demander ce que vivent des fils à maman comme Don Lemon ou Chris Cuomo lorsqu’ils «ripostent» à quelqu’un.
Qu’est-ce que ce mec, Cuomo, descendant d’une riche famille politique new-yorkaise, peut-il expérimenter dans la réalité lorsqu’il n’est pas «intégré» sous la protection des troupes américaines et qu’il fait face à quelque chose que lui et ses semblables veulent que nous affrontions tout seuls ? Que peuvent-ils éventuellement «analyser» avec un certain degré de compétence et de courage ?
L’élite médiatique et politique américaine est pathétique, des spécimens d’animaux politiques corrompus, depuis les Jerry Nadler et Liz Warren d’un côté, jusqu’aux hypocrites genre Jim Jordan et Lindsey Graham de l’autre, qui ne sont pas là pour l’Amérique et son peuple, mais pour satisfaire leurs pulsions narcissiques en métabolisant leur moi médiocre par le pouvoir, sont terrifiants, tout comme la classe médiatique qui les sert. Les États-Unis brûlent et se désintègrent sous nos propres yeux, mais rien n’est fait à ce sujet, rien. Même quand on tient compte que nous sommes dans une année présidentielle.
Ainsi, nous sommes tous soumis à un assaut quotidien incessant de toutes sortes de « dynamitages », « incendies », « destructions », « ripostes » et autres termes guerriers constituant un flux massif et opaque de conneries absolues déversées sur les gens par les médias de toute espèce. Tout cela vise à dissimuler une paralysie, une corruption et une incompétence complètes des «élites» américaines. Mais le véritable inconvénient de cette bataille médiatique du « toujours plus » est la dévaluation de la signification de tous ces termes. Cette dévaluation, dans un pays qui est prêt à exploser, peut avoir des conséquences désastreuses pour ces mêmes «élites» lorsque commenceront les véritables explosions, incendies, destructions et ripostes. Nous verrons alors à quel point les gens qui s’occupent d’encourager le pays à s’engager dans une véritable guerre civile traiteront avec des réalités non dévalorisées. Cela pourrait être très effrayant et mortel, je sais j’ai déjà donné, j’y étais, j’ai fait ceci et cela. Nous verrons comment un diplôme en journalisme, en sciences politiques ou en droit pourra aider à survivre à un vrai défi, ce qui semble maintenant presque assuré.
Andrei Martyanov
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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