Une autre grande banque délaisse les sables bitumineux

Une autre grande banque délaisse les sables bitumineux

La Deutsche Bank ajoute son nom à la liste de plus en plus longue des géants de la finance qui ont tourné le dos aux sables bitumineux albertains. Comptant parmi les plus grandes institutions financières d’Europe, la banque allemande a annoncé lundi qu’elle cessait immédiatement le financement de tout nouveau projet pétrolier dans les sables bitumineux. Cette décision ne s’appliquera pas seulement à l’extraction et à la production de pétrole, a-t-elle précisé dans un communiqué, mais s’étendra aussi à son exploration, à sa transformation et même à son transport.

Ayant déjà tiré un trait sur tout nouveau projet de centrale thermique au charbon, la banque renoncera aussi désormais à tout nouveau projet pétrolier ou gazier dans l’Arctique ou dans des régions aux prises avec des pénuries d’eau et où il faudrait recourir à de la fracturation hydraulique. Quant à l’ensemble des projets auxquels la banque allemande est déjà associée, leur réexamen complet sera effectué d’ici la fin de l’année et mènera à un plan de désinvestissement. Tout lien avec des mines de charbon devra avoir été coupé d’ici 2025.

Cette nouvelle politique, explique la Deutsche Bank, découle notamment de sa décision, en juin, de se joindre à un groupe d’acteurs financiers allemands s’étant engagés « à aligner leurs portefeuilles d’actifs financiers sur les objectifs de l’Accord de Paris » de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Cet engagement collectif du côté de la finance allemande s’assortit de la promesse de se doter de méthodes de mesure des impacts climatiques d’ici la fin 2022 et d’adapter par la suite sa conduite en fonction des cibles nationales et internationales.

Désamour

L’annonce de la Deutsche Bank ne manquera pas de plomber un peu plus encore le moral d’une industrie pétrolière albertaine déjà durement mise à mal par la chute des prix mondiaux, les multiples obstacles rencontrés par ses projets de pipeline et un désamour grandissant de la finance étrangère.

La politique mise à jour de la Deutsche Bank sur les combustibles fossiles est le dernier coup de semonce qui nous dit que continuer avec le charbon, le pétrole

et le gaz naturel fera sombrer notre économie tout en déstabilisant le climat

 

Lorsque la plus grande banque d’Europe, la britannique HSBC, avait annoncé, il y a deux ans, la fin du financement de tout nouveau projet dans les sables bitumineux, l’institution avait été durement prise à partie par le gouvernement provincial et les milieux d’affaires locaux. La pétrolière canadienne Suncor et même le nouveau premier ministre albertain, Jason Kenney, avaient promis de la boycotter.

D’autres banques allaient cependant suivre son exemple, comme BNP Paribas et Société Générale, mais pas seulement. En février, le plus important gestionnaire de fonds d’investissement du monde, BlackRock, a annoncé que ses fonds de placements éthiques allaient dorénavant éviter toute compagnie ayant des liens avec le charbon thermique et les sables bitumineux. Avant cela, il y avait eu la plus importante caisse de retraite des Pays-Bas et même la banque centrale de Suède. En mai dernier, c’est le plus gros fonds souverain au monde, la Norges Bank Investment Management, qui excluait quatre producteurs canadiens de sable bitumineux, dont Suncor, après avoir conclu qu’ils émettaient beaucoup trop de gaz à effet de serre.

En janvier, la grande compagnie d’assurance américaine The Hartford a fait savoir non seulement qu’elle n’investirait plus dans les sables bitumineux, mais qu’elle refuserait également d’assurer toute autre compagnie qui s’y risquerait. Elle rejoignait ainsi d’autres grands noms de l’assurance, comme AXA, Swiss Re et Zurich Insurance.

« La politique mise à jour de la Deutsche Bank sur les combustibles fossiles est le dernier coup de semonce qui nous dit que continuer avec le charbon, le pétrole et le gaz naturel fera sombrer notre économie tout en déstabilisant le climat », a déclaré lundi à La Presse canadienne Keith Stewart, un militant de Greenpeace Canada.

« Nous avons encore le temps de protéger les travailleurs, les collectivités et les régions qui dépendent actuellement du pétrole alors que nous prenons ce virage et que nous nous assurons que tous les Canadiens prospèrent dans la nouvelle économie à faibles émissions de carbone. »

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À propos de l'auteur Le Devoir

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