Par Ron Unz, le 27 juillet 2020
Source : unz.com
Traduction : lecridespeuples.fr
Les dernières semaines ont vu la plus grande vague d’émeutes urbaines aux Etats-Unis depuis deux générations. Des manifestations massives, des émeutes et des pillages ont frappé des dizaines de nos grandes villes, accompagnés d’énormes actes de vandalisme politique, visant souvent des statues des anciens Présidents de notre pays et d’autres monuments honorant des personnalités historiques.
Plus important encore, des éléments puissants de notre élite politique, corporative et médiatique ont maintenant déclaré leur soutien à divers objectifs politiques du nouveau mouvement Black Lives Matter (BLM), convenant même parfois que les services de police locaux devraient être « dé-financés » et que nos plus célèbres héros nationaux tels que George Washington et Thomas Jefferson devraient être démis de leurs places d’honneur dans la capitale de notre pays, des propositions qui auraient été rejetées comme une folie totale il y a quelques mois à peine. De nombreux observateurs, notamment en Chine, ont noté les similitudes frappantes que cette agitation présente avec certains aspects de la révolution culturelle de Mao à la fin des années 1960. Nous semblons nous diriger rapidement vers une destination inconnue mais probablement funeste.
Cet énorme bouleversement national s’est centré sur les questions de race, amenant probablement de nombreuses personnes à réévaluer leur compréhension raciale du monde. Mais certains de ces changements peuvent avoir été dans des directions moins attendues.
J’ai récemment reçu un court e-mail d’une personne dans la trentaine avec qui j’ai entretenu des relations amicales au cours des douze dernières années. Il a passé la majeure partie de cette période solidement ancré au sein de la droite racialiste / HBD [partisan de la « théorie de la biodiversité humaine » qui ancre les différences voire la hiérarchie entre les races dans des facteurs génétiques], écrivant régulièrement pour certaines de ses publications et travaillant même en étroite collaboration avec certains de ses ténors, notamment l’impresario de la droite alternative Richard Spencer [suprémaciste blanc, fondateur de l’expression « Alt-Right » qui désigne la droite alternative voire l’ultradroite], pendant une partie de cette période. Ce contexte a donné un poids particulier à ses conclusions.
Il a intitulé sa note « Tu étais un prophète » et a ensuite déclaré :
« J’étais stupide de croire que l’immigration était (une question) importante, qu’il y avait autre chose dans la politique et la culture américaines que la relation sadomasochiste entre les Blancs libéraux et les Noirs. »
Il a également fourni des critiques sévères à l’égard d’éminentes figures de la droite anti-immigration :
C’est incroyable de voir à quel point des gens comme Ann Coulter [journaliste anti-immigration et pro-républicaine], Pat Buchanan [fondateur du journal conservateur The American Conservative] et Steve Sailer [blogueur d’extrême droite] se sont trompés sur toutes ces questions… Leurs erreurs sont en partie le racialisme, mais plus un nationalisme dégénéré, qui finit par sympathiser davantage avec les criminels que les honnêtes gens qui contribuent à la société et s’occupent de leurs affaires.
Bien que mon correspondant n’ait fait référence à aucun de mes articles en particulier, ce n’était vraiment pas nécessaire. Au cours du dernier quart de siècle, j’ai publié des centaines de milliers de mots sur les sujets controversés de l’immigration et de la race, et mes écrits les plus récents prennent des positions peu différentes de celles que j’avais présentées au début des années 1990.
Au cours des dernières années et en particulier depuis l’élection du Président Donald Trump, l’immigration est revenue au centre de la politique américaine, devenant le principal objet d’attention de la plupart des militants et des experts de droite.
J’ai considéré cette approche comme extrêmement erronée et contre-productive. Il y a trois ans, à la suite de la débâcle de Charlottesville [rassemblements de l’extrême droite américaine organisés en Virginie les 11 et ], j’ai fait circuler une lettre privée à quelques douzaines de personnalités éminentes du mouvement Alt-Right en place, puis l’ai rendue publique l’année suivante, et j’ai écrit deux longs articles consacrés à des sujets similaires. Ces trois écrits réunis ont provoqué une énorme vague de réponses, s’élevant à près de 4 000 commentaires et 600 000 mots, certains d’entre eux y étant favorables mais l’écrasante majorité assez hostile. Ceux qui le souhaitent peuvent revenir sur ces discussions et décider d’eux-mêmes si mon analyse s’est avérée correcte ou non.
• Une lettre ouverte à l’ « Alt-Right » et autres • 21 août 2017 • 2 000 mots • 2 034 commentaires
• Politique raciale en Amérique et en Californie • 12 novembre 2018 • 7 400 mots • 1 040 commentaires
• Immigration, construction d’un mur et criminalité hispanique • 14 janvier 2019 • 5 800 mots • 882 commentaires
Depuis le moment où j’ai commencé à m’impliquer dans les questions d’immigration, il y a trois décennies, il est vite devenu évident que l’écrasante majorité de la forte opposition était motivée par des questions raciales. John Tanton était le fondateur original du mouvement moderne et il avait ses racines dans l’environnementalisme et le contrôle de la population, tandis que Roy Beck, une personnalité de premier plan plus récente, semblait plus préoccupé par l’impact d’un afflux massif de travailleurs étrangers sur l’emploi autochtone. Mais ces individus constituaient clairement des exceptions. Je dirais que quelque 90% du noyau énergétique des groupes anti-immigration étaient des nationalistes soft ou peut-être crypto-Blancs, le mouvement représentant une place sûre et quelque peu « politiquement correcte » pour des opinions idéologiques autrefois communes qui étaient progressivement devenues trop controversés pour être directement revendiquées.
Pendant tout ce temps, un scénario de cauchemar dystopique a dominé les peurs de ces individus, impliquant l’effondrement de notre société de classe moyenne stable sous un afflux massif d’étrangers non-Blancs, une population impossible à assimiler et profondément hostile à notre culture. La criminalité et le désordre social monteraient en flèche et les symboles chéris de notre héritage national seraient la cible d’attaques féroces. Une fois que la Californie et le reste du sud-ouest deviendraient fortement hispaniques, un mouvement sécessionniste émergerait et se transformerait naturellement en une force politique puissante, cherchant peut-être à se réunifier avec le Mexique.
Cette sorte de vision apocalyptique a été indiquée par le titre de l’une des premières œuvres du genre, Vers le suicide national [un délire comparable au Suicide français du folliculaire à gages Eric Zemmour], publiée en 1990 par feu Lawrence Auster. Au fil des ans, plusieurs best-sellers ont été produits à peu près dans le même sens, notamment Alien Nation de Peter Brimelow en 1995, La Mort de l’Occident de Pat Buchanan en 2001, et plus récemment Adios America! en 2015. Même des personnalités de la plus haute réputation académique ont parfois exprimé des craintes similaires, avec Samuel P. Huntington de Harvard, l’un des plus éminents politologues américains, publiant Le Choc des civilisations en 1996 et Qui sommes-nous ? en 2004.
Et que nous puisions nos informations dans les pages des articles du New York Times ou dans des vidéos informelles sur smartphone, ces scènes de désordre violent et de bouleversements culturels tant redoutées sont maintenant apparues dans une grande partie de notre pays. Mais les circonstances ont été tout à fait différentes de ce qu’aucun de ces auteurs avait prédit.
Au cours des dernières décennies, les centres urbains américains sont devenus majoritairement non-Blancs et fortement immigrés, les résidents d’ascendance européenne étant aujourd’hui réduits à moins de 35% du total. Mais dans cette moyenne nationale, certaines villes sont encore largement blanches, et celles-ci ont montré un schéma intrigant.
Deux des villes américaines qui ont connu le chaos urbain et le désordre antigouvernemental les plus longs et les plus durables au cours des deux derniers mois sont Portland, dans l’Oregon et Seattle, dans l’État de Washington, et ce sont deux de nos villes dont la population est restée le plus majoritairement blanche, chacune entre 65 et 70%. La poudrière de la convulsion raciale américaine a été Minneapolis, et le gouvernement de sa ville a maintenant voté pour « dé-financer » le service de police local tandis que près d’un quart de ses officiers de police ont déjà annoncé leur intention de démissionner. Démographiquement, Minneapolis est une autre donnée aberrante majeure, étant toujours à 60% peuplée de Blancs.
Pendant ce temps, les Blancs sont déjà devenus une minorité il y a des décennies dans mon propre État de Californie, et ce changement a été particulièrement fort dans les grandes villes, les Européens blancs étant probablement tombés à un peu plus de 20% à Los Angeles et à San José, tout en restant peut-être 35% à San Diego et San Francisco. Au cours de mes jeunes années, Los Angeles avait été la grande ville la plus blanche des Etats-Unis, et au cours du dernier demi-siècle, elle avait également développé une réputation d’émeutes raciales particulièrement meurtrières, devenant célèbre pour les émeutes de Watts de 1965 et les émeutes de Rodney King de 1992. Mais cette fois, les désordres y étaient très bénins en comparaison, et se limitaient presque entièrement à des scènes de pillage à l’ouest par la population noire locale, maintenant réduite à moins de 10% du total. Les troubles dans d’autres villes de Californie ces dernières semaines ont été encore plus minimes, rien de comparable à ce qui a ravagé tant d’autres centres urbains américains.
J’ai remarqué ce même schéma encore plus près de chez moi lorsque j’ai comparé Palo Alto, assez riche et à plus de 90% composée de Blancs et d’Asiatiques, avec son voisin East Palo Alto, à population fortement immigrée et ouvrière, composée à plus de 90% de non-Blancs et ayant peu d’Asiatiques.
Pendant des décennies, ma ville natale a été extrêmement libérale mais plutôt placide politiquement, et cela est resté le cas en juin et juillet, l’activisme se limitant principalement à une grande marche de protestation (très majoritairement blanche) Black Lives Matter, accompagnée d’un petit vandalisme marginal. Plus récemment, les militants de BLM ont peint une énorme affirmation de leur credo dans la rue devant l’hôtel de ville et se sont arrangés pour exclure partiellement la circulation de ce quartier pour empêcher les voitures d’endommager leur création. Plus controversée, une partie de leur peinture murale rendait hommage à un militant de l’Armée de libération noire, qui avait assassiné un policier en 1970 après s’être évadé de prison puis s’est réfugié à Cuba. Les policiers locaux ont exprimé une irritation considérable en voyant à proximité de leur propre quartier général cet hommage à un tueur de policiers repris de justice.
Ce genre de ferment idéologique mineur ne correspond guère aux séries interminables de protestations et de violence à Portland ou à Seattle, mais dépassait tout ce qui se passait dans l’East Palo Alto voisin, qui, pour autant que je sache, a été entièrement calme après quelques marches de protestation par des Noirs locaux au début de juin.
La réalité de notre vie quotidienne influence inévitablement nos cadres idéologiques. Mon jeune ami longtemps engagé dans le racialisme avait mentionné dans son message qu’il vivait depuis quelques années dans une ville dont la population était à 90% non blanche et fortement immigrée, et ses expériences personnelles l’avaient déjà amené à réévaluer nombre de ses croyances et hypothèses. Ainsi, lorsque sa région est restée absolument calme et paisible alors que des villes majoritairement blanches comme Minneapolis, Portland et Seattle ont brûlé, il a simplement atteint le terminus d’une route politique qu’il avait déjà parcourue.
Je soupçonne que de nombreux autres membres de son camp sont tranquillement arrivés à des conclusions similaires, même si pour diverses raisons, ils hésitent à le reconnaître publiquement. Au cours des deux dernières décennies, le blogueur Steve Sailer est devenu un héros et une inspiration pour la communauté Internet racialiste en plein essor des États-Unis, grâce à sa volonté de s’attaquer à de nombreux problèmes si farouchement réprimés dans les grands médias conservateurs, sans parler de leurs homologues libéraux dominants. La question de l’immigration a longtemps été sa signature, de même que les changements démographiques et sociaux concomitants, et il est resté l’un des auteurs les plus en vue de VDare, le principal site internet anti-immigration. Une fraction substantielle de ses commentateurs réguliers semble clairement située dans le camp des nationalistes blancs.
Pourtant, au fil des ans, j’ai parfois souligné un fait intéressant qui a apparemment échappé à l’attention de tant de ses fans passionnés des questions racialistes. Comme moi, il a grandi dans un Los Angeles qui était alors la grande ville la plus blanche des Etats-Unis, notre propre vallée de San Fernando étant peut-être à 85% blanche à l’époque. Il continue à y vivre, bien que la population blanche soit tombée à moins de 25%, classant maintenant Los Angeles comme l’une de nos grandes villes les moins blanches. Mais bien qu’une si grande partie de ses articles de blog extrêmement prolifiques se concentre sur la race, les problèmes sociaux et la criminalité, ainsi que les poncifs du « politiquement correct », depuis des années, de moins en moins de son matériel de base a été tiré de sa propre ville. Je soupçonne fortement que c’est parce que la politique locale de Los Angeles est devenue si fade et ennuyeuse qu’il n’y a tout simplement pas grand-chose à dire.
Comme on pouvait s’y attendre, son audience et ses commentaires ont énormément augmenté une fois que la tourmente nationale a commencé début juin, mais l’écrasante majorité de ses posts traitaient encore des événements sur la côte Est ou dans le Midwest étant donné que les troubles dans sa propre région étaient relativement mineurs en comparaison. Partout dans le pays, les preuves visuelles semblaient suggérer que les émeutiers antifa violents étaient pour la plupart Blancs tandis que les auteurs d’actes de pillage étaient majoritairement noirs. Mais l’énorme population d’immigrants des États-Unis était plutôt remarquable par son absence, certains de ses commentateurs ayant même remarqué ce point.
Dans l’ensemble de la Californie, il y avait des ironies considérables. Pendant des décennies, des nativistes craintifs allant de Huntington à Brimelow avaient suggéré que, à mesure que les Hispaniques deviendraient des majorités locales, leurs dirigeants enhardis pourraient chercher à nettoyer l’État de Californie de ses symboles publics de la conquête anglaise du XIXe siècle. Cependant, comme je l’ai noté dans une chronique récente, les événements dans mon État et dans d’autres régions du sud-ouest autrefois mexicain ont en fait pris une tournure très différente.
« Les racines originales de notre pays étaient anglo-saxonnes et cet héritage est resté dominant au cours de son premier siècle ou plus, mais d’autres éléments de notre tapisserie nationale souffrent d’un dénigrement similaire. Christophe Colomb a découvert le Nouveau Monde pour l’Espagne, mais il est devenu une figure détestée et méprisée à travers notre pays, alors peut-être que dans un proche avenir, son seul monument nord-américain survivant sera l’énorme statue qui l’honore au cœur de la ville de Mexico. Le père Junipero Serra a fondé la Californie hispanique et a été canonisé il y a quelques années comme le premier et le seul saint d’Amérique latine, mais ses statues ont été renversées et son nom a déjà été retiré des bâtiments de l’Université de Stanford. Au moment où nous avons acquis le sud-ouest américain peu peuplé, la majeure partie de notre nouvelle population hispanique était concentrée au Nouveau-Mexique, mais le père fondateur de cette région a maintenant vu son monument attaqué et vandalisé. Cervantes, auteur de Don Quichotte, est considéré comme le plus grand écrivain de langue espagnole, et sa statue a également été vandalisée. »
Marx a suggéré que tous les grands événements historiques se produisent deux fois, d’abord comme une tragédie et plus tard comme une farce. Ma propre évaluation des batailles houleuses d’immigration des dernières années va dans le même sens.
Voir Destruction de statues : révolution, diversion ou atteinte à l’identité nationale ?
Plus tôt dans les années 1990, l’immigration était devenue une lutte politique extrêmement importante, la bataille étant centrée sur mon propre état de Californie. Pendant cette période, j’étais extrêmement préoccupé par la menace que ce conflit posait pour la stabilité de notre pays, comme je l’ai raconté plus tard dans un long article vedette publié en 1999 dans Commentary. Cependant, lorsque la question est revenue sur la scène politique nationale sous Trump, j’ai vu la situation avec détachement ou irritation plutôt que comme une sorte de danger grave.
Les raisons étaient simples. L’écrasante majorité des immigrants américains sont concentrés dans une poignée de grands États, dont la Californie, le Texas, New York, la Floride et l’Illinois, et de toute évidence ils s’entendent assez bien avec leurs voisins blancs et nés dans le pays, comme je l’ai démontré dans un long article de 2011. Par conséquent, je pensais qu’il était très peu probable qu’une telle sérénité soit sérieusement perturbée par la rhétorique dure de Trump et de ses alliés nationaux, même si elle était amplifiée par les médias et Internet. Et cela s’est effectivement avéré être le cas.
Pour des raisons évidentes, l’immigration non blanche a toujours été une question d’une importance capitale pour la communauté racialiste blanche. Ces individus constituent donc la majeure partie des fervents militants anti-immigration, bien que nombre d’entre eux puisse nier farouchement la nature de ces sentiments, peut-être même à eux-mêmes. Mais ces fanatiques politiques peuvent se convaincre à tort que le grand public partage leur objectif idéologique particulier. Au lieu de cela, je vois très peu de preuves que la question de l’immigration soit d’une importance primordiale pour les « suivistes » [ceux qui adhèrent au récit médiatique et aux codes dominants], sauf dans des situations particulières où elle affecte directement leur vie de manière négative.
À titre d’exemple, les électeurs blancs de la Californie à forte population immigrée avaient soutenu Trump en 2016 de 20 à 25 points de moins que les Blancs du reste du pays, la déconnexion frappante entre sa rhétorique anti-immigrés et leurs propres expériences personnelles étant probablement un facteur majeur. En revanche, l’immigration était un problème particulièrement puissant pour Trump dans un État comme la Virginie-Occidentale, qui n’a presque pas d’Hispaniques ou d’immigrants d’aucune sorte, et dont les électeurs ont donc tiré toute leur compréhension de la question de Fox News (chaîne TV pro-Trump) et Breitbart (site d’extrême droite) plutôt que de la vie réelle. Mais les questions politiques qui sont essentiellement une création de propagande médiatique ont intrinsèquement moins de force que celles qui ont des racines organiques. J’ai analysé très longuement la dynamique politique en 2011 et je pense que toutes mes prédictions se sont confirmées :
• Immigration, Républicains et la fin de l’Amérique blanche • Septembre 2011 • 12 200 mots
C’est donc le dilemme auquel sont confrontés les dirigeants de l’Alt-Right et les membres de la droite « nationaliste » similaires, y compris de nombreux individus autour de Trump. Ils ont passé ces dernières années à se concentrer sur un problème en grande partie artificiel qui a très peu de lien avec la réalité réelle que la plupart des Américains ordinaires voient dans leur vie de tous les jours. Et en conséquence, ils se sont peut-être détruits politiquement.
Faisons une analogie. Supposons que l’Alt-Right et des groupes similaires aient passé cette période à se concentrer sur les catholiques [les Etats-Unis sont de tradition protestante] en les décrivant comme la plus grande menace pour la société américaine, en publiant de nombreux livres sur le sujet et en lançant des sites Web consacrés à la « grande menace catholique » tandis que Fox News lavait le cerveau de ses téléspectateurs ignorants dans une frénésie anti-catholique. Peut-être que Trump aurait pu être élu en partie sur cette plate-forme, mais sa victoire est principalement due à l’énorme mécontentement que tant d’électeurs ont ressenti à l’égard de l’état général de leur pays, y compris leur méfiance et leur haine envers les médias grand public et nos élites politiques arrogantes et corrompues, celles-ci étant pleinement illustrées par Hillary Clinton.
Même si des éléments d’une telle administration Trump tentaient de mettre en œuvre leurs propositions anti-catholiques, je doute qu’il y ait beaucoup de risque de déclencher une guerre civile religieuse mettant en danger notre pays. La plupart des catholiques ordinaires s’entendent plutôt bien avec les non-catholiques, et un peu de diatribe politique au niveau national ne suffirait guère à changer cela.
Cependant, de nombreux catholiques deviendraient sûrement en colère d’avoir été injustement vilipendés et attaqués et ils pencheraient naturellement vers les opposants politiques de Trump. Si la Silicon Valley était une industrie fortement catholique, beaucoup de ses dirigeants considéreraient les fanatiques anti-catholiques les plus bruyants comme des fous dangereux et commenceraient peut-être à les expulser d’Internet, et les ennemis acharnés de l’Alt-Right tels que l’Anti-Defamation League (équivalent de la LICRA) feraient tout pour favoriser cette proposition en coulisses.
En conséquence, la coalition Trump aurait considérablement multiplié ses ennemis politiques sans raison valable ou logique. Et lorsqu’un incident sans rapport a soudainement déclenché une vague nationale d’émeutes et de vandalisme de la part de gauchistes et de Noirs, de nombreux catholiques qui auraient autrement pu se ranger du côté d’une répression de Trump choisiraient plutôt de rester neutres, ou se méfieraient simplement trop de Trump pour ne serait-ce qu’écouter ses arguments.
Ayant passé des années à l’intérieur du mouvement racialiste blanc, mon correspondant a fourni quelques observations supplémentaires, suggérant qu’une stratégie politique si fortement axée sur l’immigration avait rendu très difficile pour l’administration Trump de répondre efficacement aux violents troubles de Black Lives Matter :
« J’ai réfléchi à ce que vous avez dit sur le mouvement anti-immigration comme étant un nationalisme crypto-Blanc. C’est tout à fait vrai, ou du moins c’était vrai jusqu’à ce que Trump soit élu. J’ai cependant remarqué que les nationalistes blancs qui plaident pour la restriction de l’immigration ont fini par convaincre un groupe d’opportunistes et de gens stupides qui ne sont pas des nationalistes blancs de commencer à voir l’immigration comme un problème majeur. Ils semblent vraiment croire au stupide nationalisme obnubilé par les questions raciales que VDare diffusait sans sincérité.
Regardez l’un des principaux rédacteurs en chef de The American Conservative à l’œuvre, qui soutient sérieusement que Trump devrait organiser un rassemblement à Baltimore et utiliser la force pour que les entreprises y créent des emplois.
Les gens qui promeuvent ce genre de stupidité ont aussi tendance à être des « faucons anti-chinois », essayant de créer une identité nationale basée sur la libération de Hong Kong et la guerre contre les jardiniers mexicains. Contrairement aux nationalistes blancs, cependant, ils ne puisent dans rien de réel au sein de la population, et je ne prédis pas qu’ils connaîtront jamais beaucoup de succès électoraux.
Je pense que le triomphe de ce nationalisme à faible QI est la raison pour laquelle l’opinion publique s’est orientée si rapidement vers le soutien au mouvement Black Lives Matter. Trump et ceux qui l’entouraient étaient qualifiés de racistes pour leurs opinions sur l’immigration, et l’opinion publique a donc surcompensé en étant extrêmement pro-Noirs. Selon certaines informations, Jared a « réformé la justice pénale » dans l’espoir de les convaincre. Lorsque BLM est apparu, l’équipe de Trump n’a eu aucune réponse car ils avaient tellement investi dans le « Blexit » (ligne de vêtements de Kanye West pour pousser les Noirs à quitter le parti démocrate). Il n’y avait donc pas d’opposition d’élite au mouvement BLM, et l’opinion publique l’a donc suivi. »
Cette analyse me paraît tout à fait plausible. La haute direction de l’administration Trump semble fortement biaisée en faveur des idéologues et des incompétents totaux, ses politiques de santé publique aléatoires et incohérentes ayant déjà conduit au décès de 150 000 Américains du Covid-19, un nombre de morts qui doublera ou triplera probablement d’ici la fin de l’année.
Une réponse tout aussi inefficace aux premières manifestations de Black Lives Matter a permis à celles-ci de développer un énorme élan social et de se répandre dans tout le pays. Les futurs historiens s’émerveilleront sûrement de la façon dont la mort d’un criminel violent déjà condamné —probablement en raison d’une overdose de drogue [théorie absurde et outrageante]— dans la ville ultra-libérale de Minneapolis a rapidement conduit au retrait de tant de nos Présidents américains les plus célèbres de leurs places d’honneur traditionnelles et fait tomber les statues de Christophe Colomb dans tout notre pays, aboutissant peut-être même à la destruction du légendaire Mont Rushmore.
Voir notre dossier sur le meurtre de George Floyd
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples