États et économie en déliquescence. Paupérisation et guerres en croissance

États et économie en déliquescence. Paupérisation et guerres en croissance

« Les mains de l’Etat ne manipulent que l’argent, la matraque et le mensonge », R. Vaneigem.

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27.07.2020-Pandemie-English-Italiano-Spanish
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Le Covid-19 a bon dos ! États en banqueroute et économistes en déroute règlent leurs comptes au coronavirus, rendu responsable du génocide de presque 600 000 personnes (mortes faute de soins cruellement défaillants du fait du démantèlement du système de santé sacrifié sur l’autel du capital par les successifs gouvernements devenus aussi habiles dans l’investissement du désarmement des budgets sociaux et hospitaliers qu’experts dans la militarisation des finances publiques), rendu comptable du carnage économique perpétré contre les moyennes et petites entreprises et les travailleurs, opéré dans le cadre d’une tentative planifiée de reconfiguration du monde.

Le microscopique et invisible coronavirus a été ainsi désigné comme la victime expiatoire providentielle pour endosser le rôle de bouc émissaire, idéal coupable de l’effondrement du système capitaliste réputé, comme on le sait, pour la robustesse de sa santé sénile, ses vertus vicieuses et ses vices vertueux, pour l’innocuité de ses permanentes entreprises guerrières, son innocence impérialiste et génocidaire séculaire.

La «bouc émissairisation» va bon train. Chaque État, pour se dédouaner de son incurie criminelle dans la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 et de la destruction économique sciemment planifiée, incrimine le coronavirus, jugé responsable de la catastrophe. Chaque gouvernement, réduit aujourd’hui à sa simple fonction répressive dans cette phase économique dépressive, à l’instar de nombreux États qui ont érigé la répressionpolicière et l’embastillement, la mutilation et l’éborgnage (la France), sans oublier le confinement pénitentiaire mondialisé, en système de gouvernance, s’exonère de sa responsabilité dans l’éclatement de la crise. Tous les États, instrument des intérêts privés géré par les multinationales, pour justifier la dégradation des conditions de vie de leurs populations respectives (et certainement pas respectueuses à leurs yeux pour leur infliger un tel régime de confinement despotique, une pareille diète alimentaire et une telle cure d’amaigrissement psychologique et morale, supervisés par l’obèse capital, dévoreur de l’humanité), condamnent le pauvre microscopique et invisible coronavirus, accusé d’être responsable de la crise économique. 

Même les intellectuels organiques (sociologues, philosophes, experts) officiant au service de leurs États respectifs (mais nullement respectables) se sont précipités pour s’atteler servilement à cette basse besogne d’embrigadement idéologique menée à l’endroit des masses populaires en vue de les arrimer et les asservir davantage à leurs potentats inamovibles, transfigurés, en ces temps de psychose collective et de sidération généralisée largement attisées et entretenues par les incendiaires médias pyromanes, en sauveurs suprêmes. Aussi, à force de matraquages médiatiques, de maquillage de la réalité, de maquignonnage de leur science médicale vénale corrompue par le capital, ces plumitifs de service, dont la fonction essentielle est de s’employer à manipuler l’opinion publique en faveur des pouvoirs constitués, ont-ils provisoirement réussi, par le recours à la psychose, leur entreprise de conditionnement mental en enchaînant par la peur les populations à leurs gouvernants, la veille encore honnis et contestés, en passe d’être détrônés. 

Pareillement, depuis le déclenchement de la pandémie, la servile corporation maffieuse médiatique s’est-elle échinée sans rechigner à blanchir l’État de sa culpabilité dans la propagation du virus et la décimation de presque 600 000 malades du Covid-19. Également, elle s’est appliquée obséquieusement à cautionner par cécité et complicité les pires mesures économiques dévastatrices, les pires attaques antisociales, les pires lois liberticides décrétées par l’État contre l’ensemble de la population réduite au confinement pour lui faire avaler sa misère dans le silence de l’assignation à résidence et museler sa colère virale dans l’isolement de la séquestration politique. À soutenir les politiques belliqueuses de son État en passe de fourbir ses armes idéologiques et sécuritaires en vue de la prochaine opération de pacification pour neutraliser le turbulent ennemi intérieur et en vue des conflits impérialistes internationaux. À justifier son armement outrancièrement indécent eu égard à la misère de l’immense majorité de sa population précipitée aujourd’hui dans la paupérisation. À couvrir ses entreprises idéologiques d’endoctrinement nationalistes et chauvines. À légitimer sa domination dictatoriale sur le pays. À seconder l’État, (ce Léviathan des intérêts privés des possédants, affecté désormais exclusivement aux fonctions de la privation des libertés des « citoyens » et de la défense de l’ordre social vacillant des dominants), dans sa manœuvre d’obtention de l’adhésion des masses opprimées à ses politiques violemment antisociales et liberticides. À absoudre ses sanglantes répressions exercées contre sa population par ses forces de l’ordre nazifiées. À occulter son rôle au service des dominants, les puissances impérialistes actuellement en proie à des tensions commerciales exacerbées, préludes aux conflits armés généralisés. En résumé, à entretenir l’illusion sur la neutralité de l’État prétendument au service de toute la société, des intérêts généraux des « citoyens ». 

En réalité, de tout temps, par ses fonctions intrinsèquement oppressives et répressives, l’Etat, ce valet des banques et des multinationales, a toujours été au service de la classe dominante. Et la crise actuelle le prouve amplement avec la distribution généreuse de milliers de milliards de dollars accordés aux puissants et sa politique de confinement totalitaire infligée aux populations condamnées à survivre dans le vase clos domiciliaire sans revenus ni droit de sortie ou de manifester leur désarroi, leur détresse, leur désapprobation.

En outre, contrairement à ce qu’on croit, dans cet univers dominé par le capitalisme mondialisé, béatement idéalisé et religieusement divinisé, les pays sont tous impérialistes. Ils sont tous portés par la même logique impérialiste. Particulièrement dans cette période de crise économique aiguë. Chaque pays, grand ou petit, est animé par cette irrépressible et impérieuse nécessité d’envahir un autre pays plus faible (le Vietnam a envahi le Cambodge, l’Irak a envahi le Koweït, aujourd’hui, la Turquie se livre à des incursions en Syrie, en Libye, l’Égypte en Libye, Israël en Cisjordanie, etc.), pour résoudre à sa manière les contradictions de classes, le besoin de capital et d’espace vital, mais aussi pour détourner « son peuple » de ses préoccupations socioéconomiques vitales et l’entraîner dans des occupations belliqueuses et militaires.

La résurgence du nationalisme et du populisme  https://les7duquebec.net/archives/256308  ne s’explique pas autrement que par les menées guerrières actuelles et futures. Chaque État blinde idéologiquement sa population pour la préparer aux confrontations armées, aux interventions impérialistes. Et l’augmentation exponentielle des dépenses militaires dans tous les pays nous conforte amplement dans notre analyse. Les budgets de l’armement explosent au même rythme que les conditions de vie des prolétaires implosent. Certes, le capital se livre une guerre économique inter-impérialiste exacerbée. Mais la guerre qu’il mène aujourd’hui contre les conditions de vie des peuples et des travailleurs est encore plus cruelle et sanglante. Et le premier à la diriger contre nous est notre propre État, notre gouvernement national, succursale du capital mondial. En effet, chaque État fait intégralement partie du gouvernement capitaliste mondial. Chaque décision économique est l’émanation directe de la direction collégiale du capital financier international.

Dans cette phase de domination despotique impérialiste, l’indépendance économique et politique est une illusion, une imposture. Au reste, pour ce qui est de l’Algérie, à économie mono-industrielle, le pays est totalement tributaire de ses exportations pétrolières. Ce n’est pas l’État algérien qui fixe la quantité de barils à vendre, ni son prix. Ces paramètres sont déterminés par le marché qui dicte ses lois implacables. Intégrée dans une économie capitaliste mondialisée, l’Algérie est confrontée aux mêmes enjeux de l’offre et de la demande, de basculements des orientations géostratégiques internationales, voire des renversements d’alliance, en œuvre dans tous les pays travaillés par ailleurs par des tensions politiques internes, dévastés par une crise économique systémique et une instabilité institutionnelle chronique, submergés par des soulèvements sociaux de leur population exaspérée. Sa marge de manœuvre en matière de développement économique est fortement limitée, restreinte. Son indépendance politique, obérée.

Aujourd’hui, dans cette période de crise sanitaire et économique, où chaque État a prouvé, par son incurie criminelle dans la gestion sanitaire du Covid-19, son incompétence à protéger sa population au plan médical et économique, son incapacité à témoigner la moindre efficacité excepté dans sa fonction sécuritaire exécutée avec un déploiement de moyens répressifs sur fond d’une militarisation rampante de la société déjà matérialisée par le confinement totalitaire, plus que jamais aucun gouvernement ne mérite notre confiance.

Une chose est sûre : jamais dans l’histoire contemporaine, les pays n’ont été gouvernés par des dirigeants aussi irresponsables que dangereux, aussi incapables qu’inutiles, aussi farfelus qu’insignifiants, aussi incultes qu’immatures, aussi amateurs que déficients mentaux, aussi pervers que cyniques. Jamais les gouvernants n’ont sabordé leur pays avec autant de cynisme, sous couvert de pandémie du Covid-19, au nom de la raison irrationnelle économique capitaliste soucieuse exclusivement de la valorisation du capital, occupée uniquement à œuvrer à sacrifier tous les « acquis » sociaux, les budgets publics.

De surcroît, ils sont tous, du Nord au Sud et d’Est à l’Ouest du monde, à divers titres et à différents échelons, responsables de la misère actuelle, des famines, de la crise économique, du chômage, du délitement des liens sociaux, de la déliquescence des valeurs morales, de la décomposition de la société à l’échelle de la planète, de l’explosion de la délinquance et de l’insécurité, des terrorismes et de leurs financements, des guerres permanentes, des exodes massifs, de l’émigration, des génocides humains et culturels (massacres et disparitions des diverses et variées cultures millénaires ).

Partout, les puissants despotes politiques et économiques nous infligent leur dictature tentaculaire, leur démocratie totalitaire ou caporalisée esthétisée par des mascarades électorales racoleuses et alléchantes. Les barons de l’économie et les maîtres de la finance nous imposent le dénuement, la misère, la clochardisation de nos conditions d’existence. D’Alger à Caracas, en passant par Paris et Washington, les gouvernants dictent les mêmes mesures d’austérité, décrètent des réformes inhumaines, instaurent des lois liberticides. Jamais ils n’ont été autant unis et solidaires (quoique déchirés par des conflits entre eux) dans leur détermination à nous faire payer leur crise, à nous confiner dans la misère et l’asservissement. Mais jamais les peuples opprimés n’ont été autant désunis et divisés dans leur combat pour riposter aux attaques dirigées contre leurs conditions de vie ou plutôt de survie.

Les prolétaires semblent soumis à la résignation et résignés à la soumission, confinés dans leur servitude volontaire et volontairement asservis au confinement. Le déconfinement de la combativité en vue de leur émancipation paraît hypothétique. Nous sommes à la croisée des chemins, au cœur d’une mutation socio-économique et politique. Tous les modèles économiques et politiques ont échoué, ont fait faillite. C’est au prolétariat que revient la mission historique de mettre en œuvre son projet de société émancipateur. Ces dernières années, les révoltes populaires ont prouvé que la démocratie s’exerce dans la Rue, ce haut lieu de luttes émancipatrices, et non dans les urnes, cet endroit funèbre renfermant les cendres des promesses mensongères des politiciens, ces représentants du système fondé sur l’exploitation et l’oppression. Pour les peuples opprimés, les prolétaires, dans cette période critique, c’est le moment du Hic Rhodus, hic salta, « Ici est Rhodes, ici tu sautes ».

Khider Mesloub 

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