Décidément, le vote du budget militaire US de cette année 2020 restera dans les annales. Non seulement les éventuelles sanctions contre le Nord Stream II y seront décidées, ouvrant la voie à une possible rupture sans précédent au sein de la communauté euro-atlantique, mais ce sont les instruments mêmes de la capacité impériale, du moins certains d’entre eux, qui sont maintenant sur le fil du rasoir.
Peu affectée par son échec aux primaires démocrates, dame Tulsi vient de réussir l’exploit de faire passer à la Chambre des représentants un amendement visant à ce que toute administration américaine rende désormais compte publiquement de l’impact des sanctions qu’elle décide. On imagine la crise de nerfs dans les chaumières du deep state…
Dans son discours, la belle Hawaïenne résume la chose : « Trop souvent, nos sanctions sont décidées pour « punir » le leader d’un pays sans prendre en considération leur véritable impact. En réalité, ces sanctions représentent un siège des temps modernes, touchant principalement les citoyens de ce pays, limitant leur approvisionnement en nourriture, eau, médicaments et autres bien basiques dont ils ont besoin pour survivre. Maladies, souffrance et mort en résultent. »
Avec cette loi, l’administration devrait publier un rapport annuel sur l’impact des sanctions, comprenant différentes données concernant la vie quotidienne locale, la mortalité ou encore les effets sur l’environnement, ainsi qu’une justification sur le bien-fondé de ces sanctions.
Le conditionnel reste de mise car l’amendement doit encore passer le test du Sénat, antre de l’État profond. Mais son vote par la Chambre des représentants, où il n’a pas rencontré d’opposition, y compris républicaine, est un premier pas assez conséquent. Le Donald qui, bien que théoriquement opposé au Deep State, a fait des sanctions une marotte obsessionnelle, a dû voir sa houppette se soulever d’horreur…
Comme si ça ne suffisait pas, un projet, sénatorial cette fois, propose de réduire le budget militaire de 10 % pour faire face aux conséquences de la pandémie. À l’origine de l’initiative, l’inoxydable Bernie Sanders, rejoint par certains hauts pontes de la vénérable assemblée comme Chuck Schumer, pourtant faucon dans l’âme.
Si, à la différence de l’amendement Tulsi qui garde toutes ses chances, la proposition de Sanders a peu de probabilité de passer, sa signification est ailleurs. La dette américaine explose, les finances impériales sont délabrées ; et ça, de gré ou de force, un nombre croissant de responsables américains en sont fort conscients.
L’argent est le nerf de la guerre et finit toujours par avoir, à plus ou moins long terme, une incidence sur la posture géopolitique. Même CNN, pourtant en pointe dans la poutinopobie primaire, s’est crue obligée de reconnaître que le faible endettement de la Russie et sa politique d’autosuffisance allaient en faire l’une des grandes gagnantes de l’après-Covid, alors que le passif des États-Unis était un gouffre sans fond accélérant leur déclin.
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