Campagne de dons – Juin 2020
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par René Naba.
Le dernier livre-enquête de Ahmed Bensaada.
L’Algérie célèbre le 5 juillet 2020 le 58 ème anniversaire de son indépendance à l‘arrière-plan de révélations sur les manipulations du Hirak, le soulèvement populaire algérien, par des intellectuels algériens en rapport avec les ONG américaines. Retour sur cette ténébreuse affaire, infamante pour ses auteurs.
1 – Une légende tenace face à un livre-enquête corrosif.
Le sujet peut surprendre tant la légende est tenace d’un soulèvement spontané et autonome face à un régime crépusculaire, affligé d’un président à mobilité réduite, doublé d’une nécrose des circuits décisionnaires, ce qui était vrai au départ ; un mouvement qui sera toutefois noyauté par la suite, ce qui sera difficilement acceptable pour bon nombre d’Algériens. Pourtant les faits sont là, têtus. L’universitaire algérien Ahmed Bensaada en fait la démonstration implacable.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf; ce lien :
Son livre-enquête lève le voile sur les liaisons dangereuses des « ténors autoproclamés » du Hirak avec des puissances étrangères, notamment les organismes américains dont le NED (National Endowment for Democracy), qui finance des organisations actives en Algérie. Très documenté, l’ouvrage consacre un grand espace aux extraits de rapports d’organismes étrangers.
Avec une précision de scientifique qu’il est, en une description méticuleuse des enchevêtrements et des enjeux du géopolitique, une qualité qu’il cumule, Ahmed Bensaada, s’attaque à un sujet éminemment tabou: Les manipulations qui ont sinon dénaturé à tout le moins dévié le Hirak, le soulèvement algérien, de son cours authentiquement populaire en une entreprise de déstabilisation d’un pays incontournable, d’une superficie de 2 millions de km2 de superficie, le plus grand d’Afrique, du bassin méditerranéen et du monde arabe, à égalité, dans ce dernier cas, avec l’Arabie saoudite.
Un pays qui revendique, de surcroît, le double exploit d’avoir mené une guerre de libération victorieuse contre le colonialisme français et une guerre non moins victorieuse contre le terrorisme durant la séquence dite de la « décennie noire », la décennie 1990, et, à ce titre objet d’un agacement prodigieux de la part tant des occidentalistes que des islamistes, que des séparatistes. Un palmarès à faire pâlir plus d’un envieux.
Pays central de la zone sahélo sahélienne, limitrophe de sept pays (Libye, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Tchad, Tunisie, Mali, RASD (République Arabe Sahraoui Démocratique), soit la quasi-totalité des pays déstabilisés et sinistrés par l’intervention de l’alliance islamo-atlantiste lors de la séquence dite du « printemps arabe », en 2011.
L’Algérie est en outre le point d’ancrage de la présence chinoise en méditerranée, la première puissance planétaire en devenir; un état charnière entre le Maghreb (Le Ponant) et le Machreq (Le Levant), de par ses connexions diplomatiques, notamment avec la Syrie, son allié historique, indéfectible.
L’Algérie est enfin un « Hub » de la transhumance transsaharienne, dont l’implosion projettera un nouveau flux migratoire d’arabo africains vers l’Europe, générant en retour une négrophobie et une islamophobie virulentes, dont les berbéristes, partisans acharnés de la scissiparité de leur pays d’origine, en paieront lourdement le prix, eux aussi, en raison de leur origine chromatique basanée.
Titulaire d’un doctorat en sciences de l’Université de Montréal, enseignant au Canada, cet universitaire algérien est un récidiviste en la matière. Ahmed Bensaada est en effet l’auteur d’ « Arabesque- enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes » (2015).
Un mémorable ouvrage sur la mystification des soulèvements populaires en Géorgie, où des vétérans de l’armée israélienne ont prêté main forte aux insurgés ; en Ukraine, qui s’est amputée de la Crimée du fait de sa folle équipée anti russe.
Au Liban, sur le soulèvement populaire libanais déclenché par l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, et qui a abouti au retrait de l’armée syrienne du Liban et qui conduira le Hezbollah, la sentinelle de l’Indépendance libanaise, à infliger une correction militaire à Israël, l’année suivante, en 2006, en réplique aux incessantes ingérences israéliennes et américaines dans la vie politique libanaise. Tout un programme.
Dans la caverne d’Ali Baba de sa vaste connaissance, Ahmed Bensaada pointera particulièrement le rôle nocif de Srdja Popovic sur les activités de formations révolutionnaires de centre CANVAS (Center for Applied Non Violent Action and Strategies) qu’il dirige depuis Belgrade. Un « agit prop » dont les activités se sont déployées dans 37 pays.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf ces liens:
Difficile donc de récuser son nouveau livre-enquête du terme méprisable de « complotisme », l’expression généralement utilisée par les relais de la propagande atlantiste pour discréditer tout contestataire à leur doxa officielle.
Pour aller plus loin sur l’usage du l’accusation de « complotisme », cf ce lien :
L’Algérie, comme le Liban, a souffert d’une absence de mode opératoire en vue d’impulser le changement et de provoquer l’effondrement de l’ordre ancien. Dans ces deux pays, le Hirak a balancé entre « politique non conflictuelle et communication conflictuelle », pour reprendre l’expression du philosophe libanais Roger Naba’a.
La posture déclamatoire ne saurait se substituer au combat politique, pas plus que l’incantation dispenser d’un plan d’action en vue de la conquête du pouvoir. Faute d’un tel plan, la contestation est vouée au dépérissement.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf. ce lien :
L’élan populaire algérien, par son ampleur, a suscité les vocations des farceurs et des hâbleurs, les pêcheurs en eaux troubles; le terreau fertile des usurpateurs, des imposteurs, des vindicatifs, la horde des algérophobes viscéraux, tous les nostalgiques de l‘Empire qui n’en finissent pas de rêver de leur paradis perdu : l’Algérie, unique département français soustrait au triptyque républicain (Liberté, Égalité, Fraternité) et soumis au code discriminatoire de l’Indigénat, accréditant ainsi par ricochet la thèse d’une Algérie propriété de ses autochtones:
Unique département dont la superficie était néanmoins quatre fois supérieure à celle de la Métropole, propriété des autochtones, -des indigènes musulmans Arabes et Kabyles, certes, mais des Algériens authentiques comme en témoignera leur combat commun contre leur colonisateur. Ah les fulgurances de la rationalité cartésienne et ses conséquences calamiteuses.
Un paradis perdu du fait de cécité des dirigeants français, de leur confusion mentale, de leur duplicité et de leur cupidité, qui se perpétue de nos jours par la présence en France d’un « lobby pied noir », unique pays au monde parmi les anciens empires coloniaux à disposer de ce type de lobby…. Autant de tortuosités qui expliquent sans doute, sans la justifier, la virulence de la curée algérophobe dans la presse française.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien :
2- Le nœud coulant autour de la nuque de l’Algérie au début de la contre-révolution islamiste du « printemps arabe ».
Du nœud coulant placé autour de la nuque de l’Algérie au début de la contre révolution islamiste du « printemps arabe », avec à l’Est, le transbordement depuis Kaboul vers Tripoli du N° 3 d’Al Qaida, le libyen Abdel Hakim Bel Hadj ; à l’Ouest, la propulsion à Tunis de la branche tunisienne de la confrérie des Frères Musulmans, via le fameux tandem, Mouncef Marzouki –An Nahda, l’Algérie s’en dégagera habilement.
Face au chaos destructeur de son environnement- la Libye et le Mali du fait du bellicisme outrancier de Nicolas Sarkozy et de l’Émir du Qatar-, l’Algérie pratiquera la stratégie du « parcours immobile », mais non inerte, contournant avec habileté le piège de son implosion sous l’effet de forces centrifuges, verrouillant ses frontières, plaçant sous pression les islamistes algériens et renforçant sa coopération avec son ami indéfectible la Syrie.
Pas un islamiste algérien n’est parti d’Algérie pour participer à la guerre de Syrie. Tous ceux qui y ont pris part ont, soit opéré sur le théâtre européen, soit se sont rendus depuis leur lieu d’exil ou encore étaient des islamistes algériens porteurs d’une nationalité occidentale.
Sur le jeu trouble du Qatar, alors partenaire privilégié de la France, pour imposer Abdel Hakim Bel Hadj au poste de gouverneur de Tripoli, siège du plus important arsenal libyen, cf ce lien :
Mutique, l’Algérie ne lèvera pas le petit doigt pour aider les « matamores au bras courts » à se dégager du bourbier dans lequel ils se sont joyeusement et gaillardement plongés. Elle refusera de participer au G5, la force supplétive de la France au Sahel, laissant son ancien colonisateur s’embourber dans les dunes de la métastase terroriste. Mieux, elle se substituera à la France dans la zone sahélo-saharienne en tant que médiateur des conflits transrégionaux.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien:
La séquence Abdel Aziz Bouteflika purgée débouchera sur un paysage sensiblement différent du schéma traditionnel.
La France « prendra note », sur un ton altier, de l’élection de M. Abdel Majid Tebboune à la présidence algérienne avec un score de 53 pour cent des votants, soit un score supérieur à celui recueilli à son élection par Jupiter de France. Mais c’est le président Emmanuel Macron qui dépêchera son ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian à Alger pour vanter le « pôle de stabilisation » représenté par ce pays, à la suite des revers militaires enregistrés par la France et ses alliés pétro monarchiques en Libye, dans leur conflit en front inversé avec leurs anciens alliés, la Turquie et le Qatar.
C’est la France, via les chaines publiques françaises, qui diffusera deux documentaires rudimentaires et réducteurs sur le Hirak algérien, conduisant Alger à rappeler son ambassadeur en France. Et c’est le même « balnéaire du Touquet » qui décrochera son téléphone pour calmer le courroux de son homologue algérien.
Dans cette ambiance électrique paraît le livre de Ahmed Bensaada, un véritable pavé dans la marre, un électrochoc salutaire, dont voici les principaux extraits :
3 – Les « ténors auto-proclamés » : Lahouari Addi, Mostefa Bouchachi
En tête de liste des « ténors auto-proclamés » Lahouari Addi.
Professeur émérite de sociologie à Sciences Po Lyon, Docteur d’État à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris en 1987, ancien professeur de sociologie à l’Université d’Oran (Algérie). Il vit désormais, depuis quelques années, aux États Unis, où il est chercheur associé à Georgetown University.
Théoricien reconnu de la « régression féconde » appuyée sur le modèle tunisien où les islamistes au pouvoir sont obligés de tenir compte des réalités de la société et de l’État, il a commis de nombreux ouvrages et articles sur l’islamisme et la transition vers la démocratie. Son dernier livre a pour titre « Radical Arab Nationalism and Political Islam » (Georgetown University Press, 2017).
Lahouari Addi servira ainsi de caution intellectuelle et laïque à un pouvoir islamiste en gestation, une fonction identique à celle assumée par Mouncef Marzouky, en Tunisie, la caution démocrate du parti An Nahda, la branche tunisienne de la confrérie des Frères Musulmans, eu tandem syrien Bourhane Ghaliuoune et Basma Kodmani à l’opposition offshore syrienne.
Pour aller plus loin sur ce thème, cf; ce lien :
L’analyse de Ahmed Bensaada
Considérant que le Hirak n’a « pas vocation à être structuré » Lahouari Addi met en avant le nom de certains « célébrités » du mouvement populaire, dans une démarche anti-démocratique visant à introniser d’autorité ces poulains.
Ainsi, le 14 mars 2019, soit moins d’un mois après le début du Hirak, il écrivit : « […] les décideurs doivent accepter le caractère public de l’autorité de l’État. Ils doivent demander à celui qui fait fonction de président aujourd’hui de démissionner et de nommer une instance de transition qui exerce les fonctions de chef d’Etat. Mostefa Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim Tabbou devraient être sollicités pour exercer les prérogatives d’une présidence collégiale qui nommera un gouvernement provisoire qui gérera les affaires courantes et préparera les élections présidentielle et législative dans un délai de 6 à 12 mois. Les généraux doivent aider à la réalisation de ce scénario et se dire une fois pour toute que l’armée appartient au peuple et non l’inverse ».
« Pourquoi le sociologue a-t-il proposé ces personnes en particulier et ce, très peu de temps après le début des manifestations ? Les connaissait-il personnellement ? Avait-il discuté avec elles et pris connaissance de leurs programmes respectifs ? Y avait-il une coalition sous-jacente au Hirak pour proposer une liste en particulier ? Quel était le fil conducteur qui reliait ces personnes au professeur lyonnais ? »
« Tout le monde avait remarqué, bien entendu, que ces noms avaient émergé ― comme par enchantement― très tôt de la houle du Hirak. Mais que ces personnes en particulier soient « désignées » par Lahouari Addi, cela est loin d’être anodin. En effet, la recherche de dénominateurs communs exige aussi bien un retour vers le passé qu’une observation de l’actualité récente ».
Ainsi, dans les années 1990-2000, et ce durant plusieurs années, Lahouari Addi a fait partie de « l’International Forum for Democratic Studies Research Council » de la NED (en français : Conseil de recherche du Forum international d’études démocratiques).
Outre Addi, la liste des membres de ce conseil de recherche cite les noms de célébrités de la « démocratisation » américaine. Par exemple, dans le rapport annuel 2005 de la NED on trouve, entre autres, d’influents politologues américains comme Francis Fukuyama, Samuel P. Huntington ou Donald L. Horowitz.
Le premier, néo-conservateur de la première heure, a déclaré : « J’ai travaillé pour l’ancien vice-ministre de la Défense Paul Wolfowitz à deux reprises, d’abord à l’Agence de contrôle des armements, puis au State Department ; […] J’ai par ailleurs travaillé avec son mentor, Albert Wohlstetter, au sein de la firme de consultants Pan Heuristics, et comme lui j’ai été [salarié] plusieurs années par la RAND Corporation ».
Rappelons que Paul Wolfowitz est un des néo-conservateurs américains les plus radicaux, qu’il a travaillé dans l’administration Bush fils en s’illustrant comme un fervent artisan et défenseur de l’invasion de l’Irak.
D’autre part, la RAND Corporation est considérée comme le think tank le plus influent des États-Unis. Financée en majorité par le gouvernement américain (essentiellement par le secteur militaire), elle produit des rapports d’analyse politique et de renseignement pour l’armée et les décideurs américains.
De son côté, le professeur Samuel P. Huntington est mondialement connu pour son ouvrage intitulé « Le choc des civilisations », alors que le professeur Donald L. Horowitz est spécialisé dans les « conflits ethniques ».
Ce dernier a été nommé en 2006 par Condoleeza Rice au « Comité consultatif de la Secrétaire d’État pour la promotion de la démocratie » afin de la conseiller ainsi que l’administration de l’USAID (United States Agency for International Development, un autre organisme, comme la NED, spécialisé dans l’exportation de la démocratie). Cette longue liste mentionne aussi quelques faucons néoconservateurs comme Joshua Muravchik qui avait demandé, en 2006, rien de moins que : « Bombardez l’Iran ».
Fin de citation-
4 – La stratégie en amont : Mostefa Bouchachi et le réseau Optor
Un workshop sur la Serbie, l’Algérie, la Palestine et la Roumanie tenu en 2000, soit près de dix ans avant la séquence dite du « printemps arabe ».
Extraits :
« La seconde Assemblée mondiale du WMD s’est tenue à São Paulo (Brésil) du 12 au 15 novembre 2000. Comme on doit s’en douter, les vedettes de cet évènement étaient, sans conteste, les activistes d’Otpor. D’ailleurs, deux de ses plus éminents membres étaient présents : Slobodan Djinovic et Slobodan Homen36. Et leur contribution n’est pas passée inaperçue. Dans une session organisée et modérée par l’IRI, Slobodan Homen présenta une communication intitulée : « Des élections décisives comme opportunités de promotion de la démocratie: quelles sont les meilleures stratégies ? ».
De son côté, Slobodan Djinovic anima un workshop modéré par le NDI, avec le titre évocateur suivant : « Comment les ONG peuvent-elles aider à surmonter les obstacles et à réduire les coûts humains dans les transitions difficiles ? ».
Et le plus intéressant dans cette histoire, c’est la mention accompagnant l’évènement : « Ce workshop est focalisé sur l’étude de quatre cas : la Serbie, l’Algérie, la Palestine et la Roumanie ».
Un workshop animé par un leader d’Otpor, dans un évènement organisé par la NED et focalisé sur l’Algérie ? Et quand cela ? En 2000 ! Une décennie avant le printemps arabe, presque deux décennies avant le Hirak ! Mais quelle est la relation entre tout cela et maître Bouchachi, me dira-t-on ?
La réponse est dans la liste des participants de la seconde Assemblée mondiale du WMD : Mostefa Bouchachi était présent38 en qualité « d’Avocat à la Cour agréé auprès de la Cour Suprême » en compagnie de Hakim Addad, fondateur du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) en 1992.
Comme précisé dans plusieurs articles sur le sujet, le RAJ est une des organisations les plus financées par la NED. De plus, en 2000, le RAJ était bien connu de la NED puisque cette dernière avait commencé à le subventionner en 1997.
Alors que Mostefa Bouchachi n’était venu qu’en auditeur, Hakim Addad a co-animé un workshop portant un titre explicite : « Le réseautage des jeunes militants pour la démocratie ». À noter que les rapporteurs de ce workshop étaient des représentants de la NED et de la Friedrich Ebert Stiftung (un organisme allemand de financement similaire à la NED, bien connu en Algérie). Faut-il rappeler que, comme le RAJ, la LADDH a été financée par la NED ? Fin de la citation.
5- Le dénominateur commun entre Lahouari Addi et deux des candidats qu’il a propulsé à la direction collégiale
La relation avec les États Unis
Le dénominateur commun du trio est «leurs relations avec les États-Unis et leurs organismes d’«exportation» de la démocratie. Il est évident que Lahouari Addi, Mostefa Bouchachi et Zoubida Assoul ont tous eu des accointances avec des intérêts étasuniens.
Le 2eme trait commun: L‘appétence islamiste des « ténors » du Hirak.
Extraits : « En février 2020, le jour même de la célébration du premier anniversaire du Hirak, M. Bouchachi a rendu visite à l’ex-numéro deux du FIS (Front islamique du Salut) en la personne d’Ali Benhadj, ce fut un tollé général. Comment celui qui se considère comme le porte-drapeau du Hirak et de ses valeurs démocratiques pouvait-il frayer avec une personne qui déclarait, il n’y a pas si longtemps, qu’il n’était pas démocrate et que la démocratie était « Kofr » (impie) ?
En effet, ce n’était pas la première marque de sympathie de M. Bouchachi à l’égard des ex-membres du FIS. Lors du décès du numéro un de ce parti, Abbassi Madani, il s’était empressé de twitter ses condoléances en priant « qu’Allah l’accueille dans son vaste paradis ». Ce à quoi lui répondit une internaute : « Mon père, première victime civile de ce terroriste et ses acolytes, vous salue de sa tombe cher « démocrate ». Vous avez perdu une occasion en or de vous taire… ».
La proximité de Maître Bouchachi avec la chaîne Al Magharibia, illustre bien cette affinité avec le mouvement islamiste. Ses fréquentes apparitions à l’écran et les marques de déférence dont il bénéficie de la part de cette chaîne et ce, des années avant le Hirak, trahissent une évidente sympathie à l’égard de celui qu’on surnommait, comme mentionné précédemment, « l’avocat du FIS ».
Pour aller plus loin sur ce thème, cf ; ce lien !
En février dernier, lorsque Lahouari Addi arriva au lieu du débat organisé par « Rachad », il fut accueilli tout sourire par M. Zitout. Accolade et embrassade s’ensuivirent, témoignant d’une camaraderie difficilement dissimulable. Ce n’était visiblement pas la première fois qu’ils se rencontraient.
Lahouari Addi et Mourad Dhina sont aussi de vieilles connaissances.
Cela est aussi évident à la familiarité expressive (tutoiement, utilisation des prénoms, etc.) clairement visible dans cette vidéo de Rachad TV datée du 21 octobre 2019 (en plein Hirak) et où le premier est l’invité du second 127. D’ailleurs, n’est-ce pas M. Addi qui avait déclaré : « Mourad Dhina est un Erdogan algérien, il défend un islam compatible avec les droits de l’homme et la démocratie. Mais pour le gouvernement algérien il n’y a rien de pire que des islamistes autonomes… ».
À noter que ces propos ont été rapportés par Marie Verdier (La Croix) en 2012, des années avant le Hirak.
En ce qui concerne Zoubida Assoul, ses interventions sur Al Magharibia ne sont plus à compter. En plus des émissions qui lui ont été consacrées, elle intervient régulièrement en direct sur cette chaîne pour analyser et critiquer la vie politique du pays.
Selon Maghreb Intelligence, de nombreuses personnalités de l’opposition ont été invitées à Paris par Al Magharibia pour fêter l’anniversaire de la chaîne, en février 2019 (quelques jours avant le début du Hirak). Et la source de préciser : « Les billets d’avion, les chambres d’hôtels, les locaux de la réunion, les dîners, les boissons, tout, absolument tout, a été pris en charge par la comptabilité de la chaîne islamiste Al Magharibia qui défend clairement et ouvertement les positions de l’ex-FIS et, surtout, les « bienfaits » du Qatar et de sa diplomatie sournoise ».
Parmi les invités, les noms de Zoubida Assoul et de Karim Tabbou ont été cités. La présence à Paris, à cette période, de ces deux figures du Hirak a été confirmée par Naoufel Brahimi El-Mili dans son livre « Histoire secrète de la chute de Bouteflika » :
« Par une étrange coïncidence, ce dimanche-là [17 février 2019] des personnalités algériennes, liées au mouvement « Mouwatana », se trouvent à Paris. Elles répondent présent. Parmi elles, Karim Tabou, Zoubida Assoul et Soufiane Djilali et un certain « Amir DZ », activiste sur la Toile et blogueur très suivi, qui prend le micro et galvanise la foule avec son parler « jeune » »
La bronca qui suivit la publication de la nouvelle fit vaciller quelques certitudes. Maître Bouchachi et Zoubida Assoul démentirent l’information. Les politiques à la mémoire courte comprennent à leurs dépens que certaines liaisons peuvent être dangereuses, très dangereuses. Commentant ces relations démocrato-islamistes, Lahouari Addi rédigea un article affublé d’un titre explicite : « Faut-il avoir peur des islamistes ? ». Il va sans dire que poser la question de cette façon, c’est y répondre par la négation.
L’explication rudimentaire du sociologue est basée sur deux arguments aussi solides qu’un château de sable en plein ouragan : le respect de la diversité idéologique et le « qui-tue-quisme ».
M.Addi feint de ne pas comprendre que ce n’est pas l’islamisme en général qui a été visé par le tollé, mais l’alliance avec des personnes ayant un lourd passé qui prônent une idéologie qui a généré le chaos et la désolation durant la décennie noire. D’autre part, il y a une différence entre permettre la diversité idéologique et avoir des liens aussi étroits et des canaux de communication aussi bien huilés avec une mouvance particulière de l’islamisme dont l’histoire est douteuse. Quant au « qui-tue-quisme », ce n’est qu’un subterfuge simpliste pour absoudre les terroristes de leurs crimes.
En fait, Lahouari Addi remet au goût du jour sa fameuse théorie de la « régression féconde ». À ce propos, le journaliste Hassan Zenati précise que cette approche est celle d’un «groupe d’intellectuels algériens vivant en Europe, inspirés par la théorie du « chaos créateur » des néo-conservateurs américains qui soutenaient qu’un pouvoir islamiste ne serait au pire qu’une « régression féconde » sans lendemain, mais qui permettrait tôt ou tard de trouver les voies démocratiques ». Il ajouta que l’un des chefs de file de ce groupe est le sociologue Lahouari Addi.
Ce qui nous ramène au tout début de cette analyse : la relation de Lahouari Addi avec la NED et les néoconservateurs américains. Mais aussi aux liens entre certains « ténors » du Hirak et les intérêts étasuniens. Cela n’est pas sans nous rappeler la volonté américaine de favoriser l’installation d’un pouvoir islamiste dans les pays arabes, comme ce fut le cas en Égypte, en Syrie, en Libye ou au Yémen. Fin de citation.
6 – Un larron en embuscade
Le larron en embuscade n’est autre que Saïd Saadi, Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), l’ami de Bernard Henry Lévy, le fer de lance de la stratégie médiatique israélienne sur le théâtre européen, le cachériste et hirakiste, dénommé par dérision « Said Le Samedi », car, craignant la colère de la foule, il manifestait les samedis au lendemain des grandes manifestations populaires.
((NDA Cachir : saucisson algérien- Cachiriste : se dit des gens proches du cercle des dirigeants déchus depuis)).
Pour aller plus loin sur ce personnage, cf ce lien :
7- Le témoignage du préfacier Majed Nehmé : « Sauver le Hirak de ses démons »
Majed Nehmé, Directeur de la revue Afrique Asie, sans ambages, se livre à une promesse de porte fort, tant la démarche de l’auteur est limpide.
« On ne peut soupçonner Ahmed Bensaada, l’auteur de ce livre-enquête, d’être hostile au Hirak, qu’il avait appelé de tous ses vœux.
Il le dit sans ambages dès les premières lignes de son enquête : « Cet évènement majeur dans la vie politique de l’Algérie a bouleversé tous les codes du pays. Il a modifié la psychologie d’un peuple, a aiguisé son sens de la discipline, a soudé ses rangs dans un objectif commun contre le despotisme et la hogra et a réussi avec brio le déboulonnage d’un système prédateur et sa meute de serfs. Une vraie campagne de salubrité publique scandée de concert dans les rues de toutes les villes du pays avec la classe, la véhémence et le ton que requièrent ces moments historiques… »
Mais l’adhésion à un mouvement historique refondateur et salutaire ne peut se faire, pour un esprit critique et vigilant comme Ahmed Bensaada, en fermant les yeux devant les tentatives de certains agitateurs professionnels pour récupérer ce soulèvement populaire et patriotique en vue de le dévier de sa trajectoire et de le mettre au service d’un plan étranger inavoué car inavouable. Son adhésion au Hirak était mue uniquement par son attachement à son pays, son identité, son indépendance, sa souveraineté chèrement acquise sans laquelle aucune réforme structurelle ne saurait être engagée sérieusement et durablement.
Vigilant, fin observateur des stratégies minutieusement et méthodiquement mises en place par les néoconservateurs américains en particulier et occidentaux en général, adeptes du « regime change » et du « chaos constructif », Ahmed Bensaada, avec le flair qu’on lui connaît, a très vite décelé, documents à l’appui, les tentatives de récupération de ce mouvement historique. Fin de la citation de Majed Nehmé
8 – Epilogue : De l’importance historique et stratégique de la révolution algérienne
Elles ont été inventées dans les années 1950, en pleine Guerre froide pour affaiblir le bloc communiste de l’intérieur, utilisant différents paravents d’associations d’entraide humanitaire et sanitaire, d’alphabétisation et – bien-sûr – de médias dits « démocratiques » avec beaucoup de guillemets : Radio Free Americia, Free Europe, Free tout ce qu’on veut… Quelques-unes de ces ONG : National Endowment for Democracy (NED), National Democratic Institute (NDI), Freedom House, Open Society Institute et la fameuse Otpor – qui signifie en serbe cyrillique « résistance ».
Optor dernière a été créée en 1998 avec le soutien du National Endowment for Democracy et du milliardaire d’origine hongroise George Soros.
Après la casse de l’ex-Yougoslavie, Otpor est devenue le centre de formation pour « l’action non violente » et a produit de nombreux activistes « révolutionnaires » notamment en Géorgie, en Ukraine, en Biélorussie, aux Maldives, en Égypte et, dernièrement, au Venezuela.
Et la recette est tellement efficace qu’elle continue d’être consciencieusement appliquée dans les pays qui ont l’audace de ne pas se conformer aux injonctions de Washington, de Londres, des autres chancelleries européennes, de Tel-Aviv et des pays du Golfe, c’est-à-dire des principaux acteurs de la mondialisation ultralibérale actuelle.
Car c’est bien la question essentielle. Les révolutions française (1789), russe (1917), chinoise et cubaine (1949), algérienne (1954) et sandiniste (1979) ont provoqué de profonds basculements historiques, marquant un avant et un après décisifs de « substance », au sens hégélien du terme.
Dans cette séquence contradictoire, qui fait progresser « la raison dans l’histoire », la révolution nationale algérienne tient une place tout à fait particulière parce qu’elle met fin à une occupation et une exploitation coloniale qui perdurait depuis 1830.
Et aujourd’hui encore, la révolution algérienne demeure emblématique et centrale dans la vie et la mémoire des peuples, parce qu’elle incarne une victoire sans appel sur le fait colonial, renvoyant définitivement ce mode de gouvernance aux oubliettes de l’histoire.
L’affirmation d’une Algérie nationale, souveraine et indépendante reste une menace et un défi pour les tenants et profiteurs des derniers colonialismes en acte et en puissance, au premier rang desquels l’entité sioniste, son « État juif » d’apartheid qui occupe, annexe, colonise et opprime les Territoires palestiniens.
Plus largement, l’existence d’une Algérie souveraine et indépendante gêne les protagonistes et les profiteurs de la mondialisation contemporaine: ultralibérale, anglo-saxonne, destructrice des ressources naturelles et de la liberté des peuples.
L’obsession de cette machinerie morbide : casser les États-nations, les services publics et les politiques de redistribution sociale.
L’Algérie gêne encore doublement les apprentis sorciers de la mondialisation : d’abord parce que c’est un grand pays pétrolier et gazier qui pèse au sein des organisations des pays producteurs et exportateurs. Et quelles que soient les variations du prix du baril, ces ressources algériennes – gérées nationalement – font obstacles aux intérêts des États-Unis et des pays du Golfe.
L’autre défi algérien –insupportable à tous les nostalgiques du colonialisme– c’est, bien-sûr une diplomatie de non-ingérence et de médiation à l’usage de l’auto-détermination des peuples de Palestine et du Sahara Occidental en passant par de multiplies théâtres africains et asiatiques. La diplomatie algérienne demeure l’un des grands vecteurs d’émancipation et de libération des peuples, parce que sa vraie révolution nationale ne peut être assimilable, sinon récupérée par quiconque.
Encore plus largement, l’affirmation nationale d’une Algérie souveraine et indépendante reste une menace pour les actuels faiseurs de mondialisation, parce que l’État-nation constitue – toujours et encore – la « monade » au sens leibnizien du terme, la cellule indispensable d’une théodicée de la résistance.
Le grand historien de la Méditerranée, Fernand Braudel, nous a enseigné que tout processus d’édification nationale s’inscrit dans une durée longue et contradictoire.
Avant de connaître une relative stabilité constitutionnelle et institutionnelle, le pays de la Révolution française s’est étripé, des siècles durant, entre catholiques et protestants, entre monarchistes et républicains, entre laïcs et cléricaux, la séparation de l’Église et de l’État datant d’une loi de… 1905. Par conséquent, personne n’est en droit de faire la leçon à quelque pays que ce soit… et certainement pas à l’Algérie.
S’adressant à l’intelligence collective, Ahmed Bensaada l’écrit de manière limpide et saisissante: la question n’est pas d’être pour ou contre le Hirak ; la question n’est pas d’exagérer, de nier ou d’instrumentaliser les questions internes qui travaillent la société algérienne, comme toute société au monde.
La vraie question est de rappeler qu’il s’agit de l’affaire des Algériens eux-mêmes, et que ces défis d’avenir ne peuvent être abandonnés à des officines étrangères, dissimulées derrières les masques d’ONG aux financements et feuilles de routes des plus opaques. – Fin de la citation de Richard Labévière.
« Qui sont les ténors auto proclamés du Hirak algérien ? » Edition APIC -2020. Préface de Majed Nehmé; Post face de Richard Labévière.
L’importance stratégique et historique de la révolution algérienne explique sans doute les rancœurs et les aigreurs.
La présence dans l’ouvrage de Ahmed Bensaada de la signature de Majed Nehmé, directeur d’Afrique Asie, http://www.afrique-asie.fr/, la revue de référence des guerres de libération nationale du tiers monde de la décennie 1960-1970, et de Richard Labévière, directeur du site https://prochetmoyen-orient.ch/, à l’expertise mondialement reconnue dans le domaine du « Rhizome islamique », signe, dans l’ordre symbolique, l’alliance de trois mousquetaires, pourfendeurs des contre-vérités sur l’Algérie et du monde arabe, face aux falsificateurs, aux imposteurs, aux hordes atlantistes, islamistes et séparatistes… En un mot face aux vaincus de l’Histoire.
Dans le roman d‘Alexandre Dumas, « Les trois mousquetaires » sont en fait quatre: D’Artagnan, Athos, Pothos et Aramis. Dans l’affaire algérienne, le quatrième mousquetaire n’est autre que le signataire de ce texte. Mais cela, le lecteur, perspicace, l’avait déjà aisément déduit.
source : https://www.madaniya.info
envoyé par Rania Tahar
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