Le retrait du contingent américain d’Allemagne : Trump garde le silence

Le retrait du contingent américain d’Allemagne : Trump garde le silence

Des deux côtés de l’océan Atlantique on attend du président américain la confirmation officielle du retrait de 9.500 militaires, soit plus d’un tiers du contingent américain de 34.500 soldats se trouvant en Allemagne. Donald Trump continue de garde le silence.

Ce samedi 13 juin, lors de son discours à West Point il n’a pas profité de l’occasion pour expliquer la situation. Alors que le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Ullyot a fait une déclaration qui ne confirme ni réfute le plan présidentiel de réduire le contingent en Allemagne. Par ailleurs, l’ambassadeur américain à Berlin Richard Grenell, qui termine son mandat, a confirmé la semaine dernière au tabloïde allemand Bild la véracité de la déclaration faite au Wall Street Journal que les Américains « payent trop » pour la sécurité d’autres pays. « Les contribuables américains ne veulent plus trop payer pour la défense d’autres pays », a-t-il déclaré. Et d’ajouter qu’à terme les forces américaines seraient également retirées de Corée du Sud et du Japon, et que ces chiffres de réduction de la présence américaine étaient évoqués au sommet de l’Otan en décembre 2019.

Cependant, un responsable américain a confirmé au média NPR qu’un tel plan de réduction de la présence militaire américaine existait réellement, mais aucun ordre n’a été signé à ce sujet.

Le gouvernement allemand a également confirmé le communiqué du WSJ en annonçant que la chancelière allemande Angela Merkel avait été informée que les États-Unis étudiaient la possibilité de retirer leurs troupes du pays. Mais cela a démenti l’affirmation du WSJ que l’Allemagne n’a pas été officiellement notifiée du retrait.

Autre confirmation – 22 républicains membres du Comité des forces armées de la chambre des représentants du congrès on écrit une lettre au président Trump déclarant être « très préoccupés » par l’éventuel plan du retrait des forces d’Europe. « Nous pensons que de telles démarches infligeront un sérieux préjudice à la sécurité nationale des États-Unis, ainsi que renforceront les positions de la Russie à notre détriment », stipule la lettre. Le Maison blanche n’a pas encore répondu publiquement à cette lettre.

Jeudi 11 juin, le quotidien américain Washington Post a précisé que le Conseil de sécurité nationale auprès du président avait effectivement préparé un mémorandum sur l’éventuel changement du nombre d’effectifs déployés à l’étranger. Mais Donald Trump ne l’a pas signé, alors que le Pentagone n’a reçu aucun ordre de retrait d’Allemagne, a annoncé l’administration présidentielle. Le Washington Post suppose donc que « la bataille autour du retrait des forces américaines ne fait que commencer ».

L’ancien chef de l’armée américaine en Europe le général à la retraite Ben Hodges pense que si cette information concernant le retrait était vraie, alors ce serait une décision politique à 100%. La présidentielle américaine se tiendra cette année et le président a promis que les soldats américains rentreraient chez eux d’Afghanistan et d’Irak. C’est pourquoi cela pourrait faire partie d’une stratégie politique dans le cadre de la campagne de Donald Trump.

En ce qui concerne la stratégie militaire, dans une interview au média polonais Defence24.pl Ben Hodges a qualifié le retrait éventuel des forces américaines d’Allemagne d’ »erreur colossale ».

Premièrement, son annonce via une fuite d’information dans la presse porte atteinte à la cohésion de l’Otan. Cette décision n’est pas prise en coordination avec l’Allemagne, le commandement de l’Otan ou d’autres alliés.

Deuxièmement, cette décision, si elle était prise, serait un cadeau pour le Kremlin, car ce dernier n’a pas changé son comportement d’une manière qui justifierait la réduction du potentiel militaire des États-Unis en Europe. Autrement dit, selon Ben Hodges, la Russie n’a rien fait pour bénéficier d’un tel avantage.

Troisièmement, il n’existe aucun lien entre l’analyse stratégique et les chiffres avancés concernant le retrait des troupes. « Aucune analyse stratégique n’arrive à la conclusion que le retrait de 9.500 militaires sur les 34.000 déployés en Allemagne est une bonne décision », affirme Ben Hodges.

Ce dernier pense que l’éventuelle projection de forces permanentes américaines d’Allemagne en Pologne « pourrait porter atteinte à la cohésion de l’Otan ». Il est fort probable que les pays d’Europe occidentale interprètent cette démarche comme une violation de l’acte fondateur Otan-Russie. Le général Hodges prône le renforcement de la présence américaine en Pologne, en Lituanie, dans d’autres pays baltes et en Roumanie en rotation, et non leur déploiement permanent. De cette manière, les États-Unis éviteraient l’approfondissement de la division au sein de l’Otan.

D’autres experts expliquent la « décision de Trump » par la crise fondamentale dans les relations américano-allemandes. Car les relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni sont « particulières », mais les relations entre les États-Unis et l’Allemagne sont la clé de la sécurité européenne depuis 70 ans.

La décision de retirer les troupes a été prise seulement quelques jours après la dernière querelle entre Donald Trump et Angela Merkel, cette fois à cause de la décision de cette dernière de ne pas assister au sommet du G7 aux États-Unis, et avant cela – à cause de son opposition à l’idée du président américain d’inviter le président russe Vladimir Poutine à se joindre au groupe.

Le président Trump considérait longtemps la chancelière Merkel plutôt comme une antagoniste qu’une alliée. Et il est fort probable que le problème principal soit posé par la tentative de Donald Trump de sanctionner la chancelière récalcitrante. « Par un geste Trump a une nouvelle fois mis en évidence le caractère capricieux et vengeur de sa politique étrangère. »

Cependant, la raison pourrait être plus profonde que les caractéristiques personnelles du président Trump. L’immense excédent de la balance commerciale de l’Allemagne a entraîné d’importantes frictions entre l’Europe et les États-Unis. A cet égard, le New York Post a rappelé un épisode récent. En juillet 2018, lors d’un entretien avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, Donald Trump lui a demandé pourquoi les États-Unis défendaient l’Allemagne soi-disant contre la Russie, tandis que ce pays participe à un accord énergétique avec la Russie. « L’Allemagne est entièrement contrôlée par la Russie parce qu’elle recevra entre 60 et 70% de son énergie depuis la Russie via le nouveau gazoduc », a déclaré Donald Trump. Et de poursuivre: « Alors, nous défendons l’Allemagne, nous défendons la France, nous défendons tous ces pays. Et tous ces pays signent un accord pour un nouveau gazoduc avec la Russie et versent des milliards de dollars au trésor russe. Et je pense que tout cela est inadmissible. » De cette manière, le retrait annoncé pourrait être considéré comme une « punition » pour l’Allemagne pour le soutien du projet de gazoduc Nord Stream 2. Autrement dit, pour l’opposition aux plans américains de conquête du marché énergétique américain.

L’expert militaire allemand Bastian Giegerich de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) a averti que « le retrait des troupes sape les efforts américains depuis des années de rassurer les alliés européens et de renforcer la position de l’Otan pour contenir la Russie ». Et de conclure que cette décision jetterait de l’huile sur le feu du débat concernant une plus grande autonomie de la défense européenne avec une moindre dépendance de l’Amérique.

L’hebdomadaire américain Newsweek a publié un article de Daniel DePetris, qui soutient avec des arguments rationnels l’idée de la réduction de la présence militaire américaine en Europe et notamment en Allemagne. Il explique que presque 30 ans se sont écoulés depuis la chute de l’Union soviétique. Le monde a significativement changé depuis. La Chine est devenue la deuxième économie mondiale, alors que l’économie globale est devenue plus interdépendante. Cependant, la vision américaine de l’Europe reste coincée dans les années 1980 comme si des troupes soviétiques se trouvaient à quelques kilomètres de l’Elbe.

Il ne fait aucun doute, selon l’expert, que les relations transatlantiques traversent une période difficile. Une grande partie de la tension concerne certaines personnalités au niveau du gouvernement. Mais il ne faut pas non plus oublier la politique générale. Malgré le stéréotype que les intérêts des États-Unis et de l’Europe sont toujours en parfait accord, la réalité est telle que Washington et l’UE adoptent des positions différentes quant au commerce et aux relations avec la Chine et l’Iran, ainsi que la maîtrise des armes stratégiques. La dérive de l’Europe vers la région Asie-Pacifique en tant qu’étape de concurrence géopolitique au XXIe siècle forcera les politiques américains à réfléchir où Washington doit déployer ou réduire ses troupes.

La Guerre froide est terminée, c’est pourquoi la politique des États-Unis en Europe doit correspondre aux réalités actuelles.

Le Washington Post reconnaît que les États-Unis ont besoin de véritables débats nationaux « sur la modernisation des forces d’outre-mer ». L’administration Trump retire des milliers de militaires d’Afghanistan et menace de retirer l’ensemble du contingent malgré l’absence de progrès en matière de sécurité. Le président américain a annoncé deux fois le retrait des forces américaines de Syrie et à chaque fois revenait sur sa décision. « Les guerres interminables » sont une chose, mais le déploiement de forces américaines en Europe et en Asie en est une autre.

Outre le débat sur les intentions stratégiques, les experts américains expriment également un pragmatisme financier ordinaire. Les militaires américains ont déjà investi dans l’infrastructure militaire en Allemagne des milliards de dollars. La base aérienne de Ramstein est la plus grande base américaine en dehors des États-Unis. Le centre médical de Landstuhl est le plus grand hôpital militaire américain en dehors des États-Unis. Le polygone de Grafenwoehr est l’un des rares complexes d’entraînement high-tech et le seul de ce niveau en dehors des États-Unis.

L’expert américain du parti républicain pour la politique étrangère Mike Gallagher déclare : « Les troupes qui quittent l’Allemagne devront aller quelque part, et où qu’elles aillent elles ne bénéficieront pas du soutien financier allemand ».

Si les Polonais acceptaient de prendre entièrement en charge le déploiement des forces américaines projetées sur leur territoire, alors la décision de retirer les troupes d’Allemagne serait pragmatique. L’opinion publique polonaise a cru initialement que la présence de forces américaines sur le sol polonais (contrairement aux « russes ») serait financièrement bénéfique pour les Polonais. Mais pour l’instant l’agence de presse Reuters indique que les consultations américano-polonaises concernant le financement polonais d’une base américaine permanente sur le territoire polonais avancent difficilement.

source : http://www.observateurcontinental.fr

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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