Anti-euro, anti-gouvernement, et ne croyant pas à l’épidémie du Covid-19, les Gilets oranges ont manifesté dans plusieurs villes d’Italie. Et ce, sans masque et sans respecter les règles de distanciation physique.
Quelques centaines de manifestants appartenant au mouvement dit des Gilets oranges, rappelant les Gilets jaunes français, ont manifesté le 2 juin, jour de la fête nationale de la République italienne, sur la Piazza del Popolo à Rome, au bout de la via del Corso, aux cris de « Liberté, Liberté », sans porter de masque et sans respecter les règles de distanciation physique.
Ce mouvement protestataire qui s’affirme « ni de droite ni de gauche », a été créé en 2019 par un ancien général des carabiniers à la retraite, Antonio Pappalardo, qui s’est présenté aux élections régionales en Ombrie (centre de l’Italie) sans obtenir aucun siège. Le mouvement, qui réclame la démission du gouvernement et des élections anticipées pour élire un nouveau Parlement, plaide aussi pour le rétablissement de la lire italienne comme monnaie nationale en lieu et place de l’euro.
Parmi ses militants, reconnaissables à leur gilet orange, certains affirment que le coronavirus n’existe pas ou encore qu’il s’agirait d’un complot ourdi par la finance mondiale, raison pour laquelle ils refusent de porter un masque de protection. Les discours remettant en cause l’épidémie sont d’ailleurs directement portés par leur leader Antonio Pappalardo, dans des propos relayés par plusieurs médias, dont : « Les masques et les vaccins sont dangereux. »
Si certains médias italiens ont affirmé que les Gilets oranges étaient proches de CasaPound, dont certains militants ont effectivement manifesté au même moment le 30 mai à Rome, le fondateur de ce mouvement néofasciste Simone di Stefano a assuré dans une vidéo qu’il n’existait « aucune coordination entre CasaPound et les Gilets oranges de Pappalardo ».
Des rassemblements partout en Italie Le 30 mai, des médias italiens tels que le quotidien Corriere della Sera, constataient également les rassemblements, sans distanciation physique, de centaines de Gilets oranges dans plusieurs villes italiennes comme Milan, Bergame, Turin, Florence, Palerme ou encore Bologne.
Le maire de Milan Beppe Sala avait réagi dans la foulée sur Twitter : « J’ai demandé au préfet de dénoncer les organisateurs de la manifestation des soi-disant Gilets oranges. Un acte irresponsable dans une ville comme Milan qui tente laborieusement de sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouve. »
La préfecture de police, selon le quotidien, avait fait savoir que les manifestants seraient dénoncés pour la violation du décret contre la diffusion du Covid-19, notamment par l’identification à travers les images prises lors du rassemblement. Si le discours anti-système porté par les Gilets oranges semblerait a priori servir à l’ancien ministre de l’Intérieur et chef de file du mouvement de droite nationale de la Ligue, Matteo Salvini, il n’en est rien. Preuve en est le jugement très critique porté par le leader des contestataires, Antonio Pappalardo à son égard le 2 juin, lui reprochant, entre autres, de lui avoir « volé » une interview.
Les Gilets oranges dans le viseur des partis politiques italiens
Sans surprise, ces mobilisations n’ont pas du tout plu à la majorité des partis politiques, l’Italie connaissant une crise sanitaire importante. Plusieurs élus ont dénoncé ces rassemblements comme le porte-parole du Mouvement 5 étoiles en Lombardie, Marco Fumagalli, dans des propos relayés par l’agence de presse italienne Ansa : « Si demain les infections augmentent, qui en sera responsable ? » La journaliste et députée du Parti démocrate, Alessia Rotta, accuse aussi l’une des prises de parole tenues par une Gilet orange : « Complotistes, anti-vaccin, négationnistes. La dame a raison : l’école est importante précisément pour éviter la dérive politique et culturelle dont elle est la parfaite représentante. »
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