Une nouvelle page s’ouvre dimanche en Israël avec le début du procès de Benjamin Netanyahu qui devient ainsi le premier chef de gouvernement de l’histoire du pays à faire face à des accusations criminelles, de corruption, en cours de mandat.
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Après 17 mois d’une crise électorale au cours de laquelle il a joué sa « survie politique », M. Netanyahu est attendu au tribunal du district de Jérusalem pour une nouvelle bataille, judiciaire cette fois.
Deux heures avant le début des procédures, plus d’une centaine de ses supporters, drapeaux israéliens au vent, se sont rassemblés à proximité du tribunal quadrillé par la police.
« Benjamin Netanyahu, le peuple est avec toi », scande un homme, tandis qu’une dame brandit une pancarte en hébreu sur laquelle est inscrit « Procès Dreyfus 2020 », en référence au retentissant scandale ayant mêlé erreur judiciaire et antisémitisme en France au tournant du 20e siècle.
Benjamin Netanyahu est un habitué des premières. Premier chef de gouvernement de l’histoire d’Israël né après la création du pays, plus pérenne des premiers ministres israéliens, plus farouche adversaire de l’Iran…
Avant lui, Ehud Olmert, ancienne étoile du Likoud, son parti, avait déjà été inculpé – après avoir démissionné – pour corruption, puis reconnu coupable d’avoir touché des pots-de-vin avant de croupir 16 mois en prison.
Benjamin Netanyahu, 70 ans, est accusé d’avoir reçu pour 700 000 shekels (275 000 dollars) de cigares, champagne et bijoux de la part de personnalités richissimes en échange de faveurs financières ou personnelles.
Cas « sans précédent »
Selon les enquêteurs, M. Netanyahu aurait aussi tenté de s’assurer une couverture favorable par le plus grand quotidien payant d’Israël, le Yediot Aharonot.
Et surtout, la justice le soupçonne d’avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron de la société israélienne de télécommunications Bezeq en échange d’une couverture médiatique favorable d’un des médias du groupe, l’influent site Walla.
Des trois affaires, c’est cette dernière qui est la plus explosive, mais peut-être aussi la plus complexe.
« Dans les cas classiques de corruption, tout tourne autour de l’argent (…), mais là il s’agit de corruption pour obtenir une couverture de presse favorable. C’est sans précédent », note Amir Fuchs, chercheur à l’Institut démocratique d’Israël, centre de recherche à Jérusalem.
« Ce n’est pas simplement offrir une couverture favorable (…), mais lui accorder un contrôle éditorial total sur les textes et les photos spécifiques », ajoute-t-il.
Après des mois de suspense, le procureur général Avichaï Mandelblit a inculpé M. Netanyahu en novembre 2019, ce qui avait été considéré alors comme un « arrêt de mort politique » par ses détracteurs.
Mais « Bibi », comme le surnomment les Israéliens, a réussi à se maintenir à la tête de son parti, à terminer en première place aux dernières législatives, à négocier un accord de partage de pouvoir avec son rival Benny Gantz et à rester premier ministre.
« Conflit d’intérêts »
Son procès devait s’ouvrir mi-mars, mais la pandémie de Covid-19 a repoussé l’échéance. Les avocats de M. Netanyahu avaient demandé à ce qu’il n’ait pas à se présenter à l’ouverture dimanche d’un procès qui pourrait s’étirer sur plusieurs mois, voire des années en incluant de possibles appels.
Mais le tribunal a confirmé cette semaine qu’il devait être présent à l’audience, au cours de laquelle seront lus les actes d’accusation : « Une personne ne peut être jugée pour des allégations criminelles qu’en sa présence ».
En Israël, le premier ministre ne dispose d’aucune immunité judiciaire, mais, à la différence des autres élus et des fonctionnaires, il n’a pas à démissionner ou à se retirer le temps de son procès.
Pour Yuval Shany, professeur de droit à l’université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu se retrouvera en « conflit d’intérêts » car il est à la fois « chef du gouvernement et donc responsable d’un nombre important de décisions pouvant affecter la vie des gens » et « accusé en lutte contre les institutions gouvernementales qui le poursuivent ».
Il serait donc dans la position de diriger un gouvernement, mais aussi de l’affaiblir, d’où la question pour la population de savoir si ses décisions seront prises dans l’intérêt du pays ou dans celui d’un premier ministre inculpé, relève M. Shany.
À l’issue de la première journée, les trois juges du tribunal de Jérusalem choisis par la Cour suprême pour cette affaire pourront demander au premier ministre d’assister à différentes audiences.
Le principal intéressé plaide son innocence, dénonce un complot ourdi par la justice contre lui, mais pourrait aussi, à tout moment d’ici le verdict, « négocier une peine » avec le procureur comme l’y autorise le droit israélien.
Netanyahu dit se présenter la « tête haute » à son procès pour corruption
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit se présenter la « tête haute » à l’ouverture dimanche de son procès pour corruption à Jérusalem, dénonçant des accusations « ridicules » contre lui.
« Je me présente à vous le dos droit et la tête haute », a déclaré M. Netanyahu lors d’une allocution à son entrée à la cour de Jérusalem dans laquelle il a dénoncé des charges « ridicules » de corruption, abus de confiance et malversations qui pèsent contre lui.
M. Netanyahu, 70 ans, est inculpé dans trois affaires différentes dont l’une, particulièrement sensible, impliquerait des faveurs financières à l’égard d’un PDG d’une société de télécoms en échange d’une couverture favorable d’un des médias de son groupe.
« En 244 ans de démocratie (depuis la révolution américaine, NDLR) il n’y a jamais eu personne inculpée pour avoir reçu une couverture favorable d’un média. Et dans mon cas, la couverture n’était même pas favorable », a ajouté M. Netanyahu qui a dit avoir demandé à ce que les audiences soient diffusées en direct à la télévision.
« J’ai demandé à ce que tout soit diffusé en direct afin que le public puisse tout entendre (directement) et non via le filtre des journalistes (à la solde) du procureur général », a-t-il ajouté accusant ainsi une partie de la presse israélienne de partialité dans cette affaire.
Il s’agit de la première fois de l’histoire d’Israël qu’un chef de gouvernement fait face à des accusations criminelles au cours de sa mandature.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec