L’équipe de campagne du candidat démocrate à la présidentielle américaine, Joe Biden, annonce que l’ex-vice-président promet de déchirer le projet de l’oléoduc Keystone XL s’il accède à la Maison-Blanche.
C’est la première fois que Joe Biden se prononce sur le controversé projet qui vise à transporter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta vers les raffineries américaines sur la côte du golfe du Mexique. La déclaration a été faite au média Politico par des responsables de son équipe de campagne.
Il ne s’agit pas d’une surprise puisque Joe Biden s’était déjà opposé au projet par le passé lorsqu’il était membre du gouvernement Obama. L’ex-président Barack Obama avait officiellement rejeté, en 2015, le projet mené par l’entreprise de Calgary TC Energy.
« Arrêter Keystone était la bonne décision à l’époque et c’est toujours la bonne décision maintenant. En fait, c’est encore plus important aujourd’hui », a déclaré la directrice des politiques de la campagne de Joe Biden, Stef Feldman, dans une déclaration écrite, rapportée pour la première fois par Politico.
Pendant ce temps, Donald Trump a passé « tous les jours de sa présidence » à ignorer la crise climatique imminente, aggravant les choses en retirant les États-Unis de l’accord de Paris, en affaiblissant les normes nationales sur les carburants et en abrogeant les réglementations sur la pollution de l’air et de l’eau, a poursuivi Stef Feldman.
« Ce déni de la science prend fin le premier jour d’une présidence Biden », a-t-elle déclaré. « Biden s’est fermement opposé au pipeline Keystone lors de la présidence de Barak Obama, il s’est tenu aux côtés du président Obama et du secrétaire d’État John Kerry pour le rejeter en 2015, et se tiendra fièrement dans la salle Roosevelt en tant que président et l’arrêtera définitivement ».
Le porte-parole de TC Energy, Terry Cunha, a publié lundi un communiqué dans lequel il ne fait pas référence aux commentaires de la campagne de Joe Biden. Il a plutôt vanté les vertus de Keystone XL en tant que moteur de l’investissement et de la croissance de l’emploi « à une époque d’incertitude économique et de chômage sans précédent ».
« Le projet stimulera éventuellement des millions de dollars de nouvelles taxes provinciales, étatiques et locales le long du tracé du gazoduc et garantira également que nos besoins énergétiques seront satisfaits avec une production nord-américaine, améliorant ainsi la sécurité de nos chaînes d’approvisionnement nationales », peut-on lire dans le communiqué.
Aucun autre projet de pipeline n’a été examiné de manière aussi approfondie que Keystone XL, a-t-il ajouté, « et chaque étude avait carrément conclu qu’il pouvait être construit de manière sûre et respectueuse de l’environnement ».
Le prolongement de l’oléoduc — un tracé de 1900 kilomètres entre l’Alberta et le Nebraska — a été miné par les délais, les manifestations d’opposants et la multiplication des injonctions depuis le début du projet. Il est devenu un symbole pour les environnementalistes, en 2011, quand des vedettes ont rejoint les manifestants devant la Maison-Blanche.
Depuis, le successeur de Barack Obama, le président Donald Trump, a donné son aval à la construction de l’oléoduc, mais un juge fédéral du Montana a mis un frein au chantier le mois dernier. Le tribunal s’est prononcé à la suite d’une plainte de groupes écologistes selon lesquels l’évaluation d’impact sur des espèces menacées n’aurait pas été effectuée adéquatement.
« Le rejet du pipeline Keystone XL est la pierre angulaire de tout plan significatif pour faire face à la crise climatique », a déclaré Tamara Toles O’Laughlin, directrice nord-américaine de 350 Action, l’aile politique du groupe de justice climatique 350.org.
« Les premières nations, les agriculteurs et les éleveurs, et de nombreuses communautés qui ont résisté à Keystone XL pendant plus d’une décennie savent que ce pipeline ferait échouer tous les plans de survie et d’adaptation au climat. »
En parallèle, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, s’est engagé à investir 1,1 milliard $ dans le projet alors que son gouvernement progressiste-conservateur poursuit ses efforts pour relancer le secteur de l’énergie. Les pétrolières ont été durement affectées par la chute record des prix du pétrole et les conséquences de la pandémie de la COVID-19.