L’Organisation mondiale de la santé a condamné comme « dangereux » le concept d’immunité collective dans le cadre de la gestion de l’actuelle pandémie. Le Dr Michael Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, a déclaré qu’il était faux de penser que les pays peuvent « comme par magie » immuniser leurs populations contre le Covid-19.
En mars, il a été rapporté que le gouvernement britannique espérait obtenir une immunité collective en permettant au virus de se propager dans la population. Le ministre de la santé Matt Hancock a nié que cela ait jamais fait partie de la stratégie du gouvernement. Le Dr Ryan a déclaré lors d’un point de presse à Genève :
« Les humains ne sont pas des troupeaux [herd immunity pour « immunité collective » en anglais, herd voulant dire « troupeau » – NdT] et, en tant que tel, le concept d’immunité collective est généralement réservé au calcul de la population globale et à celui du nombre de personnes qui devront être vaccinées afin de produire cet effet. »
Le directeur de l’OMS a ajouté :
« Je pense donc que l’idée selon laquelle « les pays qui ont adopté des mesures laxistes et n’ont rien fait atteindront peut-être et subitement, comme par magie, une certaine immunité collective, et qu’est-ce que cela peut faire si nous perdons quelques personnes âgées en cours de route ? » est un calcul vraiment dangereux, très dangereux. »
L’immunité collective est un concept épidémiologique généralement réservé à la description de la protection d’une population contre une maladie en fonction des niveaux de personnes vaccinées. Par exemple, lorsque 90 à 95 % de la population est vaccinée contre la rougeole, cela devrait suffire à protéger d’autres personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner — comme les bébés avant qu’ils n’atteignent l’âge auquel ils peuvent être vaccinés.
Sir David King, l’ancien conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique, a suggéré fin avril que les ministres pourront toujours discrètement poursuivre leurs recherches d’immunité collective une fois qu’ils auront « assoupli » leurs tests pour amorcer une levée progressive des restrictions.
« Allons-nous tenter de créer une immunité collective ? En d’autres termes, la stratégie consisterait-elle à laisser le virus se propager de sorte qu’une grande partie de notre population développe des anticorps et, qu’étant tous devenus résistants au virus, le confinement pourrait alors être levé ? »
Le Dr Ryan a déclaré espérer que l’Allemagne et la Corée du Sud seront en mesure d’empêcher la formation de nouveaux foyers de Covid-19, et a fait l’éloge de leurs programmes de surveillance par dépistage et traçage numérique, qui sont, selon lui, essentiels pour éviter les grandes vagues ultérieures.
« Nous voyons maintenant un peu d’espoir alors que de nombreux pays sortent de ces soi-disant confinements », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse internationale, ajoutant qu’une « vigilance extrême » était toujours nécessaire. Le Dr Ryan souligne aussi que,
« Les États membres responsables prendront l’ensemble de leur population en considération — ils accordent de l’importance à chaque membre de la population et ils tentent tout leur possible pour protéger la santé tout en protégeant, bien évidemment, la société et l’économie, entre autres choses. C’est une maladie grave, c’est l’ennemi public numéro un, nous l’avons dit et répété, encore et encore. »
Le Dr Maria Van Kerkhove, responsable technique de la réponse de l’OMS face au Covid-19, a déclaré que les données préliminaires des études ont montré que de très faibles niveaux de la population ont en fait été contaminés par la maladie. Voici ce qu’elle a déclaré lors de la conférence de presse à Genève :
« Une tendance constante semble jusqu’à présent exister, à savoir qu’une faible proportion de personnes possèdent ces anticorps. Et c’est important… parce que vous avez mentionné ce terme d’« immunité collective », qui est normalement une expression utilisée dans le cadre de la vaccination. Quel pourcentage de la population devrait avoir développé une immunité pour protéger tous les autres ? Nous ne connaissons pas exactement ce pourcentage nécessaire en ce qui concerne le Covid-19. Mais il devra être certainement plus élevé que ce que nous constatons dans les études de séroprévalence. »
La séroprévalence fait référence au niveau de présence d’un agent pathogène dans une population donnée qui est mesuré dans le sérum sanguin. Le Dr Van Kerkhove a ajouté : « Ce que les études séro-épidémiologiques nous indiquent, c’est qu’une grande partie de la population y est toujours exposée. »
Source de l’article initialement publié en anglais le 12 mai 2020 : Independent
Traduction : Sott.net
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)