Renée Claude, la douceur incarnée

Renée Claude, la douceur incarnée

L’auteur est membre des Artistes pour la paix

Artiste discrète, sans être effacée, capable d’exprimer en peu de mots la sagesse dont elle était imprégnée, je l’observais à la dérobée, impressionné, alors que j’entrais pour la première fois au conseil d’administration dont elle faisait partie aux Artistes pour la Paix en 1985, si j’ai bonne mémoire… avez-vous remarqué que ceux qui utilisent cette expression ne l’ont justement pas bonne du tout? Veuillez pardonner cette maladroite entrée en matière pour un article en hommage à une personne dont la mémoire a été dérobée par la terrible maladie de l’Alzheimer, terrible surtout pour son conjoint survivant Robert Langevin, à ses côtés jusqu’à la fin survenue hier et à qui vont nos pensées.

Trois chansons préférées :

– « Tu trouveras la paix » magistralement interprétée le 15 novembre 2019 à la Maison Symphonique de la Place des Arts par l’Orchestre Symphonique de Montréal et onze chanteuses admiratrices du ton vibrant que Renée Claude empruntait ; non, décidément, ce n’est pas le bon mot : elle n’empruntait pas les chansons qu’elle interprétait, elle les faisait totalement siennes, par son indicible pureté d’âme !

– La cérémonie des Artistes pour la Paix du 23 avril 2018 récompensant 3 artistes[i] a rendu hommage à André Gagnon, entre autres pour son œuvre Nelligan. Dans cet opéra, elle  interprète « l’indifférence », un défi qu’elle relève en renonçant en outre si humblement aux crescendi lyriques que la totale maîtrise de sa voix lui aurait cent fois permis, afin de livrer, en grande artiste qu’elle était, l’émotion de son personnage. Quelle interprétation marquante!

– «  C’est le début d’un temps nouveau », un hymne patriotique à l’idéal politique un peu ronflant délicieusement détourné par les références à l’amour libre de la nouvelle et féministe Québécoise. Ici, pas question pour elle de se laisser entraîner par une passion théâtrale personnelle et fragile à la Pauline Julien ou à la Monique Leyrac que nous venons de pleurer ; non, c’était une interprétation MUSICALE avant tout, se hissant vers les hauteurs sans effort ni intention virtuose, avec un amour naturel pour la grandeur des mots et un abandon aux mélodies douces de Stéphane Venne, jamais ostentatoires, comme ses robes, ses cheveux noirs encadrant la braise de ses yeux et son sourire irradiant communicatif. Pas une communication de scène avec les spectateurs, non, une évasion vers le ciel…

Quelques témoignages émouvants partagés dans Le Devoir et dans les pages du Journal de Montréal s’ajoutent aux références incontournables de ses amies Clémence Desrochers, Louise Forestier, Monique Giroux et la regrettée Hélène Pedneault:

« Grand repos si mérité à LA reine d’entre toutes…» – Ariane Moffatt   

« Merci pour tout Renée Claude. Je vous souhaite la paix parmi les étoiles. Votre voix nous accompagnera longtemps encore.» – Vincent Vallières   

« Chère Renée Claude tu en auras tellement enduré. S’il y a un paradis, que ses portes te soient grandes ouvertes. Requiescat In Pace » – Danièle Lorain

« J’apprends avec tristesse le départ d’une grande montréalaise et d’une des + grandes interprètes de l’histoire du Québec. Renée Claude aura influencé tant de femmes en chanson. J’ai une pensée d’amour et de paix, qu’elle chantait si bien, pour sa famille et ses proches.» – Valérie Plante, mairesse de Montréal  

« Renée Claude fut l’une des plus grandes chanteuses du Québec. Que dis-je, elle sera toujours l’une des plus grandes chanteuses du Québec. Grande dans le plus beau des sens. Avec de la grandeur. Du cœur. Mes condoléances à tout le Québec.» – Stéphane Laporte   

 « Merci infiniment pour son interprétation de SHIPPAGAN composée par Michel Conte. Renée Claude était venue faire le lancement de cette chanson à Shippagan vers la fin des années 60. J’étais allé la reconduire à la gare de Bathurst après le spectacle. Elle était accompagnée de François Dompierre. Beaux souvenirs. – Paul-Émile Rioux

 

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