Les libérateurs au drapeau rouge

Les libérateurs au drapeau rouge

par Bruno Guigue.

Célébration de la victoire sur le nazisme, le 8 mai est l’occasion de rappeler qui a payé le prix fort pour nous en débarrasser : l’Union Soviétique. De Moscou à Stalingrad, de Stalingrad à Koursk, de Koursk à Berlin, l’Armée rouge a éliminé la machine de guerre hitlérienne. Mais demander simplement qu’on le reconnaisse est sans doute beaucoup trop demander. Admettre que l’Armée rouge a libéré le monde de cette folie meurtrière fait partie des aveux dont l’Occident est incapable. Abreuvé des sornettes de Hannah Arendt, il croit dur comme fer qu’Hitler et Staline étaient des frères jumeaux et qu’ils conspiraient pour dominer le monde. Rien de tel, décidément, pour alimenter la nouvelle guerre froide, calomnier la Russie, et se présenter comme un parangon de vertu.

Mauvaise foi sans limite d’une propagande qui réécrit l’histoire à sa guise. Autopromotion d’un Occident qui occulte ses propres turpitudes. Il ne lui suffit pas d’avoir attendu juin 1944 pour ouvrir un second front contre le Reich, laissant ainsi à l’armée soviétique la tâche colossale de vaincre la Wehrmacht. Il faut qu’il nie avoir commis cet abandon, qu’il se vante de ses exploits et qu’il se présente ingénument comme son propre libérateur. Quel lycéen français a entendu parler de l’opération Bagration, conduite par Joukov à l’été 1944, qui a détruit plusieurs armées allemandes et rendu possible le débarquement allié en Normandie ?

On va nous raconter que le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 est la cause de la Seconde Guerre Mondiale, oubliant au passage ces accords de Munich, le 30 septembre 1938, où les glorieuses démocraties ont vendu la Tchécoslovaquie pour le plat de lentilles d’une paix illusoire. Mais peu importe : en histoire, la chronologie est secondaire, disent les nouveaux pédagogues. Il ne manquera pas non plus d’experts pour accréditer la thèse d’une connivence entre Moscou et Berlin, alors que les élites occidentales ont joué Hitler contre Staline, et obstinément refusé les offres soviétiques visant à constituer un front commun contre les fascismes.

L’occultation de l’histoire, dès lors qu’elle ne souscrit pas aux présupposés de l’idéologie occidentale, est tellement commode. Ce n’est pas un hasard s’il est à la base de l’enseignement historique en France : le mythe des jumeaux totalitaires accrédité par Hannah Arendt fournit à cette réécriture de l’histoire un argumentaire en béton armé. Reductio ad hitlerum, la doctrine prescrit de voir dans le totalitarisme un monstre à deux visages. Elle prête à Hitler le vœu de s’entendre avec Staline pour écraser l’Occident libéral, mais sans dire pourquoi la machine de guerre nazie s’est déchaînée contre le peuple soviétique, Hitler invitant ses généraux à mener une guerre totale et à exterminer les cadres communistes.

Cette doctrine assène que l’idéologie et la terreur sont la caractéristique du régime totalitaire, alors qu’ils définissent parfaitement le régime infligé par les puissances européennes aux peuples colonisés. De manière absurde, elle identifie l’idéologie nazie et l’idéologie soviétique, alors qu’il n’y a rien de commun entre la mystique de la race et le marxisme-léninisme. Elle prête au régime totalitaire (à deux faces) des ambitions conquérantes et agressives, en oubliant que la conquête territoriale et le pillage colonial, historiquement, caractérisent à merveille l’Occident capitaliste.

L’inconvénient de la vulgate arendtienne, c’est qu’elle regarde le monde d’un seul œil et qu’il est myope. Au lieu de corriger son interprétation à la lumière des faits, elle tord les faits pour les conformer à son interprétation. Les contradictions de l’histoire passent à la trappe, et elle enfile les abstractions comme on enfile des perles. Prouesses conceptuelles qui tournent à vide, et qui laissent la pensée orpheline d’une matière historique qu’elle a décidé d’ignorer. Loin de ces élucubrations, il y a urgence à ne plus s’en laisser compter. La romance occidentale, d’ailleurs, a-t-elle le moindre succès ailleurs qu’en Occident ?

Comme on connaît la réponse à cette question, il ne reste plus qu’à balayer devant la porte. En ce 8 mai 2020, rendons hommage à nos libérateurs au drapeau rouge.

illustration: Les habitants de Prague accueillent des soldats soviétiques après la libération de la ville de l’armée nazie

source : https://francais.rt.com

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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