Par Khider Mesloub.
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4.05.2020-Terror-English-Italian-Spanish
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La pandémie du coronavirus a remis sur le devant de la scène la terreur de la mort. Le règne de la mort. Mais aussi la mort du règne. Aujourd’hui, la société est terrifiée. Par la grâce des médias tout-puissants, la terreur a été instillée dans tous les pays, les foyers, les cœurs. La terreur de la mort s’est insinuée dans les moindres interstices de la vie. La terreur gouverne l’existence. Nous sommes rentrés dans l’ère de la terreur. La terreur de l’État, du policier. La terreur du chômage, de la pénurie, de la misère. La terreur du virus. La terreur de la mort a envahi le monde entier. (La photo ci-haut montre la terreur policière étatique frapper à la porte d’un citoyen sympathique soupçonné d’être malade du Covid-19 (!!!). Cette photo date du 4 mai 2020).
Dans cette société individualiste, chaque personne était perçue comme un obstacle à l’épanouissement de la liberté de chacun, une menace au développement effréné des désirs égoïstes et égotiques de chacun. L’esprit de coopération collectif avait été pulvérisé depuis longtemps par le capitalisme concurrentiel. Aujourd’hui, avec la crise sanitaire du Covid-19, tout se passe comme si le capitalisme en putréfaction, en proie à la contestation sociale collective, confronté au retour de l’esprit de fraternité exprimé dans les récents mouvements de lutte massive portés par des individus en quête d’idéaux communautaires et fédératifs universels, avait besoin de cette pandémie pour pérenniser le règne de son système individualiste. Le règne du chacun-pour-soi. Le règne du chacun-chez-soi. Loin des agitations politiques et sociales cultivées avec passion ces récentes dernières années par l’humble humanité opprimée régénérée, soulevée contre un système sanguinaire et dégénéré.
Contre tout l’élan de solidarité et l’esprit collectif de lutte, ces dernières années en pleine fermentation, il n’y a pas mieux que la politique de la propagation de la terreur pour briser cette dynamique coopérative révolutionnaire mondiale. D’Alger à Paris, de Beyrouth à Hongkong, jamais l’espace public n’avait été occupé concomitamment avec autant d’ardeur révolutionnaire, de détermination énergique de transformation sociale, de résolution de bouleversement politique, de volonté populaire d’émancipation humaine. Jamais la mort du règne des puissants n’avait été exprimée avec autant d’exaltation populaire. Jamais les puissants n’avaient entrevu la mort de leur pouvoir avec autant de terreur. Mais, à la faveur de l’apparition du coronavirus, les gouvernants ont décidé de prendre leur revanche. De défendre leur ordre établi, leurs intérêts, leurs privilèges, même au moyen de la terreur. De la propagation du coronavirus, illustrée par leur absence de réaction anticipatrice et leur incurie gestionnaire sanitaire. À croire que la propagation de l’épidémie arrange leurs affaires, sert leurs intérêts.
En période de fin de règne des classes dirigeantes, comme le vit actuellement la bourgeoisie en proie à l’effondrement de son système économique, la terreur est un adjuvant indispensable pour perpétuer leur domination vacillante. Et l’apparition du coronavirus est l’occasion inespérée pour impulser ce mouvement de terreur généralisé, prémices de la transition vers le totalitarisme étatique.
Aujourd’hui, à la faveur de la pandémie, on assiste à la mutation de la démocratie libérale en « tyrannie sanitaire », avec comme objectif l’édification de l’État capitaliste totalitaire présenté, dans ce contexte de crise et de terreur, comme le sauveur suprême.
De tout temps, la guerre a été source de sentiment de terreur. Ce n’est pas innocent que la lutte contre le nouveau « bénit » virus a été placée sous les auspices de la guerre par tous les Etats. Symboliquement, ce coronavirus incarne, pour les classes dirigeantes, leur éternel mortel ennemi : le prolétariat viral, létal, positivement contaminé par la rébellion contagieuse. De là s’explique cette rhétorique guerrière proférée à l’annonce de la propagation du coronavirus, résumée dans cette phrase martelée par tous les chefs d’Etat : « Nous sommes en guerre ». Contre leur ami le coronavirus ou leur ennemi le prolétariat ?
Or, contre un virus on se bat pacifiquement, de manière organisée et disciplinée, avec les armes de la science et de la médecine, ainsi que les équipements sanitaires, aujourd’hui partout défaillants. Non avec les armes de la terreur propagées machiavéliquement contre les populations, avec comme dessein de paralyser leur volonté d’auto-défense. L’usage par les gouvernants d’un langage guerrier sert à pallier l’absence de moyens médicaux. Ou plutôt à terrifier les populations pour leur ôter toute velléité d’auto-organisation. Pour reprendre le contrôle des institutions étatiques rudement contestées par le peuple ces dernières années. Pour s’assurer à bon compte une cure de jouvence politique, redorer leur blason moral terni. Et, par voie de conséquence, raffermir leur pouvoir, remobiliser le peuple dans une union nationale propice au rétablissement de la paix sociale et à la perpétuation du pouvoir des puissants.
Au reste, la guerre n’a jamais été l’expression d’une fraternité mais le symbole de la violence. Elle n’a jamais constitué un ferment de solidarité internationale mais le vecteur de la barbarie universelle dont nous entrevoyons les premiers signes dans ce monde en proie aux tensions nationalistes. Toute cette rhétorique belliqueuse des gouvernants trahit leur véritable mobile. Les gouvernants ne sont pas en guerre contre le virus. La preuve : tous les Etats sont incapables d’aligner, dans un esprit de solidarité internationale, des munitions sanitaires et des armées médicaux pour lutter contre le coronavirus. Ces instruments de santé qu’ils ont démantelés et sacrifiés au nom de la rigueur budgétaire. La guerre, aujourd’hui, ils la livrent uniquement contre leurs populations qu’ils ont confinées comme des pestiférés. En vérité, en ces temps troublés, les classes dominantes sont en guerre prophylactique contre les peuples, ces dernières années trop « infectés » par le virus de la rébellion, selon les puissants. Pour preuve, depuis l’apparition de la pandémie, surfant habillement sur l’émotion et la sidération suscitées par la terreur de la mort embusquée derrière chaque personne porteuse potentielle du coronavirus, les gouvernements n’ont pas cessé d’imposer des mesures répressives, décrétées sous couvert de gestion sanitaire. Les gouvernants ne semblent pas s’appliquer les restrictions inhérentes au confinement : ils travaillent d’arrache-pied pour nous arracher nos droits, guillotiner nos conditions sociales, avant de sacrifier nos vies dans la prochaine imminente conflagration militaire mondiale, pour imposer leur nouvel (dés) ordre mondial par la terreur.
Ce « terrorisme démocratique » est la dernière forme de domination de classe. La démocratie n’est pas une abstraction morale, mais un mode de régulation sociale et politique du capitalisme. Aujourd’hui, il le prouve par la métamorphose de son paradigme de régulation sociale et politique. Des lois d’exception sont abondamment adoptées sous prétexte de lutte contre le coronavirus. Le durcissement de l’arsenal juridique s’accompagne d’une répression policière accrue de la population, par ailleurs infantilisée est criminalisée. Nous assistons au raidissement autoritaire de la société inscrite dans une stratégie de contrôle totalitaire social, sous couvert de gestion sanitaire.
Mais ces mesures répressives et ces lois antisociales, loin de se révéler « anti-démocratiques », participent au contraire au bon fonctionnement de la démocratie capitaliste qui repose sur l’exploitation par le travail et sur la représentation parlementaire. Elles s’inscrivent dans une logique répressive globale. Pour preuve : toutes ces mesures répressives et antisociales sont votées démocratiquement par des représentants élus par les « citoyens ». La démocratie dictatoriale est la dernière forme grave de domination politique, opérée en phase finale du capitalisme en état d’apoplexie productive.
L’amplification de la répression ne relève pas du fascisme, mais plus prosaïquement de l’exercice normalisée de la démocratie. La pérennisation d’une classe d’exploiteurs et de représentants politiques induit « naturellement » la répression des classes populaires et des agitations sociales. Le totalitarisme actuel s’inscrit dans la logique démocratique bourgeoise. Il n’y a pas d’Etat à visage humain et l’Etat de droit relève de la mascarade. L’objectif de tout pouvoir n’est pas de protéger les libertés, le peuple, mais d’œuvrer, même par la terreur, à son maintien et à sa pérennité.
Aussi, « la terreur par le virus », distillée dans le corps de la société et la tête de la population, s’inscrit-elle dans le programme de la théorie du chaos développé dans les laboratoires des Etats en guerre contre les classes dominées. Devant la propagation de la terreur de la mort, hystériquement diffusée par les médias aux ordres, l’unique vaccin susceptible d’apaiser la peur du peuple sidéré et meurtri, susceptible d’offrir secours et protection, doit être apporté par l’Etat providentiel, proclament en chœur les clercs du système. Après une phase de déstabilisation de l’Etat, à la faveur du climat d’apocalypse complaisamment alimenté par les classes dominantes, on assiste aujourd’hui à la déification de l’Etat, à la sacralisation de ce sauveur suprême, dernier rempart des puissants. Les peuples seront éternellement redevables à l’État protecteur personnifié par les classes dirigeantes, éternelles détentrices du pouvoir. Les puissants semblent réussir leur mission : accrocher les populations apeurées et sidérées au char de l’Etat des riches, ce bon Samaritain qui aime « son » peuple comme son coffre-fort et le soutient comme la corde soutient le pendu.
Mais, aujourd’hui, après la sidération, propice à la soumission aux puissants, doit venir le temps de la réflexion pour comprendre ce phénomène de la gouvernance par la terreur qui permet aux États de détruire les libertés individuelles et de renforcer la répression des mouvements sociaux, sous prétexte de lutte contre le Covid-19…écrivions-nous en mai 2020…comme si c’était aujourd’hui.
Mesloub Khider
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec