Coronavirus = 1. Porte-avions = 0

Coronavirus = 1. Porte-avions = 0

Cette pandémie marquera-t-elle la fin de la flotte de porte-avions américains ?

« Franchement, je n’ai jamais considéré les groupes de frappe de porte-avions comme un élément « pertinent » de l’US Navy pendant la Guerre froide. »

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29.04.2020.Coronavirus 1 Portaerei 0-Italiano-Spanish.

Oui, en théorie, il y avait l’idée de déployer, à l’avant, ces porte-avions pour «amener la guerre chez les Soviétiques» – sur la péninsule de Kola – avant qu’ils ne puissent précipiter leurs sous-marins et leurs avions à travers la faille GUIK dans l’Atlantique. [Endroit stratégique entre le Groenland, l’Islande et le Royaume-Uni, NdT]

En théorie, cela aurait dû aussi être une armada de 600 navires, mais cela ne s’est jamais complètement concrétisé. En réalité, bien sûr, les porte-avions américains étaient l’instrument ultime, pour «discipliner les colonies», que l’oncle Shmuel mouillerait au large des côtes d’un pays résistant aux exigences et au pillage systématique par les États-Unis. Étant donné que la plupart des pays du 20e siècle ne pouvaient pas couler un porte-avions américain ou l’emporter sur des avions relativement avancés déployés contre eux, c’était, dans l’ensemble, un jeu sans risque pour les États-Unis.

Quant à «amener la guerre chez les Soviétiques», la vérité est que si une véritable guerre avait été déclenchée, les porte-avions américains auraient été tenus loin de la formidable capacité de missiles de croisière soviétiques – tirés simultanément par des avions, des navires de surface et des sous-marins – pour une raison très simple : chaque fois qu’une telle attaque a été simulée, un nombre suffisant de missiles soviétiques ont réussi à traverser le cordon de protection autour du porte-avions et à le frapper avec des résultats dévastateurs. Si couler un porte-avions n’est pas facile, l’endommager et le rendre inutile ne demande pas beaucoup de frappes de missiles.

Et c’était bien avant les missiles hypersoniques actuels comme le Kinzhal ou le Zircon !

Vraiment, en tant qu’instrument pour dissuader ou vaincre les Soviétiques, les groupes de frappe de l’US Navy étaient déjà obsolètes dans les années 1980, c’est-à-dire bien avant que les Russes ne déploient leurs missiles hypersoniques qui, comme mon ami Andrey Martyanov l’a expliqué dans ses livres – voir ici, et là, et sur son blog – ici, ont pratiquement rendu toute la flotte de surface américaine obsolète non seulement pour combattre la Russie, mais aussi pour combattre tout pays qui possède de tels missiles. Ces pays incluent déjà l’Inde et la Chine, mais il y en aura bientôt beaucoup d’autres, y compris probablement l’Iran !

Aujourd’hui, cependant, je ne discuterai pas de la question des missiles, mais de ce qui s’est passé récemment sur l‘USS Theodore Roosevelt, que vous savez probablement déjà : son capitaine a été licencié pour avoir écrit une lettre – selon ses accusateurs, en contournant la chaîne de commandement – demandant de l’aide parce que son équipage était infecté par le virus. Sa lettre a été publiée par le San Francisco Chronicle et vous pouvez la lire ici.

Fait intéressant, lorsque le capitaine de vaisseau Brett Crozier, a quitté le navire, ses marins lui ont fait une standing ovation :

Ensuite, le secrétaire par intérim de la Marine, Thomas Modly, a qualifié le capitaine Crozier d’«idiot». Cela est également devenu public, et il a dû s’excuser et démissionner – il est clair, que Modly lui-même n’est pas exactement un génie ! Ensuite, encore plus de marins du navire sont tombés malades, y compris Crozier lui-même !

Dans le jargon militaire américain c’est un «clusterfuck» [merdier collectif, NdT]

Cependant, il y a aussi beaucoup de choses intéressantes à apprendre de cette histoire.

Tout d’abord, l’évidence : les porte-avions ne peuvent pas fonctionner efficacement en cas de bio-attaque, un virus véritablement militarisé serait à la fois beaucoup plus contagieux que le SRAS-COV-2 et beaucoup plus mortel. Cela indique également qu’ils ne feraient probablement pas mieux lors d’une véritable attaque de guerre chimique.

Considérant qu’en réalité, ces navires sont un instrument de répression coloniale et non des navires à engager contre l’URSS – qui avait de réelles capacités de lutte biologique – cela a du sens. Alors que la plupart des laboratoires universitaires et autres pourraient produire une sorte de virus et l’utiliser comme une arme, les virus véritablement militarisés et délivrés par des moyens spéciaux, ne peuvent être produits que par un nombre limité de pays. Cependant, en théorie, toutes les formations / unités / sous-unités, de navires / aéronefs / blindés / etc., d’une superpuissance militaire devraient être entraînées pour fonctionner en cas d’attaque nucléaire, chimique et biologique (NBC). De toute évidence, ce n’est pas le cas des porte-avions américains, probablement parce que personne aux États-Unis ne s’attendait vraiment à une telle attaque, du moins pas pendant la Guerre froide.

Je pense que pour la situation actuelle, la leçon est claire : l’US Navy n’a tout simplement pas la capacité d’opérer dans des conditions d’attaque NBC.

Soit dit en passant, cela semble également être le cas des Français, dont le seul porte-avion a 30% de marins infectés !

Deuxièmement, je suis d’accord que court-circuiter la chaîne de commandement est une erreur, mais considérons également ce qui suit ici : le fait que l’USS Theodore Roosevelt avait un grand nombre de marins infectés n’est pas quelque chose qui aurait pu être gardé secret de toute façon, surtout dans un port. Non seulement cela, mais nous ne savons pas si le capitaine Crozier n’a pas rédigé d’autres notes de service par le biais de la chaîne de commandement régulière avant d’écrire celle qui est devenue publique ? [Il semblerait qu’il l’a fait, sans résultat, NdT] Après tout, de tels mémos pouvaient très facilement être classés et jamais rendus publics.

Enfin, je reconnais que ma sympathie va carrément à celui qui a placé la vie de ses membres d’équipage par-dessus tout, et non au drone bureaucratique qui a fait passer les procédures et l’ébouriffement de ses plumes avant la vie des marins et a traité le véritable officier d‘ »idiot » pour son action. Attendez ! un capitaine de porte-avions stupide ?! Quoi qu’il en soit, je ne le pense pas…

Au moment de la rédaction de cet article, le 14 avril, 600 marins du Theodore Roosevelt avaient contracté le virus, un en est mort.

Enfin, plus de 4 000 marins ont été évacués du navire – 1 000 sont restés à bord pour entretenir le réacteur nucléaire et d’autres systèmes clés.

En d’autres termes, l’USS Theodore Roosevelt est maintenant complètement inutilisable !

L’article de CNN cité se termine par :

Le vice-président des chefs d'état-major, le général John Hyten, a déclaré jeudi aux journalistes que l'armée américaine devait planifier des épidémies similaires à l'avenir alors que le ministère de la Défense s'efforce de faire face aux effets du virus. «Je pense que ce n'est pas une bonne idée de croire que le Teddy Roosevelt est un problème unique en son genre. Nous avons trop de navires en mer, nous avons trop de capacités déployées. Il y a 5 000 marins sur un porte-avions à propulsion nucléaire. Penser que cela ne se reproduira plus n'est pas une bonne façon de planifier. Ce que nous devons faire, c'est déterminer comment planifier dans le type d'environnements Covid», a déclaré Hyten.

Encore une preuve que l’US Navy n’a jamais pris au sérieux une menace d’attaque biologique.

Pour être honnête, il semble que l’armée américaine ait des problèmes similaires, voici une carte des bases américaines infectées que j’ai trouvé sur le blog du colonel Cassad :

USA_bases_CPVID

Il semble que les forces basées aux États-Unis ne se soient jamais attendues à une véritable attaque, à l’exception peut-être d’une attaque terroriste avec des armes légères, de sorte que la sécurité nucléaire, biologique, chimique (NBC) n’a jamais été une priorité.

Aparté

Notez qu'en Russie, du moins jusqu'à présent (14 avril), il n'y a aucun cas de militaires infectés par le virus. Cela changera presque inévitablement à l'avenir, mais pour le moment, c'est vrai, malgré le fait que des unités militaires russes contribuent à combattre le virus en Russie et à l'extérieur. Je dis ça, je dis rien …

Cependant, la comparaison entre un navire en mer et des bases au sol n’est pas équitable. Premièrement, les bases situées à terre ont beaucoup plus d’interactions avec le monde extérieur que les navires, même les navires au port. Deuxièmement, et plus important encore, en cas de pandémie ou d’attaque chimique / biologique, les bases situées à terre peuvent mieux isoler les personnes touchées, apporter plus de ressources ou disperser rapidement le personnel pour mieux le protéger. Vous ne pouvez pas faire ça sur un navire. En fait, plus le navire est gros, plus il ressemble à un «bateau de croisière armé» qui, comme nous le savons tous, est un gigantesque bouillon de culture.

Les questions comme celles ci-dessus ne feront qu’augmenter alors que la pandémie jette enfin un éclairage bien nécessaire sur la réalité choquante de la force militaire «la meilleure ! plus puissante ! mieux équipée ! mieux entraînée de la Galaxie !»: elle ne peut même pas se protéger contre un virus relativement faible, sans parler de vaincre un ennemi compétent.

Aurons-nous des réponses ? Finalement, probablement oui. Mais pour le moment, les courageux États-Unis cherchent à se couvrir le cul en pointant du doigt et en blâmant les autres, en particulier la Chine, la Russie et même l’OMS ! Cette stratégie a été un échec abject au cours des dernières décennies et ce sera un échec abject à l’avenir.

Aparté

La dernière décision de Trump de ne plus financer l'OMS (à qui les États-Unis doivent déjà une tonne d'argent de toute façon) est sans doute son pire acte de «seppuku international de relations publiques», ce qui augmentera encore le dégoût que les États-Unis inspirent déjà au monde entier. Quant à nos amis israéliens, ils sont fiers que leur Mossad vole du matériel médical à d'autres pays : après tout, chaque Israélien sait que le sang juif est sacré, tandis que le sang goy ne vaut rien. Un autre cas d'auto-infligé "seppuku international de relations publiques" pour "la seule démocratie au Moyen-Orient"

Mais comme c’est tout ce que les politiciens américains savent faire – blâmer les autres – cela ne s’arrêtera pas de sitôt. De même, ce qui est connu comme le «mythe du porte-avions» sera maintenu aussi longtemps que possible, d’autant plus qu’il y a beaucoup d’argent corrompu en jeu pour la classe dirigeante américaine.

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec

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