Les appels à l’aide de Erdogan à ses alliés européens de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) pour faire face aux systèmes de brouillage électromagnétiques russes à Idlib ont reçu une fin de non recevoir en Europe occidentale mais pas à Washington. Le Pentagone se prépare à prêter main forte aux Turcs à Idlib et cela explique les revirements soudains du président turc et ses nouvelles menaces contre Damas.
La force de frappe turque à Idlib s’est axée sur la synergie du système Koral, de drones de guerre électronique et d’attaque Anka S et de meutes de drones d’attaque Bayraktar TB2 armés de redoutables missiles Air-Sol MAM-L. Des avions Elint supervisent la coordination du système d’attaque automatisé et cette configuration avait initialement surpris les forces syriennes dont les radars ne parvenaient pas à détecter les drones turcs du fait des mesures électroniques.
Cette avance initiale s’arrêta net lorsque les systèmes russes de brouillage électromagnétiques ont permis aux systèmes de la défense aérienne syrienne d’abattre les drones Anka S, les modules nodaux du système d’attaque turc (ce qui explique l’intervention des F-16 turcs dès qu’un drone Anka S est abattu). Cette donne sur le champ de bataille força les turcs à négocier à Moscou un arrangement provisoire, le temps pour Erdogan de faire appel à des alliés. Les européens soumis au chantage migratoire et absorbés par leurs propres difficultés ont affirmé leur disponibilité à aider la Turquie sur le plan logistique dans sa confrontation contre la Syrie mais pas contre la Russie. Cela a énervé au plus haut point Erdogan jusqu’à ce qu’il trouve une oreille attentive à Washington où des ultras se sont déclarés prêts à une guerre limitée avec la Russie sur le théâtre des opérations en Syrie septentrionale. Des équipements US incluant des systèmes de défense ABM et SAM ont été dépêchés en urgence en Irak tandis que des systèmes de guerre électronique ont été livrés aux turcs. Ces derniers ont continué à livrer du matériel militaire aux rebelles syriens et envoyés des renforts militaires conséquents à Idlib.
Les syriens ont donc sorti leurs chasseurs Mig-29 dont un exemplaire s’était écrasé récemment dans un entraînement, la première perte d’un Fulcrum syrien depuis les années 80. Seul ce chasseur ne risque pas de changer la donne au-dessus du champ de bataille au Levant pour intercepter des bombardiers stratégiques US par exemple et dont la menace est réelle. Les Mig-29 syriens seront aux côtés de chasseurs de supériorité des forces aérospatiales russes Sukhoï Su-35 et Mig-29 SMT dont deux ont réussi à repousser une attaque de F-16C turcs visant un avion d’attaque au sol syrien Sukhoï Su-22 au-dessus d’Idlib. Ce sont également deux chasseurs russes qui ont décollé de la base aérienne de Hmeimim pour surveiller une formation de F-35I israéliens survolant l’ouest du Liban. Le message est clair. La bulle de défense aérienne au-dessus de la Syrie occidentale sera maintenue même en cas de décollage de bombardiers furtifs B1B ou B-2 de la base aérienne US de Diego García ou des Açores. Tout ceci reste dans le domaine de la dissuasion préventive. Ce qui est certain est que le Sultan turc n’a pas dit son dernier mot et passera à l’action dès qu’il aura le soutien de Washington car Erdogan n’oublie jamais une offense et est revenu ulcéré de Moscou où Poutine a fait de son mieux pour rappeler le passé des longues guerres entre la Russie tsariste et l’empire Ottoman. L’État profond US fait plus confiance à la combativité du soldat turc en laquelle il entrevoit une opportunité exceptionnelle pour verrouiller le jeu à Idlib (nord-ouest) et empêcher l’expulsion des forces US dans le nord-est de la Syrie, théâtre d’une anarchie indescriptible et donc suffisamment affaibli pour tomber entre les mains des loyalistes et leurs alliés.
Signe qui ne trompe pas, les forces turques ont déployés leurs systèmes de défense aérienne les plus avancés à la frontière avec la Syrie et ce ne sont pas les systèmes S-400 qui ne seront opérationnels qu’à la fin du mois d’avril et ne seront probablement jamais utilisés car leur acquisition par la Turquie répondait moins à l’impératif de sa défense qu’à l’art de la guerre dans le cadre du Grand jeu en cours pour le contrôle de l’Eurasie et du Levant.
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