Décidément, les cas de négligence et de lenteur de la part de la DPJ de l’Estrie continuent de ressurgir, cette fois-ci ce sont quatre enfants d’une même famille maltraités pendant cinq mois avant que la direction de la DPJ n’intervienne.
Dans le cas qui nous concerne, le premier signalement à la Direction de la protection de la jeunesse a eu lieu en février 2019. Il aura toutefois fallu attendre en juillet pour qu’une intervenante de la DPJ prenne en charge le dossier, puis le jugement n’aura été rendu qu’en novembre.
Or, pendant toute cette période, les enfants vivaient dans un appartement insalubre et encombré. Trois d’entre eux dormaient sur le même matelas double, sale et sans draps. Une douzaine de chiens vivaient dans l’appartement et leurs excréments se retrouvaient jusque sur les matelas. Il y avait de la vaisselle sale couverte de moisissures qui trainait et l’électricité avait été coupée.
Dans son jugement, la juge Pascale Berardino n’arrive pas à comprendre la décision de la direction de la DPJ de maintenir les enfants à la maison avec un suivi social. L’intervenante ne changera ses recommandations et ne demandera un placement que le 1er novembre après une visite d’un inspecteur des incendies qui mettait en garde contre la dangerosité de l’appartement. Il n’en fallait pas davantage pour que la DPJ de l’Estrie soit placée sous tutelle par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant.
En lançant ses audiences en octobre 2019, Régine Laurent, la présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, déclarait que, « comme société, on a failli à notre principale responsabilité, celle de protéger nos enfants les plus vulnérables ; être ici aujourd’hui est un constat d’échec, mais il faut le faire »…tout au moins en mettant à profit notre devoir de mémoire envers l’enfant martyre de Granby qui aura servi de déclencheur à cette vaste consultation.
Des classes régulières?
Au cours des dernières années, l’affluence des programmes particuliers, qui attirent les meilleurs élèves, a eu comme conséquence directe d’augmenter le nombre d’élèves en difficulté dans les classes dites « régulières » du réseau public. C’est ainsi que, dans plus de 200 classes régulières d’écoles publiques québécoises, au moins un élève sur deux est en difficulté et a besoin de mesures d’aide particulières pour réussir.
Trouble du spectre de l’autisme, trouble de comportement, trouble du langage, troubles d’apprentissage… les défis sont nombreux mais les ressources humaines d’appui aux enseignants ne sont pas au rendez-vous si bien que des répercussions négatives s’ensuivent eu égard à la qualité de l’enseignement, les enseignants devant mettre plus de temps à leurs nombreux élèves en difficulté au détriment des élèves réguliers.
Aux yeux de la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini, qui négocie présentement le renouvellement des conventions collectives avec le gouvernement Legault, la lourdeur des groupes et la composition des classes régulières est un « enjeu fondamental ».
Or, dans le contexte actuel, un manque d’encadrement expose les écoles à un fort roulement de personnel si l’accompagnement n’est pas adéquat. Selon certaines recherches, les enseignants qui se retrouvent avec plus de 25 % d’élèves en difficulté sont plus à risque de quitter à la fin de l’année scolaire.
À mon avis, considérant que le nombre d’élèves en difficulté a augmenté de façon « exponentielle » au cours des dernières années, le gouvernement n’a guère d’autre choix que d’investir dans les ressources humaines spécialisées nécessaires à permettre un climat propice au rythme d’apprentissage de « chacun » des élèves inscrit dans le groupe auquel il fait partie.
Henri Marineau, Québec
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