C’était au lendemain de l’attentat contre l’avion transportant les présidents Juvénal Habyarimana (Rwanda) et Cyprien Ntaryamira (Burundi) qui auraient pu empêcher le génocide, avec leur proposition de la paix d’Arusha.
Guy Taillefer publie un éditorial le 7 avril sur le rapport Duclert sorti en France il y a un peu plus d’une semaine. Verre à moitié vide ou à moitié plein? De ce rapport, on se serait attendu à plus de transparence, dit l’éditorialiste du Devoir qui rappelle que la vérité historique est un processus lent : au moins, expose-t-on enfin la duplicité de la Françafrique de Mitterrand, « demeurée aveugle face à la préparation » du génocide et portant des « responsabilités lourdes et accablantes ».
Mais à quand les vérités exposées par la jeune journaliste canadienne Judi Rever (photo de droite), dans sa thèse qui parle de double génocide rwandais en 1994, l’un par les Hutus, l’autre par le président Tutsi Paul Kagame? En 2010, Victoire Ingabire Umuhoza (photo de gauche), qui sera appuyée par le Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix, est emprisonnée par Kagame qu’elle accuse d’avoir planifié l’accident d’avion, tuant du même coup deux présidents, ainsi que la paix d’Arusha.
Développée dans son livre enfin traduit en français intitulé L’Éloge du sang, sobre traduction d’In praise of blood, The Crimes of the Rwandan Patriotic Front (Penguin-Random House, 2018), la thèse de Judi Rever reçoit l’appui de Robin Philpot ayant déjà investigué à ce sujet : elle bouleverse totalement l’histoire officielle de la tragédie rwandaise.
Si elle n’épargne pas Louise Arbour, l’ex-procureure en chef du Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui aurait refusé d’enquêter sur le président actuel du Rwanda, Paul Kagame, la jeune autrice comprend le désarroi de Roméo Dallaire laissé sans ressources en 1994 car elle révèle que Kagame a ordonné clairement à la MINUAR de quitter le Rwanda et menacé que si l’ONU essayait d’intervenir dans le conflit, l’armée et le FPR la considéreraient comme l’ennemie et l’attaqueraient.
Déjà alliés avec les cadres du FPR anglophones (Mitterrand favorisant les Hutus francophones), les États-Unis ont aussi activement empêché le Conseil de Sécurité de l’ONU de maintenir une force de paix au Rwanda durant le génocide. Dans les années qui ont suivi, Paul Kagame a déformé l’histoire en plaidant le mythe victimaire colonisé de l’abandon du Rwanda par la communauté internationale. En réalité, il a tout fait pour que l’ONU quitte le territoire. De plus, machiavélique, il a réussi à imposer sa candidate à la tête de la francophonie mondiale, contre Michaëlle Jean qui cherchait à renouveler son premier mandat.
En torpillant la paix d’Arusha, le dictateur a en outre entravé un partage plus démocratique qui aurait pu empêcher les millions de morts ultérieures au Congo, où Kagame s’enrichit en exploitant les mines de coltan au Sud-Kivu. Il maintient la région limitrophe du Rwanda en situation de chaos par ses raids armés sur les Hutus qui s’y sont réfugiés, dont il exploite la main d’œuvre, véritable esclavage au pic et à la pelle.
Le Canada aurait versé environ 550 millions de dollars au Rwanda depuis 1994, dont 30 millions de dollars en 2016. Pourquoi tant d’argent pour un gouvernement fortement soupçonné d’avoir assassiné deux citoyens canadiens, dont un prêtre au-dessus de tout soupçon? Qu’est-ce que les alliés occidentaux soutiennent, sinon l’approvisionnement de coltan pour leurs téléphones intelligents ?
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