L’or bleu

Dans plusieurs institutions, industries et gouvernements, l’eau est vue comme un « or bleu » dont des intérêts privés peuvent s’emparer. En plus d’employer ces méthodes de marchandisation de l’eau, les entreprises privées détiennent et exploitent bon nombre de barrages, d’infrastructures, de nanotechnologies, d’usines de dessalement de l’eau et de systèmes de purification vers lesquels se tournent les gouvernements pour obtenir des solutions technologiques en vue de résoudre leur crise de l’eau.

Ces entreprises privées achètent des terres et des nappes d’eau pour contrôler l’industrie grandissante des biocarburants. Elles collaborent avec les gouvernements pour installer les canalisations et les infrastructures des systèmes d’eau partout dans le monde. Elles déversent également leurs déchets dans les eaux publiques, marchandisant ces dernières en quelque sorte puisqu’elles ne sont plus accessibles à la population locale par la suite. Les banques, les fonds de pension et les sociétés de placement mondiales ont construit leurs portefeuilles de telle manière que les investisseurs ordinaires puissent récolter les fruits de cette marchandisation de l’eau.

Le site web Global Water Intelligence (GWI) est un chef de file dans la recherche sur le marché international privé de l’eau. Il a publié un rapport en août 2018 qui prédisait un avenir prometteur aux marchés de l’eau. Selon ce rapport, la valeur du marché mondial de l’eau en 2018 se chiffrait à 770 milliards de dollars US, mais devait croître pour atteindre 915 milliards de dollars en 2023. L’éditeur de GWI, Christophe Gasson, expliquait que le marché mondial de l’eau connaît une croissance plus rapide depuis 2010, alimentée par la reprise de l’économie mondiale, les projets majeurs d’infrastructures hydriques dans le monde, une hausse des activités minières mondiales, de nouveaux projets de dessalement et une croissance du marché mondial des produits de base.

Cependant, il a aussi relié la vigueur du marché de l’eau à la reprise des cours du pétrole et à l’augmentation de la production de combustible fossile, y compris par fracturation hydraulique, en plus des nombreuses utilisations de l’eau dans la production d’énergie basée sur les combustibles fossiles.

En d’autres mots, la croissance des combustibles fossiles, de l’exploration minière et de l’agriculture industrielle – tous grandement responsables de la crise mondiale de l’eau – est excellente pour les investisseurs.

Maude Barlow, À qui appartient l’eau? Faire barrage à la privatisation d’une ressource vitale. Écosociété. 2021.

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