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Accueilli avec mépris pour l’instant, le sentiment contre la langue anglaise est en train de passer de la périphérie au courant politique dominant.
Un mouvement anti-anglais se prépare en France. Clément Beaune, ministre français des Affaires européennes, a mené une campagne pour la « diversité linguistique européenne » le mois dernier, où il a souligné l’absence de nécessité de l’anglais après le Brexit.
« Réhabituons-nous à parler nos langues », a-t-il déclaré.
Face à des critiques virulentes, même à l’intérieur du pays, le partisan du Frexit, François Asselineau, a reproché au ministre de ne pas comprendre la position de la France au sein de l’UE.
« Croire que le français redeviendrait la première langue en Europe après le Brexit, c’est ne pas comprendre que l’UE est une unité géopolitique sous la domination des États-Unis et de l’OTAN depuis 75 ans », écrit Asselineau.
Mais beaucoup sont restés en marge de ce débat, ou ont trouvé l’idée même un peu séduisante, Asselineau en fait partie.
« Pour donner à la langue française toute sa place dans le monde, la France doit retrouver une diplomatie indépendante des USA, réorienter ses coopérations de toute nature vers l’Afrique, la Russie, l’Asie, l’Amérique latine, renforcer son industrie, sa recherche, sa défense, son enseignement », ajoute-t-il.
Le ministre a été rejoint par le commentateur français de droite Eric Zemmour, qui a appelé à un boycott post-Brexit de l’anglais, qui selon lui a « écrasé » le français.
Zemmour fait valoir que seuls deux pays de l’UE utilisent l’anglais comme première langue : Malte et l’Irlande. Il poursuit en appelant à un retour du français comme langue officielle de l’UE.
« Je pense que c’est le moment de lancer une contre-offensive en faveur du français, de rappeler que le français était la langue d’origine des institutions européennes », note Zemmour.
Ce n’est pas la première fois que des sentiments anti-anglais font surface en France. Leur concrétisation est empêchée par une législation européenne stricte. Dans l’UE, toute modification de la langue officielle de ses organisations et procédures doit être approuvée par le Conseil européen à l’unanimité.
Plus récemment, un article publié dans Le Figaro plaide en faveur de la suppression de l’anglais au sein de l’UE, sinon pour le français, du moins, curieusement, pour le latin.
Cette position trouve son origine dans la lutte que mènent les locuteurs non natifs de l’anglais, qui affirment que cette langue confère aux locuteurs natifs un avantage et une emprise injustes sur eux.
Le professeur Marko Modiano, professeur d’anglais à l’université suédoise de Gävle, s’est entretenu avec Politico, où il a appelé à un euro-anglais, avec ses propres règles. Son point de vue n’est pas très populaire, car les linguistes présentent des raisons pratiques d’utiliser l’anglais britannique comme langue officielle de l’UE, et de l’utiliser comme deuxième langue dans toute l’Europe.
Pour ces critiques, l’UE ne devrait pas avoir de langue dominante, mais plutôt croire au multilinguisme. La politique de l’UE dans ce domaine a pour ambition de rendre les 24 langues officielles sur un pied d’égalité. Ainsi, tout citoyen européen peut écrire à la Commission, au Parlement ou au Conseil de l’UE dans l’une de ces 24 langues et espérer une réponse. Parallèlement, le Parlement assure l’interprétation simultanée de toutes ses réunions et de tous ses discours.
Pour les partisans de l’élimination de l’anglais, c’est très bien, mais l’anglais a supplanté le français et de nombreuses autres langues. À Bruxelles, l’anglais est devenu la langue bureaucratique officielle et officieuse de prédilection. Selon les archives de la Commission européenne, près de 90% de la législation est en anglais.
L’article du Figaro, écrit par Sundar Ramanadane, affirme que le divorce de l’Europe d’avec l’anglais est complet, et que le sentiment que le français devrait être la lingua franca de l’Europe n’est pas unique, et cite des articles d’Allemands qui demandent si l’allemand devrait être la première langue de l’UE.
Mais pour Ramandane, le latin est idéal. Comment faire revivre une langue ancienne, en grande partie morte ? Le cas de la renaissance de l’hébreu moderne en Israël est utilisé comme preuve que c’est possible.
Cet aspect est perçu comme crucial et nécessaire si l’Europe veut un jour réaliser son rêve de devenir plus qu’un marché commun. L’enjeu est une identité fondée sur une langue et un passé communs, qui ne pourra jamais se concrétiser dans le statu quo, dit-il.
Le latin, affirme-t-il, est un choix naturel. D’autant plus que toute expérience politique historique commune en Europe remonte au latin. De l’Empire romain et du Christianisme à la Renaissance et aux Lumières, le latin a toujours été présent.
Il ne manque pas non plus de culture, affirme M. Ramandane, puisqu’il a été utilisé pendant près de 2000 ans d’histoire comme seul lien commun entre les esprits, les dirigeants et les savants européens. Il poursuit en affirmant que le latin n’est pas étranger aux langues modernes, qu’il a profondément façonnées.
Plus important encore, il affirme que le latin est bien adapté à la politique. En effet, certains des plus grands orateurs et juristes s’exprimaient en latin, et il sera possible de former les dirigeants politiques et les fonctionnaires à la rhétorique et à la logique, un peu comme dans la Grèce et la Rome antiques.
La plus grande raison de toutes serait l’unité symbolique. Une langue unique pourrait unifier l’Europe et lui permettre de devenir la prochaine grande union politique, plutôt qu’un éparpillement d’États réunis par des intérêts financiers communs.
L’auteur n’a pas mentionné que le latin était en fait la langue principale de l’Europe jusqu’à ce qu’il soit tué par les érudits de la Renaissance qui se plaignaient que le latin moderne était loin d’être aussi fort que le latin classique. Grâce à leurs efforts, la langue a été reléguée aux musées et à l’étude des classiques anciens, avant de devenir les langues romantiques modernes d’aujourd’hui.
Les partisans du nationalisme croyaient également au développement de langues alternatives à l’anglais, qui donnaient à l’État-nation son identité.
L’idée que le latin enseigne également une meilleure rhétorique est démentie par beaucoup, qui affirment que le latin ne détient pas le monopole de la logique.
Une autre raison de l’extinction du latin est sa difficulté et sa complexité. La langue est, de par sa conception, fortement affectée par l’inflexion vocale. Cela signifie que presque tous les mots prononcés peuvent être modifiés en fonction du contexte, de la voix, de l’humeur, de la personne, du nombre, du genre, du temps et de l’expression. En l’absence d’une autorité centrale régissant ce qu’est le latin authentique, celui-ci est rapidement tombé dans l’usage quotidien.
Si l’Europe ne dispose pas d’une langue uniforme, le latin, selon les critiques, n’est pas mieux adapté à ses besoins que l’anglais et est difficile à apprendre pour tous les Européens.
source : https://www.trtworld.com
traduit par Aube Digitale
via https://www.aubedigitale.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International