par Daniel Vanhove.
L’ainsi nommée « crise sanitaire » que nous traversons depuis une année de Covid-19 pourrait être riche de leçons, pour autant que nous ayons la capacité d’un certain recul par rapport aux événements.
En effet, rester scotché au factuel avec son lot d’infos/intox quotidiennes, risque de nous faire rater ce qu’il y aurait pourtant d’intéressant à pointer au-delà des aléas de ce virus dont l’évolution n’a rien d’exceptionnel au regard de ce que nous en connaissons : le propre d’un virus est de muter. Sauf que ce coup-ci, Big Pharma semble avoir réussi ce qu’il avait loupé il y a une dizaine d’années avec le H1N1, parvenant à se mettre gouvernements et grands médias (qui y sont liés) dans la poche, et dont il faudra enquêter pour savoir à quels prix et cadeaux divers cela aura été possible.
Après avoir lu quantité d’articles et entendu de multiples « experts » sur le sujet, ce qui m’interpelle à ce jour est le constat que de nombreux citoyens résistant à la propagande du pouvoir politico-médiatique, s’interrogent pour trouver comment renverser cet ordre des choses aux dérives plus qu’autoritaires, et comment récupérer les libertés qui leur ont été supprimées une par une, réduisant d’autant leur espace de vie.
La confiance est tellement brisée entre les tenants du pouvoir, menteurs et corrompus pour beaucoup, et la population, que le doute s’est immiscé et la première victime en est la vérité. Ce constat établi, il faut remarquer que malgré l’âpre résistance de nombreux citoyens aux annonces et aux mesures prises par leurs gouvernements – que je ne détaillerai pas ici, tant les incohérences et absurdités sont incessantes – la difficulté se situe dans la façon de manifester son opposition et de renverser le cours des choses et des élus qui répètent qu’il n’y a d’autres choix que ceux qu’ils imposent. Comment se fait-il qu’en « démocratie » le plus grand nombre ne puisse s’organiser contre une minorité, sinon que les premiers sont désorganisés par rapport aux seconds qui, par-delà quelques différences, serrent les rangs ?
J’ai déjà exprimé qu’une telle situation n’aurait sans doute pas été possible lors de la période de mai 68. Et malgré certaines critiques – à raison, parfois – les grèves « au finish » et les manifestations de rues s’y sont succédé dans une solidarité entre le monde du travail et les étudiants, jusqu’au recul des décisions gouvernementales. Stratégie que dans le cas présent, je préconise depuis des mois, sans succès. Aujourd’hui, au cœur de grandes villes et jusqu’en plein Paris, des étudiants continuent à faire la queue pour obtenir leur soupe, et le monde du travail regarde son bout de trottoir, sans réagir.
Mais, comparaison n’étant pas raison, il faut chercher, réfléchir pour tenter de comprendre le glissement qui s’est opéré depuis 68, afin de renseigner sur ce qui caractérise la période d’indifférence actuelle, rendant possible cette soumission des masses aux diktats d’une poignée. Le glissement qui s’est opéré me semble être le suivant : l’intérêt collectif a cédé le pas sur l’intérêt particulier. Depuis plusieurs décennies, la singularité a prévalu sur le groupe. Et les médias ont alimenté la chose, abrutissant les individus d’émissions de plus en plus débiles. Des faits divers les plus anodins et stupides ont été montés en destinée extraordinaire, unique, « géniale » flattant l’émotionnel d’une poignée d’idiots utiles au détriment de la raison du plus grand nombre, ignorant de vraies infos, importantes, graves, passées sous silence. Et comme tout se tient, les programmes scolaires concoctés par des fonctionnaires loin du terrain, fabriquent – n’ayons pas peur des mots – de plus en plus de crétins… qu’il sera par la suite, aisé de manipuler et conduire là où le pouvoir l’aura décidé. Le terrain est ainsi bien préparé pour la prochaine dictature.
Ainsi, le bien commun – la préservation des acquis sociaux et le travail assidu pour une plus juste répartition des richesses entre tous les citoyens – s’est éloigné de ses objectifs d’équité et s’est travesti au profit de causes aux apparences nobles et magnanimes mais qui n’engagent pratiquement ni l’État, ni les entreprises, ni le citoyen, à travers des discours sans effets : les droits de l’homme, le droit d’ingérence, le développement durable, les guerres humanitaires, la liberté de la presse, le « green washing » écologique via des COP21,22,23… etc., bref, beaucoup de « comm » sans que fondamentalement rien ne change dans la course effrénée des États riches pour piller les ressources des États pauvres.
Le « réchauffement climatique » en est l’ultime illustration. Que pouvons-nous vous et moi, face aux puissances naturelles d’une telle ampleur, qui nous échappent et nous dépassent complètement, si ce n’est se donner bonne conscience à travers des « marches vertes » qui ne se résument la plupart du temps qu’à des slogans aussi creux qu’inefficaces ? Ne me répondez pas : changer de voiture et passer à l’électrique, cela pollue tout autant, si pas plus, à cause de la technologie utilisée qui multiplie les déchets. Sans parler des guerres que nos États poursuivent – sous de fallacieux prétextes – pour s’approprier des matières rares qui se trouvent dans des pays qui n’ont pas nos budgets militaires pour se défendre. Ce « réchauffement » initial a d’ailleurs changé de nom au profit de « changement » climatique tant les scientifiques eux-mêmes ne sont pas capables de se mettre d’accord sur l’influence des activités humaines sur un tel phénomène bien connu des plus sérieux d’entre eux qui nous expliquent, analyses à l’appui, que ces modifications du climat ont toujours existé et sont le résultat de cycles cosmiques, où l’activité humaine y est quantité négligeable. Mais, le Sapiens moderne est tellement infatué de lui-même et de sa technologie qu’il pense que l’histoire a commencé avec lui et en est à parler « d‘anthropocène » – nouvelle période au cours de laquelle l’humain et ses activités auraient la capacité d’influer sur les forces géologiques et atmosphériques – rien que ça ! Au lieu de revoir ses habitudes de vie et d’arrêter les gabegies innombrables qui polluent air, terres et eaux – comme de se passer de voiture quand c’est possible plutôt que d’en choisir une électrique – de quantité de résidus, plastiques, pesticides, engrais et fertilisants aux antibiotiques qui l’empoisonnent lentement mais sûrement ! N’est qu’à voir les perturbations endocriniennes de certains individus et le taux de fertilité qui s’effondre. N’y a-t-il pas aussi un lien qui pourrait être établi entre ces perturbateurs endocriniens et le nombre de personnes de plus en plus perturbées dans leur genre ?
Mais ce serait nous obliger à réellement agir au quotidien, bousculant notre petit confort, ce que nous repoussons tant que possible. Et si les humains avaient un peu plus de modestie en lieu et place de se penser désormais capables d’être à l’origine d’une nouvelle ère géologique, s’ils étaient moins auto-centrés sur leur nombril, ils prendraient soin de ce qui les concerne directement dans leur futur collectif, à savoir, leurs enfants, leurs proches, leurs voisins, leur qualité de vie dans les rapports professionnels ainsi que privés, une justice toujours à parfaire, le respect de leur environnement. Et auraient également le souci du moyen et long terme en lieu et place de l’ultra court terme dont il est dorénavant question dans le moindre investissement qu’ils engagent, à n’importe quel titre que ce soit. Dès lors, l’égocentrisme forcené des dernières décennies aurait peut-être cédé la place à une solidarité retrouvée, en toutes circonstances.
Au lieu de cela, nous avons assisté à la propagation du « chacun pour soi », alimentée par des intellectuels portés aux nues, multipliant les interventions hertziennes au fil des articles et des livres qu’ils publiaient sur le sujet. Ainsi, il ne convient que de « vivre l’instant » puisque le passé ni le futur n’existent ; il ne faut plus que s’écouter soi-même dans un travail assidu pour l’émergence de sa petite personne à laquelle il ne faut surtout rien refuser (on voit les gamins gâtés que cela entraîne) ; il ne faut suivre que son propre épanouissement, quitte à écraser son voisin et faire au bout du compte le vide autour de soi ; la tendance est à « tous les droits »… oubliant au passage la notion du « devoir », etc. La mode est à « l’hédonisme », à la « sculpture de soi », à la « puissance d’exister » et au « goût de vivre » de manière « épicurienne » de préférence, si chers à quelques « philosophes » en vue qui aujourd’hui se sont convertis – époque oblige – chroniqueurs du moindre fait divers dont ils font leur beurre grâce à l’écoute de ceux-là qui auront toujours besoin d’un père, d’un flic, d’un dieu, bref d’une autorité dont chaque parole devient sacrée, pour vivre leur propre vie… Mais dans quel but, sinon à pointer une dérive narcissique qui s’est généralisée, qui s’est « globalisée » ? L’Occident se mire et se défait, quand l’Orient se mare, et travaille.
Je sais le terrain miné, donc qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. Oui, 1968 était une époque où des jeunes ont revendiqué leur place, et un peu de liberté dans un monde rigide et autoritaire. Mais le dévoiement qui s’en est suivi à ne voir que la satisfaction immédiate de son propre ego a aveuglé nombre d’entre eux dans une course écervelée au confort transformant les générations suivantes en consuméristes assis que nous voyons désormais incapables de se lever pour une cause commune et surtout, qui les dépasse. L’horizon des idéaux égalitaires et solidaires s’est réduit à la taille de leur smartphone.
Avec Nietzsche, Dieu est mort – et j’y adhère – mais vers quelle autre spiritualité d’une dimension comparable s’est-on tourné, sinon quelques bobos qui se sont engouffrés dans un exotisme de façade bricolé de yoga, massages tantriques et autres modes alimentaire, musicale et vestimentaire « new age » ? « Faites l’amour, pas la guerre », évidemment ! Mais, quand l’ivresse des corps retombe, que reste-t-il ?… La non-violence de l’époque, éclairée par l’intelligence politique et déterminée des Gandhi et Luther King a troqué ses fondements contre une paresse intellectuelle qui voudrait ériger en vertu l’abandon de tout effort au profit d’une nonchalance – dorénavant, tout se vaut – qui s’apparente surtout à de la lâcheté. Sauf que Gandhi lui-même disait que là où il n’y avait d’autre choix qu’entre lâcheté et violence, il préférait la violence… C’est de spiritualité aux valeurs humaines dont nous avons grandement besoin ! Penser que rien n’est grave est bien pire que penser que tout l’est qui maintient le sens critique en éveil.
Pour l’heure, chacun observe son voisin et attend. Quoi ? Nul ne le sait. Sauf parfois à retrouver des instincts les plus sombres et se lâcher dans la délation aux autorités pour « non port de masque » d’un tel et d’une telle quand ils sortent de chez eux. L’avenir étant des plus incertains, autant entretenir les meilleures relations avec le pouvoir, si piètre soit-il, dès fois que cela pourrait servir dans le futur. Les « bourgeois » n’ont pas changé, et il ne faut pas s’étonner qu’en des temps plus bruns encore, ils étaient nombreux à désigner les Juifs pour les faire arrêter par ces mêmes autorités qui allaient par la suite, les livrer aux occupants nazis. Comme je le répète souvent : les formes changent, le fond demeure. Et le travail à produire reste énorme.
Ainsi, ce que l’on peut voir en quelques mois de mesures autoritaires à l’encontre des libertés individuelles, ne se traduit pas – sauf exception – par plus de solidarité entre les citoyens, que du contraire, le « chacun pour soi » patiemment semé par certains a fini par faire des bouquets de petits collabos à travers un système mafieux au service de groupes puissants, dont certains espèrent peut-être récolter quelque retombée en guise de reconnaissance pour services rendus. Ne trotte-t-il pas dans la tête de ces « braves citoyens » que si les mesures perdurent c’est en partie à cause de ceux qui ne se masquent pas ?!
Tant que les populations n’auront pas retrouvé un minimum de raison et de solidarité dans le bien commun pour contrer ce que le pouvoir a décidé comme mesures et agressions à leur encontre, il ne faut rien attendre comme opposition sérieuse qui puisse mettre à mal les plans des financiers aux commandes. Et comme il semble ne rien y avoir de consistant pour leur opposer quoi que ce soit, soyez certains que ceux-là continueront à prendre la place qui leur est laissée. La Grèce a été pour ces salauds un terrain d’expérimentation ; la France avec E. Macron aux commandes en prend le chemin ; puis, ce sera l’Italie où la même bande de prédateurs vient de placer un autre de leurs flingueurs, M. Draghi.
Les plus incultes persistent et s’entêtent à penser que l’Occident est fort et finira toujours par gagner contre toute adversité. C’est vraiment ne pas voir les réalités d’un monde en plein changement avec l’avènement de l’Asie. L’Europe s’obstine à suivre aveuglément les sirènes outre-atlantiques alors que par sa géographie et son histoire elle est rattachée à la Russie elle-même soudée à la Chine et l’immensité de l’Asie, soit, l’avenir prochain.
C’est par notre capacité de réflexion et de solidarité citoyenne que nous pourrons sortir de l’ornière toujours plus profonde qui se creuse sous nos pas… ou non. Il faut bien se mettre dans la tête que soit nous réussirons collectivement à nous extraire de l’effondrement civilisationnel occidental où nous entraînent les USA, soit nous échouerons. Mais personne de ce côté-ci de la planète, ne sauvera sa peau de manière individuelle !
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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