Par Khider Mesloub.
La perversion de la cité commence par la fraude des mots, Platon.
Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté, Confucius.
La classe dominante, faute de dominer le révolutionnement des forces productives atones pour nourrir l’humanité, transforme constamment sa sémantique pour alimenter le peuple en souffrance de termes euphémistiques censés moderniser la société. Illusoire moyen lexical littéralement créatif pour tenter de perpétuer son système. Ainsi, pour mystifier le peuple, elle fabrique à profusion de nouveaux termes afin de doter la vétuste réalité effroyablement délabrée d’un langage prétendument moderne. Cette novlangue a pour dessein de reconfigurer la même misère par l’esthétisation lexicale, de régénérer artificiellement la même réalité par le badigeonnage terminologique. Au lieu de soigner les maux elle préfère créer de nouveaux mots pour maquiller linguistiquement la réalité, travestir lexicalement l’existence. Cette chirurgie esthétique lexicale tente de redonner une nouvelle jeunesse à une réalité tailladée par les injustices sociales, entaillée par la lutte des classes.
Ce n’est pas le lieu ici d’inventorier l’ensemble des néologismes euphémistiques, souvent inventés pour atténuer ou mystifier une réalité effroyablement épouvantable. Pour détourner la réalité, contourner un problème, la classe dominante se paye de(s) mots. Elle préfère dire « croissance négative » pour éviter le terme de récession. « Technicienne de surface » au lieu de femme de ménage. Facteur se dit aujourd’hui « préposé aux postes ». L’aveugle un « non-voyant », le sourd un « non-entendant », un coiffeur, « un visagiste capillaire », un chômeur, un « demandeur d’emploi ». Le terme bourgeois a été banni du langage (car il fait sale : effectivement le bourgeois est moralement sale). Prolétaire est devenu une honte, une insulte (on avait « salaud de pauvre », on aura bientôt « canaille de prolétaire »).
Dernière lubie des lexicographes du sérail journalistique et universitaire, l’invention du terme « féminicide », pour qualifier les assassinats de femmes par leurs conjoints. Camus avait écrit que mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Les mots ne sont jamais neutres, plus particulièrement de nos jours où le discours dominant ne manque pas d’imagination pour redorer son « blason lexicographique ». Ainsi, par la grâce d’une opération lexicale « genrée », on est passé de la qualification de crime conjugal ou passionnel à l’appellation « féminicide ». Or ce néologisme n’a aucune valeur, ni juridique, ni scientifique, ni philosophique, il s’agit d’un concept idéologique. Il apparaît pour la première fois à la fin du XXe siècle sous la plume des sociologues et militantes féministes.
Que désigne en vérité ce nouveau vocable ? Le terme « féminicide » est apparu dans les années 1970 avec la doctrine féministe anglo-saxonne. Mais c’est en 1992 qu’il fut véritablement théorisé dans son sens actuel dans l’ouvrage de référence de deux féministes, Diana Russell et Jill Radford, qui publièrent le livre Féminicide, The Politics of Woman Killing (en français : « L’Aspect politique du meurtre des femmes »).
Confectionné avec le mot femme et le suffixe « -cide » (du latin caedere, qui signifie tuer), ce néologisme désigne le meurtre d’une femme « en raison de son sexe ». Ce mot « féminicide » ne figure pas dans tous les dictionnaires du fait de sa définition controversée. Au reste, le concept n’existe pas en droit pénal. Le droit utilise le concept d’« homicide conjugal » ( du latin homo désignant le genre humain) pour caractériser ce type de crime, commis aussi bien par le conjoint ou la conjointe. En vérité, le vocable féminicide est une notion idéologique : un concept sociétal. Ce genre de théorie est construit sur (par) la théorie du genre. Le mésusage du concept féminicide est manifeste.
Amorcée ces trente dernières années, cette entreprise de fabrication idéologique conceptuelle s’est appuyée sur une abondante littérature sociologique néo-féministe. Pour légitimer l’usage du concept de « féminicide », des psychanalyses et des sociologues intellectuellement émasculés et politiquement castrés prétendent que les motivations profondes des meurtres commis par un homme ou une femme seraient diamétralement distinctes. Comme le certifient doctement certains idéologues universitaires féministes : Si « les hommes tuent pour garder les femmes, les femmes tuent pour se débarrasser des hommes. Il y aurait donc deux profils complémentaires de criminels passionnels : le macho féminicide et la femme battue qui tue. Dans l’enchaînement des faits, tout commence par la violence masculine… ». Indirectement, ces auteurs perpétuent les stéréotypes de la femme faible, vulnérable, soumise, toujours victime de la violence masculine en raison de sa faiblesse congénitale (voire du fait de sa complaisante résignation à la violence endurée avec son masochiste acquiescement). Mais surtout, du fait de sa sensibilité infantile, elle serait incapable de commettre des violences (sic), encore moins de se muer en meurtrière, sinon pour se défendre contre le méchant homme machiste. C’est une éternelle victime que la société doit protéger, au même titre qu’un enfant. Dans notre société surprotégée, quand on parle de la femme, c’est toujours comme un être singulier, une personne infériorisée, aliénée, fondamentalement différente de l’homme. Ironie de l’histoire, le meilleur allié du patriarcat, c’est le néo-féminisme, qui perpétue les mêmes stéréotypes phallocratiques.
Quoi qu’il en soit, si le concept de féminicide existe depuis plusieurs décennies, il n’a pas la même acception idéologique propulsée par les féministes jusqu’au-boutistes. Il recouvre une réalité complexe et mouvante. Selon l’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé), le féminicide est défini comme le meurtre d’une ou plusieurs femmes du fait de sa condition féminine. Dans l’optique criminologique de l’OMS, le concept inclut également les homicides commis par une femme sur une autre femme en raison de la qualité féminine de la victime. En l’espèce, le sens n’est pas restrictif. Contrairement à la définition tronquée et dévoyée des féministes doctrinaires, réélaborée dans les laboratoires médiatiques communautaristes pour servir leur propagande victimaire. Aussi, selon l’acception objective de l’OMS, le féminicide se définirait comme un meurtre perpétré par tout homme misogyne et phallocrate qui voue une haine inexpiable aux femmes. On a affaire à une espèce de psychopathe mû par un instinct pathologique de massacrer la gent féminine. On est loin du conjoint qui, à la suite d’une annonce de rupture conjugale ou autre motif, par désespoir commet l’irréparable : tuer sa femme (qu’il a aimé des années durant, comme il avait aimé auparavant d’autres femmes). Contrairement aux assertions féministes pétries d’idéologie misandre, il s’agit en l’espèce d’un crime passionnel, qu’aux États-Unis on désigne sous l’appellation de violences domestiques (les hommes sont aussi victimes de cette violence).
Force est de constater que, dans une optique manichéenne où les femmes sont toujours des victimes et les hommes des oppresseurs, l’usage du terme féminicide est employé et encouragé par les féministes pour singulariser ces homicides, discriminer ces crimes. Selon ce féminisme bourgeois, parler de féminicide, c’est transformer un fait divers en fait social. Cette lecture « genrée » d’un homicide est une entreprise idéologique destinée à assigner un caractère social de surcroît spécifiquement féminin à un fait divers sociétal. Cette lecture genrée dégénérée est le pendant inversé de la conception dominante consistant à réduire les phénomènes sociaux et politiques éminemment humains à des faits divers sociétaux insignifiants. De fait, par cette entreprise de manipulation idéologique féministe, on politise un fait divers mais on dépolitise un fait social. Voire on l’ignore.
Pour preuve : que des millions de femmes soient réduites à la misère, soient exploitées dans les entreprises, doivent élever durement seules leurs enfants, en d’autres termes qu’elles meurent socialement à petit feu du fait du système capitaliste « prolétairicide », n’offusquent aucunement les féministes bourgeoises. Pour ces féministes la cause de ces millions de femmes assassinées socialement ne mérite aucune attention, aucun combat. Pour ces féministes, l’ennemi, c’est l’homme et non pas le capitalisme. « Le mâle, c’est l’absolu mal ». C’est la raison pour laquelle le capital aime et protège ce type de féminisme.
Paradoxalement, par leur action d’« essentialiser » les meurtres des femmes, leurs mobilisations exhortant les pouvoirs publics à protéger les femmes, à voter des lois spécifiques pour les femmes, elles perpétuent le schéma patriarcal qui infériorise et infantilise la femme. Par leur politique féministe essentialiste, elles détachent les femmes de la communauté humaine universelle pour les assigner à des statuts particuliers inférieurs, réduites à une minorité à protéger du fait de leur faiblesse congénitale.
Ce féminisme bourgeois cultive une politique victimaire. En réalité, ce néo-féminisme outrancier, favorisé par le capital, s’intègre dans le processus de désagrégation de la communauté humaine en de multiples segments : ethniques, religieux, communautaires, identitaires, dans le dessein de briser l’élément essentiel social, l’appartenance de classe. En lieu et place de la lutte des classes sont ainsi favorisés la lutte des races, les conflits de religions, la guerre des sexes, les tensions communautaires. Pour le plus grand profit du capital qui peut continuer à nous livrer sa guerre sociale en paix.
Dès le début de notre siècle, les dérives du féminisme avaient déjà été dénoncées par Élisabeth Badinter, dans son ouvrage Fausse route. Dans ce livre, publié en 2003, elle fustigeait le « féminisme guerrier », la guerre des sexes, le féminisme misandre, victimaire. Aujourd’hui, les féministes instrumentalisent les violences conjugales. Les violences faites aux femmes sont devenues l’arme du féminisme punitif. Sur ces violences résiduelles, elles assènent leurs argumentations victimistes. À chaque meurtre d’une femme tuée par un homme, les féministes brandissent leurs accusations flanquées de leurs immanquables revendications pécuniaires. En effet, dans le dessein de réclamer financement public et subventions privées, le féminisme « martyrologique » a besoin d’assombrir la condition conjugale réservée aux femmes par les hommes. Il a surtout besoin de victimes pour ne pas succomber à la mort associative. Faute de victimes médiatiquement « visibilisées », le féminisme victimaire finirait par tomber dans les oubliettes sociétales. Ainsi, derrière le discours de dénonciation de la violence sexiste, outrancièrement instrumentalisée, s’affairent des associations féministes financées généreusement par les fonds publics.
Le féminisme victimaire fonctionne sur un schéma binaire : femme victime (toute femme) /homme bourreau (tout homme). Or, les chiffres des homicides contre les femmes sont en baisse régulière. Les homicides dont les victimes sont des femmes sont en baisse constante (moins 25 % depuis 10 ans). En France, 90 tuées en 2020, contre 146 en 2019 (cette baisse considérable du nombre de morts est intervenue dans un contexte de crise sanitaire et social, sur fond de confinement, censé avoir accentué les violences intrafamiliales et conjugales, thème amplement relayé par les médias pour éluder les véritables violences sociales et politiques infligées à l’ensemble du peuple par le gouvernement, notamment par l’explosion du chômage, l’augmentation de la précarité et de la paupérisation, la recrudescence de la surveillance et du contrôle social, la répression policière, la militarisation de la société.
En réalité, d’un point de vue humain, en matière pénale, statistiquement, dans l’ensemble des pays, les premières victimes des violences en général sont largement les hommes. Les femmes ne constituent qu’un très faible pourcentage en matière d’homicides. Certes la violence létale est majoritairement perpétrée par les hommes, mais les principales victimes de cette violence sont essentiellement les hommes eux-mêmes. Comme l’illustrent les statistiques sur les homicides par sexe tirées de Wikipédia : « Selon les données fournies par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, dans le monde, 78,7 % des victimes d’homicide sont des hommes, et dans 193 des 202 pays ou régions répertoriés, les hommes étaient plus susceptibles d’être tués que les femmes. Dans deux cas, le rapport était de 50 : 50 (Suisse et îles Vierges britanniques) et dans les sept autres – Tonga, Islande, Japon, Nouvelle- Zélande, Corée du Sud, Lettonie et Hong Kong – les femmes étaient légèrement plus susceptibles d’être victimes d’homicides par rapport aux hommes. Une étude mondiale de 2013 sur l’homicide par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a constaté que les hommes représentaient environ 96 % de tous les auteurs d’homicides dans le monde et 79 % des victimes ».
C’est une donnée biologique (!?…) : les hommes sont physiquement plus violents que les femmes. La violence masculine létale est une donnée de l’évolution analysée par le darwinisme. Cependant, il faut nuancer le constat. Ce ne sont pas tous les hommes qui sont violents, capables de commettre des meurtres. En effet, s’il est indéniable que la majorité des crimes violents est commise par des hommes, en revanche c’est une infime minorité d’hommes qui est responsable de la majorité des actes de violence. Dans une étude suédoise, il a été démontré que « les 1 % les plus violents de la population ont commis 63 % de tous les crimes violents, soit presque deux fois plus que les 99 % restant tous ensemble ». Cette étude a également démontré que cette infime minorité violente de la population est plus susceptible de persister tout au long de la vie de commettre des violences, des viols. Aussi, contrairement à l’approche idéologique féministe misandre, tous les hommes ne sont pas violents. Affirmer le contraire est non seulement inexact mais nuisible à l’établissement de relations paisibles entre les femmes et les hommes. Les délinquants récidivistes ne représentent qu’un faible pourcentage des délinquants criminels, qui constituent à leur tour un faible pourcentage de la population masculine en général.
Les femmes peuvent également devenir des meurtrières. L’actualité rapporte régulièrement les cas d’homicides commis par les femmes. Chaque année, plusieurs dizaines d’enfants âgés de moins de 15 ans sont victimes d’homicide. Selon une étude de l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales), 70 % des condamnations pour homicide sur mineur de moins de 15 ans sont des femmes. Sur les 325 condamnations prononcées entre 1996 et 2015, 227 l’ont été à l’encontre de femmes, soit dans environ 70 % des affaires. Souvent, ce sont des mères qui tuent leur enfant. Pourtant, il n’a jamais été question de soulever à cette occasion un ‟problème de violence féminine”.
En vérité, les violences conjugales impliquent parfois les deux sexes. La conception selon laquelle les femmes seraient toujours les victimes et les hommes toujours les agresseurs est fausse. Dans un couple, certes l’homme peut faire preuve de violence létale, mais la femme manifeste plus fréquemment une réelle violence verbale et psychologique. Cette violence est minimisée, voire ignorée, par les féministes. Un tiers des victimes de violences physiques dans le couple sont des hommes. Officiellement, 20 % des hommes sont victimes de violences conjugales, un chiffre en réalité sous-évalué du fait du tabou lié à la difficulté pour les hommes de se confier, d’être crus.
Du point de juridique, le discours féministe véhicule l’idée selon laquelle les violences conjugales ne seraient pas suffisamment jugées ni condamnées. Or, l’histoire des annales pénales prouve le contraire. Depuis le XIXème siècle, les violences conjugales ont toujours été sévèrement punies, la violence de l’époux constituant par ailleurs un facteur aggravant. Loin de nous l’idée de nier l’importance de la violence commise contre les femmes par leurs conjoints, en particulier les assassinats des femmes, il convient néanmoins de replacer cette violence et ces meurtres dans le contexte actuel du développement exponentiel de la violence protéiforme générée par le système capitaliste en pleine putréfaction. Comment définir et qualifier ces meurtres de masse perpétrés fréquemment par des jeunes adolescents à peine pubères, notamment dans les établissements scolaires, dans la plus grande démocratie du monde, les États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays civilisés occidentaux ?
De manière générale, le meurtre d’une femme commis par son conjoint est souvent motivé par la jalousie ou la décision de rupture conjugale. Ainsi, la motivation première plonge ses racines dans la nuit des temps : la jalousie. La rupture conjugale initiée par la femme suscite également chez certains hommes une réaction de refus violent en raison de leur esprit de possessivité, vestige psychologique des anciennes sociétés archaïques patriarcales. Pour ces hommes, le sens de la propriété a toujours dominé leur relation avec la femme (ce phénomène est un reliquat des modes de production archaïques fondés sur la force physique qui disparaît peu à peu avec la robotisation-numérisation de la production) Mais ces deux facteurs millénaires n’expliquent pas la récurrence des actuels meurtres des femmes commis par leurs conjoints. De surcroît, il existe également de nombreux hommes assassinés par leurs épouses, mais minorés par les médias. Les homicides conjugaux remontent à l’origine de l’humanité.
Au demeurant, l’instinct meurtrier, rarement étudié ni évoqué, est bien ancré dans la psyché des êtres humains (ex-chasseurs). Instinct régulièrement réactivé sous l’effet de graves crises civilisationnelles ou lors des guerres, dans lesquelles le meurtre est officiellement légitimé. On l’oublie souvent : les périodes de guerres ou d’agitations réactionnaires terroristes transforment l’homme et la femme en êtres sanguinaires capables des pires barbaries (Daesh, décennie noire en Algérie, époque du démembrement de la Yougoslavie avec son lot de massacres collectifs et individuels, Rwanda avec son génocide primitif perpétré avec des machettes). Au nom de quelle éthique les meurtres commis lors des guerres sont-ils tolérés, légitimés, encouragés par les États, tandis que ces mêmes États, en période de « paix », condamnent fermement les mêmes personnes coupables de meurtres ? La violence étatique est légitimée en toute circonstance car c’est sur cette violence que s’érige le pouvoir de la classe dominante, les rapports sociaux d’exploitation. Sans cette violence étatique légitime, aucune société de classe (autrement dit aucune classe dominante) ne survivrait vingt-quatre heures.
À cet égard, des études canadiennes récentes ont démontré que 80 % des hommes et 60 % des femmes avaient déjà pensé au cours de leur existence à tuer quelqu’un. Toutefois, entre l’homme et la femme la différence est purement temporelle : chez la femme son envie de meurtre ne dépasse jamais quelques secondes, tandis que chez l’homme elle dure des heures. Cette différence s’explique par la phylogenèse : l’homme a toujours été un prédateur-chasseur, c’était son occupation principale dans la famille, au sein de la tribu.
Comment expliquer ce fléau ? Les meurtres des femmes commis par leurs conjoints auraient-ils réellement augmenté ces dernières années ou serait-ce seulement l’effet de leur visibilité médiatique ? Quoi qu’il en soit, en cette période de crise économique et sociale profonde, les causes majeures de ces meurtres tiennent au développement de l’anomie générée par le capitalisme, à l’expansion des comportements déviants et immoraux : chaque individu isolé, endoctriné, est converti en narcissique potentiellement prédateur et criminel, plutôt qu’en fraternel camarade solidaire. Mais surtout à l’explosion de la misère sociale, à la désagrégation des statuts maritaux, à l’éclatement des liens familiaux, au délitement des valeurs morales, à l’expansion de la paupérisation.
Les médias contaminés par l’idéologie néo-féministe éludent cette variable sociologique : nombre de meurtriers sont au chômage. Or, sociologiquement, toute séparation conjugale induit une déchéance sociale et financière. Dans les situations de séparation problématique, ces deux facteurs concourent souvent à l’aggravation de la détresse psychologique, favorisant ainsi la commission de l’homicide. Autre point important à souligner : la majorité des divorces sont demandés par les femmes. Cette initiative est perçue comme une trahison de la part du conjoint abandonné, particulièrement l’homme vulnérable imprégné de mœurs archaïques patriarcales. Pour lui, il s’agit d’un « coup de poignard dans le dos ». Il se sent meurtri. Sa raison d’être (sa femme qu’il a déifiée) tue leur amour. Sa raison est aussi atteinte par ce coup mortel conjugal. Aussi, sa raison, inéluctablement, décline-t-elle, dépérit-elle, s’altère-telle. Il vit la séparation comme un meurtre symbolique perpétré par sa conjointe. Dès lors, livré, dans sa brutale solitude, à ses démons intérieurs, il rumine la vengeance.
Khider Mesloub
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec