Les piques amères ont volé alors que les membres du Comité de la défense des Communes se mettaient d’accord pour inviter plusieurs autres témoins dans le cadre de leur enquête élargie sur la façon dont le gouvernement libéral a géré les allégations contre les plus hauts gradés des Forces armées.
La police militaire enquête actuellement sur les allégations d’inconduite visant le général Jonathan Vance, ancien chef d’état-major de la défense, qui a nié tout acte répréhensible, et sur celles visant son successeur, l’amiral Art McDonald, qui s’est temporairement retiré de son poste.
La liste des nouveaux témoins appelés par le comité parlementaire comprend des membres du personnel politique libéral, mais aussi deux membres du précédent gouvernement conservateur.
On invite également le capitaine de corvette Raymond Trotter, celui qui aurait signalé à ses supérieurs, le mois dernier, une allégation d’inconduite du chef d’état-major McDonald.
Global News a rapporté que M. Trotter avait par la suite reçu deux appels téléphoniques menaçants, l’un d’une personne prétendant être un officier militaire et l’autre d’une personne qui s’identifiait comme un haut gradé du gouvernement canadien
.
Ces personnes auraient mis en garde M. Trotter contre toute collaboration avec l’enquête du comité, sans quoi sa carrière militaire serait terminée.
Les conservateurs accusent les libéraux d’« abus de pouvoir »
En réponse, le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan, et ses collègues Pierre Paul-Hus et Leona Alleslev ont publié lundi une déclaration accusant le gouvernement libéral d’être à l’origine d’une campagne coordonnée pour menacer et faire taire un dénonciateur d’inconduite sexuelle
.
C’est une autre preuve que Justin Trudeau et son gouvernement libéral vont très loin pour camoufler les allégations d’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, ajoutent les députés conservateurs. Le fait de menacer un membre des Forces armées canadiennes pour qu’il garde le silence est un abus de pouvoir évident et préoccupant. Il est sidérant de voir jusqu’où le gouvernement libéral est prêt à aller pour cacher la vérité aux Canadiens.
Le cabinet du ministre de la Défense, Harjit Sajjan, n’a pas tardé à riposter. Non seulement le cabinet du ministre n’était pas au courant de l’identité de l’appelant avant les reportages des médias, mais toute insinuation selon laquelle notre gouvernement a fait des commentaires menaçants est totalement fausse
, a déclaré le porte-parole, Todd Lane.
Cette accusation sans fondement du Parti conservateur nuit à la confiance dans les processus qui existent pour aider ceux qui déposent des plaintes d’inconduite. Cette insinuation imprudente ne sert qu’à semer le doute chez celles et ceux qui dénoncent ou qui songent à le faire.
Une chronologie
M. Lane et le ministère de la Défense nationale ont aussi publié lundi une brève chronologie pour préciser à quel moment l’allégation contre l’amiral McDonald avait été reçue et comment elle avait été traitée.
Le premier appel d’un tiers
a été fait le 4 février à un standardiste et a rapidement été renvoyé au Service national des enquêtes des Forces canadiennes, selon le ministère de la Défense, qui a amorcé une enquête à l’insu du chef d’état-major McDonald.
Lorsque le standard téléphonique a reçu une plainte pour inconduite, celle-ci a été immédiatement transmise à un fonctionnaire du ministère de la Défense nationale, a déclaré M. Lane. À aucun moment un membre du personnel du cabinet du ministre n’a parlé avec cet appelant.
Le ministère de la Défense a ajouté que l’amiral McDonald n’avait eu connaissance de l’enquête que le 24 février, lorsque des informations spécifiques à un cas ont été divulguées
dans les médias. M. McDonald s’est temporairement retiré de ses fonctions le même jour.
Le Service national des enquêtes de l’armée n’a pas voulu préciser lundi s’il enquêtait sur les menaces présumées visant M. Trotter.
D’autres témoins
Les membres du Comité de la défense des Communes, de leur côté, ont voté lundi pour convoquer le capitaine de corvette. Il doit s’agir d’une convocation parce que cette personne fait toujours partie de la chaîne de commandement, a expliqué le député Bezan. Nous voulons nous assurer qu’il se sente libre de comparaître sans crainte de représailles.
Les membres du comité ont également convenu de convoquer à nouveau le ministre Sajjan pour qu’il clarifie ce que les membres de l’opposition considèrent comme des contradictions entre son témoignage du 19 février et celui de l’ancien ombudsman militaire Gary Walbourne, la semaine dernière.
M. Walbourne a déclaré au comité qu’il avait pour la première fois prévenu le ministre Sajjan en mars 2018 d’allégations d’inconduite sexuelle visant le général Vance.
Or, devant le même comité, le 19 février, le ministre déclarait qu’il avait été le premier surpris lorsque Global News avait fait état pour la première fois des allégations, au début de février dernier.
Le comité veut aussi entendre Zita Astravas, qui était cheffe de cabinet du ministre Sajjan en 2018, et Elder Marques, qui était conseiller principal du premier ministre Justin Trudeau. Les membres du comité veulent savoir à quel moment ils ont été mis au courant des allégations visant le général Vance et ce qu’ils ont fait par la suite.
Les membres du comité se pencheront également sur la manière dont M. Vance avait été choisi pour occuper le poste de chef d’état-major de la défense en 2015 : ils invitent donc Ray Novak, ancien chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, mais aussi principal conseiller du ministre de la Défense de l’époque, Jason Kenney.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec