Suis-je devenu conservateur… ou sage?

Suis-je devenu conservateur… ou sage?

Beaucoup de nos concitoyens, surtout parmi les jeunes, pensent que nos sociétés sont détestables.

Elles seraient racistes, impérialistes, colonialistes, homophobes, islamophobes, transphobes, grossophobes, etc.

Quand je m’objecte, on me dira : « Ben, vous, on le sait… » Et ils me classeront dans la catégorie « identitaire de droite ».

Esprit

Forcément, je réfléchis : suis-je devenu conservateur ? 

Il me semble pourtant que mes idées ne sont pas si différentes de ce qu’elles sont depuis longtemps. 

Est-ce l’époque qui a changé ?

Au fond, la bonne question est peut-être : qu’est-ce qu’être conservateur ?

Le grand philosophe britannique Michael Oakeshott a souvent expli­qué que le conservatisme n’est pas une philosophie aux contours précis. C’est plutôt un état d’esprit.

« Être conservateur, disait-il dans un passage devenu classique, c’est préférer le familier à l’inconnu, le testé au non-testé, le fait au mystère, l’actuel au possible, le limité à l’illimité, le proche au distant, le suffisant au superflu, le convenable au parfait, le petit rire quotidien à l’utopie du bonheur parfait » (ma traduction).

G.K. Chesterton résumait cela avec sa célèbre allégorie de la clôture.

Un homme « moderne » découvre une clôture au milieu d’un champ. Si la clôture le dérange, ou s’il n’en voit pas l’utilité, il voudra l’abattre.

Il s’imaginera poser un geste « libérateur », émancipateur.

Le conservateur dira plutôt : s’il y a une clôture, elle doit avoir été placée là pour une raison.

Il se dira : je vais prendre mon temps, je vais essayer de comprendre qui a érigé la clôture et pour quelle raison, et quand je le saurai, je pourrai mieux décider si la clôture doit être enlevée ou non.  

Le conservateur n’est donc pas contre tout changement. 

Il est contre le changement radical, contre le changement irréfléchi, contre le changement exclusivement motivé par les passions du moment présent.

Il est pour le changement prudent et mûrement réfléchi.

Bien sûr qu’il y a des injustices à corriger.

Mais toutes les inégalités ne sont pas nécessairement des injustices. Et le changement radical accouche souvent de situations pires que celles que l’on voulait corriger.

L’affaire est donc infiniment plus compliquée que les étiquettes usuelles de gauche et de droite.

Un écologiste voudra que l’on change notre mode de vie pour conserver la planète. À sa façon, il est aussi un conservateur.

Aux États-Unis, les vrais grands intellectuels conservateurs sont très opposés à Trump et se désolent­­­ de ce qui arrive au parti républicain.

L’esprit conservateur est pragmatique, prudent, respectueux des faits et des traditions, croit à la vertu personnelle et déteste le despotisme.

Trump est le contraire absolu de tout cela. 

À gauche, beaucoup ont un goût immodéré pour la censure et se cramponnent à des politiques des années 1970 qui ont lamentablement échoué.

Des « progressistes », vraiment ?

Sagesse

Regardez autour de vous.

On voit beaucoup de gens qui, en vieillissant, deviennent plus conservateurs. 

En connaissez-vous beaucoup qui, en vieillissant, font le chemin inverse ? Non.

Ça doit vouloir dire quelque chose, non ?

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