« Dites-moi, existe-t-il un dictionnaire différent pour les Noirs et les Blancs ? »
« Jugée trop blanche pour traduire la poétesse noire Amanda Gorman, elle démissionne après un “tollé” ».
Oui, vous avez bien lu. On est rendu là. Aux Pays-Bas, une personne ne peut pas traduire The Hill We Climb (La colline que nous gravissons), le poème qu’Amanda Gorman a récité à l’inauguration de Joe Biden, car elle est considérée trop blanche par des militants noirs.
Le mot « colline », écrit par une Noire, n’a pas le même sens que s’il est écrit par une Blanche ? Le verbe « gravir » ne se conjugue pas de la même façon selon la couleur de celui qui tape à l’ordinateur ?
Dites-moi, existe-t-il un dictionnaire différent pour les Noirs et les Blancs ?
CHACUN CHEZ SOI
Mais où s’arrêtera cette ségrégation littéraire ? Tous ceux qui ont traduit les célèbres discours de Martin Luther King auraient dû être noirs ? Il aurait fallu que seulement des traducteurs noirs travaillent sur les différentes versions des mémoires de Barack Obama ? Quand Dany Laferrière est traduit en japonais, il faut que son traducteur soit japonais… et noir ?
Et est-ce que cette règle s’applique seulement aux Noirs ? Quand Kim Thúy est traduite en italien, faut-il que son traducteur soit vietnamien ?
Cette histoire est la dernière incarnation de la gauche qui dérape. Imaginez : Marieke Lucas Rijneveld, choisi pour traduire le poème de Gorman est… non binaire ! On aurait pu croire que ce serait le candidat idéal pour les « Wokes ».
Le 26 août dernier, Marieke est devenu le plus jeune auteur et la première personne non binaire à recevoir le très, très, très prestigieux International Booker Prize pour son premier roman.
Mais en 2021, être jeune, talentueux et non binaire, ce n’est pas suffisant ! Dans une perspective intersectionnelle, il/elle n’était pas membre de suffisamment de minorités opprimées pour obtenir son passeport de bienpensance.
Tiens, tiens, je me demande bien si la personne qui traduit les livres de Marieke doit absolument être une personne non binaire…
Savez-vous ce qui est le plus délirant dans cette histoire ? L’équipe d’Amanda Gorman était ravie du choix de la traductrice ! Ils étaient d’accord avec le choix de cette personne non binaire blanche ! Ils s’en foutaient de la couleur de sa peau !
Le plus triste dans cette histoire, c’est que les militants pour les droits des Noirs se discréditent en partant des guéguerres semblables. Il me semble qu’il y a des causes bien plus urgentes et cruciales à défendre que de savoir quelle est la couleur de peau d’une traductrice.
La prochaine fois, faites donc traduire tous vos poèmes par Google Translate ! Les algorithmes n’ont pas de race.
EBONY AND IVORY
Dans son poème, Amanda Gorman disait : « If we’re to live up to our own time,
then victory won’t lie in the blade. But in all the bridges we’ve made ».
Ce qui – si je peux me permettre une traduction, moi qui suis blanche comme une aspirine – signifie : « Si nous voulons être à la hauteur de notre propre époque, la victoire ne passera pas par l’épée, mais par tous les ponts que nous avons construits ».
Selon vous, cette controverse, elle construit des ponts ?
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec