2 mars 1969
Premier vol de Concorde
Le 2 mars 1969 a lieu le vol d’essai du Concorde au-dessus de Toulouse, avec à ses commandes le pilote André Turcat. Premier supersonique à vocation commerciale et non militaire, l’avion franco-anglais a réussi son examen de passage en franchissant la vitesse du son (340 mètres par seconde ou 1 224km/h), un exploit qu’aucun autre avion commercial n’est encore en mesure d’accomplir cinquante ans plus tard.
Le défi supersonique
En 1947, pour la première fois, un pilote d’essai américain a réussi à franchir la vitesse du son, à 1297 km/h. Dès lors, les militaires de tous les grands pays ont développé des avions de combat supersoniques, chasseurs et bombardiers.
Dans le même temps, les compagnies aériennes ont rêvé d’avions supersoniques pour le transport de passagers malgré la difficulté de l’enjeu.
Sud-Aviation, à Toulouse, et British Aerospace, à Bristol, ont développé les recherches chacun de leur côté, à grand coup de financements publics.
Le constructeur français, qui a déjà à son actif le succès de la Caravelle, projette une Super-Caravelle supersonique. La conception et la fabrication du moteur sont confiées à un autre industriel, la SNECMA.
Finalement, se rendant compte qu’ils n’y arriveraient pas isolément, les deux constructeurs décident d’unir leurs efforts. C’est ainsi que les gouvernements français et britannique signent le 29 novembre 1962 un accord qui jette les bases du projet Concorde.
Américains et Soviétiques ne veulent pas rester en retrait et lancent leurs propres projets. Mais leurs constructeurs Boeing et Tupolevseront devancés par le projet franco-britannique que vient couronner avec éclat le vol d’essai d’André Turcat à bord du Concorde 001.
La démonstration au-dessus de la Garonne est spectaculaire malgré une météo défavorable. Fier de cet exploit et d’avoir marqué l’histoire de l’aviation, le commandant de bord déclare, plein d’espoir : « Ce premier vol n’est pas un achèvement, c’est le point de départ de notre travail. Cette machine va nous demander encore beaucoup d’efforts. Il faudra encore des mois et des années avant de pouvoir annoncer que les passagers peuvent prendre place à bord. »
Un mois plus tard, de l’autre côté de la Manche, l’exemplaire 002 effectue à son tour une première sortie. Les vols d’essais vont ensuite se multiplier jusqu’à la mise en service commerciale de l’appareil. Alors qu’un avion normal requiert 1500 heures d’essais, le Concorde en aura assumé 5 300 !
Le 4 novembre 1970, André Turcat franchit Mach 2 pendant 53 minutes, à 2469 km/h. Le record de vitesse est atteint à Mach 2,23 (2377 km/h) en mars 1974…
Manque de chance, le premier choc pétrolier a éclaté en octobre 1973 et entraîné une forte hausse du kérosène et la faillite de nombreuses compagnies aériennes. Diverses compagnies du monde entier avaient pris jusqu’à 70 options au total sur l’appareil. Au vu de la conjoncture et des essais compliqués de l’appareil, elles ne concrétisent pas leurs options. En désespoir de cause, Paris et Londres obligent leurs compagnies Air France et BOAC (future British Airways) à commander chacune sept appareils. Il n’y en aura pas d’autres.
Lors du 30e Salon de l’aéronautique du Bourget, en 1973, le Concorde fait sa première présentation officielle, en concurrence avec son rival soviétique, le Tupolev 144 (TU-144), que l’on surnomme ironiquement « Concordski » en raison de sa ressemblance troublante avec l’avion franco-britannique, que l’on attribue non sans raison à une opération d’espionnage industriel. Il paiera très cher ce péché de conception : le 3 juin 1973, lors de son vol de démonstration au cours du Salon, il s’écrase sur le village de Goussainville ! 14 personnes sont tuées dont 8 habitants du cru.
À l’issue d’un travail de longue haleine, le Concorde, dont le premier modèle est sorti d’usine en 1967, est malgré tout mis en service en 1976.
Mais voilà qu’apparaissement les premiers mouvements écologistes. Le Concorde est violemment critiqué pour son bruit et sa consommation excessive de carburant… Rappelons que l’avion brûle pas moins de 20 tonnes de kérosène par heure de vol et 450 litres par minute lors du décollage.
Les associations américaines le privent de tout droit d’atterrissage à New York. La Chine refuse que l’avion passe par Pékin à cause du bruit insoutenable de la bête au décollage (presque 120 décibels). Échec commercial garanti. Seize appareils de présérie sont néanmoins construits, dont plusieurs volent encore. L’expérience permet aux constructeurs européens de lancer dans la foulée le programme Airbus.
Le 25 juillet 2000, un accident survenu à un Concorde à Gonesse, près de l’aéroport de Roissy, allait coûter la vie à 113 personnes dont les 109 passagers et de membres d’équipage.C’est un coup dur pour un appareil qui avait jusque-là témoigné d’une fiabilité exceptionnelle. L’exploitation commerciale des derniers appareils va s’arrêter progressivement en 2003. La même année, un fan du supersonique débourse 420 000 euros pour acquérir le nez de l’appareil lors d’une vente aux enchères. Fin d’un beau rêve technologique. Les préoccupations écologiques mais aussi les menaces technologiques et la préférence des milliardaires pour les jets privés ont raison de l’avion supersonique. .
Source ; Herodote
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