Les ministres de la défense des pays de l’Otan se réunissaient la semaine dernière pour tenter de définir une nouvelle stratégie militaire. En d’autres termes, moins charitables, l’Otan cherchait les moyens de justifier son existence, soixante-douze ans après sa création, vingt-neuf ans après la chute du mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie.
Ils se sont séparés sur l’incroyable annonce de l’augmentation du contingent de l’Otan en Iraq, à des fins de formation de l’armée irakienne. Ce contingent sera porté progressivement de 500 à 4.000 hommes. On a parlé de l’Afghanistan, mais on a reporté une éventuelle décision au mois de mai.
Ainsi donc, cet ensemble de trente pays qui a un budget annuel de plus de mille milliards de dollars, couvert aux trois quarts par le budget militaire américain de plus de 750 milliards, va envoyer « progressivement » 3.500 hommes en Iraq. Le compte, évidemment, n’y est pas. Mais il faut maintenir l’alliance en vie. On ressort donc les suspects habituels, la Russie et la Chine.
Le message du secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin a été une reprise du « récit » habituel, habillé du désir affirmé de Joseph Biden de renforcer les liens avec les alliés des USA, liens quelque peu mis à mal par Donald Trump.
Toujours la même histoire, donc : les pays européens doivent dépenser toujours plus pour faire tourner la machine militaro-industrielle américaine, car, bien entendu, pas question d’acheter d’armes ailleurs qu’aux USA. La Turquie s’y est risquée récemment. On connaît la réaction, et on attend la fin de l’histoire. Le fond du problème, c’est que les Etats-Unis ont besoin des achats d’armes des alliés et de l’Otan pour sauver le capitalisme américain.
Seulement voilà, les alliés deviennent de plus en plus difficiles à convaincre. D’une part, les budgets nationaux sont saignés à blanc par les conséquences économiques de la pandémie. D’autre part, ni la Russie, ni la Chine ne sont des ennemis qui rêvent de détruire les pays européens. Et quand bien même, contre toute évidence, le voudraient-ils, quel danger de destruction peuvent représenter deux pays dont les budgets militaires conjugués représentent le quart du budget de l’Otan ?
L’alliance a été formée il y a plus de soixante-dix ans. Le monde a changé depuis. La Russie et la Chine, surtout cette dernière, mènent le développement eurasiatique dans les domaines économiques et politiques. Le monde devient de plus en plus multi polaire, au grand dam, il est vrai des Etats-Unis… La Chine a dépassé les Etats-Unis comme principal partenaire commercial de l’Union Européenne. Cette même Union Européenne qui a signé en janvier de cette année un accord général sur les investissements avec la Chine.
Les quatre années de présidence Trump ont entamé la confiance aveugle des pays européens en leur « grand frère » d’outre Atlantique. On n’ose toujours pas lui dire non, mais on cherche tous les moyens d’échapper à ses diktats. Les budgets militaires n’augmentent que peu. Il y a toujours, c’est vrai, les irréductibles de la guerre froide, comme le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg et les « russophobes de service », comme la Pologne, les Pays Baltes, ou l’Ukraine, mais il devient de plus en plus difficile de « vendre » l’Otan à des pays qui, d’une part font face à d’énormes dépenses pour financer leurs politiques sociales et, d’autre part, doivent bien constater que le « récit » américain concernant les dangers russe et chinois ne correspond pas à la réalité observable.
L’Allemagne et la France n’ont pas encore trouvé le courage de dire non, mais cela viendra tôt ou tard. Une trop forte pression à propos de Nord Stream II pourrait être un élément déclencheur en Allemagne.
source:http://associationfrancorusse.fr/
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