ALLAN ERWAN BERGER — Ça ne vous aura pas échappé : en latin, le livre se dit liber, libris ; et la liberté : libertas, libertatis. La liberté est une capacité, ou une qualité (surtout dans le monde antique, où l’esclavage n’est jamais loin) : état de celui qui est livre… [non ça c’est le clavier, qui fait voisiner le V et le B, aussi bien en AZERTY qu’en QWERTY]… État de celui qui est libre.
Livre, libre ! En langage parlé, les B (ou les P) et les V sont interchangeables dans presque toutes les langues européennes. Voyez aborto, as, are : avorter ; hiver c’est hibernum… Quant à l’ébriété… Imaginez-vous ibres.
Bref, ici nous parlons de livres. Et qu’est-ce donc qu’un livre, selon son étymologie ? J’appends que jadis, une partie de l’écorce, le liber, servait de support à l’écriture (cf. Gaffiot). L’écorce qui pousse de l’arbre vers l’extérieur, porte ainsi un nom issu de la souche même dont vient le mot qui désigne les enfants, qui poussent des parents. Car les enfants se disent liberi…
En somme, le livre est un enfant qui rend libre, et ivre aussi (ebrius). Car Liber, c’est d’abord une divinité du pinard, qui sera bientôt supplantée par Bacchus ; voyez le mot libation. La vinasse rend libre. Alain Nadaud : Ivre de livres, chez Balland. Et donc, oui, Jean-Baptiste, le livre est très officiellement un support.
Était un support. Voilà. Et je retourne dans ma grotte.
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