par Badylon Kawanda Bakiman
Face à la multiplicité des cas de ‘’Justice populaire’’ à Kikwit, ville économique de la province du Kwilu, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, maître Rossy Pumbulu, un des juristes de la province, vient de monter au créneau.
Ayant beaucoup réfléchi et analysé le contexte et les paramètres relatifs aux cas de ‘’justice populaire’’, il vient de dévoiler les facteurs ou les causes qui président à la commission de ces actes ignobles.
Parmi les cas les plus récents de cette justice populaire, il y a plus de cinq personnes tuées à coups des machettes depuis octobre 2020 jusqu’au mois de février 2021 à Kikwit, à Imbongo secteur, Gungu territoire etc. A cela s’ajoutent plusieurs maisons détruites, incendiées ou pillées aux différents lieux précités.
Maitre Pumbulu s’est ainsi exprimé mardi, 16 février 2021 dans la salle ‘’La Tourainre Saint Martin’’ dans la commune de Lukolela à l’occasion d’une tribune d’expression populaire à ce sujet.
«Avant de donner des pistes de solutions et recommandations afin de mettre fin à toutes ces situations, j’ai jugé pertinent de donner d’abord les causes qui sont à l’origine de ces actes», a-t-il déclaré.
Selon lui, si les causes sont bien connues et bien analysées, des solutions sont faciles à trouver.
«S’il y a recrudescence des cas de ‘’justice populaire’’, c’est parce qu’en premier lieu il y a absence des policiers sur la route. Cela veut dire qu’à un certain moment la population se sent dans l’insécurité, car s’il y a un problème, la police qui est censée mettre de l’ordre n’est pas là. Cette absence fait que les victimes d’un acte ignoble ainsi que la population se sentent obligées de se faire justice ou de se prendre en charge. D’après le commandant de la police villa de Kikwit, le nombre d’éléments de la police de la ville est moindre par rapport à cette grande ville de plus d’un million d’habitants. Ce nombre réduit des policiers est aussi une des causes des cas de ‘’justice populaire’’», indique-t-il.
Un autre facteur est la mauvaise formation de certains policiers. «Il y a des moments où, même si quelques policiers sont présents, certains parmi eux sont mal formés. Et ils ne voient pas comment intervenir en cas de justice populaire. Il y en a également qui sont mal équipés. Pas de matériels leur permettant de bien intervenir. Quelques policiers ne veulent pas mourir pour sauver une situation. Devant ces insuffisances, la population décide de se prendre en charge », explique le juriste sur un ton ferme.
Une autre raison donnée par l’orateur est le manque de confiance de la population dans la justice du pays.
«Cela est parmi les principales causes des cas de ‘’Justice populaire’’. Car, lorsqu’on arrête un présumé voleur ou un présumé assassin arrêté en flagrance, quelque deux ou trois jours après, ils sont libérés. Moi-même j’avais vécu une telle situation avec le vol qui avait eu lieu à ‘’l’Institut facultaire de Kikwit’’ (IFAK) en 2020».
L’orateur a ajouté d’autres causes qui sont la corruption auprès des organes et agents chargés de l’administration de la justice ; l’absence d’actions rassurantes par les autorités compétentes ; l’absence de communications de la part des autorités qui ouvrent souvent des enquêtes sans suite et l’absence de l’éducation à la paix et aux droits ; l’implication même des policiers ou des militaires dans des cas de vol à mains armées etc.
Des pistes de solutions et de recommandations
a) A la justice de notre pays
«La justice élève une nation. Elle doit poser des actes qui rassurent la population et des actes qui vont dans le sens de la lutte contre l’impunité. Si la population constate des actes pareils, elle sera rassurée et évitera de poser des actes dans le sens de ‘’Justice populaire’’. Cela pourra permettre à la population d’arrêter un présumé criminel et l’amener directement au service compétent (à la police ou au parquet) pour continuer l’instruction du dossier»
b) Au service de sécurité de notre pays
«Il faut renforcer notre service de sécurité en faisant un bon recrutement d’agents. Des fois, ce sont d’anciens bandits qui sont recrutés et qui continuent à poser des actes de banditisme ou des actes désolants au niveau de leurs services où ils sont affectés. Le service de la police est un service d’honneur. Il faut donc recruter des gens qui ont une bonne moralité. Si le recrutement est mauvais, c’est sûr qu’on aura de mauvais éléments qui ne rendront pas un bon service à la nation», déclare le juriste.
Il demande aussi aux autorités d’organiser systématiquement des formations pour tous les agents affectés au service de sécurité de la République démocratique du Congo, surtout les éléments de la ‘’Police de proximité’’.
«Le gouvernement doit aussi équiper convenablement les agents du service de sécurité pour qu’ils soient efficaces sur le terrain. Comment la police par exemple peut être efficace si elle n’a pas de moyens de déplacement, si elle n’a pas d’argent etc. ? C’est inhumain ! », dit-il.
c) A la population
«Il est important que notre population soit formée, informée régulièrement. Des fois la population ne sait pas qu’en posant des actes de ‘’justices populaires’’ elle commet des infractions sanctionnées par la loi», explique le juriste.
Il invite la population à suivre de temps en temps des informations et des émissions à la radio, TV, à lire systématiquement des journaux ou autres publications pour être à la page.
«Les structures de la société civile ont une grande responsabilité. Celle d’organiser de temps en temps des séances de formation, de sensibilisation et d’information», conclut-t-il.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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