Être québécois, c’est baigner dans sa culture au quotidien. C’est aussi simple que ça. On en est imprégné. C’est dans l’air qu’on respire. On l’approfondit au jour le jour.
Ça veut dire que même si on ne connaît pas tout sur tout, on connaît un peu de tout parce qu’on en est environné au quotidien.
Par exemple, on peut ne pas avoir lu un seul roman de Marie Laberge, mais on sait que ses oeuvres sont intenses et passionnées, et on sait à quoi elle ressemble, pour l’avoir vue maintes fois à la télé.
On peut ne pas aller à des spectacles d’humoristes, mais on sait départager ceux qui sont subtils et spirituels de ceux qui sont vulgaires et racoleurs, du simple fait de les avoir entendus à l’occasion dans les talk-shows.
On n’a pas besoin de tout connaître en détail et en profondeur, mais on connaît en surface tout plein de choses auxquelles on peut se référer au besoin.
On a peut-être pas encore vu la trilogie Trogi, mais on a vu les annonces à la télé et on a eu envie de voir la série des 3 films hilarants, dans l’ordre si possible.
Même si on ne consomme pas de bière, dès qu’on entend le nom de la Boréale, on sait que c’est une bière artisanale d’ici.
Tout le monde a des manques, des lacunes dans sa culture personnelle, mais en revanche on a le portrait global, on sait de quoi il retourne lorsqu’on parle de culture québécoise. Tout simplement parce qu’on en est imprégné et entouré.
Chaque fois qu’on voit l’un des acteurs du film Dans une galaxie près de chez vous, on repense à cette parodie fort réussie des films de science-fiction qui nous a tant amusés, peut importe notre âge. On n’a peut-être pas eu la chance d’aller voir jouer tous ces comédiens au théâtre individuellement, mais on connaît cet aspect de leur carrière.
À ce propos, l’acteur principal de ce film, Guy Jodoin, déclarait à Sucré salé qu’en veillissant, il aimait de plus en plus le Québec. Il expliquait qu’il pouvait apprécier les autres cultures, les réalisations artistiques d’ailleurs, mais que c’est dans la nôtre qu’il se reconnaissait. Que c’est ici qu’il se sent bien, qu’il se sent le mieux, chez lui parmi les siens. On ne saurait mieux dire! C’est cela être nationaliste, et c’est beau.
Toutes ces menues connaissances diverses glanées de-ci, de-là, s’additionnent pour nous donner un portrait de la société qui nous entoure. Tout nous est plus ou moins familier, c’est une base de savoir et de référents culturels qui nous fournit des points de repère pour bien saisir les choses et comprendre le monde qui nous entoure.
Même lorsqu’on croit ne connaître à peu près rien d’un sujet quelconque, on s’aperçoit parfois qu’on en sait suffisamment pour se faire une idée de ce que c’est.
Par exemple, on peut ne pas avoir lu Sur la route de Jack « Ti-Jean » Kerouac, mais on en a certainement entendu parler. Et on sait au moins qu’il était de famille canadienne-française. Donc, notre ignorance n’est jamais totale.
Les plus jeunes n’ont peut-être pas été élevés selon les mêmes principes religieux que leurs aînés, mais il n’empêche qu’ils savent que saint le frère André était un thaumaturge reconnu, et qu’il a aidé des milliers de personnes à traverser les épreuves de la vie.
Tous ces faits, menus détails et informations s’acquièrent au jour le jour au fil des années qui passent. On les emmagasine sans même s’en rendre compte, et même sans effort particulier. C’est ainsi qu’on devient de plus en plus nous collectivement. C’est un bagage de savoir qui est partagé par la majorité d’entre nous. C’est ce qui nous permet de se connecter les uns aux autres, de nous relier dans une identité commune.
Quelle est la chanteuse de renommée internationale originaire de Charlemagne et issue d’une belle grande famille nombreuse? Pas besoin de faire de dessin. Tout le monde le sait, même si on ne nous l’a pas enseigné sur les bancs d’école.
Si quelqu’un revient de voyage et nous raconte son tour de la Gaspésie, on sait à quoi ça ressemble par là-bas, même si on n’a pas encore eu l’occasion de le faire. Il y a fort à parier que cela nous donne l’envie d’en faire notre prochaine destination voyage. Tout bon Québécois enraciné sait qu’il devra entreprendre ce pèlerinage une fois dans sa vie. Connaître mieux le Québec, c’est vouloir le connaître plus encore.
Être vraiment québécois, c’est vouloir approfondir sa propre culture, pour découvrir qui on est.
On n’a pas à être des spécialistes dans tous les domaines, mais des espèces de généralistes touche-à-tout, des butineurs-cueilleurs, avec possiblement quelques spécialités. Pour certains, ce sera nos téléromans et nos vedettes du show-biz, pour d’autres ce sera la musique classique avec le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin dirigeant l’Orchestre métropolitain, le pianiste Louis Lortie ou encore la violoniste Angèle Dubeault à la tête de La Pieta.
Même si on ne fait pas la cuisine, on a sans doute essayé au moins une recette de Ricardo Larrivée.
Même si on n’est pas encore allé au restaurant Le Pied de Cochon du chef Martin Picard, on a une petite idée de ce que le menu nous réserve d’excessivité assumée.
Quelqu’un qui n’est pas vraiment québécois ne sait rien de tout ça. Il ne possède aucun de ces milliers de référents qui nous font comprendre le beau petit monde dans lequel on vit et qui en font l’agrément. Cela fait partie de la courbe d’apprentissage nécessaire à une intégration réussie.
Car vivre dans sa culture est une source d’agrément et de joie renouvelée, la meilleure façon de se situer sur la planète, de savoir qui on est véritablement par rapport aux autres.
Sentir qu’on est de quelque part et de nulle part ailleurs.
Se trouver précisément sur son X.
Être d’ici au Québec.
Pour résumer, bien que chacun ne connaisse pas nécessairement en profondeur tous les aspects de la culture québécoise, cela fait partie d’un processus d’acquisition permanente qui nous enracine et nous lie. Mieux on se connaît, plus on s’apprécie.
La culture québécoise est le reflet collectif de chacun d’entre nous, un miroir qui nous renvoie une image qui nous identifie et nous indique la voie à suivre pour ne pas se perdre de vue, pour ne pas s’égarer dans les méandres d’une mondialisation effrénée, diluante de notre essence propre, et métisseuse vers le bas.
On est Québécois sur un territoire donné, entourés de nos semblables dans un environnement social familier et homogène qui reflète nos choix de vie commune.
En un mot, c’est notre identité collective qui nous situe, nous soude, nous recentre qui nous fournit nos repères et ultimement nous permet d’avancer ensemble.
La culture québécoise, c’est comme qui dirait le glaçage sur le beignet qui fait qu’on est une sorte de beignet et pas un autre. C’est la garniture spéciale sur le sundae. La fleur-de-lys sur le drapeau.
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