Recherche menée par Robert Gil
La France a été touchée à partir de 1931 par la Grande dépression, née en 1929 aux États-Unis. La crise économique et sociale frappa particulièrement les classes moyennes. Or, le pouvoir se révéla incapable d’apporter des solutions, ce qui se traduisit par une très forte instabilité ministérielle (cinq gouvernements de mai 1932 à janvier 1934) contribuant à alimenter le rejet du régime parlementaire.
Partout en Europe prospèrent sur la crise des organisations fascistes, nationalistes, racistes, pratiquant volontiers une certaine démagogie anticapitaliste, mobilisant des masses de petits bourgeois en voie d’être ruinés, d’ouvriers déclassés, de lumpen-prolétaires et d’étudiants qui font des démonstrations de force et s’attaquent aux organisations ouvrières. Soutenues, financées par une partie des capitalistes, elles servent de masse de manœuvre à la bourgeoisie dans ses projets d’instauration d’Etats forts mieux à même que le régime parlementaire classique à répondre à la situation, en attendant d’être l’ultime recours.
L’extrême-droite est forte de 100 à 150 000 militants dont une partie est militarisée. De multiples ligues nationalistes, groupuscules fascisants réclament le renversement de la république, un état autoritaire ou corporatiste. Des groupements de combat des jeunesses patriotes, des chemises bleues de Coty défilent dans Paris au pas militaire, sous les ordres de chefs. L’organisation pour la restauration de la monarchie, l’Action française regroupe des dizaines de milliers de militants et des groupes d’action, les camelots du roi. Les Croix de Feu, l’association fondée en 1927 au départ composée d’anciens combattants décorés au feu, dirigée par de La Rocque depuis 1930, est devenue une ligue d’extrême droite, avec un programme peu défini, mais contre les métèques, les profiteurs, ou les politicards. C’est rapidement l’organisation la plus massive et la mieux organisée, avec une association soutenant son action regroupant, en 1934, 130 000 militants, des groupes de « combat » et de « défense », les « dispo» organisant de 1200 à 1500 militants. Les milieux d’affaires leur apportent un soutien financier.
L’émeute aux portes de l’assemblée nationale contre la république parlementaire dans la nuit du 6 février 1934 marque un tournant de l’histoire française de l’entre deux guerres. Ce jour-là, toute la droite fait bloc dans la rue contre le gouvernement du radical Daladier. Derrière les forces qui s’affrontent ce 6 février, se profilent les ombres d’Hitler, des tenants du régime de Vichy, et le combat antifasciste, le Front Populaire, la grève générale de juin 1936 et la résistance.
Dans la soirée du 6, les ligues, qui se sont rassemblées en différents points de Paris, convergent vers la place de la Concorde, séparée de la Chambre des Députés par la Seine. Les policiers et gardes parviennent à défendre le pont de la Concorde, malgré les jets de projectiles de toutes sortes. Quelques émeutiers sont armés, et les forces de l’ordre tirent sur la foule. Les troubles durent jusqu’à 2 h 30. Finalement, le bilan humain est de vingt-deux morts et 2 309 blessés. À la Chambre des députés, la droite parlementaire tente de profiter de l’émeute pour contraindre le gouvernement à la démission. Mais la gauche fait bloc derrière Édouard Daladier. La séance est finalement levée après que des échanges de coups ont eu lieu dans l’hémicycle, entre députés de droite et de gauche.
La Cagoule est un mystérieux mouvement politique né après les émeutes du 6 février 1934. De son vrai nom CSAR (Comité secret d’action révolutionnaire), cette association secrète d’anciens royalistes et de ligueurs d’extrême-droite a été ainsi surnommée par la presse. Elle se montre très active à partir de 1935 et de l’ascension du Front Populaire, sous la direction du polytechnicien Eugène Deloncle. La Cagoule se propose de renverser la République (qualifiée avec mépris de «gueuse») en fomentant une révolution par le haut.
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D’autres dates historique ici : C’était le…
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