Combien de temps a duré le premier millénaire ?
Nous sommes tellement habitués à nous fier à une chronologie universelle couvrant toute l’histoire humaine que nous prenons celle-ci comme une simple représentation du temps. En réalité, c’est une construction culturelle européenne, obéissant à des desseins géopolitiques plus que scientifiques. Les premières pierres en furent posées par les Réformateurs grégoriens du XIe siècle, et ce que n’est pas avant le XVIIe siècle que l’édifice fut achevé, principalement par les jésuites, qui le répandirent en Orient.
C’est cette norme établie que contestent aujourd’hui ceux qu’on nomme les « récentistes ». Lorsque j’ai fait pour la première fois leur connaissance—sur le site d’Égalité & Réconciliation—, leurs arguments m’ont rappelé un certain nombre d’observations qui m’avaient intrigué lors de ma recherche doctorale en études médiévales, résumée dans La Mort féerique (Gallimard, 2011). Par la suite, de questions en hypothèses, j’ai acquis la conviction que la structure même de notre récit du premier millénaire chrétien est fautive.
Je propose ici une introduction personnelle à ce dossier, visant à montrer que la remise en question de notre paradigme chronologique n’est pas un objectif préconçu, mais découle d’une étude attentive de sa genèse et d’une analyse raisonnablement critique des sources primaires de l’Antiquité, l’Antiquité tardive, et le Haut Moyen Âge.
Enfin, je fais une large place à l’approche « stratigraphique » de Gunnar Heinsohn, professeur à l’Université de Brême, qui se fonde sur des preuves archéologiques concrètes et ouvre une perspective radicalement nouvelle sur le premier millénaire, où rien n’est perdu, mais tout est resynchronisé. Laurent Guyénot
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