par Gérard Luçon.
En ce moment les journaux s’interrogent « pourquoi l’Élysée est-il aussi sensibilisé à ces histoires de pédophilie ? » …
Voici une petite tentative d’explication :
– alors lui, il est pédophile ? non, il est écrivain !
– et lui il est pédophile ? non, il est ministre !
– et celui-là ? non, il est magistrat !
mais alors ils sont où les pédophiles ?
Borello et l’affaire Roland Pouget
Pour la plupart des médias, pour ceux qui suivent les évolutions de carrière de nos « grands hommes », la vie de Jean-Marc Borello commencerait en 1981 avec sa nomination dans la foulée de la prise du pouvoir par les « socialistes » français.
Borello a suivi une formation d’Éducateur Spécialisé, donc dans le domaine « privé », jusque là rien de bien spécial sauf que, durant cette formation, il obtient en 1979-1980 une chose particulièrement rare, à savoir effectuer une partie de cette formation au Ministère de la Justice, Éducation surveillée. La chose s’est négociée entre Borello et le directeur de l’Internat spécialisé d’Éducation surveillée (ISES) de La Roche Verte, à Marseille, apparemment sans aucun directeur de stage de la part de son école d’éducateur. Les enfants hébergés dans cette ISES sont des adolescentes de 15 ans à leur majorité et des jeunes garçons âgés de 10 à 15 ans.
Le directeur de cette ISES est Roland Pouget, un personnage connu, dynamique, bedonnant, aux colères dantesques et très autocrate. Il est célibataire, logé en appartement de fonction dans l’institution, au même étage que les enfants. Il héberge un jeune garçon majeur, nommé « B…u », qu’il aurait pris en affection durant son précédent poste dans une institution du nord-est de la France quand ce jeune était l’objet d’une prise en charge éducative. Pouget va expliquer au personnel que Borello est de Gardanne, donc un « local », et que c’est pour ça tralala, tralala, …
Le stage de Borello va être bien entendu validé par Pouget et il va s’évaporer pour s’installer du côté de Paris, jeune éducateur spécialisé.
En 1981 l’ISES traverse une crise difficile à identifier mais qui va voir 7 de ses personnels éducatifs demander leur mutation et l’obtenir. Quelques mois plus tard Roland Pouget tombe dans une sale affaire de pédophilie dans laquelle sont mêlés des jeunes de l’ISES. Il est aussitôt embastillé, un journal local s’empare de cette sordide affaire et publie un article, il n’y aura pas de second article, l’affaire est d’un coup totalement muselée !
Nous ne sommes pas aux USA donc aucun risque que Pouget se pende dans sa cellule, en France on traite les prévenus fonctionnaires autrement. Du fait que Pouget a annoncé qu’il va parler et que des têtes vont tomber, il est libéré et de directeur d’institution il devient directeur départemental adjoint de l’Éducation surveillée dans le département de l’Essonne !
Que savait Pouget ? Quelles étaient les personnes et personnalités qu’il pouvait faire tomber ? Qu’est ce qui a fait plier le procureur ? Pourquoi ce procureur n’a ni convoqué ni entendu les personnels qui sont partis en 1981 ? Jusqu’où est remontée cette affaire sortie au même moment que celle du Coral (juge Rosenczveig, T.G.I. de Versailles) et dans laquelle là aussi on avait du « beau monde » ? Et bien entendu au vu de ces événements quels étaient les liens entre Borello et Pouget, sachant que par la suite ce même Borello a été mouillé dans une sale affaire, avec là encore des fonctionnaires de l’Éducation surveillée ?
À partir de 1981 on entend parler de Borello dans les hautes sphères, le Tout-Paris, le PS, mais il est rattrapé par l’Affaire des Tournelles, dans ce lien il y a un excellent résumé avec des noms, des noms … et bien entendu des recoupements avec Le Coral !
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Le texte qui suit, paru sur le blog de Mediapart, se trouve aussi en lien en fin de cet article, vous y trouverez les liens mentionnés dans le dit texte.
Les Tournelles, les faits
Lieu des faits, un château situé au milieu d’un parc boisé de 15 hectares et converti en institut d’accueil pour enfants inadaptés, à Hautefeuille, en Seine et Marne (77). Les Tournelles accueillaient 50 garçons âgés de 7 à 18 ans souffrant de trouble du comportement et de la personnalité afin de leur faire profiter d’une thérapie innovante basée sur la rééducation via le luxe et le merveilleux : vacances au Club Med, cadeaux somptueux, soirées dans des palaces parisiens, Lido, Carlton ou restaurant Ledoyen. Des visiteurs renommés : Danièle Mitterrand, elle avait accompagné Raïssa Gorbatchev, Françoise Dolto et la juge Eva Joly y tenaient conférence, Yehudi Menuhin, violoniste américain, José Artur animateur radio sur France Inter, Françoise Giroud journaliste et politicienne, Erik Orsenna, écrivain. Le directeur de l’institut des Tournelles Robert Mégel a été condamné à 12 ans de prison en 2006 pour viols et agressions sexuelles. Selon les propos de la victime, Robert Mégel c’était « le roi et sa cour ».
Portrait de Robert Mégel
Robert Mégel est le dernier né d’une fratrie composé de 7 enfants, orphelin de père, sa mère était croyante et pratiquante. Robert Mégel découvrit son homosexualité à l’adolescence. Il échoua au baccalauréat à l’instar du concours d’entrée à l’ENA. Ce sont ses amours homosexuels qui le propulsèrent vers les hautes sphères du pouvoir, le luxe et le merveilleux, selon ses propres déclarations.
« Ses amants, dira-t-il, ont été pour la plupart des hommes mariés, pères de famille. Parmi eux, des hauts fonctionnaires, des magistrats, qui ont fait du jeune instituteur suppléant qu’il était à 20 ans le « contrôleur des centres en charge des mineurs pour la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) » qu’il est devenu à 25 ans (1973), et qui ont ensuite veillé sur toute sa carrière au sein de la chancellerie, puis à la présidence de ce centre des Tournelles, après un rapide passage dans un cabinet ministériel ».
Robert Mégel est âgé de 58 ans lorsqu’il est condamnée à 12 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur un mineur par la cour d’assises de Paris. En 2004, lors de la première instance, il avait écopé d’une peine de 11 ans de prison. Après sept ans d’instruction et une procédure en appel confirmant la décision de première instance, Robert Mégel a définitivement été reconnu coupable d’abus sexuels sur mineurs. Les faits sont d’autant plus graves qu’ils ont été exercé par une personne ayant autorité sur des mineurs. Visiblement, en plus du droit de cuissage et des avantages afférents à son poste, Robert Mégel bénéficiait de tous les pouvoirs sur n’importe lequel de ses sujets, faisant de lui le « monarque » incontesté au château des Tournelles.
L’impunité de Robert Mégel est intrinsèquement liée aux membres prestigieux qui siégèrent au conseil d’administration des Tournelles et dont il était le directeur. Énarques, hauts fonctionnaires, magistrats et chefs d’entreprise. L’équipe éducative a été qualifié « d’instable et malléable, constituée de jeunes recrutés, sans formation, jusque dans les bars marocains et formés à la main du directeur général ». Entre sa mise en examen et la fin de la procédure judiciaire il n’aura passé que cinq jours en prison grâce à l’intervention en sa faveur de la juge Francine Caron. Elle autorisa sa remise en liberté sous contrôle judiciaire sur la base d’un dossier à charge et falsifié pour discréditer le plaintif. Cette procédure est « rarissime dans ce type de dossier ».
Robert Mégel débuta sa vie professionnelle en tant qu’éducateur dans les années 1970, avant de faire carrière comme fonctionnaire de la justice auprès des mineurs. En 1973 il était déjà la cible d’une première procédure de la brigade des stupéfiants et du proxénétisme, une affaire classée sans suite. Robert Mégel était alors éducateur dans un centre médico-pédagogique situé à Dammartin-sur-Tigeaux. Puis entre 1978 et 1997 Robert Mégel a été le directeur de l’institut des Tournelles accueillant des adolescents inadaptés. Il proposait une thérapie par « le beau et le merveilleux », dans un château en Seine et Marne. Le public accueilli regroupait des jeunes garçons présentant des problèmes de comportement, ce qui est d’autant plus pratique pour les dénigrer en cas de conflits. Il suffisait simplement de rappeler que ces jeunes étaient agressifs, associables ou voleurs, pour les discréditer. Le financement du château des Tournelles provenait de la sécurité sociale, du Ministère de la Justice et de mécènes, essentiellement l’argent prélevé de la poche du généreux contribuable.
Chronologie des faits
Les premières mèches ont été allumé par une série de lettre anonyme de dénonciation adressée au cabinet de Xavier Emmanuelli, secrétaire d’État chargé des Questions humanitaires. Nous sommes alors le 13 mars 1997. Puis l’histoire débuta réellement par des aveux d’un pensionnaire prénommé Jérôme, au mois d’avril 1997. Il se plaignit d’avoir été violé et d’être l’objet de multiples atteintes sexuelles, les témoins sur place sont le pédophile Robert Mégel, et Nicolas Ovigny, son adjoint et ancien formateur. Au procès, le témoignage de Jérôme a été renforcé par Heddy, un autre pensionnaire des Tournelles et par ceux de « trois anciens élèves, dans un autre établissement ». Cependant ces derniers faits étaient prescrits comme si la souffrance pouvait avoir une date de péremption.
- 13 mars 1997, dénonciation anonyme transmise au gouvernement par l’intermédiaire de Xavier Emmanuelli.
- Mai 1997, une plainte est déposé par Jérôme et sa famille qui réclament justice.
- 12 septembre 1997, mise en examen de Robert Mégel pour viols et agressions sur mineur, il est libéré après 5 jours de détention provisoire grâce à la sollicitude du juge Francine Caron.
- 23 novembre 2004, ouverture du procès devant la cour d’assises de Melun.
- 9 décembre 2004, Robert Mégel est condamné à 11 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur un ancien pensionnaire.
- 12 mai 2006, dernier recours en appel à la cour d’assises de Paris, il est condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur deux de ses anciens pensionnaires.
La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Martine Aubry a soutenu la décision de fermer temporairement l’institut des Tournelles en attendant sa reprise par de nouveaux gestionnaires sans relations avec les prédécesseurs. Pour les membres du cabinet de Martine Aubry la situation aux Tournelles se résumait ainsi : « C’est une association d’escrocs, qui bénéficiait d’un certain nombre de protections ».
Les enquêteurs de l’IGAS ont constaté « la dérive financière et immobilière » de l’association les Tournelles et l’utilisation du système « à des fins personnelles ». « Le principal, mais non le seul bénéficiaire, était M. Mégel, qui s’est assuré un train de vie fastueux aux Tournelles pendant vingt ans, note le rapport. Ces bénéficiaires ont usé et abusé aussi bien des fonds publics provenant du budget de l’institut que des dons d’entreprises, d’un legs de 35 millions de francs et de ses revenus. (…) Les enfants ont bien davantage été utilisés pour servir le système financier immobilier et les intérêts personnels que l’inverse ».
Le 6 octobre 1998 le parquet de Meaux ouvrait également une enquête préliminaire pour abus de biens sociaux, abus de crédit et abus de pouvoir, afin de « vérifier les informations du rapport ministériel ». De son côté, l’association des Tournelles déposa un recours devant le tribunal administratif pour contester l’arrêté préfectoral lui retirant la gestion de l’institut.
Le comité de soutien Mégel
Les défenseurs de Mégel étaient constitués par des familles de pensionnaires et par des membres de l’association des Tournelles, « une véritable panzerdivision, ces témoins tellement bien préparés qu’ils répondent aux questions avant qu’elles leur soient posées », avait ironisé l’avocat de la défense représentant Jérôme, la victime.
• Jean-Louis Voirain, ancien procureur adjoint de la République au tribunal de grande instance de Bobigny, un passif plutôt conséquent dans le domaine du faux, de la manipulation, il est finalement arrêté en 2003 et passa huit mois en détention provisoire. Il fut condamné à 3 ans de prison dont 20 mois ferme en 2008 pour « trafic d’influence, corruption, blanchiment aggravé et recel de fonds provenant d’abus de biens sociaux », dans l’affaire du Sentier II entre la France et Israël.Durant sa garde vue, il a reconnu avoir perçu de l’argent et accepté des cadeaux, Rolex, Breitling, stylo Cartier, Mont-Blanc, un voyage, mais sans rien offrir en échange selon lui, il a bénéficié de la générosité des gens, classique. Or, après une perquisition à son bureau, au palais de justice, cette affaire, déjà retentissante pour un homme de ce statut, a littéralement achevé d’anéantir le cercle familial. Il a été découvert des photos d’enfants mineurs nus. Le juge Voirain avait des jumelles et une belle-fille. L’une d’entre elles présentait des « troubles du comportement » qui ont d’ailleurs nécessité un internement. Par la suite, sa belle-fille l’a accusé d’attouchements sexuels, une enquête a été ouverte puis classée sans suite. Il a été membre du conseil d’administration des Tournelles.
• Colette Kreder, ancienne directrice de l’École polytechnique féminine de 1979 à 1994, son nom a été cité sur la base d’écoutes téléphoniques. Son interlocuteur était le magistrat Étienne Madranges. Elle a été membre du conseil d’administration aux Tournelles.
• Étienne Madranges, ancien substitut général au parquet de la cour d’appel de Paris, il est passionné par la photographie, fasciné par le mystique et collectionneur d’anges. La principale occupation d’Étienne Madranges est la photographie. Il a immortalisé sur papier glacé des églises, des vitraux, le palais de justice de Paris ou encore l’art oublié dessiné sur les murs des prisons françaises. Parmi tous ses ouvrages photographiques, le thème de l’un de ses portfolios semble se démarquer de celui des édifices historiques du patrimoine mondial, il s’agit du portfolio intitulé « Au pays des seigneurs, images du Nord de l’Inde » réalisé en 2007. Les clichés ont été principalement pris dans le Rajasthan, un État situé au nord-ouest de l’Inde, dans lequel s’est déroulée l’arrestation de Rameez en 2017. Cet enseignant aurait violé près de 200 enfants. L’Inde est devenu une sorte d’eldorado pour le tourisme sexuel, notamment sur la côte est, à Goa, comme en Thaïlande, en Birmanie ou au Sri Lanka. Cette digression n’est que du sensationnalisme comme sait produire l’usine médiatique et n’a aucun lien avec Étienne Madranges, l’information est cependant bien réelle. Étienne Madranges a été cité dans l’affaire des Tournelles par le biais d’écoutes téléphoniques avec Colette Kreder. Il lui évoquait des « soirées à l’Élysée Matignon où le whisky coulait à flots » ou encore des personnes complotant pour s’emparer des Tournelles. Pas un mot sur la victime Jérôme. Étienne Madranges a été membre du conseil d’administration des Tournelles.
Nicolas Ovigny connaissait Robert Mégel depuis 20 ans et a contribué à sa formation professionnelle, il a été son adjoint aux Tournelles. Finalement cet incident de parcours ne l’empêcha pas de devenir directeur de trois établissements médico-sociaux situés à Coulommiers : la MAS des Oliviers, le SAMSAH du Grand Morin et le FAM résidence Siméon. L’ancien adjoint des Tournelles avait bénéficié d’une sacré promotion mais à quel prix ? Au moins celui du silence.
Philippe Sauzay a fait la rencontre de Robert Mégel en 1973, l’année où Mégel a été la cible d’une enquête par la brigade des stupéfiants et du proxénétisme (BSP), l’affaire fut classée sans suite. Il a été « membre de l’association Les Tournelles de longue date […] et administrateur plusieurs années, puis président du 28 février au 10 octobre 1998 ». Philippe Sauzay a été un fidèle soldat de Valéry Giscard d’Estaing en tant qu’ancien chef de cabinet du président de la République 1974-1978.
Geneviève Moll, journaliste, ancienne rédactrice en chef sur France2, elle s’est illustrée en apostrophant Jérôme la victime avec ces mots : « T’es qui toi ? Tu devrais avoir honte, petit merdeux ». Elle a été soupçonné d’avoir muselé la presse pour éviter que ce fait divers ne s’ébruite. Geneviève Moll a été membre du conseil d’administration des Tournelles.
Françoise Gaspard, formation énarque (ENA) de la promotion André-Malraux, sociologue et députée-maire de Dreux. Elle est réputée pour son féminisme engagée notamment aux cotés de Claude Servan-Schreiber, sa femme, ou de Colette Kreder. Elle est la première femme politique française à avoir reconnu publiquement son homosexualité. Elle a été cité comme témoin de la défense.
Hélène Dorlhac de Borne, ancienne secrétaire d’État sous les présidents Giscard et Mitterrand. Alors qu’elle était secrétaire d’État à la Famille, elle fut à l’origine de la première loi sur la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs autrement la mise en place du « 119 enfance en danger ». Elle a aussi été inspectrice de l’IGAS de 1991 à 2000. Dans l’affaire des Tournelles elle a été cité comme témoin de la défense.
Simone Rozès, ex-directrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), système au sein duquel a fait carrière Robert Mégel à partir des années 1970. Simone Rozès s’est distinguée en étant la première et unique femme présidente de la Cour de Cassation de 1984 à 1988. Elle a été cité comme témoin de la défense.
Jean-Marc Borello est à l’origine de la venue de Danièle Mitterrand aux Tournelles. Le nom Mitterrand est encore associée à la grande cause pédophile. Jean-Marc Borello, lui faire confiance eut égard à son passé est un comble, mais il affirmait effrontément que les viols et les agressions sexuelles étaient « impossible de la part de Robert. J’ai la certitude absolue de son innocence. Avec cette affaire, on a déclenché sur les Tournelles une avalanche médiatique et développé un insupportable climat d’homophobie ». Une rhétorique qui sera reprise par Maître Florand, l’avocat de Mégel.
Les témoignages sont sans appel
Christophe, 34 ans à la barre, a été élève aux Tournelles, après une absence il est retourné aux Tournelles « à 18 ans et quelques semaines » en tant « qu’amant attitré » de Robert Mégel. Le président de la Cour Dominique Coujard l’interrogea : « Il attendait votre majorité » ? le témoin répondit : « on peut le dire comme ça ». Cette relation aura duré deux ans.
Son frère, Eric, était un « visiteur assidu » des Tournelles, devant la cour il a parlé d’un « trio gagnant » composé du patron Robert Mégel, et de deux anciens administrateurs, Jean Tremsal, psychiatre, et Jean-Marc Borello. Les faits évoqués par Eric ont eu lien en 1991.
Un dernier témoin, Pascal, délivrait le même genre de récit scabreux, il était alors âgé de 14 ans et les faits remontaient aux années 70, époque où Robert Mégel travaillait comme éducateur spécialisé dans un Institut médico-pédagogique (IMP) à Dammartin-sur-Tigeaux. À l’été 1973, après un séjour en Espagne, le jeune Pascal avait été hospitalisé pour « un chancre syphilitique à l’anus » indiquant un contact avec une personne infectée par la syphilis. La mère de Pascal avait même surpris sont fils dans son lit avec Robert Mégel. Une procédure avait été lancé à son encontre mais Mégel avait été blanchi. Il aura donc fallu attendre la récidive et qu’une autre victime ait suffisamment de courage pour rompre le silence, et mettre en examen Robert Mégel. Il n’a été incarcéré que cinq jours puis a été libéré grâce à l’intervention de la présidente de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris, Francine Caron. Cette dernière est réputée pour avoir mis fin à 17 années de procédure dans l’affaire du sang contaminé en ordonnant un non lieu général pour les 30 médecins, spécialistes et conseillers impliqués en 2002. Une affaire qui avait éclaboussé Laurent Fabius et Georgina Dufoix. Cette même Francine Caron a autorisé la libération de Robert Mégel dans l’attente de son procès, lui permettant de couvrir ses arrières. Enfin nous retrouvons Francine Caron en tant que juge d’instruction à Paris, elle était en charge de l’inculpation de Jean-Claude Krief pour « vol, faux et usage de faux en écriture privées », en référence au faux procès-verbal rédigé dans l’affaire du Coral en 1982.
Le cas Borello
Jean-Marc Borello est un ancien éducateur spécialisé qui a occupé plusieurs fonctions ministérielles durant les années 1980, puis il est devenu gérant de la Compagnie financière du triangle, la holding du Groupe REGINE, comprenant boites de nuit, hôtels et restaurants, notamment les célèbres clubs parisiens du Palace et Regine’s ou encore le restaurant Ledoyen. Des endroits fréquentés par les chouchou de Robert Mégel lors de ses virées nocturnes alors qu’il exerçait aux Tournelles. Jean-Marc Borello a été condamné à 6 mois de prison avec sursis alors qu’il était le gérant du Palace. En 2000 il recevait le titre de Chevalier de la légion d’honneur pour toute l’œuvre qui va suivre.
En 1982 il est chargé de mission à la Mission interministérielle de Lutte contre la Toxicomanie (Milt) créée la même année. Son principal responsable sera le chef de la Milt, Franck Perriez, un énarque. La Milt était rattachée au Ministère de Nicole Questiaux remplacée par Pierre Bérégovoy au mois de juin 1982 puis Georgina Dufoix à partir de 1984. Dans le cadre de cette fonction Jean-Marc Borello fit la connaissance de Régine Choukroun, de cette rencontre naquit l’association SOS Drogue International (SDI) créée en 1984 avec l’ambassadrice des nuits parisiennes.
Cette association fonctionnait sur le même principe qu’un radar flashant un véhicule pour excès de vitesse, elle ne luttait pas contre un phénomène mais elle réduisait simplement ses conséquences. Le concept de « Sleep-in » offrait le cadre idéal aux toxicomanes pour se droguer, de manière hygiénique dans un lieu sécurisant, offrant les principales commodités. Pour SDI il n’était pas question de sevrer les drogués mais de les accompagner dans leurs dérives en leur offrant un cadre plus serein pour se droguer sans dommages.
Cette association s’est aujourd’hui grandement diversifiée dans le secteur social, devenue une véritable machine associative comprenant plus de 300 établissements avec un chiffres d’affaires atteignant les 700 millions d’euros. Borello a été surnommé par certains « le Bernard TAPIE du social ». Rappelons que cet ancien administrateur des Tournelles appartenait au trio gagnant Jean Tremsal, Robert Mégel et lui-même. Il n’hésita pas à défendre Robert Mégel en affirmant que : « ces faits sont matériellement impossibles », surenchérissant en assurant que « dans cette institution, compte tenu de son mode de fonctionnement, ces histoires de pédophilie étaient impossibles ». Après avoir nié son implication dans le trafic de drogue au Palace, ceci malgré les évidences, il a continué à nier encore et encore dans l’affaire des Tournelles. Robert Mégel et Jean-Marc Borello ont été formé par deux énarques, il n’est donc pas anormal de voir une évolution aussi perverse dans la manipulation.
De 1986 à 1995, Borello a fréquenté le monde festif de la nuit, ses excès et ses fréquentations hautes en couleurs. Son aventure au Palace s’est arrêtée presque dix plus tard, après le démantèlement d’un réseau de jeunes trafiquants d’ecstasy en 1996. L’établissement fut ensuite proposé à la vente aux enchères, marquant la fin d’une époque pour les nuits parisiennes. Dans cette affaire Jean-Marc Borello a écopé de 6 mois de prison avec sursis pour avoir « facilité à autrui l’usage de stupéfiants ». Le patron du Palace s’est contenté de nier les faits alors que le trafic de stupéfiants était de notoriété publique puisqu’il avait également lieu dans d’autres clubs comme Le Scorpio et Le Queen. Sans oublier que nombreux sont les membres du personnel de la boîte de nuit qui étaient au courant que cette clientèle « d’allumés » se droguaient au stupéfiants.
Voici comment sont décrits les faits dans l’arrêt de la cour de cassation :
« Il est peu crédible qu’aucun de ces préposés n’ait jamais fait état de la situation à Jean-Marc ; qu’il est par ailleurs peu cohérent avec le passé d’éducateur et de spécialiste des questions de toxicomanie en sa qualité de membre de la Mission interministérielle de Lutte contre la Toxicomanie de Jean-Marc que celui-ci ait pu rester inconscient du phénomène de consommation de stupéfiants qui se déroulait dans les grands établissements de nuit parisiens ; que des coupures de presse, contemporaines des faits, produites par le Parquet, attestent du caractère public de la question de l’ecstasy ; qu’il est également peu compréhensible que Jean-Marc, ainsi qu’il l’a reconnu, ait relancé les « afters » dont l’artificialité était évidente aux yeux mêmes de certains patrons de boîtes de nuit comme Philippe, ainsi qu’il sera dit ci-après ; qu’enfin, il convient de relever qu’il a été retrouvé dans le secrétariat du prévenu un article du journal Libération qui fait état de consommation d’ecstasy en lien avec la fréquentation de son établissement, article que Jean-Marc prétend ne pas avoir lu ; que les éléments matériels ainsi rassemblés permettent de considérer que Jean-Marc a eu connaissance des faits de trafic et de consommation qui se déroulaient dans son établissement ».
Sans équivoque, ajoutons à cela une déclaration parmi d’autres en soutien au pédophile Robert Mégel : « Impossible de la part de Robert. J’ai la certitude absolue de son innocence. Avec cette affaire, on a déclenché sur les Tournelles une avalanche médiatique et développé un insupportable climat d’homophobie ». Voilà un homme dont les certitudes et les opinions semblent préférables à ignorer…
Enfin, la perle, Jean-Marc Borello a été l’un des enseignants de Emmanuel Macron alors qu’il effectuait ses études à l’Institut d’Études politiques de Paris (SciencesPo). Il l’a notamment soutenu pour son concours d’entrée à l’ENA pour l’épreuve « Questions sociales ». Ils se connaissent depuis 15 ans et c’est ainsi qu’il est devenu l’un des neuf délégués nationaux du mouvement En Marche !. Avec un homme tel que lui, les professionnels du secteur médico-social peuvent se sentir rassurés, Borello est un expert des stupéfiants condamnés pour facilitation de l’usage à autrui de stupéfiants, et ses valeurs morales ne font plus débat après avoir fait l’apologie des crimes de Robert Mégel lors du procès des Tournelles durant les années 2000.
Après la condamnation de Robert Mégel, son avocat, maître Jean-Marc Florand, s’était offusqué de cette « erreur judiciaire », ajoutant « aujourd’hui, on condamne un innocent, ce n’est pas bon d’être homosexuel dans ce pays ». Il estimait que son client était la victime d’un jugement homophobe, une bien étrange manière de respecter la souffrance des victimes de viols, d’agressions sexuelles, et les vraies victimes d’homophobie.
Au gouvernement du renouveau
Il a été l’un des soutiens d’Emmanuel Macron lors des présidentielles 2017 avec parmi eux Daniel Cohn-Bendit, Pierre Bergé, Frédéric Mitterrand qui déclara au sujet de Macron « un beau gosse brillant à la Kennedy » ou encore « la France va être amoureuse de Macron ». Le 5 septembre 2017, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud commandait un rapport suite à une décision gouvernementale de réduire le nombre de contrats aidés. Elle décida de faire appel à l’expertise de Jean-Marc Borello. Le 16 janvier 2018 il remettait son rapport sur les politiques d’inclusion à la ministre du Travail.
Au-delà des suggestions émises dans son rapport, la réelle question qui se pose est : peut-on confier l’avenir de l’emploi à des personnes comme Jean-Marc Borello ? Et que dire de Muriel Pénicaud, une femme qui a touché le pactole chez Danone suite à un plan de licenciement dont elle avait connaissance en tant que DRH ? Une femme à la tête de Business France qui a organisé le voyage de Macron à Las-Vegas sans appel d’offres, et bien sûr la loi travail contestée, affaiblissant les droits des salariés. Enfin une femme qui prend conseil auprès de Jean-Marc Borello à l’instar du président Emmanuel Macron.
Le monsieur social d’En Marche est aujourd’hui à la tête d’un véritable empire non lucratif mais tirant des bénéfices substantiels grâce aux activités annexes du Groupe SOS qui offrent ses propres services à l’association. Le Groupe SOS est devenue la première entreprise sociale d’Europe. (fin de l’article)
source : https://blogs.mediapart.fr
autre lien dans lequel les informations précédentes se recoupent :
Alors, avec ces informations, vous comprenez mieux pourquoi à l’Élysée on s’inquiète ?
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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