Le jugement sur Assange est malgré lui l’aveu de la monstruosité du système carcéral qui se pratique aux États-Unis et qui se propage aussi bien en Europe que sur d’autres continents. Eliane Martinez, de Prison Insider, écrivait : « Le modèle supermax est en train de se généraliser au monde entier… Il est considéré comme un traitement inhumain par le Comité contre la torture de l’ONU »
Le 4 janvier 2021, la juge Vanessa Baraitser a rejeté la demande des États-Unis d’extradition de Julian Assange. C’est une victoire, certes. L’enfermement d’Assange pour le reste de sa vie aux États-Unis, pour avoir exposé les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité en Irak, en Afghanistan et à Guantanamo, a été bloqué. Du moins provisoirement.
Parce que, sur le fond, Baraitser a accepté toutes les accusations étasuniennes contre Assange. Selon la juge, Assange aurait droit à un procès équitable aux États-Unis. Pour elle, le journalisme d’investigation, c’est de « l’espionnage ». La liberté d’expression ne veut pas dire « qu’on peut publier tout ce qu’on veut ». Même si l’article 4 de la loi britannique sur l’extradition dit que : « L’extradition ne sera pas autorisée quand il s’agit d’un délit politique », elle a jugé que le traité d’extradition (le UK Extradition Act de 2003) s’appliquait bien dans le cas d’Assange. Enfin, la protection par Assange de ses sources, parmi lesquelles Chelsea Manning, équivaut à du « piratage criminel »…
Le seul argument retenu par la juge pour ne pas extrader Assange est son état de dépression et la possibilité qu’Assange se suicide s’il est enfermé dans une prison supermax (1) aux États-Unis. Elle a déclaré : « Les protections à la prison de Belmarsh limitent le risque de suicide, mais les conditions d’isolement quasi total aux États-Unis n’empêcheront pas M. Assange de trouver un moyen de se suicider et pour cette raison je décide que l’extradition serait une mesure tyrannique pour cause du préjudice moral » (2). Sur « les risques limités » à Belmarsh, disons juste ceci. Le 20 février 2020, un détenu de 36 ans y a été tué par deux codétenus. Le 2 novembre 2020, un Brésilien, qui traduisait pour Assange les lettres reçues en portugais et qui se trouvait dans l’aile même où se trouve Assange, s’y est suicidé parce qu’il allait être expulsé vers le Brésil ! (3)
Mais, pour la juge, il y a pire : s’il était extradé, Assange serait en effet détenu dans une prison supermax, comme celle au Colorado, décrite par un ancien directeur comme une “version propre de l’enfer ” et un “destin pire que la mort”. La juge a ajouté qu’en plus de son isolement, il y avait « un risque réel » qu’Assange soit soumis aux USAM (special administrative measures), les mesures spéciales administratives. Disons tout de suite que la juge n’a pas de mérite particulier dans la décision de non-extradition : le UK 2003 Extradition Act interdit en effet une extradition si « la condition physique ou mentale de la personne est telle qu’il serait injuste ou tyrannique de l’extrader ». Si le problème de la santé mentale ne s’était pas posée, l’extradition aurait pu avoir lieu.
La prison de Belmarsh, le Guantanamo britannique
Des éléments décisifs sur l’état de santé d’Assange en lien avec les conditions carcérales ont été apportés par la défense et la campagne internationale pour Assange. Prouvant qu’extrader Assange reviendrait à lui faire subir le même traitement qu’a vécu Chelsea Manning, cette lanceuse d’alerte qui avait plusieurs fois essayé de se suicider en prison, la dernière fois en mars 2020. (4)
En décembre 2015 déjà, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire était intervenu pour dénoncer le calvaire carcéral de Julian Assange : « Depuis son arrestation le 7 décembre 2010, il a été enfermé pendant dix jours dans la prison de Wandsworth à Londres, puis il a été assigné à résidence pendant 550 jours, puis il a connu près de sept ans d’autodétention à l’ambassade équatorienne à Londres, sous la menace d’une arrestation s’il mettait un pied dehors ». (5) Depuis avril 2019, l’asile politique lui ayant été retiré suite au changement de gouvernement en Équateur, et après avoir été évacué par la force de cette ambassade, Assange est enfermé dans un isolement quasi total à Belmarsh.
La prison de Belmarsh a été construite en 1991 en tant que première prison supermax en Grande-Bretagne, destinée aux détenus considérés comme (très) dangereux et/ou comme une « menace pour la sécurité nationale ». Elle a des dispositions spécifiques pour la détention de terroristes, y compris un tunnel qui mène à un tribunal à proximité, résistant à des attentats à la bombe. À Belmarsh, il existe une prison au sein de la prison, une unité de haute sécurité HSU, qui peut contenir quarante-huit détenus. Ce sont des personnes qui « posent un grand risque d’évasion, des terroristes, des personnes qui radicalisent d’autres, ou qui continuent des activités criminelles de l’intérieur de la prison ». Au début, cette unité servait presque exclusivement à détenir des prisonniers de l’IRA, l’armée républicaine irlandaise. À partir du 11 septembre 2001, jour des attentats de New York, HMP Belmarsh a commencé à porter le nom de « Guantanamo britannique ». Parce que, comme à Guantanamo, un nombre de personnes y étaient enfermées indéfiniment, uniquement sur base de suspicion, sans inculpation, sans procès, en vertu des dispositions de la loi britannique de 2001 sur la lutte contre le terrorisme, la criminalité et la sécurité.
Même s’il ne se trouve pas dans la section HSU, Assange est traité comme s’il y était. On peut en voir une illustration lors de ses transferts vers les tribunaux. En février 2020, alors que les audiences se déroulaient à la Woolwich Crown Court, annexe de la prison et à laquelle il accédait par un tunnel, il était chaque jour enfermé dans plusieurs cellules successivement, chaque fois fouillé au corps, menotté et le soir, on lui confisquait les notes prises pendant les audiences. En septembre 2020, au tribunal Old Bailey , « le traitement cruel que subit Assange au quotidien se prolonge pendant les audiences du procès. Après qu’Assange est réveillé, il est fouillé à nu, il prend son petit déjeuner, il est transporté enchaîné et debout dans une camionnette vers la salle d’audience où il est enfermé dans une cage en verre. Ceux qui se trouvent les plus proches de lui, ce n’est pas son équipe de défense, mais plutôt les procureurs, qui peuvent l’entendre quand il parle. Il ne peut pas parler à ses avocats. Au lieu de cela, il a dû écrire des notes et se mettre genoux pour les placer à travers une fente. » (6)
Le 31 mai 2020, Nils Melzer, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, après un examen d’Assange à Belmarsh, avait conclu que son isolement prolongé et la diffamation incessante dont il est victime, équivalent à « des formes de plus en plus graves de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont les effets cumulatifs pouvaient être décrits comme une torture psychologique ». La crise Covid a encore aggravé ces conditions de détention. Selon l’expert de l’ONU, « 65 sur 160 détenus à Belmarsh ont été contaminés par le virus Covid 19, dont un certain nombre dans l’aile où Assange est incarcéré ». Ce qui est particulièrement dangereux pour Assange qui souffre du cœur et de problèmes respiratoires. (7) Les mesures « sanitaires » prises par les autorités pénitentiaires furent un confinement total, l’arrêt de toute possibilité d’exercice pour les détenus, l’interdiction de prendre une douche, le repas en cellule pour tout le monde.
Malgré la situation dangereuse et inhumaine dans laquelle se trouve Assange, le tribunal lui refuse sa mise en liberté sous caution, le 6 janvier 2021. Ce qui fait de lui un journaliste en prison, en isolement, dans l’attente, non pas d’un procès, mais d’un éventuel appel de l’accusation. La voie vers son extradition reste ainsi ouverte : aucun des points fondamentaux de l’accusation n’a été remis en question par la juge et le point motivant le refus, la santé et les conditions d’incarcération, offre la possibilité au procureur des EU de promettre des améliorations et des garanties.
Supermax aux États-Unis
Le jugement sur Assange est, malgré lui, l’aveu de la monstruosité du système carcéral qui se pratique aux États-Unis et qui se propage aussi bien en Europe que sur d’autres continents. Eliane Martinez, de Prison Insider, écrivait : « Le modèle supermax est en train de se généraliser au monde entier… Il est considéré comme un traitement inhumain par le Comité contre la torture de l’ONU » (8) .
Quel est ce modèle supermax ? Le système supermax aux États-Unis date des années 1980. Depuis, au moins une soixantaine de prisons supermax ont vu le jour, ainsi que des dizaines de sections d’isolement dans les prisons de haute ou moyenne sécurité. Ces sections d’isolement portent le nom de SHU, IMU, SMU, AU, CU (Security Housing Unit, Intensive Management Unit, Special Management Unit, Administrative segregation, Control unit). On estime que 80 000 à 100 000 détenus se retrouvent enfermés dans les prisons supermax ou les sections d’isolement pour des périodes allant de quinze jours à des années et même à des décennies.
Les prisons supermax et ces unités d’isolement pratiquent toutes ce qu’on appelle un régime de « solitary confinement », le confinement solitaire à l’extrême. Sous ce régime, le détenu se retrouve seul en cellule. Celle-ci est peinte en blanc, sans air frais et sans lumière du jour. Le prisonnier est enfermé dans cet environnement stérile pendant 22 à 23 heures sur 24. Sortir de la cellule vers l’extérieur se fait seul et dans un espace comparable à celui de la cellule. Il n’y a pas de contacts avec d’autres humains, il n’y a pas d’accès à des endroits ou à des activités communes et le prisonnier est sous surveillance high tech en permanence. Dans la cellule de 7,5 à 9m², le plus souvent tous les meubles sont fixés dans le sol : le lit, la toilette, une plaque de béton qui sort du mur et qui sert de table, une cylindre en béton ou en aluminium fixé dans le sol comme chaise. Le détenu reçoit la nourriture par une trappe de service dans la porte de la cellule.
Dans un de ces nombreux rapports sur le système d’isolement carcéral aux États-Unis, on peut lire ceci sur les unités de sécurité maximale dans les prisons de l’État de New York : « Le taux de suicides de 2015 à 2019 est plus de cinq fois plus élevé dans les unités d’isolement que dans le reste du système carcéral. Ce chiffre est probablement beaucoup plus élevé en raison du manque de données sur les suicides dans ces unités d’isolement. Dans la même période il y a eu 688 tentatives de suicide dans les prisons d’État. 43% de ces tentatives de suicide ont eu lieu dans des unités spéciales d’isolement, à un rythme 12 fois supérieur à celui du reste du système carcéral. » (9)
Des témoignages accablants
Même si la juge et l’accusation se sont mises d’accord pour limiter le nombre de témoins appelés à la barre par la défense, qu’ils ont raccourci la durée de leur témoignage et le temps accordé pour les plaidoiries, le tribunal a quand-même dû entendre le témoignage de première main de Maureen Baird. Cette dame a travaillé pour le Bureau fédéral des prisons pendant vingt-sept ans, jusqu’à sa retraite. Elle a été membre du personnel pénitentiaire à la Danbury Federal Correctional Institution (2009-2014), dans le Metropolitan Correctional Centre de New York (2014-2016) et dans l’unité d’isolement à la prison de Marion en Illinois et elle a détaillé les conditions cauchemardesques auxquelles Assange devrait faire face.
D’abord, déclarait-elle, Assange sera victime de ces mêmes pratiques de torture et d’extradition illégale de la CIA qu’il a dénoncées dans le passé. Assange serait traité « exactement de la même manière » qu’un terroriste, déclarait Maureen Baird. Qu’il soit détenu au Metropolitan Correctional Centre de New York, à ADX Colorado ou au Centre de détention d’Alexandria en Virginie, il serait soumis aux mêmes restrictions oppressives. « Quelqu’un en détention provisoire pour terrorisme ou pour tout autre type d’infraction à la sécurité nationale, sera soumis aux mêmes mesures ». Dans la pratique, a-t-elle conclu, cela veut dire que ces détenus se trouvent dans une zone d’isolement total.
À la MCC de New York où elle a travaillé, cette zone s’appelle « 10-Sud ». Elle a été conçue après le 11 septembre 2001, à l’origine pour les détenus qui se trouvaient à Guantanamo Bay. Par la suite, cette zone est devenue une unité pour les détenus soumis aux USAM (les mesures administratives spéciales) et pour les terroristes présumés. Les détenus y passent « 23 à 24 heures par jour » seuls dans leur cellule. Ils ne sont pas autorisés à communiquer avec d’autres détenus. La seule forme d’interaction humaine est lorsque les agents pénitentiaires ouvrent la fente d’observation pendant leurs rondes d’inspection de l’unité. Ou lorsque le personnel traverse l’unité pendant leurs rondes hebdomadaires obligatoires. Ou lorsque les repas sont livrés par la fente de repas sécurisée dans la porte. Le contact avec le monde extérieur aussi y est extrêmement limité. Ils ont droit à un appel téléphonique d’une demi-heure par mois ou à deux appels téléphoniques de quinze minutes par mois à un membre de leur famille, membre qui doit être approuvé par l’administration. Toutes les communications sont surveillées par un agent du FBI. Pour pouvoir téléphoner, il faut faire une demande deux semaines à l’avance afin que les autorités prennent des dispositions pour qu’un agent soit disponible.
M. Baird a décrit les « loisirs » des détenus de 10-Sud comme sadiques : « Ils ont l’occasion de sortir de leur propre cellule pour aller dans une autre cellule intérieure vide. Il n’y a aucun équipement d’exercice ou autre dans cette pièce. D’après mon expérience, les détenus refusent souvent cette possibilité parce que c’est en grande partie la même situation qu’à l’intérieur ». À l’argument de l’accusation que Assange aurait droit au « courrier libre », Baird a rétorqué : « Tout le courrier qui entre ou sort est examiné avant qu’il n’arrive au destinataire. Ça peut parfois prendre quelques mois, peut-être plus, pour recevoir ou faire sortir le moindre courrier ». Quant à l’accès à un centre médical, « il faut être quasi mourant » pour pouvoir y entrer. Toutes ces règles, a-t-elle encore affirmé, ne peuvent être modifiées ou assouplies de quelque façon que ce soit, ni par un directeur ni par qui que ce soit dans le Bureau des prisons. Il n’y a pas de zone grise. Enfin, M. Baird s’est dit d’accord avec l’avocat de la défense, Sickler, selon lequel « M. Assange pourrait passer le reste de sa vie dans une unité d’isolement [unité H], où lui serait refusé l’accès aux besoins humains fondamentaux. Cela comprendrait de n’avoir aucun contact physique avec famille ou amis. Les détenus qui s’y trouvent connaissent la dépression, l’anxiété, la paranoïa, des épisodes psychotiques et le risque de suicide y est élevé. »
Une avocate de la défense, Lindsay Lewis, qui était aussi l’avocate du Britannique Abu Hamza, extradé aux États-Unis en 2012 et enfermé à vie dans la prison supermax de Florence depuis 2015, a confirmé le témoignage de Baird. Selon elle, Assange serait soumis au même régime qu’Abu Hamza. Ce dernier ne reçoit pas les soins de santé nécessaires pour son diabète, pourtant promis lors de l’acceptation de son extradition, pour ses deux bras amputés et pour ses problèmes dentaires, causés par le fait qu’il a été forcé d’ouvrir des boites de conserve avec les dents.
Sur les conséquences de l’isolement carcéral
Le nombre de livres et de témoignages sur la pratique de torture qu’est l’isolement carcéral prolongé et ses conséquences dévastatrices est devenu impressionnant pendant ces dernières décennies. Citons parmi eux, le travail commencé en 2009, par Jean Casella et James Ridgeway pour briser le silence autour de la pratique de l’isolement carcéral et pour dénoncer ses conséquences dévastatrices. Ensemble, ils ont fondé le site Solitary Watch. Un autre pionnier est Terry Allen Kupers, psychiatre et professeur émérite au Wright Institute Graduate School of Psychology. Pendant plus de trente ans, il a été sur le terrain des prisons étasuniennes et dans les unités d’isolement en particulier. Sur les effets de l’incarcération sur la psyché de l’être humain dans le milieu violent et surpeuplé qu’est la prison, il inverse l’idée que la prison sert à enfermer les personnes violentes pour les rendre moins violents, affirmant que la violence de la prison est à l’origine de plus de violence et de plus de problèmes psychiques : « On peut transformer des prisonniers normaux en personnes violentes, agressives, souffrant de graves problèmes émotionnels. Enfermer quelqu’un dans une prison surpeuplée augmente les risques de violence, de maladies, de décompensation psychologique (break down) et de suicide… De nombreux prisonniers qui auparavant ne souffraient jamais de dépression plongent dans une profonde dépression et beaucoup d’entre eux finissent par se suicider… Même ceux qui ont traversé une crise psychotique, avec hallucinations et délires, peuvent se stabiliser rapidement et ne plus traverser de dépressions nerveuses s’ils vivent dans un environnement thérapeutique et travaillent dans un atelier protégé. Mais s’ils deviennent des sans-abris ou sont traumatisés régulièrement par des insultes, ces mêmes personnes connaîtront des dépressions nerveuses et devront être hospitalisées. Des personnes sujettes à la décompensation psychiatrique et subissant de fortes tensions pourront échapper à la dépression nerveuse si elles vivent dans de bonnes conditions et bénéficient de bons contacts sociaux. Mais, lorsqu’elles subissent en prison des viols, si on les accuse d’être des balances ou si elles sont frappées par des gardiens, les mêmes personnes s’effondreront dans une dépression psychotique totale » .(10)
Ses constats, établis dans un milieu carcéral normal, seront multipliés en isolement carcéral prolongé et maximal. Sur ses visites à ces unités d’isolement dans quinze états des EU, il témoigne : « J’y entends régulièrement des punitions extrêmes et excessives ; j’y constate les « cell extractions », où un groupe de gardiens en tenue de combat immobilisent un détenu en l’arrosant avec du gaz et puis entrent dans la cellule pour le maitriser violemment ; j’y entends des prisonniers dire qu’ils leur est impossible d’attirer l’attention des gardiens pour des problèmes médicaux ou psychiatriques urgents ; j’y rencontre des prisonniers férocement frappés ou violés. Le monde extérieur ne sait rien de tout ça. » Cité devant les tribunaux dans plus de quarante affaires en tant que témoin-expert, il est reconnu comme l’autorité par excellence sur les effets de l’isolement carcéral sur la santé mentale. Dans un de ses livres (11) , il analyse les conséquences suivantes : le nombre de suicides plus élevé que dans le reste du milieu carcéral ; le constat de symptômes d’anxiété, de panique, de paranoïa, de perte de mémoire, de désespoir au sein de ces unités ; des symptômes psychiatriques très sérieux à la sortie de l’isolement, même si ces anciens détenus ont l’air équilibré et stable vers l’extérieur. Pour ceux qui sortent après une longue période d’enfermement dans ces conditions, Kupers a constaté ce qu’il appelle un « SHU Postrelease Syndrome » : une tendance très forte à s’isoler dans un petit espace, à limiter au maximum les contacts sociaux, à sombrer dans des dépressions sévères et des psychoses, et le PSTD (post traumatic stress disorder, syndrome de stress post-traumatique).
Révision et correction : Jeanne Ghislaine et Nadine Rosa-Rosso
[1] Le terme « supermax » désigne les prisons de sécurité maximale, [2]https://www.bbc.com/news/uk-55528241, [3] BIDdetention Bail for Immigration Detainees https://www.biduk.org/, [4] Chelsea Manning est actuellement libérée mais toujours sous risque d’incarcération à l’occasion de laconstitution d’un Grand Jury qui l’appellerait. Elle refuse de témoigner devant un tel Grand Jury, [5]https://news.un.org/en/story/2020/12/1079542, [6]The Tortured Trial of Julian Assange, BY RON RIDENOUR OCTOBER 12, 2020 https://www.counterpunch.org/2020/10/12/the-tortured-trial-of-julian-assange/, [7]https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/julian-assange-belmars… , [8]http://supermax.be/le-modele-des-prisons-supermax-est-en-train-de-se-g… , [9]http://nycaic.org/wp-content/uploads/2020/05/The-Walls-Are-Closing-In-…, [10] Terry Kuypers, Prison Madness, The mental health crisis behind bars and what we must do about it, Jossey-Bass publishers, San Francisco, 1999, p. 15 , [11]Allen Kupers. Solitary, The Inside Story of Supermax Isolation and How We Can Abolish It, 2017, California University Press
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir